Peter Ind

contrebassiste de jazz britanniqe, peintre et essayiste

Peter Ind est un contrebassiste de jazz britannique né le et mort le [1],[2].

Peter Ind
Naissance
Uxbridge, Middlesex, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Décès (à 93 ans)
Genre musical Jazz
Instruments contrebasse
Années actives 1948 - 2000
Labels Esquire, Wave, Atlantic, Storyville, Blue Note Records, EmArcy, Verve Records, Revelation Records

Carrière modifier

Débuts modifier

Peter Ind commence à jouer de la contrebasse dans des groupes de swing dès l'âge de 14 ans et devient musicien professionnel en 1947[1], à moins de vingt ans.

À partir de 1949, il travaille pendant trois ans au sein de l'orchestre du paquebot transatlantique britannique Queen Mary[1],[3].

New York modifier

Peter Ind fait ses débuts à New York en 1950 au Birdland Jazz Club avec le groupe du pianiste et compositeur Lennie Tristano (le gourou de l'école cool), puis s'installe en 1951 à New York où il suit les cours de Tristano[1].

Peter Ind donne ensuite à son tour des cours au contrebassiste Charles Mingus[1], et il continue de se produire et d'enregistrer avec Tristano ainsi qu'avec le disciple de ce dernier, le saxophoniste alto Lee Konitz, avec lequel il travaille régulièrement entre 1954 et 1957[3],[4],[5], apparaissant sur six des albums de Konitz[1].

En 1956, il joue et enregistre au club de jazz Hickory House de New York avec la pianiste allemande Jutta Hipp présentée au public américain par le critique musical de jazz et producteur de disques anglo-américain Leonard Feather comme la « First Lady of European Jazz », et qui fut la première Européenne et la première musicienne blanche à obtenir un contrat avec le célèbre label américain Blue Note Records[6],[7],[8].

En 1958, Peter Ind joue avec le batteur et chef d'orchestre Buddy Rich, un grand showman du jazz d'une conception musicale opposée à celle de Tristano, le novateur aux racines du cool jazz[3], puis avec des musiciens de hard bop tels que le saxophoniste ténor Booker Ervin ou le pianiste Mal Waldron[3].

Studio d'enregistrement et label modifier

Passionné par le processus d'enregistrement autant que par ses activités de bassiste, Ind achète son premier magnétophone en 1953, puis il crée son propre studio d'enregistrement en 1957 et devient l'un des premiers ingénieurs à enregistrer du jazz en direct en stéréo[3],[9]. Dans une interview donnée en 1980 à Les Tomkins, Peter Ind raconte « J'ai eu du mal à convaincre les compagnies d'acheter des bandes stéréo. Ils m'ont dit : "Ce n'est qu'un gadget - nous ne voudrons jamais ça", alors je leur ai répondu : "Bon, écoutez, je vous donnerai une copie mono si vous voulez, mais je pense qu'il serait plus sage de prendre la stéréo." »[9]. Dans cette même interview, Ind dit sa conviction que « l'une des choses qui ont, selon lui, détourné beaucoup de gens des disques de Charlie Parker, c'est le fait qu'ils ont été enregistrés sur de petits enregistreurs portables »,[9].

De nombreux enregistrements ont été réalisés dans son studio dans les années 1950 et au début des années 1960, notamment des sessions avec le saxophoniste ténor Zoot Sims et le saxophoniste baryton Gerry Mulligan[3].

Quatre ans plus tard, Ind lance son propre label, Wave[3], sur lequel il consacrera de multiples albums à son instrument, la contrebasse (voir la section Discographie).

Californie modifier

 
Warne Marsh.

En 1963, Peter Ind quitte New York et s'installe sur la côte ouest des États-Unis, dans la région montagneuse de Big Sur en Californie, où il reste trois ans de 1963 à 1966[1],[3]. Au cours de cette période, il s'adonne à la peinture, inspiré par une exposition de Van Gogh qu'il avait vue à Philadelphie en 1953[1], et enregistre plusieurs albums de contrebasse solo[3]. En 1965, il joue à nouveau avec Konitz et avec un autre disciple de Tristano, le saxophoniste ténor Warne Marsh[3] dont il dira dans l'interview donnée en 1980 à Les Tomkins « Ce qui est formidable dans la contribution de Warne, je pense, c'est qu'il est unique, en ce sens que sa force réside uniquement dans l'improvisation »[9].

Royaume-Uni modifier

En 1966, Peter Ind décide de quitter l'Amérique et de retourner au Royaume-Uni, où il s'installe dans un cottage dans la campagne galloise[1]. En 1967, il co-crée le premier cours de jazz à plein temps du Royaume-Uni au Leeds College of Music[1].

Dans le même temps, Ind continue à se produire, à enseigner et à gérer son label[3],[9]. Les activités avec Konitz et Marsh se poursuivent, notamment avec des tournées en 1975 et 1976[3].

En 1981, il crée un studio dans le quartier de Hoxton à Londres, dans les caves duquel il ouvre en 1984 ouvre le club de jazz Bass Clef, qui a été dans les années 1980 et au début des années 1990 l'un des clubs de jazz les plus populaires de la ville avant de fermer en 1994 à cause de problèmes fiscaux, laissant Ind profondément endetté[1],[3],[5].

Peter Ind passe une grande partie de ses dernières années en France et en Espagne, s'installant finalement dans le village de Rottingdean, sur la côte du Sussex[1].

