Principe zéro de la thermodynamique

principe qui énonce que, si deux systèmes sont en équilibre thermique stable avec un troisième, ils sont eux-mêmes en équilibre thermique stable

En physique, et plus particulièrement en thermodynamique, le principe zéro de la thermodynamique énonce que[1],[2],[3],[4] :

Principe zéro de la thermodynamique. Une paroi adiabatique ne laisse pas passer la chaleur, contrairement à une paroi diathermane. Si A et C sont initialement en équilibre thermique, ainsi que B et C, alors, après inversion des parois, A et B sont immédiatement en équilibre thermique, sans besoin d'échanger de la chaleur.

« Si deux systèmes sont en équilibre thermique stable avec un troisième, ils sont eux-mêmes en équilibre thermique stable. »

Dans la pratique, ce principe institue la température comme la grandeur caractéristique de l'équilibre thermique et le thermomètre comme un moyen de vérifier cet équilibre.

Historique modifier

La température est une grandeur propre à la thermodynamique, elle est inconnue en mécanique et en électromagnétisme[5]. Le principe zéro institue la température comme la grandeur caractérisant l'équilibre thermique, et plus généralement comme l'une des grandeurs caractérisant l'équilibre thermodynamique (avec la pression pour l'équilibre mécanique et le potentiel chimique pour l'équilibre chimique)[3],[4].

Historiquement, le principe zéro a été énoncé en 1931 par Ralph H. Fowler, bien après les premier et deuxième principes de la thermodynamique (qui définissent respectivement l'énergie interne et l'entropie), qui ont été établis au XIXe siècle par Sadi Carnot et Rudolf Clausius. Néanmoins, puisqu'il définit la température, son importance a été jugée fondamentale et prééminente par rapport aux deux autres, d'où son numéro zéro[6],[7].

Ce principe a été établi empiriquement. Il est toutefois possible de le déduire des premier et deuxième principes en postulant que la température est la dérivée partielle de l'énergie interne par rapport à l'entropie[8].

Implications modifier

Deux systèmes A et C à des températures différentes sont mis en contact. Ils subissent un transfert thermique (un échange de chaleur, ou énergie thermique) ; la température la plus haute diminue et la plus basse augmente. À l'équilibre thermique, c'est-à-dire lorsque le transfert thermique est nul, A et C ont la même température  [5],[9],[10]. De même, si un système B est en équilibre avec le même système C, alors  .

On met ensuite A et B en contact. Lorsque ces deux systèmes sont à l'équilibre thermique on a les températures  . L'expérience montre que   et  . Il ne se produit donc aucun transfert thermique entre A et B, et leurs températures ne varient pas : A et B sont immédiatement en équilibre thermique à la température  . Ainsi les trois systèmes A, B et C sont-ils deux à deux en équilibre thermique : si   et  , alors  [1],[2],[5],[10].

Cette relation transitive n'a pourtant rien de trivial : à priori, il n'est pas évident qu'aucun transfert thermique ne s'effectue entre A et B après leur mise en contact, surtout si les deux systèmes sont dans des états différents, et qu'à leur équilibre thermique leurs températures soient toujours égales à  [2],[10]. Cette observation expérimentale n'a cependant jamais été mise en défaut et le principe zéro l'élève au rang de loi physique. Le principe zéro énonce donc qu'après leur mise en contact aucun transfert de chaleur ne se produit entre A et B, et que leurs températures ne varient pas. Ainsi, la température caractérise l'équilibre thermique, et le principe zéro induit que tous les systèmes ayant la même température sont à l'équilibre thermique et que ceux qui ont des températures différentes ne le sont pas[1],[5],[9],[10].

En pratique, le principe zéro implique que le thermomètre est un outil permettant de montrer que plusieurs systèmes sont à l'équilibre thermique. Si le thermomètre (système C) mis en contact successivement avec les systèmes A et B indique la même température, alors A et B sont en équilibre thermique[1],[3],[6].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a b c et d Atkins et al. 2013, p. 22.
  2. a b et c Borel et al. 2005, p. 9.
  3. a b et c Infelta et al. 2006, p. 4.
  4. a et b Taillet et al. 2018, p. 597.
  5. a b c et d Greiner et al. 1999, p. 7.
  6. a et b Rao 1997, p. 35.
  7. (en) Robert G. Mortimer, Physical Chemistry, Academic Press, , 1416 p. (ISBN 9780080878591, lire en ligne), p. 110-111.
  8. (en) M.W. Collins, R.C. Dougal, C. Koenig et I. Ruddock, Kelvin, Thermodynamics and the Natural World, vol. 10, Witt Press, coll. « Design and Nature », , 482 p. (ISBN 9781845641498, lire en ligne), p. 331.
  9. a et b Borel et al. 2005, p. 10.
  10. a b c et d Connor 2019.

Bibliographie modifier

  • Peter William Atkins et Julio De Paula (trad. Jean Toullec et Monique Mottet), Chimie Physique [« Physical Chemistry »], De Boeck Supérieur, , 4e éd., 1024 p. (ISBN 9782804166519, lire en ligne), p. 22.
  • Lucien Borel et Daniel Favrat, Thermodynamique et énergétique, vol. 1, PPUR presses polytechniques, , 814 p. (ISBN 9782880745455, lire en ligne), chapitre 1.2 Principe zéro de la thermodynamique, p. 8-11.
  • Pierre Infelta et Michael Graetzel, Thermodynamique : Principes et Applications, BrownWalker Press, , 484 p. (ISBN 978-1-58112-995-3, lire en ligne), p. 4.
  • Walter Greiner, Ludwig Neise et Horst Stöcker (trad. de l'anglais par Hans Aksas), Thermodynamique et mécanique statistique [« Thermodynamics and Statistical Mechanics »], New York, Springer, , 532 p. (ISBN 9783540661665, lire en ligne), chapitre 1.3 Équilibre et température - principe 0 de la thermodynamique, p. 7-8.
  • (en) Y. V. C. Rao, Chemical Engineering Thermodynamics, Universities Press, , 601 p. (ISBN 9788173710483, lire en ligne), p. 35-40.
  • Richard Taillet, Loïc Villain et Pascal Febvre, Dictionnaire de physique : + de 6500 termes, nombreuses références historiques, des milliers de références bibliographiques, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, , 4e éd. (1re éd. mai 2008), 956 p. (ISBN 978-2-8073-0744-5, EAN 9782807307445, OCLC 1022951339, SUDOC 224228161, présentation en ligne, lire en ligne), p. 597.

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