Raymond Oberlé
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Nationalité
Activité

Ernest Raymond Oberlé (né le à Strasbourg, mort le à Pfastatt)[1] est un historien, enseignant et archiviste. C'est un spécialiste de l'histoire de la ville de Mulhouse.

Carrière modifier

Vie privée modifier

Il est le fils d'Ernest Oberlé, photographe, et d'Emma Kollowrath[2]. Il s'est marié le 3 septembre 1935 à Wittenheim avec Marthe Roos[2]. Il a deux enfants.

Incorporé de force dans la Wehrmacht sur dénonciation, Raymond Oberlé part au front où il est blessé à Breslau en 1945[2]. Il y perd l'usage de sa main droite[3].

Carrière dans l'enseignement secondaire et à l'Université modifier

Après l'école normale d'instituteurs de Colmar, Raymond Oberlé enseigne à Wittenheim entre 1933 et 1938. En 1939, il entre à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, cependant la guerre interrompt ses études.

Après la fin de la guerre et après avoir obtenu une licence d'allemand, Raymond Oberlé obtient en 1947, un diplôme d'études supérieures sur le thème de Mulhouse et la révocation de l'Édit de Nantes[4].

En 1958, il soutient sa thèse sur La République de Mulhouse pendant la guerre de Trente ans[5]. Alors que l'Alsace est particulièrement touchée par le conflit et perd une grande partie de sa population, Raymond Oberlé démontre que Mulhouse connaît une herrlicher Wohlstand (ou « une guerre heureuse » selon l'expression du greffier syndic de la ville Jacob Henric-Petri) dans la mesure où la ville, alliée des cantons suisses, voit affluer de nombreux capitaux et réfugiés notamment en raison de son rôle de centre d'approvisionnement. Dans sa thèse, Raymond Oberlé dresse un bilan de l'évolution de la ville entre le début et la fin du conflit. Mulhouse connaissait une tension politique, une haine confessionnelle, un effondrement des finances publiques et un dépérissement de la fortune privée. À l'issue du conflit, Mulhouse voit le rétablissement de sa situation financière, la constitution d'une fortune privée, la consolidation de l'autorité publique, la tolérance religieuse et la sécurité politique[6].

Il enseigne au Collège Lambert de Mulhouse entre 1945 et 1961 puis au Lycée d'État de garçons de la même ville entre 1961 et 1968. Il est nommé maître-assistant à la Faculté des Lettres de Strasbourg en 1968 puis en 1971, il est chargé d'enseignement dans cette même université. En 1973, il devient professeur d'histoire à l'Université de Haute-Alsace de Mulhouse. Entre 1977 et 1982, il est le premier vice-président de l'Université de Haute-Alsace, dont il est par ailleurs, à l'origine du nom[7]. Il est aussi à l'origine de la création du Bulletin de la Faculté des Lettres de Mulhouse (1970) paru initialement sous le titre de Publications du Collège littéraire universitaire de Mulhouse (1968).

Archiviste de la ville de Mulhouse modifier

Entre 1950 et 1987, Raymond Oberlé est archiviste de la ville de Mulhouse. En effet, en 1950 il est nommé archiviste-adjoint de la ville de Mulhouse, alors dirigé par Marcel Moeder, un avocat de formation et spécialiste des institutions de Mulhouse au Moyen Age. En 1961, il succède à Marcel Moeder entrainant une modernisation et une professionnalisation du service[8].

Il introduit le cadre de classement de 1926[8].

Il établit l'inventaire II des Archives de la Ville de Mulhouse en 1964[8],[9]. Il s'agit d'un classement des archives anciennes de la ville non traitées par les archivistes Edouard Benner et Bernhart Post en 1910. En 1976, il publie l'inventaire III des archives de la ville en 2 volumes[8],[10]. Il s'agit de l'inventaire des archives modernes.

Initiateur d'une licence d'archivistique modifier

En 1976, il obtient la création d'une licence d'archivistique[11]. Elle est alors la première formation de ce type en France[12]. En effet jusque dans les années 1970 seul l'École nationale des chartes délivre le diplôme d'archiviste-paléographe (les archivistes de première catégorie). A partir de 1976, l'Université de Haute-Alsace est habilitée à former les archivistes de deuxième catégorie[13].

Cocréateur du Centre rhénan d'archives et de recherches économiques modifier

En 1982-1983, il participe avec l'industriel Jacques-Henry Gros à la création du Centre rhénan d’archives et de recherches économiques (CERARE) pour conserver les archives des entreprises qui disparaissent[3]. L'association de droit local alsacien-mosellan a pour objectif de préserver la mémoire de ces entreprises.

Autres modifier

En 1976, il entre à l'Académie d'Alsace. Il en devient chancelier en 1988 puis président entre 1990 et 1996[2]. En 1992, il crée le prix de la Décapole.

Il est également vice-président de la Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace (FSHAA) entre 1979 et 1993[2].

L'Annuaire historique de la Ville de Mulhouse de 1996 lui rend hommage. De même, un mélange lui est consacré en 1983[14].

Un square de la ville de Mulhouse porte son nom[15].

Récompenses modifier

Raymond Oberlé obtient plusieurs prix et médailles[2].

Prix modifier

  • 1960 : prix littéraire de la ville de Mulhouse
  • 1966 : prix du Préfet du Haut-Rhin
  • 1967 : prix Jacques Flach de l'Académie des Sciences morales et politiques.
  • 1992 : Oberrheinischer Kulturpreis de la Goethe-Stiftung de Bâle
  • 2004 : Bretzel d'or.

Médailles modifier

  • 1953 : palmes académiques.
  • 1977 : chevalier dans l'Ordre national du Mérite
  • 1978 : commandeur des Palmes Académiques.
  • 1980 : chevalier de la légion d'honneur

Principaux ouvrages modifier

  • L'enseignement à Mulhouse de 1798 à 1870, Paris, Les Belles Lettres, 1961, 280 p.
  • La République de Mulhouse pendant la guerre de Trente ans, Paris, Institut des Hautes études alsaciennes, publications de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1965, 518 p.
  • L'évolution des fortunes à Mulhouse et le financement de l'industrialisation au XVIIIe siècle, Paris, Bibliothèque Nationale, 1971
  • Membres du magistrat, maîtres de corporations de l'ancien Mulhouse de 1227 à 1798 : maires, adjoints et conseillers de la Ville de Mulhouse 1798-1971, 1971, 215 p.
  • Histoire de la poste à Mulhouse (avec René Muller et Albert Fillinger), Alsatia, 1974, 209 p.
  • L'Alsace entre la Paix de Westphalie et la Révolution française, Wettolsheim, Mars et Mercure, 1977, 169 p.
  • Histoire de Mulhouse des origines à nos jours (codirigé avec Georges Livet), Strasbourg, Éditions Dernières Nouvelles d'Alsace, 1977, 493 p.
  • Le Haut-Rhin, dictionnaire des communes : histoire et géographie, économie et société (avec Lucien Sittler), Colmar, Alsatia, 1980-1982, 3 vol., 1762 p.
  • L'Histoire de l'Alsace tome : 2, Du XVIe siècle à nos jours (avec Philippe Dollinger), Ingersheim, S.A.E.P, 1983, 224 p.
  • Mulhouse, panorama architectural et monumental des origines à 1914 (avec Martine Stahl-Weber), Éditions Contades, 1983, 333 p.
  • Grands notables du Premier Empire : tome 11 (Haut-Rhin) (avec Yvette Baradel, Jean-Marie Schmitt et Christian Tautil), Paris, CNRS, 1984, 67 p.
  • Mulhouse ou la genèse d’une ville, Mulhouse, Éditions du Rhin, 1985, 359 p.
  • Dictionnaire des toponymes et des vieux termes mulhousiens, Éditions du Rhin, 1986, 147 p.
  • Toute l'Alsace, tome 4 : l'histoire. 2. XVIe siècle à nos jours, Wettolsheim, Mars et Mercure, 1987, 149 p.
  • Batailles d'Alsace, 1914-1918 (avec Jean Nouzille et Francis Rapp), Strasbourg, Contades, 1989, 390 p.
  • Mulhouse en France, 1798-1998 : Deux siècles de volonté humaine (avec Eugène Riedweg, Frédéric Guthmann et al.), Éd. du Rhin, Éd. L'Alsace, 1998, 347 p.
  • Le patrimoine scolaire de Mulhouse, Andolsheim, L'Ill graphique, 2002, 157 p.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Références modifier

  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. a b c d e et f François Joseph Fuchs, « Oberlé Raymond », Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 28,‎ , p. 2870.
  3. a et b Odile Kammerer, « In memoriam : Raymond Oberlé (1912-2007) », Revue d'Alsace, t. 134,‎ , p. 503-506 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Raymond Oberlé, « Mulhouse et la révocation de l'Édit de Nantes », Revue d'Alsace, t. 88,‎ , p. 124-136 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Raymond Oberlé, La République de Mulhouse pendant la guerre de Trente ans, Paris, Institut des Hautes études alsaciennes/Publications de la Faculté des Lettres de Strasbourg, , 518 p.
  6. Raymond Oberlé, « Une guerre heureuse pour la République de Mulhouse : La Guerre de trente ans », Bulletin du musée historique de Mulhouse, t. LXVIII,‎ , p. 67-88 (lire en ligne).
  7. Nicolas Stoskopf, Université de Haute-Alsace. La longue histoire d’une jeune université, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 96 p. (lire en ligne)
  8. a b c et d David Bourgeois, « Aperçu sur l'Histoire des Archives de Mulhouse », Annuaire historique de Mulhouse, t. 19,‎ , p. 59-70.
  9. Raymond Oberlé, Inventaire II des Archives de la Ville de Mulhouse, Mulhouse, Ville de Mulhouse, , 105 p.
  10. Raymond Oberlé et Carmen Haas, Inventaire III des Archives municipales, Mulhouse, Ville de Mulhouse, , 674 p.
  11. Raymond Oberlé, « La licence des techniques d'archives et de documentation », Gazette des archives, no 103,‎ , p. 244-246 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Christine Juliat, « La première formation en archivistique à l’université de Haute-Alsace », Gazette des archives, no 222,‎ , p. 43-47 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Odile Kammerer, « La formation archivistique de l'Université de Haute Alsace », Gazette des archives, no 128,‎ , p. 50-57 (lire en ligne, consulté le ).
  14. Études rhénanes : mélanges offerts à Raymond Oberlé, Paris ; Genève, Éditions Slatkine, , 274 p.
  15. Christophe Schmitt, « Un square Raymond Oberlé à la Fonderie », M+,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes modifier