Scènes d'enfants de Schumann

(Redirigé depuis Rêverie en fa majeur)

Scènes d'enfants (Kinderszenen), op. 15, est une œuvre pour piano de Robert Schumann écrite en 1838 et composée de treize courtes pièces. Elle est la première œuvre instrumentale significative prenant pour thème les impressions d'enfance. Contrairement à l'Album pour la jeunesse, elle ne s'adresse pas à des enfants, mais elle a, selon les termes de Schumann, été conçue « par un grand enfant », comme « souvenir pour des personnes qui ont grandi »[1].

Scènes d'enfants
Frontispice de la première édition par Breitkopf & Härtel (1839).
Présentation
Type

Fichiers audio
1. Gens et pays étrangers
noicon
2. Curieuse histoire
noicon
3. Colin-maillard
noicon
4. L'enfant suppliant
noicon
5. Bonheur parfait
noicon
6. Un évènement important
noicon
7. Rêverie
noicon
8. Au coin du feu
noicon
9. Cavalier sur le cheval de bois
noicon
10. Presque trop sérieusement
noicon
11. Croquemitaine
noicon
12. L'enfant s'endort
noicon
13. Le poète parle
noicon
Des difficultés à utiliser ces médias ?
Des difficultés à utiliser ces médias ?
Des difficultés à utiliser ces médias ?

La pièce la plus célèbre et en même temps la plus longue du cycle est Rêverie. D'une durée d’un peu moins de 20 minutes, les Scènes d'enfants sont parmi les œuvres pour piano les plus célèbres de la période romantique.

Genèse

modifier

La partition date d'une période tourmentée de la vie du musicien, contrastant avec le caractère apaisé de l'œuvre, où Schumann, amoureux de Clara Wieck, se voit refuser sa main par son père. Cette année voit également naître plusieurs chefs-d'œuvre pianistiques dont ses Kreisleriana, contrastant par leur caractère tourmenté.

L'originalité thématique des Scènes d'enfants et son caractère inaugural dans l'histoire de la musique a été souligné. Schumann n'a pas eu de devancier, à l'exception, déjà ancienne, de François Couperin qui avait publié en 1716-1717 les Petits Âges dans le septième ordre de son Second livre de pièces de clavecin.

Idéal esthétique et dimension autobiographique sont étroitement liés dans la genèse de l'œuvre. Le choix du thème des Kinderszenen doit sans doute au souvenir de la jeune Clara Wieck, que Robert avait rencontrée dès l'âge de neuf ans. Au-delà de ce souvenir personnel, l'examen du journal de Schumann, de ses lectures et de ses écrits dans la décennie qui précède la composition (1828-1838), révèle un intérêt constant pour le culte romantique de l'enfance. Par la lecture des écrivains allemands Jean Paul, Ernst Hoffmann ou Anton Thibaut, le compositeur a construit une conception symbolique de l'enfance qui se rapproche précisément de son idéal musical : la profondeur poétique dans la simplicité. Les Scènes d'enfants constituent pour Schumann une réalisation exemplaire de cet idéal.

Dès 1831, Clara, pianiste prodige entre l'enfance et l'adolescence, suscite chez Schumann le projet d'écrire une nouvelle littéraire intitulée Enfants prodiges (Wunderkinder). Selon l'esthétique d'Hoffmann, Clara possède la pureté qui est un requis moral pour toute grande création artistique. Tourmenté par sa vie parfois dissolue, Schumann se sent indigne d'elle et voit dans sa figure un ange rédempteur qui lui apportera la sérénité. Lors d'une visite qu'il lui rend à Dresde en janvier 1836, il note dans son journal : « Sois mon but suprême, Clara, ange de pureté et d'innocence, ramène moi en enfance ».

En envoyant ce recueil à Clara, Schumann écrit : « Est-ce une réponse inconsciente au sens des mots que tu m’écrivais un jour : tu me fais parfois l’effet d’un enfant ! S’il en est ainsi, tu verras que les ailes ont poussé à cet enfant... Tu prendras sans doute plaisir à jouer ces petites pièces, mais il te faudra oublier que tu es une virtuose. (...) Il faudra te garder des effets, mais te laisser aller à leur grâce toute simple, naturelle et sans apprêt »[1].

Clara a perçu l'œuvre comme un message destiné à elle seule. Le 22 mars 1839, elle écrivait à Schumann : « ... et cette touchante simplicité qui s'en dégage, c'est tellement le sentiment vrai, n'est-ce pas, c'est ainsi que tu m'aimes ? ». C'est peut-être par pudeur qu'elle a longtemps tardé à la jouer en public. Elle ne la mettra à son répertoire qu'en 1868, douze ans après la mort du compositeur.

Pièces

modifier

Les titres n'ont été donnés qu'a posteriori par le compositeur.

  1. Gens et pays étrangers (Von fremden Ländern und Menschen) en sol majeur
  2. Curieuse histoire (Kuriose Geschichte) en ré majeur
  3. Colin-maillard (Hasche-Mann) en si mineur
  4. L'enfant suppliant (Bittendes Kind) en ré majeur
  5. Bonheur parfait (Glückes genug) en ré majeur
  6. Un événement important (Wichtige Begebenheit) en la majeur
  7. Rêverie (Träumerei) en fa majeur
  8. Au coin du feu (Am Kamin) en fa majeur
  9. Cavalier sur le cheval de bois (Ritter vom Steckenpferd) en do majeur
  10. Presque trop sérieusement (Fast zu ernst) en sol dièse mineur
  11. Croquemitaine (Fürchtenmachen) en sol majeur
  12. L'enfant s'endort (Kind im Einschlummern) en mi mineur
  13. Le poète parle (Der Dichter spricht) en sol majeur

Discographie

modifier

Notes et références

modifier
  1. a et b « Guide de la musique de piano et de clavecin, François-René Tranchefort | Fayard », sur www.fayard.fr (consulté le )

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :