Rue du Dragon

rue de Paris, France

6e arrt
Rue du Dragon
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La rue du Dragon en 2012.
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Situation
Arrondissement 6e
Quartier Saint-Germain-des-Prés
Début 163, boulevard Saint-Germain
Fin 2, rue de Grenelle et 56, rue du Four
Morphologie
Longueur 215 m
Largeur 12 m
Historique
Ancien nom Rue du Sépulcre
Géocodification
Ville de Paris 2943
DGI 2925
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue du Dragon
Géolocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 6e arrondissement de Paris)
Rue du Dragon
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La rue du Dragon est une rue du 6e arrondissement de Paris. Avant 1808, elle portait le nom de « rue du Sépulcre ».

Situation et accès modifier

Grossièrement orientée nord- sud, longue de 215 mètres, elle commence au 163, boulevard Saint-Germain et se termine au 2, rue de Grenelle et au 56, rue du Four. Elle est à sens unique dans le sens sud-nord.

Elle est desservie par la ligne 4 aux stations Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice.

Origine du nom modifier

Son nom vient du fait que la cour du Dragon y avait son débouché. La cour tire son nom d'une sculpture en pierre représentant un dragon sculpté par Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758) sur un bâtiment construit par l'architecte Pierre Vigné de Vigny (1690-1772) pour le financier Antoine Crozat (1655-1738).

 
Le débouché de la cour du Dragon sur la rue éponyme photographiée par Eugène Atget en 1913.

Historique modifier

Elle s'appelait jadis « rue du Sépulcre », du nom des chanoines du Saint-Sépulcre qui y avaient une propriété au début du XVe siècle[1].

Elle est citée sous le nom de « rue du Sépulcre » dans un manuscrit de 1636.

Les riverains demandèrent en 1808 que leur rue change de nom, ce qui leur fut accordé.

La rue du Dragon fut très médiatisée en décembre 1994 lors de l'occupation spectaculaire par l'association Droit au logement d'un immeuble vide dans la rue (no 7) pour héberger des mal-logés. Des personnalités comme l'abbé Pierre contribuèrent à cette médiatisation, l'avocat militant des droits de l'Homme Jean-Jacques de Felice s'engagea également dans cette action[2].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire modifier

  • No 7 : Simone Signoret raconte qu'il s'agissait d'une boîte aux lettres de la Résistance pendant l'Occupation, et que pour cela l'immeuble a été visité par la Gestapo[3]. Dans les années 1960, le poète créoliste Jean Albany y réside et y écrit la plupart de ses œuvres[4].
  • bâtiment construit en 1938, à l'emplacement de l'entrée de la cour du Dragon ; façade ornée de mascarons de têtes de méduses[5].
  • No 8  : l'acteur Laurent Terzieff demeurait à cette adresse[réf. nécessaire].
  • No 10 : Armand Félix Marie Jobbé-Duval (1821-1889), artiste peintre qui habite à cette adresse en 1844[6] ; le baron du Potet de Sennevoy, célèbre magnétiseur, y passe les dernières années de sa vie ; il y meurt le 1er juillet 1881[7] ; Roger Martin du Gard s'installe dans un appartement à cette adresse en décembre 1945 ; une plaque lui rend hommage. Charlotte Aillaud, sœur de Juliette Gréco et ancienne déportée pour faits de Résistance, y demeura et organisa de nombreux dîners mondains entre 1958 et 1978[8].
  • No 13 : le peintre Henri Alphonse Barnoin (1882-1940) y naquit[9], puis le sculpteur et céramiste Paul Pouchol (1904-1963), dit le « potier de Saint-Germain-des-Près », y eut un atelier dès 1941[réf. nécessaire].
  • No 14 : adresse des éditions de la revue Cahiers d'art de Christian Zervos.
  • No 18 : bas-relief de symboles et outils maçonniques (compas, équerre, globe céleste, bâton d'Hermès, fil à plomb, truelle, etc.) ornant la façade. Le chirurgien-major Jean-Antoine Brisset y demeura[10].
  • No 19 : adresse de la Galerie du Dragon créée par Nina Dausset et Manou Pouderoux en 1946 puis reprise en 1955 par Max Clarac-Sérou.
  • No 24 : façade ornée d'un médaillon d'homme couronné. Le potier et émailleur Bernard Palissy y habitait et y travaillait[11]. Son nom fut donné à la toute proche rue Bernard-Palissy. L'écrivain Claude Mauriac y vécut les années de la Seconde Guerre mondiale.
    En 1963 y ouvre le cinéma Le Dragon, dirigé par le cinéaste Claude Makovski et l'exploitant Boris Gourevitch. Dans l'immeuble construit au XVIIe siècle, prenant la suite d'un hôtel, une salle de cinéma est aménagée au rez-de-chaussée et au premier étage : de 24 mètres de longueur pour 6 de largeur, elle peut accueillir 350 spectateurs. Novateur sur la programmation (ne diffusant par exemple ni publicité, ni actualités), le cinéma s'oriente à partir de la fin des années 1970 vers la diffusion de pornographie gay. Il devient alors le Dragon Club Vidéo Gay puis le Club Vidéo Gay. Il ferme en 1986. L'immeuble est de nos jours occupe par un magasin de produits surgelés[12],[13].
  • No 30 : plaque commémorative à Victor Hugo.
  • No 31 : ancienne annexe de l'Académie Julian, locaux rachetés par Guillaume Met de Penninghen et Jacques d'Andon en 1959 à André Corthis pour devenir l'école d'art ESAG Penninghen en 1968.
  • No 36 : plaque commémorative à Jean Giono.
  • no 42 : domicile de Louis Guilloux[14].

Bibliographie modifier

  • Jacques Perry, Rue du Dragon : Essai d'ethnologie d'une rue de Saint Germain des Prés, Paris, Éditions et publications Premières, , 491 p. (BNF 35303234).

Dans la littérature modifier

  • Dans le roman Vers les hauteurs de Ludovic Escande (Allary Éditions, 2023), un personnage « cherche à échapper à son petit couple de divorcés qui emménagent dans un deux-pièces rue du Dragon »[15].

Notes et références modifier

  1. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les Éditions de minuit, 1972, 1985, 1991, 1997, etc. (1re éd. 1960), 1 476 p., 2 vol.  [détail des éditions] (ISBN 2-7073-1054-9, OCLC 466966117), p. 439.
  2. « Jean-Jacques de Felice, avocat militant des droits de l’homme », laboratoire de recherche du CHS, chs.univ-paris1.fr.
  3. Simone Signoret, La nostalgie n'est plus..., p.85.
  4. Serge Meitinger, « Le fonds Jean Albany », Continents manuscrits. Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora, no 6,‎ (ISSN 2275-1742, DOI 10.4000/coma.677, lire en ligne, consulté le )
  5. « Cour du Dragon, c. 1866 », sur vergue.com (consulté le )
  6. Catalogue de l'Exposition de peinture et sculpture de 1844 au Palais-Royal[réf. incomplète].
  7. « État civil de Paris - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
  8. Charles Dantzig, « L'insoutenable légèreté de Charlotte Aillaud », Vanity Fair, no 15, septembre 2014, p. 230-239.
  9. Jean-Marc Michaud, Baenoin, éditions Le Télégramme, 2006, p. 6.
  10. « Jean-Antoine Brisset », Base Leonore.
  11. Jean-Paul Clébert, Promenade dans les rues de Paris. La rive gauche et la Seine, Club des Libraires de France, 1958, p. 179.
  12. « Club Vidéo Gay (Paris 6e) », sur sallesdecinemas.blogspot.com, (consulté le ).
  13. Éric Neuhoff, « Dernières séances », Le Figaro Magazine, 16 octobre 2020, p. 87.
  14. Plaque commémorative sur la façade.
  15. Frédéric Beigbeder, « L'éditeur sur le toit », Le Figaro Magazine,‎ , p. 91 (lire en ligne).

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier