Paul Grimault

cinéaste d'animation
Paul Grimault
Paul Grimault en 1961 dans le film Mon frère Jacques par Pierre Prévert.
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Paul Grimault, né le à Neuilly-sur-Seine et mort le au Mesnil-Saint-Denis, est un réalisateur de films d'animation français.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Il passe son enfance à Brunoy mais au début de la guerre de 1914, ses parents l'envoient en Normandie. En 1916, il s'installe à Paris avec sa famille. Il entre à l'école de dessin Germain-Pilon de 1919 à 1922. Il travaille ensuite dans l'atelier de décoration Pomone au Bon Marché. Après son service militaire (1925 - 1926), il est employé comme dessinateur de meubles au faubourg Saint-Antoine de 1927 à 1928.

Puis il entre comme dessinateur, en 1929, dans l'atelier de publicité de l'Agence Damour. Là, il y rencontre Jean Aurenche, Jean Anouilh et Jacques Prévert[1]. Il participe au Groupe Octobre de 1931 à 1936. Il joue de petits rôles au cinéma notamment dans L'Atalante de Jean Vigo. En 1932 il réalise une bande publicitaire, La table tournante, avec Jean Aurenche.

Cinéma d'animation modifier

 
Paul Grimault en 1945.

Paul Grimault est réalisateur de films d'animation. En 1936, il crée avec André Sarrut, producteur de cinéma, la société de films d'animation Les Gémeaux qui se développe jusque vers 1950 puis fait faillite[2]. Après la réalisation de plusieurs films publicitaires et de courts métrages d'animation, dont phénomènes électriques (une commande pour l'exposition internationale de Paris)[3], le marchand de notes (1943) où apparait pour la première fois le personnage de Niglo, L'épouvantail qui reçoit le prix Émile-Reynaud en 1943, Le Voleur de paratonnerres, Le Petit Soldat première collaboration avec Prévert[4], Les Gémeaux débutent en 1947 un long métrage tiré du conte d'Andersen, La Bergère et le Ramoneur. Malgré la motivation des 150 employés des Gémeaux — animateurs, dessinateurs, décorateurs, monteurs, gouacheurs, traceurs, personnel administratif — qui s'investissent dans ce projet de long métrage, Paul Grimault et Jacques Prévert doivent faire face à de grandes difficultés financières pour boucler leur film après cinq ans de travail acharné. Le , la presse annonce la sortie du film le et un budget de plus de 600 millions de Francs[5]. André Sarrut termine et diffuse malgré tout La Bergère et le Ramoneur en bâclant la fin du film contre l'avis de Grimault et Prévert, qui renient cette version. En 1976, Paul Grimault rachète le négatif du film pour créer Le Roi et l'Oiseau selon ses souhaits avec l’aide de jeunes animateurs. À sa sortie, en 1980, il obtient le prix Louis-Delluc 1979, et 1,7 million de spectateurs vont voir le film[6].

Il crée en 1951 une seconde société d'animation, Les Films Paul Grimault, qui, outre Le Roi et l'Oiseau, produit des films comme La Légende de la soie, La Faim du monde (ou La Faim dans le monde), Le Diamant, Le Chien mélomane et son dernier long-métrage La Table tournante en collaboration avec Jacques Demy, qui réunit la plupart de ses courts-métrages d'animation.

Paul Grimault reçoit un César d'honneur lors de la 14e cérémonie des César en 1989.

Ses personnages modifier

 
Paul Grimault et André Sarrut aux Gémeaux en 1953.

On a quelquefois considéré Paul Grimault comme le Walt Disney français[7], mais contrairement à ce dernier, il ne réutilise pas ses personnages. Il en fait évoluer certains, comme les flics jumeaux du Voleur de paratonnerres que rappelle Le Sir de Massouf de La Flûte magique, et qui deviendra Le Chef de la Police dans Le Roi et l'Oiseau. Gô des Passagers de la Grande Ourse deviendra de son côté Niglo du Marchand de notes, qui deviendra le Ramoneur du Roi et l'Oiseau.

