Élisabeth de Hongrie

souveraine de Thuringe, membre du Tiers-Ordre franciscain, et reconnue sainte par l'Église catholique
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Élisabeth de Hongrie
Sainte chrétienne
Image illustrative de l’article Élisabeth de Hongrie
Mort d'Élisabeth de Hongrie.
Enluminure des Grandes Chroniques de France de Charles V, vers 1370-1379. BnF, département des manuscrits, ms. Français 2813, fo 269 vo.
Duchesse de Thuringe
Naissance
Presbourg (aujourd'hui Bratislava), royaume de Hongrie
Décès   (24 ans)
Marbourg, landgraviat de Thuringe, Saint Empire romain germanique
Vénéré à Marbourg, Église Sainte-Élisabeth
Canonisation
par Grégoire IX
Vénéré par Église catholique
Église luthérienne
Église anglicane
Fête 17 novembre
Attributs Couronne, panier, fleurs, pains, aumônière, livre, avec une ou deux couronnes.
Saint patron Tiers-Ordre Régulier de Saint-François (T.O.R.), Ordre franciscain séculier (O.F.S.)

Élisabeth de Hongrie ou Élisabeth de Thuringe (Presbourg, - Marbourg, ) est une souveraine de Thuringe membre du Tiers-Ordre franciscain et reconnue sainte par l'Église catholique. Sa fête est fixée au 17 novembre. L'ordre Teutonique fait construire une église gothique destinée à recevoir ses reliques. Celles-ci attirent des foules nombreuses faisant de Marbourg un grand centre de pèlerinage de l'Occident chrétien.

Biographie modifier

Elle est la fille du roi André II de Hongrie (dynastie des Árpád) et de Gertrude d'Andechs-Meran (dynastie des Babenberg).

Fiancée à quatre ans et mariée à quatorze ans au landgrave Louis IV de Thuringe, Élisabeth de Hongrie vécut de 1211 à 1228 au château de Wartbourg auprès de son époux, de ses enfants et de sa belle-mère, la landgravine douairière Sophie de Bavière.

Le couple est très uni et a trois enfants :

Des franciscains allemands font découvrir à la jeune landgravine l'esprit de François d'Assise et elle décide alors de renoncer à une vie de luxe et de frivolité pour se mettre au service des pauvres.

Sa piété la fait juger extravagante voire indigne par la cour et notamment sa belle-mère, la landgravine Sophie. Ainsi, entrant dans une église, la jeune souveraine dépose sa couronne au pied de la croix ; sa belle-mère la critique et lui fait remarquer publiquement que son attitude est indigne d'une princesse. Élisabeth lui rétorque qu'elle ne saurait porter une couronne d'or quand son Dieu porte une couronne d'épines.

Son époux meurt de la peste en 1227. Elle n'a que 20 ans mais refuse d'être remariée. Sa belle-famille la chasse avec ses trois enfants. Son oncle, évêque, calme la famille. Les trois enfants seront élevés par la famille ducale.

 
Châsse, église Sainte-Élisabeth, Marbourg.

Elle prend pour directeur spirituel Conrad de Marbourg. Celui-ci la traite avec rigorisme, mais elle répond par une douceur exemplaire. Désormais, elle consacre toute sa vie et son argent aux pauvres pour qui elle fait construire un hôpital.

Élisabeth s'inspire du Tiers-Ordre franciscain récemment fondé par saint François d'Assise et lui apporte des aides. Durant les trois dernières années de sa vie, elle s'implique dans son hôpital avec d'autres femmes encouragées par sa dévotion, à l'image d'une petite communauté religieuse.

Elle meurt à 24 ans à Marbourg.

Le miracle des roses modifier

 
Acte de renonciation d'Élisabeth de Hongrie, par Philip Hermogenes Calderon (en) (1891).

On dit qu'elle portait secrètement du pain aux pauvres d'Eisenach, à pied et seule, ce que réprouvait son mari. Un jour qu'il la rencontra sur son chemin, celui-ci, contrarié, lui demanda ce qu'elle cachait ainsi sous son manteau. Elle lui répondit d'abord que c'étaient des roses, puis, se rétractant, elle lui avoua, pour finir, que c'était du pain, et lorsque son mari lui ordonna alors d'ouvrir son manteau, il n'y trouva que des roses : c'est le miracle de sainte Élisabeth de Hongrie. On trouve un récit similaire dans la vie de la petite-nièce de la landgravine, Élisabeth de Portugal, en France chez Roseline de Villeneuve, en Italie chez Nicolas de Tolentino.

