Plautilla (sainte chrétienne)

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Plautilla est une de plusieurs femmes romaines du même nom, dont parlent des légendes chrétiennes.

Plautilla
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Plautilla de la Passion de saint Paul

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La porte de Filarete dans la basilique Saint-Pierre au Vatican

Selon la Passion de saint Paul, livre apocryphe attribué à saint Lin, Plautille est une dame d'une famille très noble romaine qui donne à saint Paul son voile, qu'il emploie comme bandeau sur les yeux pendant son exécution et qu'il lui rend miraculeusement après. Dans cette version Plautilla n'est pas présente à l'exécution[1].

La scène de la remise miraculeuse du voile à Plautilla est représentée dans la porte de bronze centrale de la basilique Saint-Pierre-de-Rome (pas la porte sainte)[2],[3] Cette porte, la porte de Filarete, fut faite en 1445 par Le Filarète pour l'ancienne basilique et contient aussi scènes de la mythologie grecque et romaine comme l'enlèvement d'Europe et l'épisode de Dionysos et les pirates, qu'il transforme en dauphins[2]

Les vitraux de Chartres montrent les deux épisodes de la légende de Plautilla et Paul : Plautilla qui donne le voile[4] et Plautilla qui le reçoit de Paul après l'exécution[5].

Selon les Actes de Pierre et Paul du VIe siècle, la femme qui donne son voile à Paul s'appelle Perpetua et est aveugle d'un œil. Le voile lui est redonné non pas miraculeusement mais par les soldats chargés de l'exécution. Elle se met le voile et l'œil lui est guéri[6],[7].

Selon Marie-Françoise Baslez, Plautilla a été témoin de l'exécution de Paul en compagnie des saintes Basilisse et Anastasie[8].

Plautilla des Actes de Rufine et Seconde

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Selon les Actes de Rufine et Seconde les deux sœurs, Rufine et Seconde, sont torturées et tuées pour avoir refusé d'épouser leurs fiancés, qui avaient abandonné la foi chrétienne. On laisse leurs corps là où elles sont mortes, dans le verger une matrone païenne nommée Plautilla, à laquelle les deux sœurs martyres apparaissent dans une vision, la convertissent au Christ, et lui demandent de les ensevelir dans le même endroit[9],[10],[11].

Sans mention de Plautilla, Rufine et Seconde sont inscrites dans le Martyrologe d'Adon le [12] et plus tard dans le Martyrologe romain, où elles restent encore[13]. Elles ont été inscrites aussi dans le calendrier romain général (sans mention de Plautilla) au XIIe siècle à l'occasion du transfert des reliques à la basilique du Latran, mais en 1969 elles ont été retirées du calendrier général, en les laissant aux calendriers particuliers, car d'elles on ne sait que les noms et le fait qu'elles ont été enterrées à neuf miles de la Via Cornelia[14].

Plautilla des Actes des saints Nérée et Achillée

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Selon les Actes des saints Nérée et Achillée du Ve ou du VIe siècle, la mère de cette Flavia Domitilla qui est le personnage principal de cette légende s'appelait Plautilla et était sœur d'un certain consul Clemens, souvent identifié comme Flavius Clemens[15],[16],[17]. Ayant écouté la prédication de saint Pierre, elle a cru et a été baptisée. Elle a fait baptiser aussi sa fille et ses eunuques valets de chambre, Nérée et Achillée. Dans la même année de la conversion et du baptême de Plautilla, Pierre a été martyrisé et Plautilla est morte[18],[19],[17]

Dans le Bulletin d'archéologie chrétienne de 1874 Giovanni Battista De Rossi a fait un bref commentaire sur la différence qui existe entre l'inscription placée par le pape Damase dans le IVe siècle sur le tombeau des martyrs Nérée et Achillée, dans laquelle il les décrit comme des soldats, et cette « légende acceptée par Adon et propagée depuis dans les autres martyrologes »[20]. De cet Adon, Henri Quentin déclare : « Presque partout où la tradition des martyrologes a causé aux historiens de graves embarras, nous avons retrouvé la main de cet auteur... Adon a donc exercé sur le développement de la littérature martyrologique la plus regrettable influence »[21] Adon a utilisé les Acta SS. Nerei et Achillei directement et indirectement dans la composition de son martyrologe[22], mais c'est un auteur plus récent qui a introduit le nom de Plautilla dans un martyrologe : la première forme (1583) du Martyrologe romain inclut comme dernier élément dans sa liste de saints du  : « Romae sanctae Plautillae foeminae consularis, matris sanctae Flaviae Domitillae, quae a beato Petro Apostolo baptizata, eodem anno quo sanctus Petrus passus est, quievit in pace » (À Rome, sainte Plautille, femme consulaire, mère de la bienheureuse Flavia Domitilla ; ayant été baptisée par l'apôtre saint Pierre, elle mourut dans la paix dans la même année dans laquelle saint Pierre fut mis à mort)[23] En 1586 Caesar Baronius fait une révision du Martyrologe romain et remplace la phrase « eodem anno quo sanctus Petrus passus est » par « omnium virtutum laude refulgens » (avec la réputation d'avoir excellé en toutes sortes de vertus) et corrige l'orthographe de foeminae en feminae[24]. Dans les éditions successives du Martyrologe romain l'éloge de Plautilla est resté dans cette forme jusqu'à la fin du XXe siècle, mais dans l'édition de 2001 on ne la mentionne plus[25].

Quentin observe « qu'il serait aussi imprudent de s'appuyer aveuglément sur le Martyrologe Romain héritier direct des martyrologes du moyen âge, que téméraire de rejeter sur l'autorité ecclésiastique la responsabilité des erreurs qu'il contient »[26]. Et déjà à la fin du XVIIe siècle Adrien Baillet reconnaît que « ce qui reste à corriger dans ce martyrologe pour le rendre digne de l'Église Romaine, n'est pas une petite affaire, à n'y considérer même que ce qui regarde la vie des Saints »[27]. Et des Actes des saints Nérée et Achillée il a dit qu'ils « sont fort corrumpus et peut-être supposés. Ils contiennent des faussetés visibles »[28]. Pour des jugements récents, voir Actes des saints Nérée et Achillée. Et la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a déclaré, dans son décret de promulgation de l'édition de 2001 du Martyrologe romain, que, en vue de la décision du IIe concile œcuménique du Vatican que les récits du martyre ou de la vie des saints devaient être en accord avec la réalité historique[29], il faut soumettre au jugement de l'investigation historique les noms et les éloges des saints inscrits dans le Martyrologe et les examiner plus attentivement qu'auparavant[25]. Le secrétaire de la Congrégation a observé ; « Le travail le plus forte et complexe au niveau de la rédaction a été certainement la vérification des données concernant les saints les plus anciens, ce qui a entraîné la suppression d'individus d'identité douteuse »[30]

Flavia Domitilla selon Eusèbe de Césarée

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Eusèbe de Césarée mentionne une Flavia Domitilla, fille de sœur du consul Flavius Clemens, reléguée par Domitien dans l'île Pontia parce qu'elle s'est déclarée chrétienne. Eusèbe en parle dans son Histoire Écclesiastique[31], et dans sa Chronique[32]. Georges le Syncelle donne la même information de la Chronique d'Eusèbe, mais en utilisant un mot qui peut signifier soit nièce, soit cousine[33]. Selon certains la mention de la nièce (ou cousine) écoule d'une erreur et la seule Flavia Domitilla véritable que Domitien a reléguée est l'épouse de Flavius Clemens, tandis que selon d'autres il y a eu deux Flavia Domitilla distinctes qui ont été relégués par Domitien dans des îles distinctes.

Paul Allard donne en 1892 une liste d'auteurs qui nient la distinction entre ces deux Domitilles (Joseph Juste Scaliger, Nathaniel Lardner, Ernest Renan, Benjamin Aubé, Richard Adelbert Lipsius, Joseph Lightfoot, Stéphane Gsell, Albert Dufourcq) et d'auteurs qui l'affirment (Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont, Giovanni Battista De Rossi, Karl Georg Wieseler, Henry Doulcet, Albert Imhof)[34]. Parmi les chercheurs les plus récents, Alessandro Carletti[35] et P. Keresztes[36] affirment la distinction. De l'autre côté, Brian Jones la nie[37] et dit qu'avant César Baronius il n'y avait personne qui croyait dans l'existence de ces deux Flavia Domitilla[38]; John Granger Cook est du même avis[39], comme aussi Stephen Spence[40], Peter Lampe[41] et Jean Éracle[42].

Dans les éditions du Martyrologe romain révisées en conformité avec les instructions du Concile Vatican II en 2001 et 2004, sainte Domitilla est présentée comme dans les indications d'Eusèbe et de Jérôme, qui dans la lettre où il parle de la vie de Paula de Rome, dit que dans l'île de Pontia « si célèbre par l'exil de Flavia Domitilla, la plus illustre femme de son siècle », Paula a vu « les petites cellules où elle avait souffert un long martyre» »[43]

Ces mêmes éditions ne mentionnent aucune Plautilla.

Église orthodoxe

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Dans l'Église orthodoxe, sainte Plautilla est fêtée avec divers autres saints le 20 mai et on raconte que, selon la tradition, elle a été baptisée par saint Pierre, était présente au martyre de saint Paul, est considérée mère de sainte Domitilla et est morte comme martyre dans l'an 67. Dans l'art elle est représentée en offrant le voile à saint Paul au temps de son martyre ou en le recevant des mains de l'apôtre qui lui apparaît et le lui rend[3].

Notes et références

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  1. Passion de saint Paul dans Dictionnaire des apocryphes, ou Collection de tous les livres apocryphes relatifs à l'Ancien et au Nouveau Testament (Migne 1858), coll. 271–672
  2. a et b The Filarete Door
  3. a et b (el) Ἡ Ἁγία Πλατίλλα ἡ Ρωμαία dsns Μέγας Συναξαριστής.
  4. Panel 31 - Plautilla gives her veil to Paul, en-route to his execution
  5. Panel 33 - After his execution, Paul returns Plautilla's veil
  6. John B. Polhill, Paul and His Letters (B&H Publishing Group 1999) (ISBN 978-0-80541097-6), p. 444
  7. The Acts of Peter and Paul
  8. Marie-Françoise Baslez, Saint Paul, Paris, 2012, éd. Pluriel, p. 291.
  9. Les Actes de sainte Rufine et sainte Seconde
  10. Les 7 Frères et les Stes Rufine et Seconde, martyrs
  11. Martyrs de l'Église primitive
  12. Martyrologe d'Adon, 10 juillet
  13. [Martyrologium Romanum, editio altera (Typis Vaticanis 2004 (ISBN 978-88-209-7210-3)), p. 380
  14. Calendarium Romanum (1969), p. 129
  15. Édition de Laurentius Surius
  16. Édition des Bollandistes Henschen et Papenbroeck
  17. a et b Texte grec, p. 8
  18. Édition de Laurentius Surius des Acta SS. Nerei et Achillei
  19. Édition de Henschen et Papenbroeck
  20. "Découverte de la basilique de sainte Pétronille, et du tombeau des martyrs Nérée et Achillée, au cimetière de Domitille" dans Bulletin d'archeologie chretienne de M. le commandeur J.B. de'Rossi (Belley 1874)
  21. Henri Quentin, Les martyrologes historiques du Moyen-Âge (Paris 1908), p. 687
  22. Quentin, p. 563
  23. Martyrologium Romanum (Venise 1583)
  24. Martyrologium Romanum (Rome 1586)
  25. a et b Martryrologium Romanum ex decreto sacrosancti oecumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Ioannis Pauli PP. II promulgatum (Typis Vaticanis 2001 (ISBN 88-209-7210-7))
  26. Quentin, p. 689
  27. Adrien Baillet, Les vies des saints composées sur ce qui nous est resté de plus authentique et de plus assuré dans leur Histoire (Nouvelle édition, Paris 1739), tome I, p. xxxviii
  28. Adrien Baillet, Les vies des saints composées sur ce qui nous est resté de plus authentique et de plus assuré dans leur Histoire (Nouvelle édition, Paris 1739), tome IV, p. x
  29. Sacrosanctum Concilium, 92 c
  30. Conférence de presse de présentation du Martyrologe romain de 2001
  31. Eusèbe de Césarée, Histoire Écclesiastique, livre III, chapitre 18 (traduction française)
  32. Chronique (traduction latine par Jérôme)
  33. Cité dans John Granger Cook, Roman Attitudes Toward the Christians: From Claudius to Hadrian (Mohr Siebeck 2011) (ISBN 978-3-16150954-4), p. 130
  34. Paul Allard, Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles (troisième édition, Paris 1903), pp. 113–114
  35. Alessandro Carletti, Santa Flavia Domitilla Martire
  36. Andrew Cain, Jerome's Epitaph on Paula: A Commentary on the Epitaphium Sanctae Paulae with an Introduction, Text, and Translation (Oxford University Press 2013) (ISBN 978-0-19967260-8), p. 196
  37. Brian Jones, The Emperor Domitian (Routledge 2002) (ISBN 978-1-13485313-7), p. 48
  38. Jones, The Emperor Domitian, p. 116
  39. John Granger Cook, Roman Attitudes Toward the Christians: From Claudius to Hadrian (Mohr Siebeck 2011) (ISBN 978-3-16150954-4), p. 129
  40. Stephen Spence, The Parting of the Ways: The Roman Church as a Case Study, Peeters 2004 (ISBN 978-9-04291336-3), p. 167
  41. Peter Lampe, Christians at Rome in the First Two Centuries: From Paul to Valentinus, A&C Black 2006 (ISBN 978-0-82648102-3), p. 200]
  42. Jean Éracle, Une grande dame de l'ancienne Rome: Flavia Domitilla, petite fille de Vespasien, p. 125.
  43. Jérôme, Lettre CVIII, 7 (chapitre III)

Voir aussi

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Articles connexes

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