Seiichi Itō

militaire japonais (1890-1945) mort lors de la dernière opération du cuirassé Yamato

Seiichi Itō
Seiichi Itō
Le vice-amiral Seiichi Itō.

Naissance
Miyama, préfecture de Fukuoka
Décès (à 54 ans)
150 nautiques au sud-ouest de Nagasaki
Mort au combat
Origine Japonais
Allégeance Empire du Japon
Arme Marine impériale japonaise
Grade Amiral (à titre posthume)
Années de service 19111945
Commandement Kiso, Mogami
Atago, Haruna
Vice-Chef de l'E-M.G.M.
2e Flotte
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Campagnes du Pacifique
Opération Ten-Gō
Distinctions Ordre du Chrysanthème

Seiichi Itō (伊藤 整一, Itō Seiichi) (-) est un amiral japonais qui, après une carrière rapide, occupe, pendant la guerre du Pacifique, principalement le poste de Vice-Chef de l'État-Major Général de la Marine, de à . Il est nommé alors au commandement de la 2e Flotte, pratiquement réduite au Yamato, à bord duquel il se fait tuer au cours de la mission-suicide du cuirassé géant (opération Ten-Gō) au large d'Okinawa, en .

Carrière modifier

Seiichi Itō, né à Miyama, préfecture de Fukuoka, est diplômé de l'Académie navale impériale du Japon dans la 39e promotion en 1911, classé 15e sur 148 cadets. Avant la guerre du Pacifique, son déroulement de carrière le conduit au commandement de plusieurs grandes unités, grands croiseurs et cuirassé. Il fait partie du très petit nombre des officiers de marine nommés contre-amiraux après 26 ans de carrière seulement, puis il occupe des postes d'état-major. Pendant la guerre du Pacifique, il reste très longtemps (-) au même poste de Vice-Chef de l'État-Major Général de la Marine, alors que se succèdent plusieurs Chefs de l'État-Major Général, avant de se faire tuer sur le Yamato, lorsque celui-ci est coulé, seul grand bâtiment restant d'une 2e Flotte, dont il a reçu le commandement, alors qu'elle n'est plus que l'ombre de la force opérationnelle qu'elle a été.

Avant la guerre du Pacifique modifier

Il sert comme midship (Shōi Kōhosei) sur le croiseur cuirassé Aso (ex-russe Baïan), et sur le pré-dreadnought Aki [1]. Comme enseigne de vaisseau (Shōi et Chūi) de 1912 à 1917, il embarque sur le croiseur protégé Yahagi[2]. Après avoir suivi les cours de l'École de Torpillage et de l'École de Canonnage, il a servi sur le croiseur protégé Soya (ex-russe Varyag), sur le croiseur cuirassé reclassé croiseur de bataille Ikoma, sur le destroyer de 3e classe Kikuzuki, puis il est affecté au district naval de Sasebo. Promu lieutenant de vaisseau (Daii), fin 1917, il se perfectionne à l'École de Torpillage et suit les premiers cours de l'École de Guerre navale. Il sert de 1918 à 1920 sur le destroyer de 2e classe Nara, comme chef du Service Torpilles sur le destroyer de 1re classe Umikaze, comme commandant de division du croiseur cuirassé Iwate[3]. En 1921, il supervise l'achèvement du destroyer de 1re classe Shiokaze[4], dont il est ensuite chef du Service Torpilles. Après avoir suivi les cours de la 21e session de l'École de Guerre navale, dont il est diplômé “avec honneur” en 1923, il rejoint l'état-major de la 5e Escadre, et est promu capitaine de corvette (Shōsa), en . Après un an à l'école de pilotage de Kasumigaura[5], et deux ans à l'état-major du Bureau du Personnel du Ministère de la Marine, il effectue, de à un séjour aux États-Unis pendant lequel il est assistant de l'attaché naval aux États-Unis, le capitaine de vaisseau Yamamoto, et est en relations avec Raymond Spruance, alors assistant du chef du renseignement naval. Il suit des cours à l'université Yale. Il est nommé capitaine de frégate (Chūsa), en . Avec Yamamoto, Seiichi Itō, très au fait de la disparité des ressources et de la puissance industrielle entre les États-Unis et le Japon, a été un partisan convaincu du maintien de bonnes relations avec les États-Unis[6]. De 1929 à 1931, il est instructeur et formateur à l'Académie navale d'Etajima. Promu capitaine de vaisseau (Daisa), en , il commande jusqu'en , le pétrolier auxiliaire Tsurumi, de la classe Notoro. Il est affecté comme attaché naval au Manchoukouo de à .

