Le repli autistique, souvent désigné par l'anglicisme de shutdown, est une réaction d'interruption des interactions d'une personne autiste, provoquée par une surcharge sensorielle.

Photo noir et blanc d'une fille avec la tête entre les genoux
Adolescente autiste de 14 ans en repli autistique (ou shutdown).

Histoire modifier

Le repli autistique est initialement décrit par le psychiatre américain Leo Kanner, comme une attitude innée, en ces termes : « Il existe d’emblée un repli autistique extrême qui, chaque fois que c’est possible, fait négliger, ignorer, refuser par l’enfant tout ce qui lui vient de l’extérieur[1],[2]. »

Description modifier

En 2004, H. G. Loos et I. M. Loos Miller décrivent la réaction de shutdown chez un jeune enfant autiste comme « un état involontaire de non-réponse, d'immobilité, de somnolence et de faiblesse au toucher »[3]. Cette réaction est déclenché « par l'attente d'une performance sociale, comme à l'école ou dans les interactions avec les autres, et elle s'intensifie lorsque l'adulte continue à faire pression sur l'enfant pour qu'il réponde à une tâche qu'il perçoit comme difficile »[3].

En 2003, Olga Bogdashina décrit ce repli autistique comme une réaction à une surcharge sensorielle[4]. Elle la compare à une mise en veille pendant laquelle la personne autiste perd sa capacité à interagir[4]. D'après Bogdashina, s'il existe différentes manifestations du repli autistique, il est toujours vécu comme une expérience très désagréable[4]. Chez l'enfant ou l'adulte, le repli autistique peut se manifester par une suspension de toute interaction sociale et de toute communication en réaction à un état de stress ou d'anxiété sévère[5].

Vécu du repli autistique par les personnes autistes modifier

À partir de ses entretiens avec trente-trois adultes autistes, la chercheuse Kailey Stevens décrit le repli autistique comme une sensation de perte de contrôle doublée d'une incapacité à répondre aux stimulations sensorielles ; un désir de fuite et de solitude et une focalisation sur la survie et les besoins vitaux l'accompagnent souvent[6].

Diagnostic différentiel modifier

Le retrait ou le repli relationnel chez de tout petits enfants est l'un des signes précurseurs permettant de diagnostiquer l'autisme[7].

Des enfants autistes en repli ont cependant été soupçonnés à tort d'être sourds[4],[7]. Leur audition fonctionne normalement, mais, pendant un repli, ces personnes se coupent des stimulations auditives[4].

Notes et références modifier

  1. Alain Berthoz, L' Autisme: De la recherche à la pratique, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-9041-3, lire en ligne).
  2. Dominique Janin-Duc, « La clinique des autismes et leurs contextes thérapeutiques: », La revue lacanienne, vol. N° 14, no 1,‎ , p. 129–146 (ISSN 1967-2055, DOI 10.3917/lrl.131.0129, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b (en) H. G. Loos et I. M. Loos Miller, « Shutdown states and stress instability in autism », Autism,‎ (lire en ligne   [PDF]).
  4. a b c d et e Bogdashina 2003, p. 89.
  5. Shah 2019, p. 24.
  6. Stevens 2019.
  7. a et b Jaqueline Wendland, Annie-Claire Gautier, Marion Wolff et Julie Brisson, « Retrait relationnel et signes précoces d'autisme : étude préliminaire à partir de films familiaux: », Devenir, vol. Vol. 22, no 1,‎ , p. 51–72 (ISSN 1015-8154, DOI 10.3917/dev.101.0051, lire en ligne, consulté le ).

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • [Bogdashina 2003] (en) Olga Bogdashina, Sensory Perceptual Issues in Autism and Asperger Syndrome: Different Sensory Experiences, Different Perceptual Worlds, Jessica Kingsley Publishers, (ISBN 978-1-84310-166-6, lire en ligne)
  • [Shah 2019] (en) Amitta Shah, Catatonia, Shutdown and Breakdown in Autism: A Psycho-Ecological Approach, Jessica Kingsley Publishers, (ISBN 978-1-78450-531-8, lire en ligne)
  • [Stevens 2019] (en) Kailey Stevens, « Lived Experience of Shutdowns in Adults with Autism Spectrum Disorder », UVM Student Research Conference,‎ (lire en ligne, consulté le )