Renaud Dutreil

politicien français

Renaud Dutreil
Illustration.
Fonctions
Ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et des Professions libérales

(1 an, 11 mois et 13 jours)
Président Jacques Chirac
Gouvernement Dominique de Villepin
Prédécesseur Christian Jacob
Successeur Hervé Novelli
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État

(1 an, 2 mois et 1 jour)
Président Jacques Chirac
Gouvernement Jean-Pierre Raffarin III
Prédécesseur Jean-Paul Delevoye
Successeur Christian Jacob (Fonction publique)
Jean-François Copé (Réforme de l'État)
Secrétaire d'État aux PME, au Commerce, à l'Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation

(1 an, 10 mois et 23 jours)
Président Jacques Chirac
Gouvernement Jean-Pierre Raffarin I et II
Prédécesseur Christian Pierret
Successeur Christian Jacob
Député français

(1 an, 2 mois et 27 jours)
Élection 17 juin 2007
Circonscription 1re de la Marne
Législature XIIIe (Cinquième République)
Groupe politique UMP
Prédécesseur Francis Falala
Successeur Arnaud Robinet

(29 jours)
Élection 16 juin 2002
Circonscription 5e de l'Aisne
Législature XIIe (Cinquième République)
Groupe politique UMP
Prédécesseur Daniel Gard
Successeur Daniel Gard

(7 ans, 9 mois et 16 jours)
Élection 28 mars 1993[N 1]
Réélection 1er juin 1997
16 juin 2002[N 2]
Circonscription 5e de l'Aisne
Législature Xe et XIe (Cinquième République)
Groupe politique UDFC (1993-1997)
UDF (1997-1998)
DLI (1998-2002)
Prédécesseur André Rossi
Successeur Daniel Gard
Biographie
Date de naissance (63 ans)
Lieu de naissance Chambéry (Savoie)
Nationalité Française
Parti politique UDFUMP
Profession Maître des requêtes au Conseil d'État

Renaud Dutreil, né le à Chambéry (Savoie), est un homme politique et entrepreneur français, secrétaire d'État puis ministre de 2002 à 2007. Il s'est ensuite reconverti dans les affaires.

Biographie modifier

Famille et formation modifier

Fils de Gérard Bernard-Dutreil, entrepreneur à Lyon, il effectue ses études secondaires au lycée Ampère et est lauréat du concours général de philosophie en 1977. Après hypokhâgne et khâgne au lycée du Parc, il entre à l'École normale supérieure en 1981. Il obtient une Maîtrise de lettres ainsi qu'un DEA en sociologie de l'art. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1984, Renaud Dutreil est aussi ancien élève de l'ENA, dont il sort 2e en 1989.

Il commence sa carrière au Conseil d'État en 1989 comme auditeur, puis devient maître des requêtes en 1992 et commissaire du gouvernement[1]. Il est parallèlement secrétaire général de la mission pour le développement et l'aménagement de la Bretagne (Midab).

La députation modifier

En mars 1994, il est élu conseiller général de l'Aisne pour le canton de Charly-sur-Marne. La même année, il devient député de l'Aisne après le décès d'André Rossi, dont il était le suppléant depuis les élections législatives de 1993. En 1995, il entre au conseil municipal de Château-Thierry, dans l'opposition[2].

Il se représente aux élections législatives de 1997. Il arrive en tête du premier tour avec environ 30 % des voix. Au second tour, il l'emporte face au maire socialiste de Château-Thierry, dans une triangulaire avec le FN[3].

En septembre, quelques mois après la défaite de la droite aux législatives, il lance avec Patrick Labaune, entre autres, l'« appel de Valence » qui invite le RPR et l’UDF à s'unir pour former « un parti unique » de droite[4].

En 1998, il devient l'un des plus farouches opposants au PACS, qu'il juge dangereux car « il constitue une concurrence déloyale vis-à-vis du mariage et instaure une égalité de valeur entre homosexualité et hétérosexualité ». Le 9 octobre 1998, avec ses collègues Henri Plagnol et Dominique Dord, après un premier rejet du PACS à l'Assemblée Nationale, ils revêtent dans l'hémicycle des tee-shirts estampillés «Pacs out» confectionnés par des associations catholiques et se mettent à danser devant les caméras. Il rejoint le collectif Générations Anti-PACS et participe, aux côtés de nombreux élus de droite et d'extrême-droite, à la grande manifestation du 31 janvier 1999 contre le projet de loi.