En , Seiichi Itō a reçu son premier commandement d'un bâtiment de combat, celui du croiseur léger Kiso[7]. En , il reçoit le commandement du Mogami, prototype des grands croiseurs légers, nouvellement armé[8]. En , il passe au commandement du croiseur lourd Atago[9], en décembre, il reçoit le commandement du cuirassé rapide Haruna[10]. Fin 1937, il devient chef d'état-major du vice-amiral Shimada, Commandant-en-Chef de la 2e Flotte et il est promu contre-amiral[11]. Il fait ainsi partie du nombre très restreint des officiers de marine devenus amiraux en 26 ans de carrière seulement[12],[Note 1]. En 1939-1940, il est le chef du Bureau du Personnel au Ministère de la Marine. Il prend, fin , le commandement de la 8e division de croiseurs, puis rejoint en l'État-Major Général de la Marine. Nommé Vice-Chef de l'État-Major Général de la Marine, le 1er septembre, il est promu vice-amiral le [11].

Pendant la guerre du Pacifique modifier

À l'État-Major Général de la Marine (1941-1944) modifier

 
Le vice-amiral Seiichi Itō en 1944

Le Chef de l'État-Major Général de la Marine impériale japonaise était, depuis , l'amiral Nagano, doyen des officiers de marine en activité (il avait été Ministre de la Marine en 1936-1937 et Commandant-en-Chef de la Flotte Combinée, en 1937).

Le vice-amiral Itō, comme Vice Chef de l'État-Major Général de la Marine, participe à la planification de l'offensive japonaise en Asie du Sud-Est, dont il estime avec justesse qu'il faudra six à huit mois pour l'achever. Il est opposé au principe de l'attaque de Midway, avant de s'y rallier lorsque l'amiral Yamamoto met son prestige dans la balance[6]. Mais la contre-offensive américaine à Guadalcanal aboutit à une bataille d'attrition, qui épuise les forces japonaises (-)[13], la Campagne des îles Salomon aboutit à la mise hors de combat de la base de Rabaul ()[14],[15] et le début de l'offensive américaine dans le Pacifique central à celle de la base de Truk dans les îles Carolines ()[16].

Le , le Premier ministre, le général Tojo, limoge le Maréchal Sugiyama et il décide d'en assumer la fonction de chef de l'état-major de l'armée impériale japonaise. Il relève également l'amiral de la Flotte Nagano de ses fonctions de Chef de l'État-major Général de la Marine impériale[Note 2], qui sont dès lors exercées par l'amiral Shimada, Ministre de la Marine.

Mais la situation continue de se dégrader. Après la bataille de la mer des Philippines[17], et la prise de Saipan[18], le , le général Tojo est remplacé comme Premier ministre par le général Koiso[19], le maréchal Sugiyama revenant comme Ministre de la Guerre, tandis que l'amiral Shimada cède la place à l'amiral Yonai qui retrouve, comme Ministre de la Marine, le poste qu'il avait occupé de 1937 à 1939. Enfin, le , l'amiral Oikawa, qui a été Ministre de la Marine en 1940-1941, est nommé Chef de l'État-major Général de la Marine. Pendant toutes ces péripéties, le vice-amiral Itō a assuré la permanence du service.

Après la défaite japonaise à la bataille du golfe de Leyte[20],[21], le vice-amiral Itō est nommé à la tête de la 2e Flotte, en remplacement du vice-amiral Kurita, mais en réalité, la 2e Flotte n'est plus une force opérationnelle. La pénurie de carburant au Japon contraint à rester au port les grands bâtiments qui y sont stationnés, les cuirassés Yamato, Nagato, Haruna, les deux cuirassés hybrides de porte-avions de la classe Ise, le croiseur lourd Tone, les croiseurs légers Yahagi et Ōyodo.

La fin du Yamato (avril 1945) modifier

 
La fin du Yamato.

Face aux attaques américaines contre Luçon et Mindoro, l'appui aux troupes de l'Armée impériale japonaise a été fourni par l'aviation et en particulier par les kamikaze. Il en est de même pendant l'attaque d'Iwo Jima, à la fin , après que l'aviation de la 5e Flotte Aérienne commandée par le vice-amiral Ugaki basée sur Kyūshū, a sévèrement endommagé le grand porte-avions rapide USS Franklin[22],[23]. Lors de la préparation de la défense d'Okinawa, l'Empereur s'étonne de l'absence de participation de la Marine. C'est alors qu'est mise au point, à l'instigation du Commandant-en-Chef de la Flotte Combinée, l'amiral Toyoda, l'Opération Ten-Go, qui consiste à envoyer le cuirassé géant Yamato attaquer les forces de couverture du débarquement américain avant d'aller in fine servir de batterie côtière, en l'échouant sur la côte ouest d'Okinawa. En fait il s'agissait d'une sorte de mission-suicide, car les navires ne devaient pas emporter assez de carburant pour rentrer au Japon[21].

Le vice-amiral Itō, qui est hostile aux opérations-suicides, combat ce projet, mais en prépare l'exécution. Les commandants des bâtiments d'escorte, le croiseur léger Yahagi et huit destroyers, partagent son opinion[24]. Il faudra que le vice-amiral Kusaka[25], Chef d'état-major de l'amiral Toyoda, se déplace, depuis Tokyo, pour vaincre ces réticences. Le , dans l'après-midi, la petite escadre appareille, avec, sur le Yamato, la marque du vice-amiral Itō.

Sa présence à la mer est très vite signalée par deux sous-marins américains, et dès le lendemain matin, les TG 38.1 du contre-amiral Clarke et TG 38.3 du contre-amiral Sherman se préparent, avec 131 bombardiers-torpilleurs, 75 bombardiers en piqué et 180 chasseurs, à attaquer les navires japonais qui n'ont pas de couverture aérienne. Les attaques commencent vers 12 h 30, le croiseur Yahagi est coulé, ainsi que quatre destroyers[26], le Yamato est accablé de 23 bombes et torpilles[27], sa DCA muselée, il faut noyer les machines tribord pour enrayer la gîte sur bâbord[28]. Vers 14 h, le cuirassé immobilisé, le vice-amiral Itō donne l'ordre d'abandon et s'enferme sur la passerelle[29]. Peu après 14 h 20, le cuirassé géant coule, dans l'explosion de ses magasins de munitions, à 150 nautiques au sud-ouest de Nagasaki[30]. 3 700 marins japonais sont tués et 12 aviateurs américains.

Ce même jour, les kamikaze ont endommagé le porte-avions USS Hancock et le cuirassé USS Maryland, et le Premier ministre japonais Koiso démissionnait.

Bibliographie modifier

  • (en) Siegfried Breyer, Battleships and battle cruisers 1905–1970, Londres, Macdonald and Jane's, , 480 p. (ISBN 0-356-04191-3)
  • (en) Siegfried Breyer, Battleships of the World 1905–1970, Londres, Conways Maritime Press, , 400 p. (ISBN 0-85177-181-5)
  • Bernard Ireland, Cuirassés du XXe siècle, St-Sulpice (Suisse), Éditions Airelles, (ISBN 2-88468-038-1)
  • Philippe Masson, Histoire des batailles navales : de la voile aux missiles, Paris, Éditions Atlas, , 224 p. (ISBN 2-7312-0136-3)
  • Antony Preston, Histoire des Destroyers, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, (ISBN 2-09-292039-X (édité erroné), BNF 34684320)
  • Antony Preston, Histoire des Porte-Avions, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, (ISBN 978-2-09-292040-4)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais), Histoire des Croiseurs, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, , 191 p. (ISBN 2-09-292027-8)
  • (en) Shuppen Kyodo Sha, Navies of the Second World War Japanese battleships and cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd., (ISBN 978-0-356-01475-3)
  • (en) Shuppan Kyodo-sha, Navies of the Second World War Japanese aircraft carriers and destroyers, Macdonald & Co Publishers Ltd., (ISBN 0-356-01476-2)
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macyntire, Franck Uehling, Desmond Wettern, Antony Preston et Jacques Mordal (trad. de l'anglais), Histoire de la guerre sur mer : des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires, Bruxelles, Elsevier Sequoia, (ISBN 2-8003-0148-1)
  • (en) Anthony Watts, Japanese Warships of World War II, Londres, Ian Allen Ltd, (ISBN 0-7110-0215-0)
  • (en) Mitsuru Yoshida et Richard H. Minear, Requiem for Battleship Yamato, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, (ISBN 1-55750-544-6)

Notes et références modifier

Notes
  1. Parmi les amiraux japonais de la Seconde guerre mondiale, qui ont laissé un nom dans l'Histoire, ceux qui ont atteint le grade de contre-amiral en 26 ans de carrière (ou moins) est restreint. On citera Yonai, Shimada, Oikawa ou Yoshida, qui ont été Ministres de la Marine ou chefs de l'État-Major Général de la Marine, Yamamoto, Koga, Toyoda qui ont été Commandants-en-Chef de la Flotte Combinée, Kondō, Inoue, Mikawa, qui ont été respectivement Commandants-en-Chef des 2e, 4e et 8e Flottes, mais ce n'est pas le cas de Nagumo, Ozawa, Kurita, Hosogaya, Takagi ou Tsukahara, qui tous ont cependant exercé d'importants commandements. Parmi les plus jeunes, dans la 39e promotion de l'Académie Navale d'Etajima, on ne trouve, outre Seiichi Itō, que Yochikazu Endo qui aura reçu le Commandement-en-Chef de la 9e Flotte en 1943 et sera tué devant Hollandia, en mai 1944, et dans la 40e promotion, Ugaki qui aura été chef d'État-Major de l'amiral Yamamoto Commandant-en-Chef de la Flotte Combinée, de 1941 à 1943, et Yamaguchi qui se fera tuer sur le Hiryu à Midway.
  2. L'amiral Nagano avait été promu Amiral de la Flotte en juin 1943. Ce sera la seule promotion d'Amiral de la Flotte effectuée au sein de la Marine impériale japonaise, du vivant de son bénéficiaire, pendant la guerre du Pacifique.
Références

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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