Famille modifier

Son père étant le frère de Constance, épouse d'Ottokar Ier de Bohême, Élisabeth est la cousine germaine de sainte Agnès de Bohême. Elle est également la tante de la bienheureuse Marguerite de Hongrie et, par sa mère, la nièce de sainte Edwige de Silésie mais aussi d'Agnès de Méranie, épouse contestée du roi Philippe II de France.

Élisabeth de Hongrie, par ailleurs, arrière-petite-fille de Renaud de Châtillon et Constance d'Antioche, descendait de Philippe Ier de France de la dynastie capétienne.

Nombre de princesses portèrent son prénom, par exemple Élisabeth-Charlotte de Bavière (1652-1722), duchesse d'Orléans, belle-sœur du roi Louis XIV de France, célèbre pour sa correspondance, sa fille Élisabeth-Charlotte d'Orléans (1676-1744), duchesse puis régente de Lorraine et de Bar, jusqu'à la duchesse Élisabeth de Wittelsbach, impératrice d'Autriche, célèbre par son surnom de « Sissi » qui milita pour l'indépendance de son royaume de Hongrie, la nièce de celle-ci Élisabeth en Bavière, reine des Belges et son arrière-petite-fille la princesse héritière Élisabeth de Belgique et la princesse Élisabeth de Hesse (1864-1918), grande duchesse de Russie, canonisée par l'Église orthodoxe russe. Élisabeth de France, sœur de Louis XVI, guillotinée (1764-1794).

Iconographie modifier

Elle peut être représentée soit en princesse, soit en tertiaire franciscaine. Lorsqu'elle est représentée en princesse, elle porte une couronne sur la tête et dans les mains la Bible où sont posées deux couronnes. Sur le tableau de Tobias Pock (en), elle se voit apposer la couronne par l'Enfant Roi lui-même tenu par Notre Dame entourés de saint Georges et de sainte Hélène. Ces couronnes peuvent représenter sa naissance royale, sa piété austère et son abstinence, soit se comprendre comme les trois nœuds de la cordelière franciscaine représentant les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance.

Elle tient à la main une aumône, un broc, une corbeille de pain, de fruits et de poissons ; elle peut aussi avoir un tablier avec des roses[1].

On la retrouve dans les fresques de saints représentés par Simone Martini à la basilique Saint-François d'Assise (1312-1318).

Elle est un des principaux personnages de l'opéra de Richard Wagner Tannhäuser (Dresde 1845).

L'oratorio Die Legende von der heiligen Elisabeth (1865) de Franz Liszt a pour sujet la légende d’Élisabeth de Hongrie.

Galerie modifier

Églises modifier

Plusieurs églises sont dédiées à sainte Élisabeth de Hongrie, comme :

Paroisses modifier

Des paroisses portent aussi le nom de Sainte-Élisabeth, sans lieu de culte qui lui soit dédicacé, dont :

Notes et références modifier

  1. Rosa Giorgi (trad. de l'italien), Les Saints, Paris, Guide des Arts Hazan, , 383 p. (ISBN 2-85025-856-3).
  2. Musée de Budapest.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Charles de Montalembert, Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1233), Paris, Debécourt, , CXXXVI-450 p. (BNF 30967665, lire en ligne).
  • F. R., « Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1233), par le comte de Montalembert, pair de France (second article) », Bibliothèque universelle de Genève, Genève : Abraham Cherbuliez, Paris : Anselin, succ. Magimel, vol. 11, nouvelle série,‎ , p. 88-101 (lire en ligne).
  • Paule Antoine, Sainte Élisabeth de Hongrie : Une princesse infirmière, Téqui, coll. « Nos amis les saints », , 80 p. (ISBN 978-2-85244-092-0).
  • Suzanne de La Messelière, Sainte Élisabeth de Hongrie : Biographie et hagiographie (thèse de doctorat en théologie), Université de Fribourg, , 482 p. (lire en ligne).
  • Levente Seláf, « Le modèle absolu de la princesse charitable. La première légende vernaculaire de sainte Élisabeth de Hongrie et sa réception », Le Moyen Âge, t. 124, no 2,‎ , p. 371-396 (lire en ligne)
  • Gyula Kristó (trad. du hongrois), Histoire de la Hongrie Médiévale, t. I : « Le temps des Arpads », Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 224 p. (ISBN 2-86847-533-7), p. 119.
  • Benoît XVI, « Audience générale : Élisabeth de Hongrie », sur vatican.va,

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