Rhipicephalus sanguineus

espèce d'arachnides

Rhipicephalus sanguineus était une espèce de tiques, un acarien de la famille des Ixodidae, mais on considère depuis peu, d'après les données génétiques et phylogénétiques qu'il s'agit d'un complexe paraphylétique. En 2016 on distinguait au moins quatre grands groupes au sein de ce complexe, dont la répartition semble fortement corrélée aux climats locaux[1]. On peut donc penser que le réchauffement climatique est en train de modifier l'aire de répartition de ces groupes, potentiellement en modifiant les relations de cette espèce avec son écosystème et ses hôtes, d'autant qu'elle est l'espèce de tique le plus largement distribuée dans le monde[1]. Elle présente des enjeux sanitaires et vétérinaire importants comme vecteur biologique reconnu de plusieurs agents pathogènes zoonotiques, c'est-à-dire affectant à la fois l'Humain et d'autres animaux (dont la maladie de Lyme est l'exemple le plus médiatisé mais non unique)[1].

Dénominations anciennes modifier

Cette tique était autrefois aussi appelée en France « Rézée », « lagast » ou « Pat » dans le Languedoc[2] ; aussi « tique du chien » pouvant aussi concerner Ixodes ricinus.

Ambiguïté taxinomique modifier

La taxonomie de l'espèce est discutée depuis longtemps dont par Neumann (1911), Zumpt (1939-1940), Feldman-Muhsam (1952), Hoogstraal (1956); Morel et Vassiliades (1963), Pegram et al. (1987) Filippova (1997), Walkeret al. (2000). Elle est discutée d'abord en raison de l'imprécision de la description originale de l'espèce, puis au début du XXe siècle parce que des indices et preuves morphologiques, génétiques et biologiques ont été fournies par Szabo´ & al. en 2005 ; Liu et al. en 2013; Burlini et al. en 2010; Moraes-Filho et al. en 2011; Levin et al. en 2012 ; Nava et al. en 2012, s'appuyant notamment sur la biologie moléculaire, et démontrant que plusieurs espèces ayant un ancêtre commun, probablement proche semblent être regroupées sous ce nom de Rhipicephalus sanguineus[1].

La répartition géographique des « branches » de l'arbre phylogénétique de ce Groupe semble fortement liée aux climats différentiés de la large aire de répartition de l'espèce[1]. Il y a maintenant consensus sur le fait que l'entité taxinomique R. sanguineus sensu lato (s.l.) est paraphylétique[1]. 2 grands groupes de lignées sont aujourd'hui distingués, dits tempéré et tropical.

Distribution modifier

Cette espèce semble originaire des régions sèches subdésertiques, où une souche se serait adaptée au chien (probablement à partir du chacal) et est devenue endophile (domestique). Avec les échanges et déplacements de chiens, la souche est devenue cosmopolite. En France, sa distribution est essentiellement méditerranéenne, ailleurs, elle serait transportée par les vacanciers et chasseurs au retour de promenades ou de parcours de chasse dans une zone infestée[3].
Le réchauffement climatique devrait contribuer à la poursuite de l'extension de son aire de distribution[4].

Cette espère particulièrement cosmopolite pour un arachnide se déplaçant lentement et incapable de voler et de nager, vit dans les pays ou zones géographiques suivants : Albanie, Algérie, Angola, Antigua-et-Barbuda, Argentine, Aruba, Bahamas, Barbade, Belize, Bénin, Bolivie, Botswana, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Tchad, Chili, Colombie, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Croatie, Cuba, Chypre, république démocratique du Congo, Djibouti, République dominicaine, Égypte, Érythrée, Éthiopie, France, Guyane, Gambie, Ghana, Grèce, Guadeloupe, Guam, Guatemala, Guinée, Guyana, Haïti, Indonésie, Israël, Italie, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi, Malaisie, Mali, Martinique, Mauritanie, Mexico, Montserrat, Maroc, Mozambique, Namibie, Antilles néerlandaises, Nicaragua, Niger, Nigeria, Panama, Paraguay, Pérou, Portugal, Porto Rico, Rwanda, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Sénégal, Sierra Leone, Singapour, Somalie, Afrique du Sud, Espagne, Sri Lanka, Soudan, Suriname, Swaziland, Tanzanie, Togo, Trinité-et-Tobago, Tunisie, Turquie, Ouganda, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Îles Vierges (U.S.), Zambie, et Zimbabwe.

Description modifier

Cette tique est de couleur brun-rougeâtre (couleur sang, comme l'évoque son nom). Il y a présence d'organes de la vision (yeux rudimentaires ; seules certaines espèces de tique sont dotées d'yeux).

L'écusson ventral est triangulaire chez le mâle. Son capitulum est hexagonal, son rostre est court et non visible en vue dorsale de la tique, son corps est aplati, bordé d'un feston (non visible sur l'animal gorgé) et son sillon périanal contourne l'anus par l'arrière.

Cycle de développement et reproduction modifier

Seules les tiques adultes s'accouplent (au sol avant la quête de l’hôte final, ou sur cet hôte lui-même).

Comme toutes les espèces connues de tiques, Rhipicephalus sanguineus se développe en passant par quatre stades évolutifs distincts :

  1. l’œuf (de couleur généralement rougeâtre),
  2. la larve (qui n'a que 3 paires de pattes, griffues),
  3. la nymphe (qui est octopode ; 4 paires de pattes mais sans aucun orifice génital)
  4. l’adulte (4 paires de pattes et orifice génital). À ce stade le dimorphisme sexuel est généralement net.
  • Le cycle de Rhipicephalus sanguineus est dit triphasique monotrope (c'est-à-dire effectué sur la même espèce-hôte aux 3 stades). Si le hasard le veut, le second et troisième hôte peuvent être le même individu (un chien fréquentant toujours la même zone, où la larve, puis la nymphe gorgées de leur repas sont tombées.

Quand au sortir de l'œuf, la larve se fixe sur un premier chien (chat, ou autre mammifère parfois, dont l'Homme) qu'elle quitte après y avoir fait son premier repas. Elle mue alors au sol puis doit trouver un nouvel hôte pour son second repas après lequel elle se laissera à nouveau tomber au sol pour effectuer sa seconde mue. Devenue adulte elle doit trouver un troisième hôte pour effectuer le dernier repas du cycle (chez ces tiques, les adultes sont toujours plus porteurs de pathogènes transmissibles que la nymphe et la larve).

Rôle de vecteur infectieux modifier

Cette tique du chien peut être le vecteur de plusieurs maladies vectorielles dites maladies à tiques (dont maladie de Lyme), elle est notamment l'hôte définitif des protozoaires Hepatozoon canis, responsable de l'hépatozoonose canine, et de Babesia canis, responsable de la babésiose canine[5].

Elle ne semble que rarement piquer l'Homme, même si on la trouve occasionnellement sur la peau ou les vêtements.

Parmi les agents pathogènes qu'elle véhicule figurent[6] :

Répulsif modifier

  • Une étude récente (2017) a confirmé l'efficacité du DEET comme répulsif contre cette espèce[7].

Publication originale modifier

  • Latreille, 1806 : Genera Crustaceorum et Insectorum secundum Ordinem naturalem in Familias disposita, iconibus, exemplisque plurimus explicata. vol. 1, p. 1-302.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  • Dantas-Torres, F. (2008) |The brown dog tick, Rhipicephalus sanguineus (Latreille, 1806)(Acari: Ixodidae): from taxonomy to control | Veterinary parasitology, 152(3), 173-185 (résumé).
  • Dantas-Torres, F. (2010) |Biology and ecology of the brown dog tick, Rhipicephalus sanguineus | Parasit. Vect. 3: 26.
  • Gerardi L.M & al. (2016) Comparative biology of the tropical and temperate species of Rhipicephalus sanguineus sensu lato (Acari: Ixodidae) under different laboratory conditions |Oct |
  • Gray J, Dantas-Torres F, Estrada-Peña A & Levin M (2013) | Systematics and ecology of the brown dog tick, Rhipicephalus sanguineus | Ticks Tick Borne Dis. 4: 171–180.
  • Zemtsova G.E & al. (2016) Phylogeography of Rhipicephalus sanguineus sensu lato and its relationships with climatic factors|Experimental and Applied Acarology 69(2) | Mars 

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Zemtsova G.E & al. (2016) Phylogeography of Rhipicephalus sanguineus sensu lato and its relationships with climatic factors|Experimental and Applied Acarology 69(2) | Mars 
  2. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine etc, tome XXIX, Paris Cuez Deterville, libraire, rue Hautefeuille no 8 1819 (Consulter en ligne)
  3. Informations en ligne sur le site de l'Université de Strasbourg (à partir de la thèse de Moréno), consulté 2009 03 01
  4. Beugnet, F., M. Kolasinski, P. A. Michelangeli, J. Vienne & H. Loukos. (2011). Mathematical modelling of the impact of climatic conditions in France on Rhipicephalus sanguineus tick activity and density since 1960. Geospatial Health 5: 255–263.
  5. Rene M (2013) Étude du rôle vecteur de Rhipicephalus sanguineus sl dans la transmission des babésioses canines en France: prévalence parasitaire, diversité génétique des vecteurs et épidémiologie (Thèse de Doctorat, Université Claude Bernard-Lyon I).
  6. Magalie René-Martellet, Guillaume Minard, Raphael Massot, Van Tran Van, Claire Valiente Moro, Luc Chabanne et Patrick Mavingui, « Bacterial microbiota associated with Rhipicephalus sanguineus (s.l.) ticks from France, Senegal and Arizona », Parasites & Vectors, vol. 10, no 1,‎ , p. 416 (ISSN 1756-3305, PMID 28886749, PMCID 5591579, DOI 10.1186/s13071-017-2352-9)
  7. Meade, P., Abate, A. L., Pavo, J., Yeung-Cheung, A. K., & Pappas, C. J. (2017). A Novel Ex Vivo Bioassay Suggests DEET is an Effective Repellent of Rhipicephalus Sanguineus. Journal of Agricultural and Urban Entomology, 33(1), 19-31