Pilier extérieur de Shöl à Lhassa

Le pilier extérieur ou doring chima (tibétain : རྡོ་རིང་ཕྱི་མ, Wylie : rdo ring phyi ma) de Shöl à Lhassa[1],[2], se dresse en avant de l'entrée sud du bourg de Shöl situé au pied du palais du Potala[3]. Érigé par le roi Trisong Detsen aux environs de 764[4], il porte les inscriptions les plus anciennes en tibétain ancien connues à ce jour[5],[6],[7].

Le Potala orné de deux grands thangka bouddhistes, Koku (tibétain : གོས་སྐུ, Wylie : gos sku) pour la cérémonie du Tsomchö Sertreng avec le pilier de Shol au premier plan en 1949.

Implantation modifier

En 1982, Heinrich Harrer signale dans son ouvrage Retour au Tibet que le pilier de Shöl se dressait initialement devant le palais du Potala mais qu'il a été déplacé et qu'un mur dissimule les textes gravés présentant l'histoire du Tibet[8].

Le pilier se trouve aujourd'hui en bordure sud de la portion centrale de la route de Beijing, sur la place du Potala[9].

Morphologie modifier

Érigé sur une petite plateforme, le pilier fait 8 mètres de hauteur. De section carrée, il présente des inscriptions sur ses faces nord, est et sud[10].

Inscription modifier

Le monument commémore le général Takdra Lukong, bras droit de Trisong Detsen, louant son intelligence, sa fidélité et ses exploits[10] lors des campagnes tibétaines contre la Chine, dont le point culminant fut la capture de la capitale Chang'an, aujourd'hui Xi'an, en 763[11]. Les Tibétains installèrent temporairement un empereur, parent de la princesse Jincheng Gongzhu (Kim-sheng Kong Co), épouse chinoise du père de Trisong Detsen, Tridé Tsuktsen[12],[13].

« Le roi Trisong Detsen est un homme sage et profond. La qualité de ses conseillers est reconnue, et ce qu’il fait pour le royaume est parfaitement réussi. Il a conquis et tient en son pouvoir beaucoup de provinces et forteresses chinoises. L’empereur chinois, Hehu Ki Wang (Daizong) et ses ministres ont été terrifiés. Ils ont offert un tribut annuel perpétuel de 50 000 rouleaux de soie et la Chine a été obligée de s’en acquitter. »

[14]

Le pilier intérieur modifier

Au pilier extérieur fait écho le pilier intérieur ou doring nangma (tibétain : རྡོ་རིང་ནང་མ, Wylie : rdo ring nang ma), lequel se dresse dans le bourg de Shol, en dessous de l'escalier qui mène au Potala. S'il présente la même hauteur et la même morphologie que le pilier extérieur, en revanche il ne porte aucune inscription[10].

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. Victor Chan, Tibet: guide du pèlerin, Éditions Olizane, 1998, (ISBN 2880862175), p. 211.
  2. (en) Knud Larsen et Amund Sinding-Larsen, The Lhasa Atlas: Traditional Tibetan Architecture and Landscape, Shambhala Books, Boston, 2001, p. 78.
  3. (en) Larsen et Sinding-Larsen (2001), p. 78.
  4. Ou « tout juste un peu plus tard », cf. (en) Hugh E. Richardson, A Corpus of Early Tibetan Inscriptions, (1985), (ISBN 0947593004) p. 2 : « I suggest, therefore, a date around 764 A.D. or only a little later. »
  5. Nicolas Tournadre, L'ergativité en tibétain: approche morphosyntaxique, Peeters Publishers, 1996, 393 pages, p. 366.
  6. (en) Florian Coulmas, « Tibetan writing », Blackwell Reference Online, (consulté le )
  7. (en) John D. Bengtson, In Hot Pursuit of Language in Prehistory, p. 429.
  8. Heinrich Harrer, Retour au Tibet, Arthaud, 1985, p. 40 et photographie p. 38.
  9. Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Petit Futé : Visite du Tibet, 2010-2011, p. 684 : « La colonne Shöl, érigée en 764, face au Potala, par un général de Tsongkhapa, se trouve à présent de l'autre côté de la route, sur la place. »
  10. a b et c Victor Chan, Tibet: guide du pèlerin, op. cit., pp. 211-212 (« Les doring Chima et Nangma »).
  11. (en) David Snellgrove et Hugh Richardson, A Cultural History of Tibet, 1995 edition with new material, Shambhala, Boston & London, (ISBN 1-57062-102-0), p. 91.
  12. (en) Hugh E. Richardson, Tibet & Its History, second edition, revised and updated, Shambhala Publications, Boston, 1984, (ISBN 0-87773-376-7), p. 30.
  13. (en) Christopher I. Beckwith, The Tibetan Empire in Central Asia, Princeton University Press, Princeton, New Jersey, 1987, (ISBN 0-691-02469-3), p. 148.
  14. Tsepon W. D. Shakabpa, Tibet: A Political History, Yale, 1967, p. 40

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Guntram Hazod, Wandering Monuments: The Discovery of the Place of Origin of the Shöl Stele of Lhasa (Monuments itinérants : La découverte du lieu d'origine de la stèle Shöl de Lhassa), 2010, Hongkong : Pacific Magazines Hong Kong : Orientations Magazine (ISSN 0030-5448), vol. 41, no 3, pp. 31-36

Articles connexes modifier

Liens externes modifier