Pierre-Louis Mallen

journaliste, diplomate, homme de lettres

Pierre-Louis Mallen est un journaliste, diplomate et homme de lettres français, membre correspondant de l'Institut de France, né le à Marseille (Bouches-du-Rhône), décédé le à Royan (Charente-Maritime).

Bibliographie modifier

Né à Marseille d’un père industriel, Émile Mallen (1862-1930), administrateur de la Chambre de Commerce et d’Industrie, et d’une mère originaire de Paris, Madeleine Raguenet (1875-1970), Pierre-Louis Mallen a effectué des études de droit à Aix en Provence, puis est devenu avocat au barreau de Marseille (1932-1939). Passionné de voyages et de journalisme, il est, en 1936, le chef de la mission balkanique de la Société de Géographie de Marseille[1] puis, en 1938, Secrétaire du Congrès d’action coloniale. En 1937, il effectue un reportage en Espagne (ses comptes-rendus d’alors sont aujourd'hui recueillis dans les fonds documentaires de La Contemporaine). Mobilisé en septembre 1939 en tant qu’officier de renseignement, il est capturé le 21 juin 1940 dans les Vosges, avec trois milliers de camarades, et est retenu prisonnier de guerre en Allemagne jusqu'en mai 1945, d’abord aux Oflag XIII-A et XIII-B (près de Nuremberg) de 1940 à 1941, puis à l’Oflag IV-D (Hoyerswerda, près de Dresde). Durant toute cette période, il tient un journal détaillé de sa vie quotidienne (de la déclaration de guerre jusqu'à sa libération – prochainement disponible sur le site web de La Contemporaine) et participe activement à la vie culturelle de ses camarades prisonniers (tous des officiers, parmi lesquels le philosophe Jean Guitton et l’historien helléniste Pierre Demargne) ; il organise notamment la tenue quotidienne de conférences sur les sujets les plus variés, de la philosophie à l’histoire, l’agriculture… en faisant appel aux compétences professionnelles multiples de cet exceptionnel rassemblement d’officiers. Libéré en avril 1945 (après un périple de 160 km à pied effectué avec 900 autres prisonniers à travers l’Allemagne) puis rapatrié en avion le 24 avril 1945 par les forces américaines depuis Leipzig jusqu'au Bourget, il est nommé Conseiller culturel et d’information (de 1945 à 1950) des ambassades de France en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg.

En 1946, il est délégué de la France à la Commission de l’information du Pacte des Cinq puis, de 1950 à 1963, directeur de l’information francophone de l’Organisation internationale pour les réfugiés à l’ONU, directeur du Centre d’information franco-marocain à Paris, conseiller au Cabinet du résident général de France à Rabat, directeur de l’Information de la radiodiffusion de la France d’Outre-mer, conseiller au Centre de diffusion française de la Présidence du Conseil des ministres, conseiller technique au Cabinet du ministre de l’Information.

 
Pierre-Louis Mallen, Délégué de l’ORTF au Canada (1967).

En 1963, il est chargé par Alain Peyrefitte, ministre de l'information sous la présidence de Charles de Gaulle, de créer au Canada une représentation permanente de l’audiovisuel français (RTF – Radiodiffusion Télévision Française). Passionné par l’aventure québécoise, il a, selon l’hommage rendu au lendemain de son décès par le journal québécois « Le Devoir », « consacré tous ses efforts à faire connaître aux Français l’aventure extraordinaire des Québécois, depuis la survivance de leur langue et de leur culture, l’étonnante ‘Révolution tranquille’, aux réalisations sociales et politiques des gouvernements du Parti québécois… ». En 1967, il prend une part active à la préparation et au déroulement de la visite du Général de Gaulle au Québec (à l’occasion de l’Expo’67 à Montréal), dont le point d’orgue sera le célèbre « Vive le Québec libre » lancé depuis le balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal le 24 juillet 1967. C’est en particulier Pierre-Louis Mallen qui, selon son récit dans « Vivre le Québec Libre », propose l’idée de faire arriver le Général de Gaulle en bateau depuis St Pierre et Miquelon, afin que celui-ci puisse débarquer directement au port de Québec (Anse au Foulon) – lui évitant ainsi de commencer son voyage officiel par Ottawa, la capitale fédérale du Canada. C’est également lui qui interviendra pour qu’un micro soit disposé (et en état de marche) sur le balcon de l’Hôtel de Ville, au cas où le Général voudrait s’adresser à la foule…[2]

 
Pierre-Louis Mallen et le Général de Gaulle, peu après le « Vive le Québec Libre » (24 Juillet 1967) ; derrière, le maire de Montréal, Jean Drapeau.

Par la suite, selon l’hommage posthume rendu par Le Devoir, « Pierre-Louis Mallen continua à resserrer les liens entre la France et le Québec : rencontres aux plus hauts niveaux politiques, fondation d’Associations régionales France-Québec, articles dans les journaux, conférences en France et dans de nombreux pays de l’Afrique francophone, et plusieurs livres »[3].

De retour en France en 1969, P.L. Mallen est nommé Directeur de l’ORTF à Grenoble (1969-1972) puis Conseiller technique au ministère des Affaires Étrangères (1972-1974). Il participe à la création de l’association France-Québec[4], dont il sera plusieurs années durant le secrétaire général, et fonde l’antenne régionale Alpes-Québec. Il a également été administrateur de l’Association Défense de la Langue Française.

Voyageur infatigable, il enchaîne, à près de 90 ans, un périple à l’Île de Pâques avec le Centre d’Études sur l’Île de Pâques et la Polynésie, puis un pèlerinage en Terre Sainte et au mont Sinaï avec l’Ordre Équestre du St-Sépulcre, dont il est membre depuis 1989.

Il s’éteint le 5 Août 2004, à l’âge de 95 ans, dans sa villa familiale à Royan.

Récompenses modifier

Œuvres modifier

  • Le Chapitre – prix de la Nouvelle (1942)
  • Restait l’espérance (pièce) – prix de la Croix Rouge (1944)
  • Exils – Poèmes et Nouvelles, avec Alfred Gaspart, Marcel-Joseph Trabaud et Pierre-Henri Simon (1945)
  • Victoire sur la Nahanni, la vallée sans hommes (Flammarion, 1968)
  • Vivre le Québec libre, Plon (Paris) et Presses de la Cité (Montréal), préfacé par René Lévesque (1978)
  • Êtes-vous dépendantiste ?, Les éditions La Presse, Montréal (1979)
  • Mémorial du Québec (1980)
  • Problèmes actuels des nations bilingues (Communication à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, 1983)
  • La grave illusion, Le monde diplomatique (1984) [1]
  • L'Exposition nationale coloniale de Marseille en 1922 (in ‘comptes-rendus trimestriels des séances de l'Académie des sciences d'outre-mer’, 1997)

Notes et références modifier

  • The Gaullist Attack on Canada, 1967-1997, de John Francis Bosher, McGill-Queen's Press, 2000

Liens externes modifier