Les animateurs modifier

Beaucoup d'animateurs travaillent avec Paul Grimault entre 1936 et 1988. Au studio Les Gémeaux collaborent notamment Jacques Asséo, Vilma de Kiss, Gabriel Allignet, Léon Dupont, Georges Juillet, Henri Lacam, Alberto Ruiz, Jean Vimenet et Léon Dupont, Roger Ségui, Jacques Colombat, Jean-François Laguionie et Philippe Leclerc.

Acteur modifier

Depuis ses débuts dans des films publicitaires des années 1930 réalisés par Marcel Carné ou Jean Aurenche, Grimault multiplie les silhouettes et figurations dans les films de ses proches, et particulièrement ceux qui réunissent ses amis du Groupe Octobre. L'une des plus connues est celle d'un ouvrier typographe dans Le Crime de M. Lange de Jean Renoir (1936)[8]. L'une des dernières est une silhouette d'ouvrier maladroit dans Mon oncle de Jacques Tati (1958).

Mort modifier

 
Tombe de Paul Grimault au cimetière de l'Ouest de Boulogne-Billancourt (division 9).

Paul Grimault meurt le au Mesnil-Saint-Denis, à l'âge de 89 ans. Il est inhumé dans le caveau de famille paternel, situé dans la 9e division du cimetière de l'Ouest à Boulogne-Billancourt[9].

Postérité modifier

Parmi les nombreux réalisateurs de films d'animation qui reconnaissent l'influence sur leur œuvre des films de Paul Grimault, figurent les grands maîtres japonais Isao Takahata et Hayao Miyazaki[10]. Cette filiation artistique majeure pour le dessin animé contemporain a notamment fait l'objet d'une grande exposition à l'Abbaye de Fontevraud en 2008 (commissariat de Jean-Pierre Pagliano, Xavier Kawa-Topor et Ilan Nguyen).

Filmographie modifier

Longs métrages modifier

  • 1953 : La Bergère et le Ramoneur, film contesté par ses auteurs[11]. D'après le conte de Hans Christian Andersen.
  • 1980 : Le Roi et l'Oiseau, réalisé en réutilisant une partie des plans de La Bergère et le Ramoneur. Ce film a reçu le Prix Louis-Delluc en , avant sa sortie en salle le [12].
  • 1988 : La Table tournante, film réalisé en collaboration avec Jacques Demy, il regroupe une grande partie de ses courts-métrages, et une courte séquence (le Fou du Roi) spécialement conçue pour être intégrée au film[13].
    • Le sortent de nouveau dans les salles au cinéma deux programmes de courts métrages restaurés de Paul Grimault pour les petits et pour les grands (42 minutes et 62 minutes) intitulé Le monde animé de Grimault[14], soit 8 dessins animés : Le petit soldat, Le marchand de notes, L'épouvantail, Le voleur de paratonnerres, Les passagers de la grande ourse, Le chien mélomane, Le diamant et La flûte magique[15].

Courts métrages modifier

Publications modifier

Ouvrages de Paul Grimault modifier

  • Le Roi et l'oiseau, en collaboration avec Jacques Prévert, Paris, Gallimard, 1980 (album tiré du film homonyme).
  • Traits de mémoire, préface de Jean-Pierre Pagliano, Paris, éditions du Seuil, 1991.

Livres illustrés par Paul Grimault modifier

  • Jean L'Hôte, La communale, Paris, éditions du Seuil, 1957.
  • Albert Simonin, Le Petit Simonin illustré, édition Pierre Amiot, 1957.

Bibliographie modifier

Albums tirés de films de Paul Grimault modifier

  • Paul Mariel, Les passagers de la Grande Ourse, Paris, Gallimard, 1944
  • Paul Guth, L'Épouvantail, Paris, Gallimard, 1946

Ouvrages sur l'œuvre de Paul Grimault modifier

  • Jean-Pierre Pagliano, "Paul Grimault", éditions Lherminier, Paris, 1986 (réédité chez Dreamland en 1996)
  • Jean-Pierre Pagliano, "Le Roi et l'Oiseau. Voyage au cœur du chef-d’œuvre de Prévert et Grimault", éditions Belin, "Paris, 2012.
  • « Hommage à Paul Grimault », 54e rencontre internationale du cinéma, Pontarlier, 1999
  • Paul Grimault, artisan de l'imaginaire, catalogue d'exposition, édition Mission pour l'aménagement du Palais de Tokyo, 1991

Radio modifier

  • Cinq entretiens "à voix nue" de Jean-Pierre Pagliano avec Paul Grimault, France Culture, du au
  • Le Bon Plaisir de Paul Grimault par Jean-Pierre Pagliano, France Culture, . Avec la participation, notamment, de Maurice Baquet, Francis Lemarque, Gabriel Allignet, Jacques Asséo et Jean Vimenet.

Distinctions modifier

Prix modifier

Décorations modifier

Hommages modifier

Le groupe de rock français Noir Désir rend hommage au réalisateur dans Un jour en France, titre paru sur l'album 666.667 Club : « Y’avait Paul et Mickey On pouvait discuter Mais c’est Mickey qui a gagné. Allez d’accord, n’en parlons plus »[17].

Dans le 13e arrondissement de Paris, le square Paul-Grimault lui rend hommage.

Notes et références modifier

  1. Paul Grimault, Traits de mémoire, Seuil, 1991, p. 227
  2. 24 Heures 12 avril 1980
  3. Il utilise l'invention du professeur Chrétien l'hypergonar et pour la première fois en France le procédé Technicolor
  4. Jean-Loup Passek dir. Dictionnaire du cinéma français Larousse 1987 p. 184
  5. (en) « French Cartoon Ready », New York Times,‎ , p. 33
  6. « Les secrets de tournage du film Le Roi et l'oiseau » [vidéo], sur Allociné (consulté le ).
  7. Jacques Demy, dans la bande-annonce de La Table Tournante
  8. Carole Aurouet, Prévert, portrait d'une vie (Ramsay, 2007, 239 p., p. 218) : "Paul Grimault, « Paulo pour nous », confie Pierre Prévert, est lui aussi né à Neuilly-sur-Seine, cinq ans après Jacques. D’autres similitudes les rapprochent puisqu’il a également passé des périodes de son enfance en Bretagne, travaillé au Bon Marché et dans une agence de publicité. C’est d’ailleurs là, vers 1929, dans l’agence d’Étienne Damour, qu’il côtoie Jean Anouilh, Yves Allégret et Jacques Prévert. Grimault est de l’aventure du groupe Octobre, du temps de "Vive la presse" et de la « Revue bretonne ». Puis il incarne un typographe dans Le Crime de M. Lange. Ensuite il deviendra le maître du cinéma d’animation, créant de remarquables dessins animés, dont plusieurs avec Jacques."
  9. Collectif Sarka-SPIP, « GRIMAULT Paul (1905-1994) - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  10. Baudouin Eschapasse, « Pourquoi il faut voir Le Château de Cagliostro de Miyazaki », sur Le Point, (consulté le )
  11. Paul Grimault, Traits de mémoire, Seuil, 1991, p. 161 : "Quinze ans plus tard, je rachetais le négatif de mon film. Il avait été exploité jusqu'à l'expiration des droits dans la version défigurée que nous avions toujours contestée."
  12. Paul Grimault, Traits de mémoire, Seuil, 1991, p. 230
  13. Paul Grimault, Traits de mémoire, Seuil, 1991, p. 118
  14. Xavier Leherpeur, « "La Belle Epoque", "Adults in the Room"...les films à voir (ou pas) cette semaine Le monde animé de Grimault », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur,
  15. Jean-Baptiste Morain, « Paul Grimault fait rimer surréalisme et anticolonialiste », sur lesinrocks.com, Les Inrockuptibles,
  16. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  17. Arnaud et Solène, « Le Roi, l’oiseau et Chihiro ! »,  : « A cette époque, Paul Grimault est le concurrent direct de Walt Disney. [...] La concurrence est rude. Disney emporte la partie et trouve même un écho dans une chanson du groupe Noir désir, Un jour en France. »

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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