Le sharenting ou surpartage parental[1] désigne la pratique des parents de publier des contenus concernant leurs enfants sur Internet. Le terme sharenting a été inventé en 2010. Il est depuis utilisé dans les médias aux États-Unis, en Espagne, en France et au Royaume-Uni. Le sharenting suscite des débats en tant qu'utilisation controversée des réseaux sociaux.

Les détracteurs de la pratique considèrent que le sharenting viole la vie privée des enfants et nuit à la relation parent-enfant.

Les partisans du sharenting présentent la pratique comme une expression naturelle de la fierté parentale envers leurs enfants et soutiennent que les critiques prennent les messages partagés hors de leur contexte.

Histoire modifier

Les origines du terme "sharenting" ont été attribuées au Wall Street Journal[2]: le terme exact utilisé était "oversharenting", un mot-valise anglais mélangeant "oversharing" (partage à outrance) et "parenting" (parentalité). La tendance au partage excessif sur les réseaux sociaux a attiré l'attention du public dans les années 2010 et est devenue le centre d'un certain nombre d'éditoriaux et de projets de recherche universitaires[3],[4]. Il a également été ajouté au Collins English Dictionary en 2016[5].

L'empreinte numérique des enfants modifier

Du fait du sharenting, les enfants développent une empreinte numérique dès leur plus jeune âge, composée de traces sur les réseaux sociaux qui peut leur nuire plus tard dans la vie[6]. Une étude de l'Université du Michigan a montré que plus de la moitié des participants ont partagé des contenus embarrassants sur leurs enfants en ligne et 27% d'entre eux ont partagé des photos jugées potentiellement inappropriées[4]. Ces publications peuvent devenir une source de ridicule chez les adolescents[6]. De plus, les établissements de l'enseignement supérieur et les employeurs potentiels peuvent eux aussi accéder à des documents inappropriés, ce qui peut nuire à leurs opportunités académiques ou professionnelles[6].

Législation applicable modifier

En Europe modifier

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD), publié en 2018, a pour objectif de protéger la vie privée des individus dans l'espace numérique dans l'Union Européenne[7]. L'article 8 précise que le consentement du titulaire de l'autorité parentale est nécessaire pour traiter les données personnelles des enfants de moins de 16 ans[8]. Le considérant 18 du RGPD indique que la réglementation du contenu ne s'applique pas aux "activités personnelles ou domestiques" tant qu'il n'y a pas de commercialisation[9].

En France modifier

En France, une proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants[10] a été déposé au parlement en janvier 2023. L'objectif de la proposition est d'introduire dans le code civil dans la définition de l'autorité parentale la notion de vie privée et de prévoir que la diffusion publique de contenus relatifs à la vie privée nécessite l'accord de chacun des parents. Après échec de la commission mixte paritaire le 1er juin 2023, la proposition de loi doit être examinée en nouvelle lecture par le Parlement[11].

Références modifier

  1. « surpartage parental », sur vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  2. (en-US) « Making the News: "Sharenting" in the Modern World », First 5 Los Angeles, (consulté le )
  3. (en) « The pros and cons of 'sharenting' », The Guardian, (consulté le )
  4. a et b (en) Stacey Steinberg « Sharenting: Children's Privacy in the Age of Social Media » (rapport), University of Florida Levin College of Law Research Paper,‎ (lire en ligne)
  5. (en) « There's now a name for the social media habit every parent is guilty of. », Mamamia, (consulté le )
  6. a b et c (pl) Brosch, « When the child is born into the internet: sharenting as a growing trend among parents on facebook », The New Educational Review, vol. 43, no 1,‎ , p. 225–235 (DOI 10.15804/tner.2016.43.1.19, lire en ligne)
  7. (en-US) « Consent », General Data Protection Regulation (GDPR) (consulté le )
  8. (en-US) « Art. 8 GDPR – Conditions applicable to child's consent in relation to information society services », General Data Protection Regulation (GDPR) (consulté le )
  9. (en-US) « Recital 18 - Not applicable to personal or household activities », GDPR.eu, (consulté le )
  10. Assemblée nationale, « Proposition de loi n°758 visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants », sur Assemblée nationale (consulté le )
  11. « Proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants », sur www.vie-publique.fr (consulté le )