Référendum sur la fin de l'apartheid

référendum de 1992 en Afrique du Sud pour approuver les mesures visant à mettre fin à l'apartheid

Le référendum sur la fin de l'apartheid est un référendum ayant eu lieu le en Afrique du Sud. Destiné et réservé à la seule population blanche du pays, la question posée aux électeurs vise à obtenir leur soutien aux réformes lancées par le président Frederik de Klerk et de l'autoriser à poursuivre les négociations constitutionnelles, entamées en 1990, avec le Congrès national africain (ANC). L'objectif est de valider également l'abrogation des lois de l'apartheid. Le taux de participation atteint 85,08 % soit 2 804 947 votants sur les 3 296 800 membres du corps électoral. Le « oui » à la question posée remporte le soutien de 68,73 % des votants soit 1 924 186 personnes contre 31,27 % des votants qui s'y sont opposés soit 875 619 personnes. Sur les 9 circonscriptions référendaires, seule celle de Pietersburg dans le Nord-Transvaal a voté « non ».

Carte des résultats du référendum par région.

Question soumise au référendum modifier

La question était adressée dans les deux langues nationales, soit l'anglais et l'afrikaans :

« Do you support continuation of the reform process which the State President began on 2 February 1990 and which is aimed at a new Constitution through negotiation? »

« Ondersteun u die voortsetting van die hervormingsproses wat die Staatspresident op 2 Februarie 1990 begin het en wat op ‘n nuwe grondwet deur onderhandeling gemik is? »

« Soutenez-vous la poursuite du processus de réforme engagé par le président de l’État le et qui vise une nouvelle constitution par voie de négociation ? »

Choix Votes %
Pour 1 924 186 68,73
Contre 875 619 31,27
Invalide/abstention 5 142
Totale 2 804 947 100
Électeurs enregistrés 3 296 800 85,08

Contexte modifier

Depuis la libération de Nelson Mandela en et la levée de l’interdiction de l’ANC et du Parti communiste sud-africain (SACP), le Parti national (NP) au pouvoir subit revers sur revers lors des élections partielles face au parti conservateur (CP) d'Andries Treurnicht. À la suite de la victoire des candidats conservateurs à Uitenhage puis le à Potchefstroom dans l'ancien bastion électoral de Louis Le Grange, Treurnicht somme le gouvernement de convoquer de nouvelles élections générales, soulignant que les résultats de ces partielles prouvaient que le gouvernement ne disposait d’aucun soutien ni mandat pour brader les intérêts  du peuple blanc en général et des Afrikaners en particulier, ces derniers constituant le socle électoral du Parti national. Le président sud-africain est d'autant plus gêné qu'il avait fait de l'élection de Potchefstroom un test national de soutien de la population blanche à ses réformes. De Klerk décide alors d'organiser un référendum permettant de sonder clairement les souhaits des Blancs par le biais d'une question simple et binaire. Ce processus permet également d'amalgamer dans un même vote les voix réformistes (jusque-là dispersées entre plusieurs formations) face aux conservateurs.

La campagne électorale est intense. Les adversaires aux réformes réunissent dans un même camp le parti conservateur, le Parti national reconstitué, le Mouvement de résistance afrikaner (AWB), divers groupuscules d'extrême-droite et plusieurs dissidents du NP, notamment Pieter Botha, l'ancien président sud-africain. Face à Andries Treurnicht qui dénonce le danger de la loi de la majorité noire  et de l'ANC communiste, le Parti national a pour objectif de mobiliser l'électorat autour d'un projet de passage en douceur du pouvoir vers la majorité noire, tout en obtenant par les négociations des garanties fondamentales et protectrices pour les minorités. Pour faire aussi passer le message que le camp du oui est celui de la paix et le camp du non, celui de la guerre, il utilise adroitement dans ses affiches l'image répulsive d'Eugène Terre'Blanche (le chef de l'AWB) comme symbole des opposants aux réformes.

Résultats modifier

Le , sur les 3 296 800 électeurs inscrits, 2 804 947 se rendent aux urnes. Le « oui » l’emporte avec 68,73 % des voix. S’imposant largement dans les régions côtières, le oui est moins net et moins enthousiaste dans les régions de l'intérieur comme à Pretoria, Bloemfontein ou Roodepoort. À Kroonstad, fief du parti conservateur où 5 députés sur 7 ont fait campagne pour le non, c'est un oui de justesse qui sort des urnes (52 %). Seule la région rurale et conservatrice du Transvaal du nord marque son hostilité aux réformes (57 % de non).

Muni de ces résultats, Frederik De Klerk déclare alors devant les bâtiments du parlement du Cap  qu'« aujourd’hui, nous avons fermé le livre de l’apartheid ».

Résultats régionaux modifier

Province Région Pour Contre Total
Votes valides
Votes % Votes %
Province du Cap Beaufort West 18,941 61,62 11,798 38,38 30,739
Le Cap 355,527 84,88 63,325 15,12 418,852
East London 66,675 78,28 18,498 21,72 85,173
George 40,075 65,39 21,211 34,61 61,286
Kimberley 33,504 54,48 27,993 45,52 61,497
Port Elizabeth 87,216 74,46 29,909 25,54 117,125
Natal Durban 204,371 85,03 35,975 14,97 240,346
Pietermaritzburg 66,500 75,98 21,023 24.02 87,523
État libre d'Orange Bloemfontein 58,066 58,60 41,017 41,40 99,083
Kroonstad 54,531 51,54 51,279 48,46 105,810
Transvaal Germiston 164,025 65,38 86,844 34,62 250,869
Johannesburg 324,686 78,30 89,957 21,70 414,643
Pietersburg 37,612 43.02 49,820 56,98 87,432
Pretoria 287,720 57,37 213,825 42.63 501,545
Roodepoort 124,737 52,44 113,145 47.56 237,882

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