Biographie de Lennie Tristano par Peter Ind modifier

« En 2005, l'éditeur londonien Equinox publie le livre d'Ind, Lennie Tristano And His Legacy, dans lequel Ind raconte l'histoire de son séjour à New York, où il a étudié avec Tristano, et plaide pour que le pianiste reçoive un plus grand respect critique pour ses innovations des années 1950 »[5],[10],[11].

Pour Ira Gitler, journaliste américain et historien du jazz, auteur de The Biographical Encyclopedia of Jazz avec Leonard Feather[12] « L'histoire de Lennie Tristano a besoin d'être racontée depuis longtemps. Qui (pouvait le faire) mieux que Peter Ind, qui connaissait Lennie et sa musique probablement mieux que quiconque ? »[11].

Pour John Chilton, trompettiste de jazz professionnel et écrivain sur le jazz, Jazz Visions - Lennie Tristano And His Legacy « est un livre remarquable qui présente un double portrait fascinant du sujet et de l'auteur »[11].

Steven Cerra de Jazz Profiles conclut : « Le livre de Peter sur Lennie a peut-être été long à venir, mais il valait la peine d'attendre et le monde du jazz lui doit beaucoup pour l'avoir écrit »[11].

Discographie sélective modifier

En tant que leader ou co-leader modifier

De 1960 à 2000, Peter Ind a consacré de multiples albums à son instrument, la contrebasse, principalement sur son propre label, Wave[13],[14],[15],[16],[17],[18],[19] :

Année Album Label
1960 Looking Out Esquire
1968 Improvisation Wave
1969 Time For Improvisation LP4
1970 Contra-Bach (avec Bernie Cash) Wave
1988 Jazz Bass Baroque Wave
2000 Alone Together (avec Rufus Reid) Wave
Guitar Jam - London Sessions Two (avec Tony Barnard) Wave

En tant que sideman modifier

Peter Ind a enregistré en tant que sideman avec des artistes de jazz de premier rang comme Lee Konitz, Paul Bley, Jutta Hipp[20],[21], Buddy Rich et Warne Marsh[22] :

Année Leader Album Label
1954 Lee Konitz Konitz Storyville Records
1955 Paul Bley Paul Bley EmArcy
1956 Lee Konitz Inside Hi-Fi Atlantic
Jutta Hipp Jutta Hipp at the Hickory House Volume 1 Blue Note Records
Jutta Hipp Jutta Hipp at the Hickory House Volume 2 Blue Note
1957 Lee Konitz The Real Lee Konitz Atlantic
Lee Konitz Very Cool Verve
1958 Buddy Rich Buddy Rich in Miami Verve Records
1959 Warne Marsh The Art of Improvising Revelation Records
1977 Lee Konitz London Concert Wave

Compilation modifier

Le label Real Gone Jazz a consacré en 2013 un coffret de 4 CD regroupant 9 albums[23] : l'album Looking Out où Ind est leader (1961) et 8 albums où il accompagne Paul Bley, Jutta Hipp, Lee Konitz et Buddy Rich, couvrant la période 1954 à 1958 :

Année Leader Album Label
2013 Ind, Konitz, Bley, Hipp, Rich Peter Ind With Lee Konitz, Paul Bley, Jutta Hipp & Buddy Rich Real Gone Jazz

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k et l Nick Hasted, « Peter Ind – 20/07/1928-20/08/2021 », Jazzwise,
  2. [1]
  3. a b c d e f g h i j k l et m (en) Eugene Chadbourne, « Peter Ind Biography by Eugene Chadbourne », AllMusic
  4. (en) John Fordham, « Lee Konitz/Peter Ind », The Guardian,
  5. a b et c (en) Stephen Graham, « Jazz breaking news: Peter Ind Presents A Rare Insight Into The World of Wilhelm Reich », Jazzwise,
  6. (de) Ilona Haberkamp, « Jutta Hipp – Pianistin, Poetin und Malerin - eine wahre Blue Note Legende », sur Melodiva,
  7. (de) Gerlinde Kämmerer, « Hipp, Jutta », sur le site de la Ville de Leipzig (Stadt Leipzig),
  8. (de) René Zipperlen, « Überleben im Bebop-Business », Taz,
  9. a b c d et e (en) Les Tomkins, « Peter Ind speaks his mind », Jazz Professional,
  10. (en) « Jazz Visions - Lennie Tristano and His Legacy », Equinox
  11. a b c et d (en) Steven A. Cerra, « Jazz Visions: Lennie Tristano and His Legacy by Peter Ind », Jazz Profiles,
  12. (en) Discogs : Ira Gitler
  13. (en) « Peter Ind Discography », AllMusic
  14. (en) « Peter Ind – Looking Out », Discogs
  15. (en) « Peter Ind – Improvisation - Contrabass », Discogs
  16. (en) « Peter Ind – Time For Improvisation », Discogs
  17. (en) « Peter Ind, Bernie Cash – Contra-Bach », Discogs
  18. (en) « Peter Ind – Jazz Bass Baroque », Discogs
  19. (en) « Peter Ind & Rufus Reid – Alone Together », Discogs
  20. (en) Stephen Thomas Erlewine, « Jutta Hipp at the Hickory House, Vol. 1 », sur allmusic.com (consulté le ).
  21. (en) Stephen Thomas Erlewine, « Jutta Hipp at the Hickory House, Vol. 2 », sur allmusic.com (consulté le ).
  22. (en) « Lee Konitz • Warne Marsh • Al Levitt • Peter Ind – London Concert », Discogs
  23. (en) Discogs : Peter Ind With Lee Konitz, Paul Bley, Jutta Hipp & Buddy Rich

Liens externes modifier