Rivière l'Acadie

rivière tributaire de la rivière Richelieu, au Québec, Canada.

La rivière l'Acadie coule vers le nord sur 82 km dans sept municipalités dans les MRC La Vallée-du-Richelieu, Les Jardins-de-Napierville et Le Haut-Richelieu, en Montérégie, sur la Rive-Sud du fleuve Saint-Laurent, au Québec, Canada. La rivière l'Acadie se déverse dans la rivière Richelieu à la hauteur de Carignan, en contournant par le nord la ville de Chambly.

Rivière l'Acadie
Illustration
La rivière l'Acadie à la hauteur du site archéologique des Casernes-de-Blairfindie sur le territoire de Saint-Jean-sur-Richelieu
Carte
Tracé du cours d'eau et de ses principaux affluents.[1]
Caractéristiques
Longueur 85 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Bassin collecteur Fleuve Saint-Laurent
Régime Pluvial
Cours
· Localisation Hemmingford (canton), à Hemmingford (municipalité de canton)
· Altitude 85 m
· Coordonnées 45° 00′ 21″ N, 73° 33′ 34″ O
Confluence Rivière Richelieu
· Localisation Carignan (Québec)
· Altitude m
· Coordonnées 45° 29′ 01″ N, 73° 16′ 09″ O
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche (à partir de l'embouchure)ruisseaux: Massé, Lamarre, Robert, des Prairies, du Nord, Morin, La Petite Décharge, Cyr, Tremblay, Babeu, Rémillard, Grand Tronc, embranchement Boston, Boulerice, Beaudin-Dumouchel, Galipeau, Odell, branche Henshaw
· Rive droite (à partir de l'embouchure)ruisseaux: Lamarre, Marcil, Paradis, Leblanc-Bechard, Rouillé, du Milieu, Brosseau, Charbonneau, Deslauriers, la Grande Décharge Mailloux, ruisseau Grégoire, Grande déchage de la Terre Noire, cours d'eau Trahan, Paradis, Simioni, Robert, Lavoie, Petite Bagnole, Kyle
Pays traversés Drapeau du Canada Canada
Régions traversées Québec

Toponymie modifier

Jadis, chaque segment de cette rivière était désigné différemment, selon les époques.

En 1673, ce cours d'eau est désignée «Rivière de Mont Royal» dans les premiers actes des concessions de la seigneurie de Chambly, située à son embouchure. Tandis que les premiers colons de la partie sud (haute) la désigneraient « Rivière des Morelles ». Cette plante sauvage qui pousse sur les rives, produit une baie noire. Cette désignation dérive dans sa forme jusqu'à devenir « Rivière des Morales » au début du XIXe siècle.

Sous le gouvernement britannique de la Nouvelle-France, les nouveaux colonisateurs anglais utilisent la forme « Montreal River », une traduction déviante de « Rivière de Mont Royal ». Dès l'arrivée des premiers pionniers francophones dans Le Haut-Richelieu, le cours d'eau est nommé « Rivière de Montréal » et « Petite rivière de Montréal ».

Dès le milieu du XIXe siècle, le segment de la rivière dans le secteur de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie est désigné « Rivière de l'Acadie » dans les parages où des Acadiens exilés se sont établis à compter de 1768 ; néanmoins, les segments situées en aval et en amont, gardent la désignation de « Petite rivière de Montréal ». Ces colons déportés de l'Acadie avaient baptisé leur terre d'adoption « La Cadie », « La Petite Cadie » ou « La Nouvelle-Cadie » en souvenir de leur pays d'origine, l'ancienne Acadie.

Désignation "Acadie"

En 1524, le florentin Giovanni da Verrazzano (1485?-1528) explore la côte est de l'Amérique du Nord. Dès 1548, sur une carte de Gastaldi, le toponyme "Arcadie" y figure pour désigner la région du Maryland et de la Virginie. Selon Marcel Trudel, historien et professeur, Arcadie est un « toponyme qu'on transportera vers le nord pour le transformer, sous l'influence de consonances micmaques, en Acadie». Le toponyme évoque une région de l'ancienne Grèce, riche sur les plans mythologique et littéraire, souvent présentée comme la contrée par excellence de la sérénité et du bonheur. En 1604, Samuel de Champlain visite l'Acadie au nom du roi de France. Il fixe l'orthographe actuelle en laissant tomber la lettre R. À cette époque, le toponyme "Acadie" est attribué à la péninsule de la Nouvelle-Écosse. En 1605, Port-Royal est fondé par des Français. Ainsi commence la colonisation de l'Acadie, qui s'échelonne sur une grande partie du XVIIe siècle.

En 1713, en vertu du traité d'Utrecht, l'Acadie est cédée à l'Angleterre. Au milieu du XVIIIe siècle survient le Grand Dérangement où ceux qui refusaient de prêter allégeance à la Couronne britannique étaient déportés vers les colonies britanniques de la côte Est américaine. La première vague de déportation, survenue entre 1755 et 1757, toucha près d'une dizaine de milliers d'Acadiens. Finalement, en 1763, le traité de Paris octroie définitivement l'Acadie aux Britanniques. De nos jours, l'Acadie correspond essentiellement aux régions du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard qu'habitent les descendants des habitants de l'ancienne Acadie française[2].

Inscription du toponyme

En 1965, à la requête de la Société historique de la Vallée du Richelieu, la Commission de géographie du Québec a inscrit officiellement à sa Banque des noms de lieux l'hydronyme « Rivière L'Acadie ». Néanmoins, la désignation "Petite rivière Montréal" demeure dans le langage des gens des secteurs concernés et dans les désignations de concessions (rangs).

Le toponyme "Rivière l'Acadie" a été officiellement inscrit le à la Banque des noms de lieux de la Commission de toponymie du Québec[3].

Géographie modifier

 
Pont routier enjambant la rivière l'Acadie, reliant l'Île Goyer et la route 223.
 
Rivière l'Acadie, vu de l'aval à partir du pont menant à l'Île Goyer, soit à 1,1 km de son embouchure

La rivière l'Acadie tire sa source de quelques ruisseaux au pied de montagnes près de la frontière Canada-États-Unis dans le Hemmingford (canton), à Hemmingford. Elle coule vers le nord, presque en parallèle à la rivière Richelieu (du côté ouest). Outre son passage dans quelques villages (Napierville, l'Acadie et Chambly), la rivière l'Acadie traverse des milieux agricoles et forestiers. La rivière est bordée par des campagnes agrémentées de bâtiments ancestraux ou modernes. Jadis, à partir de Saint-Cyprien-de-Napierville et en remontant vers l'embouchure, des routes patrimoniales longeaient de chaque côté le parcours de la rivière ; toutefois, certains segments de routes sont aujourd'hui disparus. En hiver, les routes de glace sur la rivière permettaient le transport en voitures à traction animale ou à pieds, en s'évitant les coulées des routes parallèles parfois mal aménagées et non déneigées.

Le cours de la rivière traverse sept municipalités (ou villes) : Hemmingford, Saint-Patrice-de-Sherrington (où elle coule vers l'Est), Saint-Cyprien-de-Napierville, Napierville, Saint-Jean-sur-Richelieu (secteur Saint-Luc et secteur l'Acadie), Carignan et Chambly.

Description du parcours de la rivière[4]
Municipalité (ville) Parcours du cours d'eau (km) Notes Principaux ruisseaux affluents de la rivière l'Acadie
Hemmingford 11 km La rivière débute près de la frontière Canada-États-Unis dans le 1re rang du Hemmingford (canton) (côté est de Hemmingford) et coule vers le nord. La rivière contourne le bassin hydrographique de la rivière Lacolle, en traversant les IIe et IIIe rang. Puis, au nord du village d'Hemmingford, elle bifurque alors vers le nord-est. Dans Hemmingford, la rivière récupère le ruisseau Odel dans le 5e rang (au nord du village), Kyle, Burns et Gagné.
Saint-Patrice-de-Sherrington 7,7 km La rivière l'Acadie entre à l'ouest de Saint-Patrice-de-Sherrington par le 1re rang. Elle coule tout droit vers l'est. Elle bifurque vers le sud-est dans le 4e rang pour entrer dans Saint-Cyprien-de-Napierville. Elle parcourt en tout 7,7 km (mesuré par l'eau) dans Saint-Patrice-de-Sherrington Ruisseaux Petite bagnole, Beaudin-Dumouchel (incluant le ruisseau Boulerice), Boston, Des Terres Noires, Bettez et Lavoie.
Napierville et Saint-Cyprien-de-Napierville (ex-paroisse Saint-Cyprien) 16 km La rivière entre dans Napierville, par la 9e concession (ou rang Saint-André) en coulant vers l'est sur 4,5 km, jusqu'à la "Concession Ouest Petite Rivière Montréal" (ancienne désignation de la rivière l'Acadie). La rivière bifurque alors de 90 degrés, où elle coulera vers le nord sur 11,6 km (mesure par l'eau), en traversant le village de Napierville. Elle continue dans la Concession Ouest de la Petite Rivière Montréal où elle bifurque vers le nord-est pour entrer dans l'Acadie. La rivière coupe l'Autoroute 15 (Québec) et la route 217 (Québec) dans Napierville Ruisseaux : Charbonneau, Nord, Maria, La petite décharge, Desauniers, Tremblay, Baheu, Rémillard, Trorc, Paradis et Simioni.
Saint-Jean-sur-Richelieu (secteur l'Acadie) 9,9 km Dans son parcours vers le nord, la rivière l'Acadie entre dans le secteur l'Acadie (fusionné en 2001 à Saint-Jean-sur-Richelieu par la 1re Concession S.-E. de la rivière Montréal. La rivière parcourt alors un segment de 5,4 km (en ligne directe ou 7,4 km en suivant le courant) en passant par le village. Puis, dans son parcours, la rivière établit sur 1,5 km (en ligne directe ou 2,5 km par l'eau) la limite entre le secteur Saint-Luc et l'Acadie. Ruisseaux : Roman-Moreau (coulant vers l'ouest, venant du secteur Saint-Luc), Marell, des Noyers, Brunelle, Clément-Beaudin, Rouillé, Des Prairies, Du milieu et Brosseau.
Saint-Jean-sur-Richelieu (secteur Saint-Luc) 4,5 km Dans le secteur Saint-Luc, la rivière traverse sur 2,2 km (en ligne directe ou 4,5 km par l'eau) le rang Côte de Saint-Louis-de-Gonzague, en direction nord. Le ruisseau Roman-Moreau coule surtout dans le secteur Saint-Luc, et se déverse dans le secteur l'Acadie.
Carignan 16,5 km La rivière entre dans Carignan par la 1re Concession S.E. de la Petite Rivière de Montréal où la rivière traverse l'Autoroute 15 (Québec) et bifurque vers l'Est. Dans Carignan, la rivière parcourt un premier segment de 4,4 km (mesuré en ligne directe ou 8,6 km par l'eau), jusqu'à la limite de Chambly. Puis, la rivière marque la limite de Chambly et de Carignan sur 2,7 km en ligne directe (ou 4,3 km en suivant le cours méandré de l'eau). À la limite nord de Chambly, la rivière poursuit son cours sur 3,6 km vers le nord-est en ligne droite jusqu'à son embouchure. Ainsi la rivière l'Acadie contourne entièrement la ville de Chambly, sans jamais pénétrer dans son territoire. Ruisseaux : l'Écuyer et Massé. Ce dernier coule vers le sud, venant de Saint-Basile-le-Grand, et se déverse dans la rivière l'Acadie, en face de l'île Demers, à 1,9 km en aval de l'embouchure de la rivière l'Acadie.

Le parcours de la rivière est très méandré entre le village de l'Acadie et le chemin de Chambly (route 112) à la limite de Chambly et Carignan. Ce segment de la rivière est propice aux inondations printanières ou lors de fortes crues de la rivière, à cause de la faible dénivellation.

À Saint-Jean-sur-Richelieu (secteur Saint-Luc), des milieux naturels longeant la rivière l'Acadie ayant une superficie de 645 834 p² (6 ha) constituent un patrimoine écologique. Dans un objectif de conservation, ce secteur est assujetti à une réglementation particulière interdisant notamment toute coupe d'arbre, toute nouvelle construction et tout remblaiement[5].

La rivière l'Acadie traverse le village historique de Acadie. Des Acadiens, assujettis à la grande déportation, provenant généralement de Boston, s'étaient établis dans ce secteur dès 1782. Ils ont construit l'église paroissiale, près de la rivière l'Acadie.

Embouchure

Après avoir sillonné la plaine montérégienne, la rivière l'Acadie se déverse dans la rivière Richelieu à l'embouchure du bassin de Chambly ; l'embouchure de la rivière l'Acadie fait partie de Carignan. Dans le dernier segment de son cours, la rivière longe la route 223 (chemin Bellerive) qui contourne par le Nord l'île Demers et la Grande île, situés au nord du bassin de Chambly.

Notes et références modifier

  1. Relation OpenStreetMap
  2. Itinéraire toponymique de la Vallée-du-Richelieu, 1984.
  3. Commission de toponymie du Québec - Banque des noms de lieux - Rivière l'Acadie
  4. Service de la cartographie du Ministère de l'Énergie et des ressources, Gouvernement du Québec - Recherches géographiques effectuées en 2013 par l'historien Gaétan Veillette (Saint-Hubert, QC)
  5. « Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu »

Lien externe modifier

Voir aussi modifier

 

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