Sauvetage de Juifs par des Polonais pendant la Shoah

Les Juifs polonais furent les premières victimes de la Shoah organisée par les nazis. Pendant l'occupation de la Pologne par les troupes allemandes, beaucoup de Polonais non-juifs risquèrent leur propre vie — et les vies de leurs familles — pour sauver des Juifs des nazis. Les Polonais représentent le plus grand groupe parmi les nationalités qui sauvèrent des Juifs dans la période de la Shoah[1],[2]. À ce jour, 6 135 Polonais ont reçu le titre de Juste parmi les nations attribué par l'État d'Israël — plus qu'aucune autre nation —[1].

NOTICE
Concernant:
la protection de Juifs en fuite.
Il est nécessaire de rappeler que, en conformité avec le paragraphe 3 du décret du in 1941, sur la Limitation de Résidence dans le Gouvernement général, (page 595 du Registre GG) les Juifs qui quittent le quartier juif sans permission encourront la peine de mort.
Conformément à ce décret, ceux qui consciemment aident ces Juifs en leur fournissant un abri, de la nourriture ou en leur vendant des denrées alimentaires sont aussi sujets à la peine de mort

Ceci est un avertissement catégorique à la population non-juive contre:
1) la protection des Juifs,
2) le don de nourriture aux Juifs,
3) la vente de denrées alimentaires aux Juifs.
Częstochowa 24/IX/42
Der Stadthauptmann
Dr Franke

La Résistance polonaise, Armia Krajowa, a alerté le monde au sujet de la Shoah, notamment grâce aux rapports de Witold Pilecki et de Jan Karski. Le Gouvernement polonais en exil et l'État polonais clandestin ont demandé aux États-Unis et au Royaume-Uni d'aider à arrêter la Shoah, mais en vain.

Quelques estimations montrent le chiffre de Polonais impliqués dans le sauvetage à près de trois millions, et attribuent aux Polonais le sauvetage d'environ 450 000 Juifs d'une mort certaine[2]. Les efforts de sauvetage étaient soutenus par l'un des plus importants mouvements de Résistance en Europe, l'État polonais clandestin et sa branche armée, l'Armia Krajowa. Aidés par le Gouvernement polonais en exil, ces organisations travaillaient avec des unités spéciales dédiées à l'aide des Juifs, parmi lesquelles la plus remarquable était Żegota.

Les citoyens polonais étaient soumis aux plus difficiles conditions d'occupation de toute l'Europe sous domination nazie. Par ailleurs, la Pologne fut le seul territoire occupé où les Allemands décrétèrent que toute sorte d'aide aux Juifs était passible de la peine de mort.[réf. nécessaire] Environ 50 000 Polonais non-Juifs furent exécutés par les Allemands pour avoir sauvé des Juifs[2]. Sur le chiffre estimé de trois millions de Polonais non-Juifs tués pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers[réf. nécessaire] furent assassinés par les « hitlériens » seulement en répression pour avoir aidé des Juifs. Après la guerre, presque tout de cette vérité fut occulté par le régime pro-soviétique dans le but de discréditer la société polonaise d'avant-guerre et de stigmatiser le gouvernement polonais d'alors comme réactionnaire[3][source insuffisante].

Porter secours aux Juifs était passible de la peine de mort. Des règlements similaires ont été adoptés par les Allemands dans d’autres territoires qu’ils contrôlaient sur le front de l'Est[4]. Selon Chaim Chefer, plus de 700 citoyens polonais ont été assassinés par l'occupant pour avoir aidé ou protégé leurs voisins juifs[5].

Contexte modifier

Chiffres modifier

Avant la Seconde Guerre mondiale, 3 300 000 Juifs vivent en Pologne — ils forment dix pour cent de la population polonaise qui compte près de 33 millions de personnes. La Pologne est alors le centre du monde juif en Europe[6],[7].

La Seconde Guerre mondiale commence avec l'invasion de la Pologne par les Allemands le  ; et, le , en conformité avec le pacte germano-soviétique, l'Union soviétique attaque la Pologne sur son front Est. En , la Deuxième République de Pologne est divisée entre ces deux puissances totalitaires, occupée à l'Ouest et au centre par l'Allemagne nazie et à l'Est par l'Union soviétique. Les Allemands considérent les Polonais comme des « sous-hommes » et les Juifs polonais quelque part encore en dessous de cette catégorie, traitant les deux groupes avec une extrême dureté. Un aspect de la politique nazie dans la Pologne conquise est d'empêcher que sa population aux origines diverses s'unisse contre l'Allemagne[8],[9]. Les plans nazis concernant les Juifs polonais s'orientent dans la concentration des Juifs, leur isolement, et finalement leur annihilation avec ce qu'on appelle aujourd'hui l'Holocauste ou Shoah. Les plans nazis pour la majorité des Polonais catholiques se concentrent sur le meurtre ainsi que la suppression des chefs politiques, religieux et intellectuels mais aussi sur la germanisation des terres annexées, incluant un programme de réinstallation d'Allemands venus de la Baltique et d'autres régions dans des fermes, entreprises et maisons qui appartenaient auparavant à des Polonais et à des Juifs.

La réponse de la majorité des Polonais à la Shoah des Juifs couvre un large spectre, allant souvent d'actes d'altruisme au risque de mettre en danger leur propre vie et celles de leurs familles, à la compassion, la passivité ou l'indifférence. Les sauveteurs polonais reçoivent aussi des menaces de leurs voisins peu amènes, des Volksdeutsche[10] et des personnes d'origine ukrainienne pronazies[11], ainsi que de maîtres-chanteurs appelés Szmalcowniks et (comme à Varsovie) de collaborateurs juifs tels que Żagiew ou le réseau nommé Groupe 13. Il y eut des cas de dénonciation ou même de participation à des massacres d'habitants Juifs. La marche à suivre pour de tels massacres est formulée par Reinhard Heydrich[12], qui ordonne à ses chefs d'inciter des pogroms anti-juifs sur les territoires nouvellement occupés par les forces allemandes[13],[14]. Les statistiques de la Commission israélienne des crimes de guerre indiquent que moins d'un dixième de un pour cent des Polonais non-juifs ont collaboré avec les Nazis[15].

Des Polonais non-Juifs apportent leur aide aux Juifs de façon organisée ce qui inclut différents degrés d'efforts individuels. Beaucoup offrent de la nourriture ou la laisse dans des endroits stratégiques sur les chemins des travaux forcés. D'autres conduisent des Juifs — qui ont réussi à s'échapper des ghettos — vers des personnes qui pouvent les aider. Certains abritent des Juifs pour seulement une à quelques nuits, d'autres prennent complètement en charge leur survie. Un rôle tout particulier incombe aux médecins polonais qui à eux seuls sauvèrent des milliers de Juifs par le biais de leur pratique subversive. Par exemple, le Dr Eugeniusz Łazowski, connu pour être le 'Schindler' polonais, sauve 8 000 Juifs polonais de la déportation aux camps de la mort, en simulant une épidémie de typhus dans la ville de Rozwadów[16],[17]. Des médicaments gratuits sont distribués dans le ghetto de Cracovie par Tadeusz Pankiewicz[18] tandis Rudolf Weigl emploie et protège des Juifs dans son Institut à Lwów. Ses vaccins sont passés en contrebande à l'intérieur du ghetto de Lemberg ainsi que dans le ghetto de Varsovie[19]. Ce sont surtout ceux qui ont pris une responsabilité pleine et entière qui sont qualifiés pour le titre de Juste parmi les nations[20]. En janvier 2022, un total de 7 232 polonais[21] sont officiellement reconnus par Israël comme des Justes parmi les Nations ce qui fait de la Pologne le pays avec le plus grand nombre de Justes dans le monde[22],[23].

Le nombre de Polonais qui ont sauvé des Juifs de la persécution nazie est difficile à déterminer de façon tranchée et reste sujet à débats pour les spécialistes. D'après Gunnar S. Paulsson, le nombre de personnes qui entrent dans les critères de Yad Vashem avoisinerait les 100 000 personnes et il pourrait y avoir eu deux à trois fois plus de personnes qui apportèrent une aide moins importante, tandis que la majorité « était passivement protectrice »[23]. Dans un article publié dans le Journal of Genocide Research, Hans G. Furth estime qu'il pourrait y avoir eu jusqu'à 1 200 000 sauveteurs polonais[24]. Richard C. Lukas, quant à lui, avance le chiffre de plus de 1 000 000 de Polonais impliqués dans des efforts de sauvetage[2], « mais d'autres estimations vont jusqu'à trois millions de personnes »[2]. Lukas cite aussi Władysław Bartoszewski, un ancien membre de l'organisation Żegota, qui lui estime un nombre d'« au moins plusieurs centaines de milliers de Polonais… (qui) participèrent de différentes façons dans l'action de sauvetage »[2]. Ailleurs, Bartoszewski évalue qu'entre 1 et 3 pour cent de la population polonaise est activement impliqués dans les efforts de sauvetage[25] ; Marcin Urynowicz estime qu'un minimum de 500 000 à 1 million de Polonais ont activement essayé d'aider des Juifs[26]. Teresa Prekerowa estime qu'entre 160 000 et 360 000 Polonais ont aidé à cacher des Juifs, ce qui porte entre 1 et 2,5 % des 15 millions des Polonais adultes qu'elle classe dans le groupe de « ceux qui pouvaient apporter leur aide »[27]. Prekerowa arrive à ce chiffre en partant du principe qu'il faut deux à trois Polonais non-juifs pour cacher un seul Juif, tandis que d'autres sources sont en désaccord, comme Paulsson qui estime qu'il aurait fallu une « douzaine voire plus » de personnes pour chaque personne cachée[28],[29]. L'estimation de Prekerowa compte uniquement ceux directement impliqués dans la cache et n'inclut pas ceux qui ont pu s'impliquer par d'autres manières. Elle part aussi du principe que chaque Juif qui se cache au milieu de la population non-juive reste pendant toute la durée de la guerre dans une seule cachette et, de ce fait, n'eu recours qu'à un seul groupe ; Paulsson, pour sa part, avance que généralement un Juif en fuite passe par sept cachettes pendant la guerre[23].

Selon Paulsson, un Juif moyen qui survit dans la Pologne occupée dépend non pas des actions d'une seule personne, mais de beaucoup d'aide et de tolérance[23]. Comme le dit Paulsson : « presque chaque Juif qui a été sauvé, l'a été par les efforts en coopération de douzaines ou plus de personnes »[23]. Pendant les six années de guerre et d'occupation, un Juif est en moyenne caché dans sept lieux différents, a trois ou quatre jeux de pièces d'identité différents, deux ou trois rencontres avec des maîtres-chanteurs, et doit affronter une reconnaissance de son statut de Juif de nombreuses fois[23].

Le père John T. Pawlikowski, se référant à des travaux d'autres historiens, estime que cette affirmation de centaines de milliers de sauveteurs l'a frappé comme étant exagérée[30]. Martin Gilbert écrit que sous le régime nazi, les sauveteurs sont une exception, bien qu'on puisse en trouver dans beaucoup de villes et villages de Pologne[31].

Il n'y a aucun chiffre officiel exprimant combien de Juifs polonais ont été cachés par leurs compatriotes chrétiens pendant la période de la guerre. Lukas estime ce nombre à « près de 450 000 »[2]. Toutefois, la dissimulation n'assure pas automatiquement une sécurité complète hors de la portée des nazis, et le nombre de Juifs qui sont repris est vaguement évalué de 40 000 à 200 000 personnes[2].

Difficultés modifier

 
Le Mur du Ghetto de Varsovie pendant sa construction, à la suite de l'ordre des nazis, en août 1940.

