Une réserve d'or est une quantité d'or conservée par une banque centrale ou une institution financière, dans le but de sécuriser une transaction, un accord de crédit ou de constituer un fonds de garantie.

Mur de lingot d'or, coffre de la Federal Reserve de New-York

Cet or se présente matériellement sous la forme de lingots de différents poids et de pièces en or.

En 2012, les réserves d'or des banques centrales dans le monde sont estimées à 30 000 tonnes, soit environ 20 % du stock d'or estimé de la planète[1].

Réserves d'or dans le monde modifier

Réserves mondiales en [2]. Certaines réserves nationales sont entièrement ou en partie détenues par d'autres pays.

Ces réserves sont supposées et pour certaines non vérifiées, la Réserve fédérale des États-Unis (FED) refusant que ses stocks soient vérifiés par des experts indépendants ou même par les pays propriétaires d'or[3].

Réserves officielles d'or supérieures à 100 tonnes ()
Pays/Entité/Organisation Or
(tonnes)
  États-Unis 8 133,5
  Allemagne 3 352,7
FMI 2 814,0[4]
  Italie 2 451,8
  France 2 436,9
  Russie 2 332,7
  Chine 2 191,5
  Suisse 1 040,0
  Japon 846,0
  Inde 800,8
  Pays-Bas 612,5
  BCE 506,5
  Turquie 479,0
  Taïwan 423,6
  Ouzbékistan 383,8
  Portugal 382,6
  Pologne 333,7
  Arabie saoudite 323,1
  Royaume-Uni 310,3
  Kazakhstan 309,4
  Liban 286,8
  Espagne 281,6
  Autriche 280,0
  Thaïlande 244,2
  Singapour 230,3
  Belgique 227,4
  Algérie 173,6
  Philippines 164,8[5]
  Venezuela 161,2
  Libye 146,7
  Irak 132,8
  Brésil 129,7 [5]
  Égypte 126,0
  Suède 125,7
  Afrique du Sud 125,4
  Mexique 119,9[5]
  Grèce 114,0
  Corée du Sud 104,5[5]
  Roumanie 103,6[5]
BRI 102,0[6]
Monde 34 735,73


[5]

Politiques nationales concernant les réserves d'or modifier

Allemagne modifier

La moitié des réserves d'or de l'Allemagne est supposément détenue à l'étranger, aux États-Unis (45 %)[7], au Royaume-Uni (13 %) et en France (11 %). L'Allemagne, qui avait acheté cet or dans ces trois pays, souhaitait le conserver sur place, pour éviter les risques liés à un transfert.

En 2012, la Bundesbank a demandé à ces pays de rapatrier ses réserves d'or[8]. La France a renvoyé l'or demandé, le transfert s'étant achevé en 2017[9]. Mais la Réserve fédérale des États-Unis (FED) a refusé de renvoyer l'or allemand[10].

Des experts économiques s'interrogent sur l'utilisation de cet or par la FED et si celle-ci détient encore réellement l'or qui lui a été confié par d'autres pays[3].

En 2017, la Bundesbank déclare avoir finalisé le rappariement de 300 tonnes d’or depuis New York[11], toutefois les numéros de série sur les lingots réceptionnés ne correspondaient pas à ceux figurant sur les registres allemands.

France modifier

Vente de 20 % des réserves d'or à bas cours en 2004 modifier

En 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'économie du gouvernement Raffarin, décide, avec Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, de vendre « de 500 à 700 tonnes [d'or] sur les 3 000 tonnes détenues par la Banque de France »[12], réduisant ainsi le stock d'or du pays d’un cinquième (-19,5 %)[13].

Cette décision prévoit des ventes échelonnées de l'or sur une période de cinq ans (de 2004 à 2009) et laisse à Christian Noyer le choix du « rythme de mise en œuvre du programme » au regard de « [l']évolution des cours observés sur le marché de l'or »[12]. Malgré la crise financière de 2008, qui a pour effet à la fois une multiplication par 2,5 du cours de l'or sur cette période[13] et une forte baisse des taux d'intérêt des placements financiers[13], celui-ci décide de poursuivre ces ventes d'or jusqu'en 2009.

Au terme du programme, ces ventes ont permis de dégager des plus-values de cession de seulement 4,67 milliards d'euros alors que l'or aurait valu 19,4 milliards selon le cours fin 2010[13],[14]. Les réinvestissements à partir de ces cessions ayant atteint une valeur de 9,2 milliards en 2010, la différence finale sur cette opération est une perte de 10,2 milliards d'euros.

