Polycarpe de la Rivière

moine chartreux du XVIIe siècle, historien.
Polycarpe de la Rivière
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Pseudonyme
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Polycarpe de la Rivière est un moine français chartreux du XVIIe siècle, historien et érudit, ayant écrit des biographies sur de nombreuses personnalités de l'Église catholique Une grande partie de sa vie est entourée de mystère. Il est considéré par certains comme un fabulateur ou même un faussaire, notamment par Émile Duprat pour qui le mot « polycarpique » devient un adjectif[1]. Joseph-Hyacinthe Albanès tente de le disculper, en citant les sources dans Gallia christiana novissima[2].

Auteur prolifique et mystique, ses ouvrages ont assuré la pérennité de sa mémoire dans l’historiographie cartusienne[3]. Au cours de sa vie, ses œuvres ont été controversées et bon nombre de ses dernières œuvres ont été interdites.

Biographie modifier

« Polycarpe de la Rivière » est un pseudonyme, sa vie demeure très mystérieuse : il a consacré des efforts considérables à cacher son âge, son lieu de naissance et son vrai nom.

Dans son livre L'adieu du monde, il dit être né dans le Velay. Il est probable que ce soit à Tence (Haute-Loire) vers 1586. Il est attaché comme page à la maison de la reine Marguerite de France (1553-1615), assignée à résidence dans le Château d'Usson (Puy-de-Dôme), entre 1586 et 1605. Novice chez les jésuites, il fait profès à la Grande Chartreuse le , âgé de 23 ans. Alors qu'il est procureur à la chartreuse de Lyon en 1616, il se lie d'amitié avec l'un de ses bienfaiteurs, le notable lyonnais Balthazar de Villars, qui devient son mécène et finance ses premières publications. Il est nommé prieur de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez en 1618[4].

En 1617, Polycarpe de la Rivière fait l’éloge de saint Bruno le Chartreux dans ses Récréations spirituelles. Il publie à Lyon en 1619, l’Adieu du monde avec l’autorisation du prieur général de l’ordre, dom Bruno d'Affringues, ce qui indique que le propos de l’ouvrage est en adéquation avec les sensibilités cartusiennes du XVIIe siècle. Les trois volumes du Mistère sacré de nostre Rédemption, publiés en 1621 et 1623, sont probablement rédigés à Sainte-Croix pendant son priorat. Il publie un dernier ouvrage mystique, Angélique, ou des excellences et perfections de l’immortalité de l’âme, méditation en miroir de 1626, toujours apprécié du prieur général[note 1].

Il est prieur de la chartreuse de Bonpas à Bordeaux de 1627 à 1631, et visiteur de la la province cartusienne de Provence dans les années 1630. Il délaisse alors les ouvrages mystiques au profit d’un travail historique. Historica ordinis Cartusiensis ou Chronologica Cartusiana-politica, seu Annales Cartusianorum reste inédit en raison du refus de publication du prieur général[3]. Il entretient une correspondance suivie avec Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Pierre Gassendi, ou encore Honoré Bouche[5].

Polycarpe de la Rivière est déposé à sa demande en 1638 et disparaît au cours d’un voyage au Mont-Dore (Puy-de-Dôme)[4],[6] en 1639. On ignore s’il meurt ou s’il est en apostasie[3].

Ouvrages modifier

Monographies modifier

Parmi les personnes à propos desquelles il a écrit figurent:

autres ouvrages modifier

  • 1617 : Récréation spirituelle sur l’amour divin et le bien des amis, Paris, Chaudière, 1617, 411 , in-8. (Autres éd. : Paris, 1619 ; Paris, 1622).
  • 1618 : L’âme pénitente auprès de la Croix, Lyon, Pillehotte, 1618, in-32, 440 p. (Autre éd. : Lyon, 1625, in-24.).
  • 1618 : L’Adieu du monde ou le mépris de ses vaines grandeurs et plaisirs périssables, Lyon, Pillehotte, 1618, in-8, 700 p. (Autres éd. : Lyon, 1619 ; Lyon, 1621 ; Lyon, 1625 ; Lyon, 1631 ; Paris, Bessin, 1631, 877 p.) ; l'édition de 1619 est lire en ligne sur Gallica.
  • 1621 : Le mistère sacré de notre Rédemption, contenant en trois parties la mort et passion de Jésus-Christ, Lyon, Pillehotte, 1621/1623, 19 cm., 3 vol. de 848, 1002 & 1103 p. (Autre éd. : Lyon, 1623).
  • 1626 : Angélique. Des excellences et perfections de l’immortalité de l’âme, lire en ligne sur Gallica.
  • 1636 : Historia Ecclesia Gallicanae, seu Natilia Episco patuum Galliae ; la censure n'a permis la mise à disposition que de trois volumes sur dix-sept.
  • 1638 : Annals Ecclsiae. Urbis et Avenionensis comitatus », manuscrit en deux volumes.
  • 1638 : Histoire de la ville d'Avignon. Ce volume est constitué de deux manuscrits. Le livre est interdit par Rome malgré toutes les interventions du chanoine Maselli.
  • 1640 : Historia Ordinis Cartusiensis. Interdiction de publication demandée par la même ordonnance cartusienne Catalogus Priorum Majoris Cartusiae Gratinano Politanae.
  • 1725 : De primis Avenionensium episcopis ab ipso sanctissimæ evangelicæ prædicationis exordio ad Clementem quintum, qui Sede Romana Avenionem translata, in ea sedit et quievit., Gallia Christiana, Paris, 1725, t. 1, 850-870, in-fol.

Il a également laissé un certain nombre de prières et de sermons.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le prieur général accuse Polycarpe d'avoir écrit ce livre en français ... il regrette qu'il n'ait pas été écrit en latin pour être réservé ... plus religieux et moins accessible! Ce livre contient des observations intéressantes sur l'histoire naturelle et innovantes
  2. Nemus était le nom du lieu sacré (bois, fontaine) des Celto-Ligures.

Références modifier

  1. Duprat 1909, p. 11.
  2. lire en ligne sur Gallica.
  3. a b et c Derbier 2015.
  4. a et b Dubois 1931, p. 20-24.
  5. De la Rivière, P. « Lettres à Peiresc », Philippe Tamizey de Larroque, Le Cardinal Bichi, évêque de Carpentras. Paris, Picard, 1885, t. 2, XXVIII, 20 & 21. Reproduites aussi dans : Vachez, A., La chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, Lyon, 1904, 285-288, lire en ligne sur Gallica.
  6. Devaux 2005.
  7. Carpentras, Bibl. municip., ms. 514, f° 191.
  8. Joseph-Antoine Bastet, Notice historique et archéologique sur Orange, par J. Bastet,(Raphel aîn, 1840) p37-40.
  9. Anno millesimo centesimo trigesimo, Hugo de Paganis, vivariensi, primo militiæ Templi magistro…, de Polycarpe de la Rivière : Carpentras, Bibl. municip., ms 515, p. 679.
  10. J. Nadal, « Histoire hagiologique, ou Vies des Saints et des Bienheureux du Diocèse de Valence », 1855, p. 56.
  11. Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, par Lenain de Tillemont, Tome 6, troisième partie, p. 687

Bibliographie modifier

  • Patrick Berlier, La Société Angélique : Tomes I & II, Arqa éditions, , 560 p. (ISBN 9782755100020).
  • Eric Daronnat, Dom Polycarpe de La Rivière, écrivain et poète chartreux, Trévoux, La Compagnie de Trévoux, , 28 p..
  • Eric Daronnat, Liseur, mon amy, suivi d’une Adresse au lecteur, Trévoux, La Compagnie de Trévoux, , 28 p..
  • Josselin Derbier et Quentin Rochet, « Étude historique et documentaire sur l’ancienne chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez » (Rapport de recherche), Archeodunum,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Augustin Devaux et Gabriel Van Dijck, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, Maisons de l'Ordre, , 785 p..
  • Marc Dubois, « Chartreuse de Notre-Dame de Bonpas, Note sur Dom Polycarpe de la Rivière », Revue Mabillon,‎ , p. 20-24 (lire en ligne, consulté le ).
  • Eugène Duprat, L’inscription de Césarie et Polycarpe de La Rivière, Aix-en-Provence, coll. « Annales de la Société d’Études Provençales », .
  • Eugène Duprat, Les origines de l'église d'Avignon : (des origines à 879), t. 9, coll. « Mémoires de l'Académie de Vaucluse », (lire en ligne sur Gallica).

Voir aussi modifier

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