Les efforts de sauvetage sont pénalisés par de nombreux facteurs. La menace de la peine de mort et la capacité limitée de subvenir aux besoins des réfugiés contribuent souvent au fait que la plupart des Polonais ne souhaitent pas fournir directement leur aide[2]. Ceci est exacerbé par le fait que les personnes qui se cachent ne possèdent pas de tickets officiels de rationnement et qu'il faut alors s'en procurer à des tarifs élevés au marché noir[2],[32]. D'après Emanuel Ringelblum, dans la plupart des cas l'argent que les Polonais acceptent des Juifs qu'ils aident n'est pas motivé par l'appât du gain, mais par la pauvreté quotidienne. Israel Gutman écrit que la majorité des Juifs abrités par des Polonais payent pour leur propre protection[33] mais un grand nombre de ces protecteurs meurent avec ceux qu'ils cachaient[2].

Il y a un consensus général parmi les universitaires selon lequel, contrairement à l'Europe de l'Ouest, la collaboration des Polonais avec les nazis est négligeable[2],[34],[35],[36]. Cependant, la terreur nazie jointe à la petitesse des rations alimentaires, ainsi que la rapacité des Allemands et le système de corruption devenu « seul langage que les Allemands comprennent bien »[37], détruit les valeurs traditionnelles. Les Polonais qui aident des Juifs doivent faire face au danger non seulement des occupants allemands, mais aussi de leurs propre compatriotes issus de différentes sources ethniques, tels que les Volksdeutsche[10], ainsi que les Ukrainiens polonais[38], qui sont antisémites et que la guerre a moralement désorientés[39]. Les szmalcownicy[40] (« les hommes du gras », de shmalts ou szmalec, mot yiddish et polonais pour “graisse” et terme d'argot pour "argent"), sont des maîtres-chanteurs pour les Juifs en cavale et les Polonais qui les aident, ou bien qui les dénoncent aux Allemands pour obtenir une récompense. Hors des villes, il y a aussi quelques paysans qui se mettent à la recherche de Juifs qui se cachent dans les forêts pour pouvoir leur réclamer de l'argent ou bien les dénoncer aux Allemands contre une récompense[37]. La grande majorité de ces personnes rejoignent le milieu criminel seulement à la suite de l'occupation allemande et sont responsables de la mort de dizaines de milliers de personnes, à la fois des Juifs et des Polonais qui essayaient de les sauver[41],[42],[43],[44]. La menace de dénonciation non seulement dissuade beaucoup de Juifs d'essayer de trouver refuge auprès des Polonais, mais elle empêche aussi des Polonais de bonne volonté de leur venir en aide. D'après un critique de Paulsson, en prenant en considération les extorqueurs, « un simple voyou ou un maître-chanteur pouvait causer un dommage sévère sur les Juifs en cavale, mais il fallait la passivité silencieuse de toute une foule pour entretenir leur couverture »[41]. Il remarque aussi que les « chasseurs » sont dépassés en nombre par « ceux qui aident » pour un ratio de un pour vingt ou bien un pour trente[23]. Selon Lukas, la quantité de traîtres qui font chanter et dénoncent des Juifs avec leurs protecteurs polonais ne dépasse probablement pas le nombre d'un millier sur les 1 300 000 personnes qui vivent à Varsovie en 1939[2],[45].

 
Une affiche nazie de propagande antisémite, écrite en polonais, qui dit « Les Juifs sucent des poux infestés par la typhoïde », placardée en 1942 dans la Pologne occupée par les Allemands

Michael C. Steinlauf écrit que non seulement la peur de la peine de mort est un obstacle qui limite l'aide, mais que certaines attitudes d'avant-guerre à l'encontre des Juifs, rendent beaucoup de personnes incertaines de la réaction de leurs voisins devant leurs tentatives de sauvetage[46]. Un certain nombre d'auteurs soulignent les conséquences négatives de cette hostilité envers les Juifs de la part d'extrémistes qui plaident pour leur expulsion de la Pologne[47],[48],[49],[50]. Dans le même temps, Alina Cala dans son étude sur les Juifs dans la culture populaire polonaise soutien aussi la persistance d'un traditionnel antisémitisme religieux et d'une propagande anti-juive avant et durant la guerre qui conduit tous deux à l'indifférence[51],[52]. Pourtant Steinlauf remarque que, malgré ces incertitudes, des Juifs sont aidés par d'innombrables particuliers polonais à travers le pays. Il écrit que « ce n'est pas la délation ni l'indifférence, mais l'existence de tels individus qui est l'un des traits les plus importants des relations polono-juives au moment de l'Holocauste »[46],[51]. Nechama Tec, qui a elle-même survécu à la guerre avec l'aide d'un groupe de Polonais catholiques[53], signale que les sauveteurs polonais agissent dans un environnement hostile aux Juifs et défavorable à leur protection, et dans lequel les sauveteurs ont peur à la fois de la désapprobation de leurs voisins et des représailles que cette désapprobation peut leur entraîner[54]. Tec note aussi que les Juifs, pour de nombreuses raisons complexes et pratiques, ne sont pas toujours prêts à accepter l'aide qui leur est disponible[55]. Certains Juifs n'attendent pas d'aide de leurs voisins polonais — en fait, certains sont surpris d'avoir reçu de l'aide de certaines personnes qui avaient montré une attitude antisémite avant la guerre[23],[56]. Le même sentiment est exprimé par Mordecai Paldiel, l'ancien directeur du département des Justes auprès de Yad Vashem, qui écrit que le dégoût généralisé pour les meurtres commis par les Nazis est parfois accompagné d'un sentiment de soulagement à la disparition des Juifs[57]. Une étude de Yad Vashem sur Żegota cite un entretien dans lequel le vice-président de l'organisation, Tadeusz Rek, mentionne son rapport auprès des représentants du Gouvernement polonais en exil affirmant « que l'écrasante majorité de la société polonaise est hostile à ce soulagement grandissant »[58]. Paulsson et Pawlikowski écrivent que dans l'ensemble, de telles attitudes négatives ne sont pas un facteur important qui empêche la survie des Juifs abrités ou bien le travail de sauvetage de l'organisation[23],[56].

Le fait que la communauté polono-juive soit décimée pendant la Seconde Guerre mondiale, associé avec les histoires au sujet de Polonais collaborateurs, contribue à créer, en particulier chez les Israéliens et les Juifs américains, un stéréotype durable comme quoi la population polonaise s'est montrée passive envers la souffrance des Juifs. Cependant, la recherche contemporaine va à l'encontre de cette idée reçue que l'antisémitisme polonais ait été irréductible ou différent de l'antisémitisme occidental d'alors ; elle prouve aussi que de telles affirmations comptent parmi les stéréotypes polonophobes[59]. La présentation de preuves sélectionnées pour soutenir des idées préconçues conduit une certaine presse populaire à dresser un tableau exagérément simpliste et amenant souvent à des conclusions erronées au sujet du rôle joué par les Polonais au moment de l'Holocauste[23],[59].

Punition pour l'aide apportée aux Juifs modifier

 
Annonce de la peine de mort pour les Juifs capturés à l'extérieur du ghetto et pour les Polonais qui les aident.

Dans le but de décourager les Polonais à aider les Juifs et pour détruire tout effort de résistance, les Allemands appliquent une politique de représailles impitoyable. Le , la peine de mort est introduite par Hans Frank, gouverneur du Gouvernement général, pour être appliquée envers Polonais qui aident les Juifs « de quelque façon que ce soit : en les hébergeant pour la nuit, en les transportant par n'importe quel véhicule que ce soit » ou « nourrissant des Juifs fugitifs ou leur vendant des denrées alimentaires ». Cette loi est rendue publique par des affiches placardées dans toutes les grandes villes su pays[60].

La peine de mort pour les Polonais qui aident des Juifs est spécifique à la Pologne et ne touche pas les autres pays occupés par les Nazis ; elle est le résultat de la nature remarquable et spontanée d'une telle aide[2]. Par exemple, la famille Ulma (le père, la mère et leurs six enfants) du village de Markowa près de Łańcut — où beaucoup de familles dissimulent leurs voisins juifs — sont exécutés par les Nazis en même temps que les huit Juifs qu'ils cachent[61]. La famille Wołyniec au complet à Romaszkańce est massacrée pour avoir abrité trois Juifs échappés d'un ghetto. À Maciuńce, pour avoir caché des Juifs, les Allemands exécutent par balle huit membres de la famille de Józef Borowski en même temps que lui-même et quatre invités présents ce jour-là[62]. Les brigades de la mort nazies perpétuent des exécutions de masse de villages entiers quand ils découvrent que l'aide aux Juifs s'est organisée au niveau communal[22],[63]. Dans les villages de Białka près de Parczew et Sterdyń, près de Sokołów Podlaski, 150 villageois sont massacrés pour avoir abrité des Juifs[64]. En , la 14e Division de Waffen SS Grenadiers de Galice (une unité SS ukrainienne) exécute vingt villageois de Berecz en Volhynie, pour avoir apporté leur aide à des Juifs s'étant échappés du ghetto de Povorsk[65]. Michał Kruk et plusieurs autres personnes à Przemyśl sont exécutés le (voir photo) pour l'aide qu'ils ont donnée à des Juifs. En tout, dans la ville et ses environs 415 Juifs (parmi lesquels 60 enfants) sont sauvés, en retour de quoi les Allemands assassinent 568 personnes de nationalité polonaise[66]. Plusieurs centaines de Polonais sont massacrés avec leur prêtre, Adam Sztark, à Słonim, le , pour avoir abrité des Juifs dans une église. À Huta Stara, près de Buczacz, des Polonais chrétiens et les Juifs du pays qu'ils protègent sont rassemblés dans une église par les Nazis et brûlés vifs, le [67]. Entre 1942 et 1944 dans la région de Kielce, environ 200 paysans sont exécutés par balle et leur corps brûlés en représailles[68].

 
Exécution publique de Michał Kruk et de plusieurs autres personnes à Przemyśl.

Des communautés entières qui aident à abriter des Juifs sont annihilées. Ce fut le cas au village de Huta Werchobuska près de Złoczów qui est aujourd'hui rayé de la carte. Ce fut le cas aussi à Zahorze près de Łachwa[69], Huta Pieniacka près de Brody[70] ou encore Stara Huta, près de Szumsk qui existent encore[71].

Il faut savoir que, à la fin de la guerre, les Polonais qui ont sauvé des Juifs deviennent très souvent victimes de la répression orchestrée par le ministère de la Sécurité publique polonais, puisque leur dévouement instinctif à la justice sociale est mal perçu par le gouvernement. En conséquence, l'aide que des Polonais ont pu apporter aux Juifs pendant la guerre devient un sujet tabou pendant toute la période communiste[68].

Des Juifs dans les villages polonais modifier

Un certain nombre de villages polonais dans leur entièreté fournissent un abri contre la capture par les Nazis, offrent la protection à leurs voisins juifs ainsi qu'une aide aux réfugiés des autres villages et des personnes qui se sont échappées des ghettos[72]. Une recherche effectuée après la guerre confirme qu'une protection à l'échelle du village s'est produite à Głuchów, près de Łańcut, où tout le monde participe[73], tout comme dans les villages de Główne, Ozorków, Borkowo près de Sierpc, et Dąbrowica près d'Ulanów, à Głupianka près d'Otwock[74], et à Teresin, près de Chełm[75].

Les formes de protection varient d'un village à l'autre. À Gołąbki, la ferme de Jerzy et Irena Krępeć fournit une cachette pour une trentaine de Juifs. Des années après la guerre, le fils des Krępeć se remémore lors d'une interview donnée au Montreal Gazette que leur acte est « un secret de polichinelle au village que chacun savait devoir taire » et que les autres villageois aident, « ne serait-ce que pour fournir un repas »[76]. Un autre couple de fermiers, Alfreda et Bolesław Pietraszek, fournissent un abri pour des familles juives soit 18 personnes à Ceranów près de Sokołów Podlaski, et leurs voisins apportent de la nourriture à ceux qui se cachent[77].

Deux décennies après la fin de la guerre, un partisan juif nommé Gustaw Alef-Bolkowiak identifie les villages suivants dans la zone de Parczew-Ostrów Lubelski« presque toute la population » a aidé des Juifs : Rudka, Jedlanka dans la région de Lublin, Makoszka, Tyśmienica et Bójki[72]. Les historiens ont des documents sur une douzaine de villageois de Mętów qui, dans la zone de Głusk, à l'extérieur de Lublin, ont abrité des Juifs polonais[78].

Dans certains cas documentés, des Juifs polonais cachés changent d'habitation dans le même village. Des fermiers de Zdziebórz près de Wyszków abritent, à tour de rôle, deux hommes juifs qui rejoignent plus tard la résistance polonaise dans l'Armia Krajowa[79]. Le village entier de Mulawicze, près de Bielsk Podlaski prend sous sa responsabilité la survie d'un petit garçon juif de neuf ans devenu orphelin[80]. Différentes familles se relayent pour cacher une fille juive à Wola Przybysławska, près de Lublin[81], et dans les environs de Jabłoń, près de Parczew, beaucoup de Juifs polonais cherchent et trouvent un refuge[82].

Les Juifs polonais étaient appauvris, incapables de donner de l'argent en retour, mais ils recevaient tout de même de la nourriture, des vêtements, un abri et de l'argent fournis par quelques petites communautés[83] ; les historiens ont confirmé qu'un tel fait s'est produit dans le village de Czajków, près de Staszów[84] ainsi que dans plusieurs autres villages près Łowicz, à Korzeniówka, près de Grójec et, près de Żyrardów, à Łaskarzew, et à travers la Voïévodie de Kielce[85].

Dans des tout petits villages où il n'y a pas de présence permanente des Allemands, tels que Dąbrowa Rzeczycka, Kępa Rzeczycka et Wola Rzeczycka, près de Stalowa Wola, quelques Juifs sont capables de participer ouvertement à la vie communautaire. Olga Lilien, se remémorant ses souvenirs de la guerre dans le livre To Save a Life: Stories of Holocaust Rescue (Sauver une vie: Histoires de sauvetages de la Shoah, édité en 2000), raconte qu'elle est abritée par une famille polonaise dans un village près de Tarnobrzeg, où elle survit à la guerre malgré l'information officielle d'une récompense de 200 deutsche mark offerte pour toute information concernant des Juifs en fuite[86]. Chava Grinberg-Brown de Wiskitki se remémore dans un entretien après la guerre que quelques fermiers ont menacé physiquement un membre de leur village qui a émis l'idée de la trahir[87]. Natan Gros, écrivain israélien, né en Pologne et survivant de la Shoah, dans son livre Who Are You, Mr. Grymek? (Qui êtes-vous, M. Grymek?), y parle d'un village près de Varsovie où un collaborateur nazi local est obligé de fuir quand les villageois découvrent qu'il a vendu des juifs[88].

Néanmoins, ceux qui ont sauvé des Juifs pendant la guerre se retrouvent après dans différents cas de figure. Antonina Wyrzykowska et son mari ont fourni un abri à sept Juifs qui ont survécu au massacre de Jedwabne, dans lequel au moins 340 Juifs polonais ont trouvé la mort brûlés vifs dans une étable par leurs voisins[89],[90]. Wyrzykowska parvient avec succès à cacher les sept personnes dans deux abris enterrés chez elle, dans les environs de Janczewka de jusqu'à la libération, 48 mois plus tard. Elle parvient aussi à échapper aux recherches menées par la Gestapo en gardant des moutons au-dessus des abris, et en répandant de l'essence pour brouiller la piste des réfugiés au flair des chiens. Après la libération, Wyrzykowska est tondue et battue par ses voisins pour avoir caché des Juifs et elle est contrainte de quitter le village[91],[92],[93],[94],[95],[96].

Des Juifs dans les villes polonaises modifier

 
Irena Sendler fait passer en contrebande 2 500 enfants juifs hors du ghetto de Varsovie.

Dans les villes et métropoles de Pologne, les occupants allemands créent des ghettos qui servent à emprisonner la population juive locale. Les rations alimentaires attribuées par les Allemands aux ghettos condamnent leurs habitants à la famine[97]. La contrebande de nourriture dans les ghettos et de marchandises hors des ghettos, organisée par des Juifs et des Polonais, est l'unique moyen de subsistance. La différence de prix entre le côté aryen et le côté juif est grande, allant jusqu'à 100 %, le risque est aussi plus important. Des centaines de contrebandiers polonais et juifs entrent et sortent des ghettos, généralement la nuit ou bien à l'aube, en passant par des ouvertures faites dans les murs, des tunnels souterrains et des égouts par les entrées officielles en payant des pots-de-vin[98].

La Résistance polonaise pressent les Polonais à soutenir la contrebande[98] même si la punition pour contrebande est l'exécution immédiate à l'endroit où l'on se fait prendre[98]. Parmi les contrebandiers juifs qui périrent, se trouvent des vingtaines d'enfants âgés de cinq ou six ans, sur lesquels les Nazis tirent aux sorties des ghettos et près des murs. Alors qu'un sauvetage collectif est impossible dans de telles circonstances, beaucoup de chrétiens polonais dissimulent leurs voisins juifs. Par exemple, Zofia Baniecka (en) et sa mère sauvent plus de 50 Juifs dans leur maison entre 1941 et 1944. Paulsson, dans sa recherche sur les Juifs de Varsovie, arrive à la conclusion que les résidents polonais de la ville ont réussi à soutenir et dissimuler le même pourcentage de Juifs que les résidents des autres grandes villes européennes sous occupation nazie[41].

Dix pour cent de la population polonaise de Varsovie est activement impliqué dans la protection de leurs voisins juifs[23]. On estime que le nombre de Juifs qui vivent du côté aryen de la capitale en 1944 entre 15 000 à 30 000 personne et dépendent d'un réseau de 50 000 à 60 000 Polonais qui fournissent un abri, et à peu près autant qui apportent leur aide par d'autres façons[23],[99].

Organisations consacrées au sauvetage des Juifs modifier

 
Des membres de Żegota au troisième anniversaire de le soulèvement du ghetto de Varsovie.

Plusieurs organisations sont créées et dirigées par des Polonais de souche. Elles comptent dans leurs membres des Juifs activistes clandestins et sont consacrées au sauvetage de la communauté polono-juive[100]. Parmi celles-ci, Żegota, la Commission d'Aide aux Juifs, est la plus importante[56]. Elle est unique non seulement en Pologne, mais dans toute l'Europe occupée par les nazis, et est la seul organisation dédiée uniquement à cet objectif[56],[101]. Żegota concentre ses efforts dans le sauvetage des enfants juifs à l'encontre desquels les Allemands sont particulièrement cruels[56],[99]. Le sociologue polonais Tadeusz Piotrowski estime que la moitié des Juifs qui ont survécu à la guerre (plus de 50 000) ont été aidées par Żegota d'une manière ou d'une autre — soutien financier, légalisation, soutien médical, soin des enfants, et aide contre les maîtres-chanteurs[102]. Dans son étude de 1977, Joseph Kermish affirme qu'un nombre de sources polonaises surévaluent les degrés de soutien apportés par Żegota aux Juifs, sauvant peut-être seulement quelques milliers de Juifs (bien que ce chiffre plus bas ne compte que les personnes sauvées à Varsovie au lieu de compter toute la Pologne occupée) ; néanmoins l'étude convient que les activités de Żegota « constituent l'un des plus brillants chapitres des efforts faits pour apporter du soulagement aux Juifs »[103].

La plus célèbre membre de Żegota est certainement Irena Sendler, qui organise avec succès le passage clandestin de 2 500 enfants juifs hors du ghetto de Varsovie[104]. En outre de Żegota, il y a d'autres organisations peu nombreuses, plus petites, et pas aussi efficaces, qui incluent dans leurs activités l'aide aux Juifs. Certaines d'entre elles sont associées à Żegota[105].

Les Juifs et l'Église catholique modifier

L'Église catholique en Pologne fournit à beaucoup de Juifs persécutés de la nourriture et un abri pendant la guerre[105], même si elle ne peut garantir aucune immunité aux prêtres et aux religieuses contre la peine de mort[106]. Presque chaque institution catholique en Pologne s'est occupée de quelques Juifs, généralement des enfants en leur procurant un faux certificat de baptême et une fausse ou vague identité[23]. En particulier, les couvents de religieuses (voir Sœur Bertranda), jouent un rôle majeur dans les efforts de sauvetage et de protection des Juifs polonais, et les sœurs franciscaines ont à leur crédit le plus grand nombre d'enfants juifs sauvés[107],[108]. Les deux tiers des couvents de Pologne ont participé au sauvetage, selon toute vraisemblance avec le soutien et l'encouragement de leur hiérarchie[109]. Ces efforts sont soutenus par les évêques et par le Saint-Siège[108]. Les supérieurs des couvents n'ont jamais révélé le nombre exact d'enfants qui furent sauvés dans leurs institutions, et pour des raisons de sécurité, les noms des enfants sauvés n'ont jamais été enregistrés. Les institutions juives n'ont pas de statistiques qui pourraient clarifier cela[106]. L'enregistrement systématique de témoignages n'a pas commencé avant le début des années 1970[106]. Dans les villages d'Ożarów, Ignaców, Szymanów, et Grodzisko près de Leżajsk, les enfants juifs sont pris en charge par les couvents catholiques et par les communautés des environs. Dans ces villages, les parents chrétiens ne retirent pas leurs enfants des écoles où se retrouvent les enfants juifs[110].

Irena Sendler, responsable de la section enfance pour l'organisation Żegota (le Commission d'Aide aux Juifs), coopère de très près avec les travailleurs sociaux et les religieuses catholiques notamment avec Sœur Matylda Getter qui est la Mère supérieure provinciale des Franciscaines de la famille de Marie pour sauver les enfants juifs échappés du ghetto de Varsovie. Les enfants sont placés dans des familles polonaises, dans l'orphelinat de la congrégation ou dans d'autres couvents tels que ceux des Petites servantes de la Bienheureuse Vierge Marie immaculée[111] à Turkowice[Lequel ?] et à Chotomów. Sœur Matylda Getter sauvent entre 250 et 550 enfants juifs dans différentes institutions d'éducation et de soin pour enfants à Anin, Białołęka, Chotomów, Międzylesie, Płudy, Sejny ou encore Vilnius[112].

Les historiens ont déterminé que, dans certains villages, des familles juives survécurent à la Shoah en vivant sous de fausses identités en tant que chrétiens. Ceci est confirmé dans les villages de Bielsko en Haute-Silésie, de Dziurków près de Radom, d'Olsztyn près de Częstochowa, de Korzeniówka près de Grójec, et du triangle entre Łaskarzew, Sobolew et Wilga, et dans plusieurs villages près de Łowicz[113].

 
L'extermination de masse des Juifs dans la Pologne occupée par l'Allemagne, note de la République de Pologne adressée aux Nations unies, 1942

Certaines personnalités officielles dans le clergé polonais restent cependant hostiles à l'égard des Juifs — une attitude théologique bien connue d'avant la guerre[23],[114],[115]. Après la guerre, certains couvents refusent de remettre les enfants à des institutions juives qui les réclament et refusent de dévoiler les identités des parents adoptifs, ce qui force les agences gouvernementales et les cours de justice à intervenir[116].

Les Juifs et le Gouvernement polonais modifier

Le manque d'effort international pour aider les Juifs provoque une indignation politique de la part du Gouvernement polonais en exil qui réside alors en Grande-Bretagne. Il s'exprime publiquement le scandale des meurtres en masse des Juifs par les Allemands. En 1942, le Directoire de la Résistance civile, faisant partie de l'État polonais clandestin, publie une déclaration basée sur les rapports de la résistance polonaise. On y lit[117] :

« Depuis maintenant près d'un an, en plus de la tragédie du peuple polonais qui se retrouve massacré par l'ennemi, notre pays a été le décor d'un terrible massacre organisé sur les Juifs. Ce meurtre de masse ne trouve aucune comparaison dans les annales de l'humanité ; à côté de cela, les plus célèbres atrocités connues dans l'histoire paraissent insignifiantes. Incapables d'agir contre cette situation, nous, au nom du peuple polonais tout entier, protestons contre le crime qui est perpétré contre les Juifs ; toutes les organisations politiques et publiques se joignent à cette protestation. »

 
Witold Pilecki

Le gouvernement polonais est le premier à informer les Alliés occidentaux au sujet de la Shoah, bien que les premiers rapports rencontrent souvent l'incrédulité de la part des dirigeants juifs eux-mêmes ; par la suite, et pour plus longtemps, de la part des puissances occidentales[101],[102],[105],[118],[119],[120]. Witold Pilecki est un membre de l'Armée de l'Intérieur polonaise, et la seule personne qui se soit portée volontaire pour être emprisonnée à Auschwitz. En tant qu'agent de la résistance, il envoie de nombreux rapports mentionnant camp et génocide aux chefs de la Résistance polonaise à Varsovie en passant par le réseau de résistance qu'il a organisé à Auschwitz. En , les rapports de Witold Pilecki sont transférés par la résistance polonaise au Gouvernement britannique à Londres mais les autorités britanniques les rejettent, les considérant comme de grossières exagérations et une propagande du gouvernement polonais.

De même, Jan Karski, qui sert comme courrier entre la résistance polonaise et le Gouvernement polonais en exil, entre en cachette à l'intérieur du Ghetto de Varsovie et rapporte aux gouvernements polonais, britannique et américain la situation des Juifs en Pologne[121]. En 1942, Karski arapporte à ces gouvernements la situation générale en Pologne et particulièrement la destruction du Ghetto de Varsovie et de la Shoah. Il rencontre des politiciens polonais en exil : le premier ministre, des membres de partis politiques tels que le PPS (Polska Partia Socjalistyczna - Parti Polonais Socialiste), le SN (Stronnictwo Narodowe - Parti national), le SP (Stronnictwo Pracy - Parti du Travail), le SL (Stronnictwo Ludowe - Parti populaire), l'Union générale des travailleurs juifs et le Poale Zion. Il discute aussi avec Anthony Eden, le Secrétaire britannique des Affaires Étrangères, lui donnant une description détaillée de ce qu'il a vu à Varsovie et à Bełżec. En 1943, à Londres, il rencontre Arthur Koestler, un journaliste très connu de l'époque. Il fait ensuite le voyage jusqu'aux États-Unis et rapporte l'information au Président Franklin D. Roosevelt.

En , Jan Karski fait à nouveau un rapport personnel à Roosevelt au sujet de la détresse des Juifs polonais, mais le président « interrompt l'émissaire polonais et lui demanda quelle est la situation des… chevaux » en Pologne[122],[123]. Karski rencontre aussi beaucoup de d'hommes politiques du gouvernement et des responsables civils aux États-Unis, parmi lesquels Felix Frankfurter, Cordell Hull, William Joseph Donovan, et Stephen Wise. Karski présente aussi son rapport aux médias, à des évêques de différentes confessions (incluant le Cardinal Samuel Stritch), et aussi des membres de l'industrie du film hollywoodienne et à des artistes, mais sans succès. Beaucoup de ceux à qui il parle ne le croient pas et, une fois de plus, supposent que son témoignage est grandement exagéré ou bien est de la propagande du Gouvernement polonais en exil.

Le corps politique suprême du gouvernement clandestin en Pologne est Delegatura. Il n'y avait aucun représentant juif en son sein[124] bien qu'elle finance et apporte son soutien à Żegota, l'organisation d'aide aux Juifs polonais — tenue à la fois par des Juifs et des non-Juifs[125]. Żegota reçoit près de 29 millions de zlotys (plus de 5 millions de dollars ; soit 13,56 fois cette somme pour la valeur actuelle de la monnaie)[126] de la part de la Delegatura à partir de 1942 pour soutenir les milliers de familles juives en Pologne[127]. Le gouvernement en exil fournit aussi une aide particulière — des fonds, des armes et d'autres fournitures — aux organisations de résistance juive (comme ŻOB et ŻZW), surtout à partir de 1942[119]. Le gouvernement en intérim transmiet des messages de la résistance juive vers l'Ouest et apporte son soutien à leurs demandes de représailles sur des cibles allemandes si les atrocités ne prennent pas fin — une requête rejetée par les gouvernements Alliés[119]. Le gouvernement polonais essaie aussi, sans trop de succès, d'augmenter les chances des réfugiés polonais en leur trouvant un refuge sûr dans des pays neutres et de prévenir de la déportation les Juifs qui se sont échappés de la Pologne occupée[119].

Le délégué polonais (du Gouvernement en exil) qui réside en Hongrie, Henryk Sławik, aide à sauver plus de 5 000 Juifs Polonais et Hongrois à Budapest, en leur donnant de faux passeports polonais[128].

Avec deux membres du Conseil national, les Juifs polonais sont représentés dans le gouvernement en exil[119]. Et en 1943 une section des affaires juives de l'État clandestin fut créée par la Delegatura ; elle a à sa tête Witold Bieńkowski et Władysław Bartoszewski[117]. Son but est d'organiser les efforts touchant la population juive polonaise, d'être en contact avec Żegota, et de préparer un dossier sur le sort des Juifs à l'intention du gouvernement à Londres[117]. Malheureusement, un très grand nombre de Juifs polonais ont déjà été tués avant même que le Gouvernement en exil ne réalise pleinement l'objectif de la Solution finale[119]. D'après David Engel et Daniel Stola, le Gouvernement en exil s'intéresse d'abord au sort de la population polonaise en général, à rétablir une État polonais indépendant et à s'établir comme un partenaire d'égale valeur parmi les forces alliées[119],[120],[129]. Par-dessus toutes ses faiblesses, le Gouvernement en exil est sujet de la suspicion de l'Ouest, en particulier des Juifs américains et britanniques, réticents à l'idée de critiquer leurs propres gouvernements pour leur inaction dans le sauvetage de leurs coreligionnaires[119],[130].

