Rosalie (baïonnette)

arme blanche militaire française

L'épée-baïonnette modèle 1886 est une arme blanche militaire française. Conçue pour s'adapter au nouveau fusil réglementaire de l'armée française de l'époque, le fusil modèle 1886 dit Lebel, elle équipa tout de même d'autres armes comme par exemple le fusil modèle 1907/15 dit Berthier plus tardivement[1].

Baïonnette française de la Première Guerre mondiale avec son adaptateur coupe barbelés.
Baïonnette française de la Première Guerre mondiale avec son adaptateur coupe barbelés.

Conception de l'arme modifier

L'Histoire de cette baïonnette est intimement liée à l'Histoire du fusil réglementaire modèle 1886 dit Lebel. Fusil finalement adopté en [1], l'épée-baïonnette modèle 1886 a été conçue tout spécialement pour lui. Elle possède un gousset de cuir, auquel est fixé le fourreau d'acier. Ensuite, la lame, nommée « soie » est cruciforme et ne coupe pas. La soie est fixée à la poignée, qui peut être de différents métaux.

« 1er type » et « 2d type » modifier

Les appellations « 1er type » et « 2d type » proviennent du monde des collectionneurs. Réglementairement, on parle de « soie courte » (pour le 1er type)[1] et de « soie longue » (pour le 2d type)[1]. La soie courte se distingue de la soie longue par le bouchon de poignée qui disparait sur la soie longue au profit d'un écrou de poignée.

En effet, sur les modèles à soie courte, la soie est fixée uniquement au manche grâce au rivet de croisière et ne descend pas jusqu'en bas du manche. Or, sur les modèles à soie longue, la soie est fixée via le rivet de croisière ainsi que par l'écrou de poignée qui remplace le bouchon de poignée afin de rendre le tout plus solide.

Surnoms de l'épée-baïonnette modèle 1886 modifier

  • Rosalie[1],[2],[3],[4] : surnom aujourd'hui populaire dans le monde des collectionneurs et des historiens mais impopulaire chez les Poilus, il provient à la base d'une chanson de Théodore Botrel[1],[2],[3],[5] qui vante la baïonnette et ses qualités, la rendant l'égale d'une femme pour les soldats.
  • Baïonnette Lebel[1],[6] : surnom utilisé dans le monde des collectionneurs, il a été donné à cette arme car elle fut créée (à la base) spécialement pour le fusil Lebel.

Usage dans la littérature modifier

David Diop fait usage du mot à plusieurs reprises dans son roman Frère d'âme, notamment dans la phrase : « Par la vérité de Dieu, ils en avaient marre de l'entendre crier « Enculés de Boches ! » avec la main de leur copain plantée à la point d'une baïonnette Rosalie secouée dans le ciel de notre tranchée »[7].

Georges Brassens fait référence à cette appellation dans sa chanson « Les patriotes »[8] : « On rêve de Rosalie, la baïonnette, pas de Ninon. »

Paroles de la chanson Rosalie modifier

Rosalie, c'est ton histoire

Que nous chantons à ta gloire

- Verse à boire ! -

Tout en vidant nos bidons

Buvons donc !


Rosalie est si jolie

Que les galants d' Rosalie

- Verse à boire ! -

Sont au moins deux, trois millions

Buvons donc !

Rosalie est élégante

Sa robe-fourreau collante

- Verse à boire ! -

La revêt jusqu'au quillon

Buvons donc !


Mais elle est irrésistible

Quand elle surgit, terrible,

- Verse à boire ! -

Toute nue : baïonnette... on !

Buvons donc !


Sous le ciel léger de France

Du bon soleil d'Espérance

- Verse à boire ! -

On dirait le gai rayon

Buvons donc !


Elle adore entrer en danse

Quand, pour donner la cadence

- Verse à boire ! -

A préludé le canon

Buvons donc !


La polka dont elle se charge

S'exécute au pas de charge

- Verse à boire ! -

Avec tambours et clairons

Buvons donc !


Au mitan de la bataille

Elle perce et pique et taille

- Verse à boire ! -

Pare en tête et pointe à fond

Buvons donc !


Et faut voir la débandade

Des mecs de Lembourg et d' Bade

- Verse à boire ! -

Des Bavarois, des Saxons

Buvons donc !


Rosalie les cloue en plaine

Ils l'ont eue, déjà, dans l'aine

- Verse à boire ! -

Dans l' rein, bientôt, ils l'auront

Buvons donc !


Toute blanche, elle est partie

Mais, à la fin d' la partie,

- Verse à boire ! -

Elle est couleur vermillon

Buvons donc !


Si vermeille et si rosée

Que nous l'avons baptisée

- Verse à boire ! -

«Rosalie», à l'unisson

Buvons donc !


«Rosalie», sœur glorieuse

De Durandal et Joyeuse,

- Verse à boire ! -

Soutiens notre bon renom

Buvons donc !


Sois sans peur et sans reproches

Et, du sang impur des Boches,

- Verse à boire ! -

Abreuve encor nos sillons !

Buvons donc !


Nous avons soif de vengeance

Rosalie ! verse à la France,

- Verse à boire ! -

De la Gloire à pleins bidons !

Buvons donc !

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g Bernard Aubry, « Vous avez dit baïonnette Lebel ? », La Gazette des Armes,‎ , p. 52.
  2. a et b « Rosalie », sur La Croix, (consulté le ).
  3. a et b « Histoires 14-18 : la baïonnette Rosalie », sur FranceInfo, (consulté le ).
  4. « La baïonnette "Rosalie" », sur Les Français à Verdun (consulté le ).
  5. (pt-BR) « Rosalie - Théodore Botrel », sur Letras.mus.br (consulté le )
  6. Henri Vuillemin et Marc de Fromont, « Les fusils automatiques modèles 1917 et 1918 », La Gazette des armes, no 457,‎ , p. 20.
  7. David Diop, Frère d'âme (roman), Paris, Éditions du Seuil, , 174 p. (ISBN 978-2-02-139824-3 et 2021398242, OCLC 1048744721, lire en ligne), p. 74
  8. « ANALYSE BRASSENS : Les patriotes (Georges Brassens) », sur www.analysebrassens.com (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Bernard Aubry, « Vous avez dit Baïonnette Lebel ? », La Gazette des armes, no 429,‎ , p. 52-57.
  • Bernard Aubry, L'Histoire de la baïonnette française à travers les siècles, Éditions du Brevail, .
  • Henri Vuillemin et Marc de Fromont, « Epée-baïonnette modèle 1895 d’essai Daudeteau », La Gazette des armes, no 449,‎ , p. 20-21.
  • Henri Vuillemin et Marc de Fromont, « Les fusils automatiques modèles 1917 et 1918 », La Gazette des armes, no 457,‎ , p. 20.
  • Henri Vuillemin et Marc de Fromont, « L'armement portatif de la Grande Guerre », La Gazette des armes, no 461,‎ , p. 12-35.