SMS Moltke (1910)

navire de guerre

SMS Moltke
illustration de SMS Moltke (1910)
Le SMS Moltke en visite à New York en 1912

Type Croiseur de bataille
Classe Moltke
Histoire
A servi dans  Kaiserliche Marine
Chantier naval Blohm & Voss Hambourg
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Quille posée
Lancement
Armé
Statut sabordé le
Équipage
Équipage 1 053 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 186,60 m
Maître-bau 30 m
Tirant d'eau 9,20 m
Déplacement 25 400 tonnes
Propulsion 24 chaudières à charbon
2 turbines, 4 hélices
Puissance 52 000 ch
86 000 ch aux essais
Vitesse 25,5 nœuds
28,4 nœuds aux essais
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 100-280mm
barbette = 230 mm
kiosque = 350 mm
tourelles = 230 mm
pont =76 mm
Armement 10 (5 × II) x 28 cm SK L/50
12 × 150 mm (cal.45)
12 puis 8 x 88 mm (cal.45) remplacés par
2 × 88 mm (DCA) en 1916
4 tubes lance-torpilles (500 mm)
Rayon d'action 4 120 nautiques à 25,6 nœuds (2 400 tonnes de charbon)
Pavillon Reich allemand

Le SMS Moltke est un croiseur de bataille construit pour la Marine Impériale allemande (Kaiserliche Marine), et baptisé en honneur du Generalfeldmarschall Comte von Moltke, chef de l'État-Major général de l'armée prussienne, puis du Grand État-Major impérial, de 1857 à 1888.

Le SMS Goeben était son sister-ship, et l'autre unité de la classe Moltke. Ces deux bâtiments sont un peu plus puissants que le premier « grand croiseur », le SMS Von der Tann, construit pour affronter les croiseurs de bataille britanniques. Le SMS Moltke effectua la totalité de son service, pendant la Première Guerre mondiale, dans les eaux de la Mer du Nord ou de la Mer Baltique. Il a été sabordé, avec quatre autres « grands croiseurs », à Scapa Flow, le .

Caractéristiques modifier

Par rapport au SMS Von der Tann, mis en service précédemment, les « grands croiseurs » allemands SMS Moltke et Goeben étaient légèrement plus grands, plus rapides et mieux armés. Ils portaient des canons de 280 millimètres, d'un modèle plus puissant, avec une longueur de canon de 50 calibres, au lieu de 45, ce qui leur donnait une portée un peu supérieure à celle du SMS Von der Tann, bien que celui-ci eût un angle maximal d'élévation des canons d'artillerie principale de 20° au lieu de 16° sur le SMS Moltke[1]. Ils portaient à l'arrière deux tourelles doubles axiales, au lieu d'une. Leur gaillard d'avant était plus haut d'un pont. Leur protection était un peu supérieure, avec une ceinture blindée de 270 mm, au lieu de 250 mm[2].

Déplaçant plus de 25 000 tonnes, avec vingt-quatre chaudières au lieu de dix huit alimentant deux groupes de turbines, développant 52 000 ch, leur vitesse maximale s'en trouvait accrue d'un nœud[3].

Ils étaient moins rapides, moins puissants, et avaient un déplacement moindre que les croiseurs de bataille britanniques dont ils étaient contemporains, la classe Lion, mais conformément au concept retenu par la Marine Impériale allemande, pour ses « grands croiseurs », qui devaient pouvoir être incorporés dans la ligne de bataille des cuirassés, l'épaisseur de la ceinture blindée, à hauteur des soutes d'artillerie principale et des machines, se trouvait portée à 270 mm soit une épaisseur de 120 mm supérieure à celle de la classe Indefatigable et 50 mm supérieure à la classe Lion.

Historique modifier

Mis sur cale aux chantiers Blohm & Voss de Hambourg le , lancé le , le SMS Moltke est armé le . À sa mise en service, le SMS Moltke a été le navire amiral des forces de reconnaissance de la flotte allemande. Portant la marque de l'amiral Paschwitz il conduit une division de croiseurs, dans une visite officielle aux États-Unis, en .

 
En ligne de file au Dogger Bank, le SMS Seydlitz conduit le Moltke et le Derfflinger

Au sein du 1er groupe de reconnaissance (I. Aufklärungsgruppe), commandé à partir de 1913 par le contre-amiral (plus tard vice-amiral) Hipper, il a participé aux opérations de cette unité de la Hochseeflotte, pendant la Première Guerre mondiale, notamment aux bombardements de villes anglaises de la côte Est de la mer du Nord[4], et à la bataille du Dogger Bank, sans encaisser un coup[5].

Pendant une opération dans le golfe de Riga, le , il fut torpillé par le sous-marin britannique HMS E1[6].

À la bataille du Jutland, sous le commandement du kapitän sur See Johannes von Karpf, le SMS Moltke était l'avant-dernier de la ligne des croiseurs de bataille allemands. Comme les cibles principales des Britanniques ont été les bâtiments de tête, les SMS Lützow d'abord, et Derfflinger ensuite, ou le bâtiment de queue, le SMS Von der Tann, il ne reçut que quatre[7] ou cinq[2] obus de gros calibre, ce qui en fit le croiseur de bataille allemand le moins touché au cours de cette journée. Lorsque le vice-amiral Hipper fut obligé d'abandonner le SMS Lutzöw, très gravement avarié, il transféra sa marque sur le SMS Moltke, vers 22 h le [8].

Le bâtiment participa à la sortie du [9], quand la Hochseeflotte appareilla pour aller bombarder Sunderland, ce à quoi le vice-amiral Scheer renonça finalement. Il fut présent à la seconde bataille de Héligoland, mais n'engagea pas de grands bâtiments britanniques[10].

En participant à une opération contre les convois alliés, au large de la Scandinavie, en , il eut une grave avarie de machines, perdit une hélice qui entraîna des dégâts sérieux et dut être pris en remorque par le cuirassé SMS Oldenburg. Réussissant à repartir par ses propres moyens, il fut alors torpillé par le sous-marin britannique HMS E42[11].

En 1918, le SMS Moltke a été interné à Scapa Flow, avec les navires les plus puissants et les plus modernes de la Hochseeflotte, en application de l'armistice du 11 novembre 1918. Leurs équipes de gardiennage allemandes ont sabordé ces bâtiments, aux ordres de l'amiral von Reuter, le , quelques jours avant la signature du Traité de Versailles, pour éviter de les voir tomber définitivement aux mains des Britanniques et de leurs alliés[12]. L'épave du SMS Moltke a été renflouée en 1927, et démolie à Rosyth en 1929[3].

Commandants modifier

  • Septembre 1911 à janvier 1913 : Kapitän zur See Ernst von Mann Edler von Tiechler (de)
  • Janvier 1913 à janvier 1916 : Kapitän zur See Magnus von Levetzow
  • Janvier à septembre 1916 : Kapitän zur See Johannes von Karpf
  • Septembre 1916 à décembre 1918 : Kapitän zur See Hans Gygas (de)
  • Mai à septembre 1918 : Korvettenkapitän Hans Humann et Korvettenkapitän Schirmacher (provisoire)
  • Décembre 1918 à juin 1919 : Kapitänleutnant Wilhelm Crelinger

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Siegfried Breyer, Battleships and Battle Cruisers, 1905-1970 : Historical Development of the Capital Ship, Londres, Macdonald and Jane's, , 480 p. (ISBN 978-0-356-04191-9, OCLC 794758361)
  • François-Emmanuel Brézet, Le Jutland, 1916 : la plus formidable bataille de tous les temps, Paris, Economica, coll. « Campagnes & strategies : les grandes batailles », , 164 p. (ISBN 978-2-7178-2223-6, OCLC 165503953)
  • Bernard Ireland (ill. Tony Gibbons), Cuirassés du 20e siècle, St-Sulpice (1025, Editions Airelles, coll. « Airelles référence », , 192 p. (ISBN 978-2-88468-038-7, OCLC 249255063)
  • Antony Preston (trad. Jean-Louis Parmentier), Histoire des croiseurs [« Cruisers, an illustrated history. »], Paris, Nathan, , 191 p. (ISBN 978-2-09-292027-5, OCLC 319747385)
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macyntire, Franck Uehling, Desmond Wettern et Antony Preston (trad. Jacques Mordal), Histoire de la guerre sur mer des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires (Encyclopédie visuelle Elsevier), Bruxelles, Elsevier Sequoia, , 250 p. (ISBN 978-2-8003-0148-8, OCLC 82924828)
  • H. W. Wilson, Les Flottes de Guerre au combat Tome 2 La Grande Guerre 1914-1918, Paris, Payot,

Notes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. (en) « Germany 28 cm/50 (11") SK L/50 »,
  2. a et b Ireland 2004, p. 34
  3. a et b Breyer 1973, p. 271
  4. Warner, Bennett et alii 1976, p. 48-50.
  5. Wilson 1928, p. 133.
  6. Wilson 1928, p. 310.
  7. Wilson 1928, p. 428.
  8. Brézet 1992, p. 95.
  9. Wilson 1928, p. 253.
  10. Wilson 1928, p. 253-258, 268.
  11. Wilson 1928, p. 276-277.
  12. Wilson 1928, p. 412.