Le gouvernement polonais et ses représentants clandestins sur le territoire annoncent que ceux agissant (maîtres-chanteurs et autres) seront punis de la peine de mort[44]. Le général Władysław Sikorski, premier ministre et commandant-en-chef des Forces armées polonaises, signe un décret où il interpelle la population polonaise à étendre son aide aux Juifs persécutés, en ces termes[131]:

« Tout Polonais qui collabore à leurs actes de meurtre, soit part extorsion, part délation de Juifs, soit en exploitant leur terrible détresse ou en participant à des actes de vol sur eux, commet un délit très grave contre les lois de la République Polonaise. »

Cependant, selon Michael C. Steinlauf, ces déclarations sont rarement accompagnées d'appels aux Polonais à aider les Juifs avant le Soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943[132]. Steinlauf remarque que dans un discours prononcé à Londres, Sikorski promet des droits égaux pour les Juifs après la guerre, mais la promesse est omise dans l'édition de la version polonaise du discours[132]. D'après David Engel, la loyauté des Juifs polonais à la Pologne et aux intérêts polonais est remise en cause par certains membres du gouvernement exilé[120],[129], ce qui entraîne des tensions politiques[133]. Surtout, comme le souligne Stola, le gouvernement polonais est en fait aussi peu préparé à faire face à la Shoah que les autres gouvernements alliés, et cette hésitation du gouvernement à solliciter la population polonaise en général à aider les Juifs ne s'estompe qu'après que les rapports sur la Shoah se sont répandus[119].

Szmul Zygielbojm, un membre du Conseil national du Gouvernement polonais en exil, se suicide en , à Londres, en signe de protestation face à l'indifférence des gouvernements alliés à l'égard de la destruction du peuple juif, et à l'échec du gouvernement polonais à soulever l'opinion publique à la mesure de la tragédie qui s'abat alors sur les Juifs polonais[134].

La Pologne, seul pays à avoir un État clandestin, est aussi le seul pays dans l'Europe occupée à avoir un système judiciaire clandestin complet[135]. Ces cours clandestines fonctionnent en respectant les procédures (évidemment limitées par les circonstances) et, par conséquent, il peut s'écouler des mois avant qu'une sentence de mort ne soit exécutée, comme on peut s'y attendre dans des systèmes judiciaires ordinaires[135]. Cependant, Prekerowa souligne que les peines de mort ne commencent à être prononcées qu'en , ce qui veut dire que les maîtres-chanteurs sont actifs en toute impunité pendant 3 ans à partir de la fermeture des ghettos à l'automne 1940[136]. Dans l'ensemble, ce n'est que vers la fin de 1942 que la résistance polonaise légifère et organise des cours non-militaires autorisées à exécuter des sentences de mort pour des crimes civils, tels que la collaboration sans objet de traîtrise, l’extorsion et le chantage[135]. D'après Joseph Kermish, parmi les milliers de collaborateurs condamnés à mort par les Tribunaux spéciaux et exécutés par les combattants de la résistance polonaise qui risquent leur vie en allant appliquer ces verdicts[136], très peu sont explicitement des maîtres-chanteurs ou des informateurs qui ont persécuté des Juifs[44]. Ceci, selon Kermish, entraîne une audace croissante de certains maîtres-chanteurs dans leurs activités criminelles[44]. Marek Jan Chodakiewicz écrit qu'un nombre de Juifs Polonais sont exécutés pour avoir dénoncé d'autres Juifs. Il remarque que puisque les informateurs nazis dénoncent souvent les membres de la résistance tout comme les Juifs en cavale, l'accusation de collaboration englobe tout et les sentences proclamées concernent un cumul de crimes[137].

Les unités de l'Armia Krajowa sous le commandement d'officiers du parti gauchiste Sanacja, du PPS ainsi que les centristes du Parti démocrate accueillent des combattants juifs qui se battent avec les Polonais sans problèmes provenant de leur identité ethnique. Comme le remarque Joshua D. Zimmerman, beaucoup de stéréotypes négatifs sur l'Armia Krajowa parmi les Juifs proviennent de la lectures d'ouvrages d'après-guerre sur le sujet et non d'expériences personnelles[138]. En dépit de la représentation juive-polonaise dans le gouvernement en exil installé à Londres, certaines unités droitistes de l'Armia Krajowa — comme le note Joanna B. Michlic — font preuve d'un ethno-nationalisme qui exclue les Juifs. De même, quelques membres de la Delegatura font une distinction entre les Juifs polonais et les Polonais polonais[139]. L'historien Israel Gutman souligne que Stefan Rowecki, un chef de l'AK, plaide pour l'abandon des tergiversations de la résistance et pour le lancement d'un soulèvement général si jamais les Allemands entament une campagne d'extermination contre les Polonais de souche, tandis qu'aucun plan de ce genre n'existe au moment où l'extermination des citoyens juifs polonais est en cours[140]. D'autre part, le gouvernement polonais d'avant-guerre a non seulement armé et entraîné des troupes paramilitaires juives telles que Lehi mais aussi — alors qu'il était en exil — il accepte des milliers de combattants juifs polonais dans l'Armée d'Anders incluant des chefs tels que Menahem Begin. La politique de soutien continue tout le temps de la guerre avec l'Organisation de combat et l'Union militaire juive qui font partie intégrante de la résistance polonaise[141].

Depuis la Suisse, le groupe Ładoś constitué de quatre diplomates représentant le Gouvernement polonais en exil (Aleksander Ładoś, Abraham Silberschein, Stefan Ryniewicz et Juliusz Kühl (en)) sauvent des centaines de Juifs[142],[143] en leur fournissant des faux passeports latino-américains.

Liste partielle des communautés modifier

On peut trouver dans l'article en anglais de Wikipédia la liste partielle des communautés polonaises qui s'engagèrent de manière collective dans le sauvetage de Juifs pendant la Shoah, telle qu'elle se retrouve dans les différents ouvrages cités dans cet article. Il arrive que l'orthographe des localités ou des régions ait été alors corrigée pour être adaptée aux noms donnés aujourd'hui[144].

Liens externes modifier

Notes et références modifier

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