En 2001, il est réélu conseiller général et devient membre du conseil municipal de Charly-sur-Marne[2].

Au début des années 2000, il appartient aux figures montantes de la droite. En 2001, il participe à la fondation puis préside l'Union en mouvement, ancêtre de l'Union pour un mouvement populaire[1],[2]. Premier Président de l'UMP, avant de céder la place à Alain Juppé en 2002, il est le rédacteur des premiers statuts de la nouvelle formation, introduisant les principes de pluralité de courants et de désignation du candidat à l'élection présidentielle par des primaires, principes qui seront partiellement adoptés. Il est proche de Jacques Chirac, Président de la République[1]. Lors des élections législatives de 2002, il arrive largement en tête du premier tour avec 46,33 % des suffrages et remporte le second face au FN avec 73,39 % des voix[5].

Au gouvernement modifier

De 2002 à 2007, Renaud Dutreil, en tant que secrétaire d'État ou ministre chargé des PME, fait voter plusieurs lois qui portent son nom. Ces lois cherchent à favoriser la création d'entreprise et la transmission d'entreprise, la liberté du commerce et de l'industrie, l'apprentissage et le Capital-Investissement (création des Fonds d'Investissement de Proximité - FIP -, création de France Investissement qui associe des fonds issus de la Caisse des Dépôts et Consignations et des fonds de capital investissement français privés). Passionné par le savoir-faire français, il crée le label « Entreprises du patrimoine vivant » et donne un statut législatif aux métiers d'art. Avec Erik Orsenna, il publie Le geste et la parole des Métiers d'art aux éditions du Cherche Midi.

Le , Renaud Dutreil est nommé ministre de la Fonction publique et de la réforme de l'État. À ce titre il crée le "contrat de travail à durée indéterminée" dans la Fonction Publique et engage une réforme des corps de fonctionnaires.

Renaud Dutreil est notamment à l'origine du Régime social des indépendants en France (RSI) initié sous le gouvernement Raffarin[6]. Cet organisme de protection sociale des travailleurs indépendants se révèlera le fruit d'une « réforme mal construite et mal mise en œuvre » et les graves problèmes de gestion causés par ce manque de préparation perdureront des années[7],[8].

Après le gouvernement modifier

Dès 2003, il envisage de se présenter aux prochaines municipales (2008) à Lyon, ville où la droite est divisée depuis la victoire de Gérard Collomb. Alors qu'il est favori, c'est cependant Dominique Perben, ministre et maire de Chalon-sur-Saône, qui est choisi par Jean-Pierre Raffarin pour mener la droite lyonnaise lors de cette élection[9]. Renaud Dutreil, ministre du Gouvernement, s'incline.

Il décide de s'implanter sur Reims, ville voisine de sa circonscription de l'Aisne. Aux élections législatives de 2007, il se présente dans la première circonscription de la Marne. Il prend la tête du premier tour, malgré la présence du député sortant Francis Falala, en tant que divers droite, et l'emporte au second avec 53,72 % des voix face au socialiste Eric Quénard[10].

Le , il est préféré à Catherine Vautrin pour l'investiture de l'UMP comme candidat à la mairie de Reims en mars 2008[11]. Cependant, Catherine Vautrin décide de maintenir sa candidature et obtient le soutien du maire sortant Jean-Louis Schneiter (DVD) et de Jean-Marie Beaupuy, candidat du MoDem[12]. En fin d'année 2007, un sondage le donne favori, sauf en cas de maintien de la liste Vautrin[13]. Ses deux principales rivales, Catherine Vautrin et Adeline Hazan (PS) concentrent leurs critiques sur le « parachuté »[14]. Au soir du premier tour, il se retrouve en troisième position derrière la liste Hazan (42,06 %) et la liste Vautrin (25,19 %) avec 23 % des voix. Face au refus de Catherine Vautrin de fusionner les deux listes de droite, il se retire sans appeler — dans un premier temps — à voter pour elle[15]. Cette division fait perdre la ville à la droite et favorise l'élection d'Adeline Hazan.

Après la politique modifier

En , il annonce qu'il quitte la politique pour présider à partir de septembre la filiale américaine du groupe de luxe français LVMH à New York[16], fonction qu'il exerce jusqu'en [17]. Il est également pendant cette période membre du conseil de L Capital, le fonds d'investissement de LVMH. Par ailleurs, il est membre du board de l'université new yorkaise The New School et de l'école de design Parsons The New School for Design affiliée à cette université puis président de Parsons Paris. Il préside également à New York la fondation "Friends of Institut des Hautes Études Scientifiques" (IHES, un institut français de recherche avancée en mathématiques et physique théorique situé à Bures-sur-Yvette en région parisienne) ainsi que la fondation Albertine, qui crée la librairie francophone éponyme à New York, sur la Ve Avenue. Il est investisseur dans plusieurs start-ups des secteurs biotech, fintech et du savoir-faire français.

En , il se porte acquéreur de la société d'eaux en bouteille Jolival, en Charente[18] qui est bientôt sélectionnée comme eau officielle du Paris Saint Germain. En , il est nommé Chairman du cabinet de conseil FTI Consulting.

Le , il est présent au meeting d'Emmanuel Macron à la Mutualité[19] à Paris, qu'il soutient publiquement « en tant que simple citoyen »[20]. En décembre de la même année, il annonce officiellement son soutien à Emnanuel Macron pour l'élection présidentielle française de 2017, participe à son meeting du à Paris[21] ; il est le premier membre d'un gouvernement de Jacques Chirac à le rejoindre.

Depuis , il dirige un fonds de private equity de la banque suisse Mirabaud[22] consacré aux sociétés labellisées EPV (entreprise du patrimoine vivant).

Il devient président de La Manufacture Charentaise (LMC), issue en 2018 de quatre fabricants de pantoufles. En 2019, le groupe enregistre des pertes élevées malgré d'importantes aides publiques. Placé en redressement judiciaire, il est finalement liquidé en , et 104 salariés sont licenciés. Une seule offre de reprise avait été reçue, refusée par le tribunal de commerce[23].

En juillet 2020, à la tête de Mirabaud Patrimoine Vivant, il rachète la marque de chaussures pour femme Clergerie à travers une holding French Legacy Group[24]. En décembre 2021, il rachète également la marque de chaussures françaises Heschung[25]. Le but était alors de créer un groupe de marques françaises de luxe, de promouvoir le made in France[26] en injectant "plusieurs millions d'euros"[27]. Début 2023, les 2 marques sont mises en redressement judiciaire sans offre de reprise par le fonds d'investissement Mirabaud[28],[29]. La holding French Legacy group - propriété de Mirabaud Patrimoine et dont Renaud Dutreil est Président du conseil de surveillance - est mise en liquidation judiciaire le 29 juin 2023, 3 ans après sa création. La marque Clergerie est reprise partiellement par un groupe américain qui délocalise la production et supprime 60% des emplois. La marque Heschung est reprise par PPL Finance, société appartenant au dirigeant français Philippe Catteau - l'intégralité des effectifs est repris[30].

Fonctions politiques modifier

Carrière au sein de partis politiques modifier

  • 2002 : président de l'Union en mouvement puis de l'Union pour une Majorité Présidentielle (UMP)
  •  : secrétaire général du Parti radical, mouvement affilié à l'UMP

Carrière élective modifier

Carrière parlementaire modifier

Assemblée nationale

Carrière ministérielle modifier

  • mai 2002 - mars 2004 : secrétaire d'État aux PME, au Commerce, à l'Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation
  • mars 2004 -  : ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État
  • juin 2005 -  : ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et des Professions libérales

Décorations modifier

  Officier de la Légion d'honneur (2023)[33] ; chevalier en 2010[34]

Bibliographie modifier

  • Le Coq sur la paille, Paris, Éditions Quai Voltaire, 1995, (ISBN 2876531801)
  • La République des âmes mortes, Paris, Éditions du Cherche-Midi, 2001
  • Le Geste et la parole des métiers d'art, Cherche-Midi, 2004 (en collaboration avec Erik Orsenna)

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Élu en tant que suppléant d'André Rossi
  2. Réélu en tant que député de la circonscription, mais celui-ci est toujours nommé au gouvernement, il laisse la place de député à son suppléant Daniel Gard.

