Racaille (roman)

roman de Karim Sarroub

Racaille est un roman de Karim Sarroub paru le aux éditions du Mercure de France.

Racaille
Auteur Karim Sarroub
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur Mercure de France
Collection Bleue
Date de parution 4 janvier 2007
Nombre de pages 160
ISBN 9782715226432
Chronologie

Résumé modifier

Deuxième œuvre de Karim Sarroub - écrivain et psychanalyste français d’origine algérienne[1] - et premier volet d'une trilogie, Racaille est un roman qui rend compte de la vie d'un jeune adolescent rebelle et résolument athée, Mohamed, traversé par la rage de vivre qui décide de quitter son pays d'origine, l'Algérie, pour aller vivre en France[2].

Ce road-movie à travers différentes villes algériennes et françaises va connaitre son terme lorsque Mohamed sera arrêté et enfermé dans un centre de rétention dans le nord de la France[3].

Les deux tiers du roman racontent l’itinéraire d’un adolescent qui fuit sa famille (mémoire terrifiante de la « fête » de sa circoncision)[4] et ont pour décor l’Algérie contemporaine, un décor sombre et violent.

Mohamed et son meilleur pote, Mustapha, approchent de l'adolescence. La vie qu'ils ont devant eux ressemble à un tunnel sans espoir. Et la vision de cet enfant lucide n’est franchement pas réjouissante. Avec lui, tout le monde en prend pour son grade : les dirigeants, la population, les extrémistes. Il dénonce aussi – avec force – l’antisémitisme rampant dans son pays (l’auteur a dédié son livre à Ilan Halimi)[5].

Le narrateur remplace le mot « révolution » contenu dans la devise nationale (« La révolution par le peuple et pour le peuple ») par « corruption ». Pour sauver l'Algérie, Mohamed a un projet : « Rapatrier les harkis, les juifs et les pieds-noirs d’Algérie » (sauf un, Enrico Macias, dont il moque l'accent[6].). Il passe son temps à faire les quatre cent coups, à se masturber sur les toits, et à cracher sa révolte. Car depuis le jour de sa circoncision, il est parti en guerre contre ce qui constitue le fondement de l’Algérie moderne : l’islam et la religion musulmane. Il blasphème, il insulte le Prophète, il honnit l’hypocrisie du gouvernement, la barbarie des assassins islamistes, la misère sociale et sexuelle des jeunes[7].

Apôtre du politiquement incorrect, il n'a pas non plus de mots assez durs contre la politique de l'immigration conduite en France. Sur les beurs des cités qui lui font honte, voilà ce qu’en pense Mohamed : « En France, on vous appelle les musulmans. C’est scandaleux. C’est pire que racaille. » Le roman « traduit le désarroi de Mohamed en faisant référence à l’histoire des émeutes en banlieues et le rejet explicite de la communauté étrangère par les Français[8] ».

Cette fuite, qui est une quête, conduira Mohamed en France où tout finira mal, bien sûr. Car un monde où le passé et le présent se malmènent est insupportable à ceux qui ne peuvent rien, ni sur le passé ni sur le présent[9].

Réception critique modifier

Pour Le Monde, l'auteur — qui a déjà publié en 1998 À l'ombre de soi — « n'évite aucune vérité bonne à dire et montre, par la quête forcenée de son héros, qu'à ne jamais pouvoir se faire entendre, on devient véritablement fou[2]. »

Mohammed Yacine Meskine[n 1] estime que « Karim Sarroub traite avec talent des relations aux autres avec une dose de réalisme et d’imaginaire. », en faisant partager au lecteur « l’espoir d’un monde nouveau dans lequel les pays arabes seraient enfin libres[8]. »

  • Voyage au bout de l'Algérie, Mohammed Aïssaoui, Le Figaro (2007)[5]
  • Comment on devient fou, Elsa Vigoureux, Nouvel Obs (2007)[6]
  • Momo le maudit, Jean-Claude Perrier, Livre Hebdo (2007)[7]
  • La course d'un enfants d'Algérie, Laurent Wolf, Le Temps.ch (2007)[9]
  • L'ironie mordante d'un écrivain, Youcef Zirem, La Maison des journalistes, [3]

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Mohammed Yacine Meskine est notamment docteur en Sciences des Textes Littéraires, Université de Saïda[10].

Références modifier

  1. (fr + en) Mohammed Yacine Meskine, « Le brassage franco-maghrébin dans l'œuvre de Karim Sarroub », Revue l'Autre,‎ , pages 46 à 54 (lire en ligne)
  2. a et b V. M. L. M., « Racaille, de Karim Sarroub », sur Le Monde, (consulté le )
  3. a et b Youcef Zirem, « L'ironie mordante d'un écrivain », journal,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  4. Hugo Marsan, « Les livres qu'on aurait voulu pouvoir écrire », Le Litteraire.com,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Mohamed Aïssaoui, « Voyage au bout de l'Algérie », sur Le Figaro, (consulté le )
  6. a et b Elsa Vigoureux, « Comment on devient fou », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le )
  7. a et b Jean-Claude Perrier, « Momo le Maudit », sur Livres Hebdo, (consulté le )
  8. a et b Mohammed Yacine Meskine, « Identité/Altérité et le concept de l’immigré dans l’œuvre de Karim Sarroub », Synergies Algérie, no 13,‎ , p. 111-120 (lire en ligne [PDF])
  9. a et b Laurent Wolf, « La course d'un enfants d'Algérie », sur Le Temps.ch,
  10. « Le brassage franco-maghrébin dans l’œuvre de Karim Sarroub », sur cairn.info (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Mustapha Harzoune, « Karim Sarroub, Racaille », Hommes & Migrations, no 1266 : Nouvelles figures de l’immigration en France et en Méditerranée,‎ , p. 187 (lire en ligne)
  • Dimension interculturelle et discours dans Racaille de Karim Sarroub, Louiza Athmani, Université des Frères Mentouri, (lire en ligne)
  • Meskine Mohammed Yacine, « Le brassage franco-maghrébin dans l'œuvre de Karim Sarroub », L'Autre, vol. 15, no 1,‎ , p. 46-54 (lire en ligne)

Liens externes modifier