Le rapport public annuel 2012 de la Cour des comptes fait remarquer ces pertes[13], alors que plusieurs journaux ont qualifié cette vente de « liquidation »[14], de « mauvaise affaire pour les caisses de l'État »[15] ou encore de vente de « l'or français pour une poignée de cacahuètes »[16]. Lors d'une séance de l'Assemblée Nationale, le député Jean-Louis Gagnaire avait par ailleurs interrogé le gouvernement sur cette décision et les pertes qu'elle avait provoquées, sans recevoir de réponse[17].

Suisse modifier

À la suite de son adhésion au FMI en 1992, la Suisse s'est vue contrainte d'abandonner la couverture or du franc suisse (jusqu'alors de 40 %), inscrite dans l'ancienne Constitution. Dans la pratique, cela ne se fit qu'après le règlement final de l'affaire des comptes en déshérence et la création du Fonds suisse en faveur des victimes de l'Holocauste, en 1997, auquel contribua la Banque nationale suisse[18]. Si l'on tient compte de la dévaluation du dollar, ce fut au plus bas historique de ce métal. Ce changement a été inclus dans la nouvelle Constitution entrée en vigueur le , sans large débat politique. Les lois et les ordonnances qui lui sont subordonnées ont été également modifiées. S'appuyant sur cette décision, la BNS a commencé à vendre 1 300 tonnes d'or (1 560 jusqu’en ) qui, selon elle, n’étaient plus nécessaires comme réserve monétaire.

Venezuela modifier

Durant l'été 2011, le Venezuela a annoncé le rapatriement de ses réserves d'or déposées à l'étranger soit 211,35 tonnes d'or pour un montant de 11 milliards de dollars. 80 % de ces stocks se trouvent au Royaume-Uni, principalement dans la Banque d'Angleterre. La motivation de ce rapatriement est un souci de sécurité face à la crise économique mondiale[19].

Pologne & Chine modifier

En 2019, La Banque nationale de Pologne déclare avoir acheté 100 tonnes d'or pour le seul mois de juin, doublant ainsi ses réserves de métal jaune. Tandis que la Banque populaire de Chine a elle aussi déclaré avoir acheté 100 tonnes d'or mais cette fois-ci sur l'année ; deuxième puissance commerciale mondiale, ce pays n'est encore que la sixième nation en termes de réserve d'or[20].

Notes et références modifier

  1. Pierre Jullien, « Les Secrets de l'or », sur lemonde.fr,
  2. https://www.goldreporter.de/wp-content/uploads/2020/03/Weltweite-Goldreserven-03-2020.pdf
  3. a et b Moneyweek, article intitulé "Is the world’s biggest gold vault empty?", juin 2014
  4. (en) « Factsheet. Gold in the IMF », IMF, 8 avril 2011.
  5. a b c d e et f (en) « Golds reserves », sur tradingeconomics.com.
  6. https://fr.tradingeconomics.com/country-list/gold-reserves
  7. Patrick Saint-Paul, « L'Allemagne lève le secret sur ses 3 396 tonnes d'or », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  8. (en) Precious Metal Abroad : Why Germany Wants to See its US Gold - Sven Böll et Anne Seith, Der Spiegel, 30 octobre 2012
  9. « L'Allemagne a rapatrié toutes ses réserves d'or de Paris », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) German Gold Stays in New York in Rebuff to Euro Doubters - Birgit Jennen, Bloomberg, 23 juin 2014
  11. « bundesbank.de/Redaktion/EN/Top… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  12. a et b Communiqué de presse de la Banque de France du 19 novembre 2004 [PDF] (voir archive)
  13. a b c d et e Le rapport public annuel 2012 de la Cour des comptes, Première partie « Les finances publiques », chapitre IV intitulé « Une institution financière », La Banque de France, 8 février 2012
  14. a et b Cour des comptes : quand Sarkozy liquidait un cinquième du stock d'or de la France - Le Point, 8 février 2012
  15. La vente de 20 % du stock d'or français épinglée par la Cour des Comptes - 20 minutes, 8 février 2012
  16. Quand Nicolas Sarkozy vendait l'or français pour une poignée de cacahuètes - Nathalie Balsan-Duverneuil, Midi libre, 8 février 2012
  17. Questions au gouvernement, question du député Jean-Louis Gagnaire du 7 avril 2009 - Assemblée nationale
  18. « Rappel historique sur les fonds en déshérence dans les banques suisses », Fondation Genève Place Financière (voir archive)
  19. « Rapatriement au Vénézuéla des réserves d'or : un processus coûteux », sur cyberpresse.ca via Wikiwix (consulté le ).
  20. Christopher, « Pourquoi j'ai encore acheté de l'or », sur lesformationstrading.fr (consulté le )