Références modifier

  1. a b et c Sipa Press, « Renaud Dutreil », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le ).
  2. a b et c « Renaud Dutreil : ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales », sur Archives du Portail du Gouvernement (consulté le ).
  3. AFP, « Résultats des élections législatives de 1997 : Chateau-Thierry (5e circonscription) », sur site de l'Assemblée nationale (consulté le ).
  4. Aude Rossigneux, « Histoire d'un accouchement difficile », Le Point,‎
  5. « Résultats des élections législatives 2002 dans la 5e circonscription de l'Aisne », sur site du Ministère de l'Intérieur (consulté le ).
  6. RSI : un désastre bien français, latribune.fr, 12 juin 2015
  7. Le RSI, cauchemar des travailleurs indépendants, lesechos.fr, 28 avril 2014
  8. RSI: la spoliation organisée des artisans et commerçants, Éric Verhaeghe, lefigaro.fr, 9 mars 2015
  9. « Retraite de luxe pour Dutreil », LyonMag.com,‎ (lire en ligne)
  10. « Résultats des élections législatives 2002 dans la 1re circonscription de la Marne », sur site du Ministère de l'Intérieur (consulté le ).
  11. Jean-Michel Normand et Xavier Ternisien, « L'UMP présente des femmes aux municipales dans dix grandes villes », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Rosalie Lucas, « Reims : la droite divisée entre Dutreil et Vautrin », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  13. « Reims : Dutreil serait battu en cas de triangulaire », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne)
  14. Pierre-François Decourcelle, « A Reims, « tout sauf Dutreil » pour ses deux rivales », Rue89,‎ (lire en ligne)
  15. « Dutreil se retire sans appeler à voter Vautrin », sur L'Obs, (consulté le ).
  16. « Dutreil quitte la vie politique pour LVMH », L'Express,‎ (lire en ligne)
  17. Sophie Lécluse et Claire Bader, « Renaud Dutreil quitte en catimini LVMH », Capital,‎ (lire en ligne)
  18. L'ancien ministre des PME Renaud Dutreil rachète Jolival, Charente Libre, 24 novembre 2014
  19. lefigaro.fr, « Macron fait un pas supplémentaire vers 2017 » (consulté le )
  20. Renaud Dutreil: «Pourquoi je soutiens Emmanuel Macron», L'Opinion, 30 août 2016
  21. Renaud Dutreil, « Dutreil soutient Macron pour la présidentielle 2017 », sur Le Figaro, (consulté le )
  22. « MIRABAUD Asset Management: MIRABAUD ASSET MANAGEMENT SE LANCE DANS L’ACTIVITÉ DE PRIVATE EQUITY », MIRABAUD Asset Management,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « Charente: le département ne fabriquera plus de charentaises », 20 minutes,‎ (lire en ligne)
  24. « Clergerie repris par le fonds Mirabaud patrimoine vivant », sur LEFIGARO, (consulté le )
  25. FashionNetwork com FR, « Jérôme Espinos (French Legacy Group): "L'outdoor chic masculin d'Heschung est le pendant parfait de la femme Clergerie" », sur FashionNetwork.com (consulté le )
  26. « Luxe : le fonds d'investissement de Renaud Dutreil reprend les chaussures Heschung », sur La Tribune, 2021-12-14cet07:00:00+0100 (consulté le )
  27. « Steinbourg. Heschung : un premier pas vers la conquête internationale », sur www.dna.fr (consulté le )
  28. « Le chausseur Clergerie a été placé en redressement judiciaire », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  29. FashionNetwork com FR, « Le chausseur alsacien Heschung va faire l'objet d'un plan de cession », sur FashionNetwork.com (consulté le )
  30. « Chausseurs «Made in France»: Heschung repris, Avril Gau liquidé », sur LEFIGARO, (consulté le )
  31. « Député de l'Aisne, vice-président du Parti radical André Rossi est mort », Le Monde,‎  :

    « Après avoir été élu conseiller municipal de Saint-Maurice-de-Beynost, une commune de l'Ain, il [Renaud Dutreil] rejoint le département de l'Aisne pour devenir le suppléant d'André Rossi lors des élections législatives de mars 1993. »

    .
  32. Lettre du pays du sud de l'Aisne, juin 2010.
  33. « Henri d’Anselme, «le héros au sac à dos», Arman Soldin, journaliste tué en Ukraine... le courage des citoyens récompensé par la Légion d'honneur », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  34. Décret du 13/07/2010

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier