Rugby à XV féminin

discipline sportive

Le rugby à XV féminin, raccourci utilisé pour désigner le rugby à XV lorsqu'il est pratiqué par les femmes, possède une histoire propre en raison des tentatives masculines pour exclure les femmes du jeu. La pratique n'a gagné en popularité qu'au cours des années récentes, avec la création de compétitions internationales et d'investissements financiers importants.

Même s'ils restent éloignés des standards masculins, les nombres de pratiquantes et de spectateurs sont fortement à la hausse : la finale de la Coupe du monde 2021 a été disputée devant 42 000 spectateurs, puis lors du Six Nations 2023, le match Angleterre-France attira 58 000 spectateurs[1]. En 2022 la France constatait une augmentation de 26 000 licenciées[2]. Sur la seule année 2023, le nombre de licenciées a augmenté de 20 % en Nouvelle-Zélande[3]. Le nombre de pratiquantes en Écosse a doublé par rapport à la dernière saison avant la pandémie de covid[4]. La discipline est dans une phase de croissance très rapide.

Histoire modifier

Le rugby à XV féminin suit exactement les mêmes règles que le rugby à XV pratiqué par les hommes.

 
Équipe féminine de Cardiff en 1917.
 
Une équipe féminine galloise composée de travailleuses d'une usine de munitions en 1918.
 
Une équipe féminine australienne dans les années 1930, en Nouvelle-Galles du Sud.

À la suite du renouveau du rugby à XV féminin qui débute dans les années 1980, cette discipline peut organiser des compétitions calquées sur le modèle masculin avec des championnats nationaux, des épreuves internationales, régionales et mondiales d'équipes nationales. En Europe, ce mouvement est encadré par les fédérations nationales tandis qu'aux États-Unis, c'est le sport scolaire et universitaire qui rend possible cette évolution. Disposant d'une base de joueuses considérable de plusieurs milliers de pratiquantes, il est logique de voir émerger une équipe nationale américaine de premier plan qui remporte la première Coupe du monde en 1991 (non officielle). Il faut attendre la troisième Coupe du monde en 1998 pour qu'elle soit reconnue par l'International Rugby Board.

L'Europe et l'Australasie ne restent pas inactives, mais décident d'appliquer les mêmes schémas que ceux suivis par les pratiquants masculins. Les fédérations mettent ainsi en place des compétitions nationales dont le niveau s'élève progressivement, puis intègrent à leurs sélections nationales une composante féminine. L'Angleterre, vainqueur des Coupes du monde 1994 et 2014, championne d'Europe avec onze Grands Chelems en Tournoi des Six Nations, et plus encore la Nouvelle-Zélande, cinq fois championne du monde, dominent le rugby à XV féminin de cette dernière décennie. Le Canada en Amérique du Nord, ou la France en Europe, font bonne figure.

Au niveau des clubs, les championnats nationaux sont en plein développement avec notamment la création de la première ligue professionnelle en Angleterre, ou encore les clubs de Top 14 qui ont créé ou développé des sections féminines qui bénéficient de leurs savoir-faires et infrastructures.

Les règles modifier

La pratique féminine du rugby à XV suit les mêmes règles que celui pratiqué par les hommes.

Nombre de clubs de rugby féminin en France et dans le monde modifier

Compétitions modifier

Coupe du monde modifier

La première édition de la Coupe du monde a lieu en 1991 à Cardiff, malgré l'opposition des instances fédérales qui ne la reconnaissent pas. Les États-Unis deviennent la première nation championne du monde, suivie par l'Angleterre en 1994.

La Coupe du monde 1998 est la première à être officiellement reconnue par la Fédération internationale de rugby (IRB). Elle se déroule à Amsterdam, aux Pays-Bas. La compétition est depuis lors dominée par une équipe, celle de Nouvelle-Zélande, sextuple championne du monde en titre.

Pays organisateurs et finales des éditions de la Coupe du monde féminine
Édition Organisateur Vainqueur Finaliste Score Date et lieu
1991   Pays de Galles États-Unis     Angleterre 19 - 6
Arms Park, Cardiff
1994   Écosse Angleterre     États-Unis 38 - 23
Edinburgh Academicals, Édimbourg
1998   Pays-Bas Nouvelle-Zélande     États-Unis 44 - 12
NRCA Stadium, Amsterdam
2002   Espagne Nouvelle-Zélande     Angleterre 19 - 9
Stade olympique, Barcelone
2006   Canada Nouvelle-Zélande     Angleterre 25 - 17
Stade du Commonwealth, Edmonton
2010   Angleterre Nouvelle-Zélande     Angleterre 13 - 10
Twickenham Stoop, Londres
2014   France Angleterre     Canada 21 - 9
Stade Jean-Bouin, Paris
2017   Irlande Nouvelle-Zélande     Angleterre 41 - 32
Kingspan Stadium, Belfast
2021[Note 1]   Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande     Angleterre 34 - 31
Eden Park, Auckland
2025   Angleterre Édition future
2029   Australie Édition future
2033   États-Unis Édition future
Bilan des sélections nationales féminines en Coupe du monde
Sélection 1991 1994 1998 2002 2006 2010 2014 2017 2021[Note 1]
  Nouvelle-Zélande 3e   1re 1re 1re 1re 5e 1re 1re
  Angleterre 2e 1re 3e 2e 2e 2e 1re 2e 2e
  États-Unis 1ers 2es 2es 7es 5es 5es 6es 4es quart de finale
  Canada 2e de poule 6e 4e 4e 4e 6e 2e 5e 4e
  France 3e 3e 8e 3e 3e 4e 3e 3e 3e
  Australie     5e 5e 7e 3e 7e 6e quart de finale
  Pays de Galles 3e de poule 4e 11e 10e   9e 8e 7e quart de finale
  Irlande   7e 10e 13e 8e 7e 4e 8e  
  Italie 3e de poule   12e 12e       9e quart de finale
  Écosse   5e 6e 6e 6e 8e     4e de poule
  Espagne 2e de poule   7e 8e 9e   9e 10e  
  Japon 3e de poule 8e   14e       11e 4e de poule
  Kazakhstan   9e 9e 11e 11e 11e 12e    
  Samoa       9es 10es   11es    
  Afrique du Sud         12e 10e 10e   4e de poule
  Suède 2e de poule 10e 15e     12e      
  URSS /   Russie[Note 2] 3e de poule 11e 16e            
  Hong Kong               12e  
  Étudiantes écossaises[Note 3]   12es              
  Pays-Bas 2es de poule   13es 15es          
  Allemagne     14e 16e          
  Fidji                 3e de poule

Remarque
Seules quatre sélections ont participé à toutes les éditions de la Coupe du monde féminine :

  •   Angleterre
  •   Canada
  •   États-Unis
  •   France

Tournoi des Six Nations modifier

Le Tournoi des Six Nations féminin débute par un Tournoi britannique seulement en 1996, opposant l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande et le pays de Galles. Ces équipes sont rejointes en 1999 par la France, puis en 2000 par l'Espagne tandis que l'Irlande fait une pause de deux années. Le tournoi passe à six nations en 2002 avec son retour. Le tournoi prend sa composition actuelle en 2007 avec le remplacement de l'Espagne par l'Italie et joue depuis les mêmes adversaires aux mêmes dates que les équipes masculines.

Chaque équipe affronte une fois chacune des autres, celle qui gagne le plus grand nombre de matches remporte le Tournoi. Si une équipe remporte tous ses matches, elle réalise un « Grand Chelem ». Ce titre, bien qu'honorifique, est beaucoup plus recherché qu'une simple victoire dans le Tournoi.

WVX modifier

En 2023, World Rugby crée le WXV, une compétition mondiale qui se tient les années sans Coupe du monde[5]. 18 nations participent, réparties sur trois niveaux de compétition.

Joueuses emblématiques d'hier et d'aujourd'hui modifier

 
Sue Day.

Classement mondial modifier

Ci-dessous est donné une partie du classement établi au , qui prend en compte les résultats des tournées de l'automne 2021. Sont signalées les nations qui ont déjà participé à la Coupe du monde (°), celles qui ont atteint les quarts de finale de cette compétition (*) et ses vainqueurs (**)[6].

Classement publié le [7]
Rang
actuel
Pays Points Variation
+/-
Année
d'entrée
1   Angleterre** 96,26 0   avant 2003
2   Nouvelle-Zélande** 88,58 0   avant 2003
3   France* 88,43 +1   avant 2003
4   Canada* 88,15 -1   avant 2003
5   Australie* 78,68 0   avant 2003
6   États-Unis** 76,63 0   avant 2003
7   Irlande* 76,54 0   avant 2003
8   Italie° 76,43 0   avant 2003
9   Écosse° 73,48 0   avant 2003
10   Espagne* 72,10 0   avant 2003
11   Pays de Galles* 71,02 0   avant 2003
12   Japon* 65,49 0   avant 2003
13   Afrique du Sud° 63,39 0   2004
14   Russie° 61,10 0   avant 2003
15   Kazakhstan° 60,45 0   avant 2003
16   Samoa° 59,72 0   avant 2003
17   Pays-Bas° 58,27 0   avant 2003
18   Hong Kong° 57,89 0   avant 2003
19   Suède° 57,73 0   avant 2003
20   Allemagne° 57,72 0   avant 2003
21   Fidji 52,62 0   2006
22   Belgique 52,27 0   avant 2003
23   Chine 49,34 0   avant 2003
24   Trinité-et-Tobago 46,45 0   2003
25   Cameroun 43,31 0   2021
26   Colombie 42,66 0   2019
27   Zambie 42,64 0   2019
28   Madagascar 42,28 0   2019
29   Kenya 42,11 0   2006
30   Tonga 42,07 0   2006
31   Tunisie 41,40 0   2021
32   Ouganda 40,94 0   2006
33   Sénégal 40,91 0   2021
34   Danemark 40,68 0   avant 2003
35   Jamaique 40,52 0   2003
36   Singapour 40,06 0   2006
37   Guyana 39,63 0   2006
38   Tchéquie 39,37 0   2013
39   Roumanie 38,95 0   2007
40   Norvège 38,86 0   2003
41   Bosnie-Herzégovine 38,00 0   2005
42   Côte d'Ivoire 37,69 0   201X
43   Inde 37,60 0   2018
44   Suisse 36,92 0   2011
45   Brésil 36,90 0   2008
46   Papouasie-Nouvelle-Guinée 36,86 0   2016
47   Burkina Faso 36,69 0   2018
48   Thaïlande 36,35 0   2007
49   Zimbabwe 35,95 0   2009
50   Ouzbékistan 35,40 0   2009

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b L'édition 2021 est finalement organisée en 2022, mais reste désignée par les organisateurs par la date initiale.
  2. L'équipe d'URSS a participé à l'édition 1991, l'équipe de Russie lui succédant pour les éditions 1994 et 1998.
  3. Une sélection d’étudiantes écossaises est invitée à participer à la compétition pour pallier le forfait de l'équipe d'Espagne et obtenir le nombre de douze formations.

Références modifier

  1. « 6 Nations Féminin. La France rate le Grand Chelem contre l'Angleterre : ce qui nous a plu, et déplu », sur actu.fr, (consulté le )
  2. « Colomiers. Rugby : Les filles aussi préparent la relève », sur ladepeche.fr (consulté le )
  3. (en) « Community rugby bounce-back continues, tackle height trial extended », sur NZ Rugby (consulté le )
  4. (en) Scottish Rugby, « Annual Report 2022/23 », Scottish Rugby,‎ (lire en ligne [PDF])
  5. worldrugby.org, « WXV : Comment ça marche ? | World Rugby », sur www.world.rugby (consulté le )
  6. worldrugby.org, « Classement féminin | World Rugby », sur www.world.rugby (consulté le )
  7. (en + fr + es + ja) « Women's Rankings », sur worldrugby.org, (consulté le ).

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Bernard Chubilleau, La grande histoire du rugby au Féminin, Périgueux, La Lauze, , 239 p. (ISBN 978-2-35249-018-0)
  • Jacques Cortie et Yaneth Pinilla, Des filles en ovalie : 40 ans d'histoire, Atlantica, (ISBN 978-2-84394-904-3)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier