Paul Ehrlich

Médecin et scientifique allemand
Paul Ehrlich
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Ancien cimetière juif (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Hedwig Pinkus (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Ses travaux sur l'hématologie et l'immunologie
signature de Paul Ehrlich
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Paul Ehrlich (en allemand : /paʊ̯l ˈeːɐlɪç/[1] Écouter, à Strehlen, Royaume de Prusse - à Bad Homburg vor der Höhe, grand-duché de Hesse) est un scientifique allemand. Connu pour ses travaux en hématologie, en immunologie et en pharmacologie, il est considéré comme le père de la chimiothérapie. Il est avec Ilya Ilitch Metchnikov co-lauréat du Prix Nobel de physiologie ou médecine de 1908[2].

Biographie modifier

De confession juive (son père Ismar Ehrlich était chef de la communauté juive locale), Paul Ehrlich poursuit ses études secondaires au lycée Sainte-Marie-Madeleine de Breslau. Après des études à Breslau, Strasbourg et Leipzig, il obtient en 1878 un doctorat en médecine, à la suite d’une thèse sur la coloration des tissus animaux. Il poursuit ses travaux sur les colorants et démontre qu'ils peuvent être classés en trois catégories : basophiles, neutrophiles et acidophiles. Il montre en outre que ces colorants ont des affinités en fonction des tissus ou des micro-organismes avec lesquels ils sont mis en présence. Ainsi, par exemple, le bleu de méthylène colore le tissu nerveux.

En 1882, il découvre une méthode de coloration du bacille de Koch, responsable de la tuberculose, grâce à la fuchsine. Cette méthode de diagnostic de la tuberculose est devenue classique[3].

Le , il épousa Hedwige Pinkus dans la synagogue de Neustadt en Haute-Silésie[4]. Le père de Hedwig, Josef Pinkus, qui a hérité de l'usine textile de Samuel Fränkel à Neustadt (appelée plus tard "Frotex"), a financé Ehrlich pour mettre en place un laboratoire moderne. Ehrlich s'installe à Neustadt, à la villa de la famille Fränkel[5].

En 1887, il est nommé professeur à la faculté de médecine à Berlin. Il s'intéresse par la suite aux problèmes d’immunité et développe une théorie de la réponse immunitaire centrée sur l’interaction entre les antigènes et les anticorps. Par ailleurs, sachant que certains colorants tuent les micro-organismes, il poursuit ses recherches afin d’utiliser ces colorants à des fins thérapeutiques. Il met également au point une méthode de standardisation des sérums antidiphtériques.

En 1908, il est colauréat avec Ilya Ilitch Metchnikov du prix Nobel de physiologie ou médecine « en reconnaissance de leurs travaux sur l'immunité[2] ». Il est élu membre étranger de la Royal Society en 1910. En 1911, il obtient la médaille Liebig.

En 1909, étudiant chez Bayer les dérivés de l'atoxyl de Béchamp, il met au point un arsenical actif contre la syphilis, l'arsphénamine, ou 606, premier médicament de synthèse véritablement efficace qu'il commercialise sous le nom de Salvarsan et qu'il perfectionne par la suite en Néosalvarsan[6]. Cette découverte eut un tel impact à l'époque qu'elle inspira à Vincent Scotto une chanson[7] (« La formule 606 », interprétée par Paul Lack). Isolé au début des années 1920, l'élément actif de l'arsphénamine sera mis au point en 1936 par Tatum et Cooper et lancé sur le marché sous le nom de Mapharsen. Il sera remplacé à partir de 1945 par la pénicilline. La découverte du Salvarsan vaut à Paul Ehrlich d'être considéré par beaucoup comme « le père de la chimiothérapie ».

En 1914, il est l'un des signataires du Manifeste des 93.

Représentations modifier

Filmographie modifier

Cinéma modifier

En 1940, Edward G. Robinson incarne Paul Ehrlich dans un film de William Dieterle, La Balle magique du Docteur Ehrlich (Dr. Ehrlich's Magic Bullet, référence à l'expression d'Ehrlich des « balles magiques », substances chimiques aux effets ciblés sur les cellules malades[8]), qui retrace son œuvre scientifique, en particulier la mise au point du 606.

Télévision modifier

Christoph Bach le joue dans Charité sorti en 2017.

Billet de banque modifier

Son portrait figure sur le billet allemand de 200 deutschemarks à partir de 1989.

Bibliographie modifier

  • René Dumesnil et Flavien Bonnet-Roy , Les Médecins célèbres (1947), éd. Mazenod, Paris, pp. 251 et suiv.
  • Alfred Blaschko, Paul Ehrlich gestorben. In: Berliner Tageblatt. Vol. 44, 1915, Nr. 425 (Sonnabend, 21 août 1915), p. 1 et suiv.
  • Werner E. Gerabek, Paul Ehrlich. In: Horst Kant und andere: Harenberg Lexikon der Nobelpreisträger. Alle Preisträger seit 1901. Ihre Leistungen, ihr Leben, ihre Wirkung. Hrsg. vom Harenberg Lexikon Verlag. Harenberg, Dortmund 1998, pp. 58–60.
  • Martha Marquardt, Paul Ehrlich als Mensch und Arbeiter. Erinnerungen aus dreizehn Jahren seines Lebens. 1902–1915. Mit einer Einführung von Richard Koch (de). Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart u. a. 1924. (Martha Marquardt war Ehrlichs langjährige Sekretärin)
  • (de) Werner Leibbrand, « Ehrlich, Paul », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 4, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 364–365 (original numérisé).
  • Heinrich Satter, Paul Ehrlich. Begründer der Chemotherapie. Leben – Werk – Vermächtnis. Oldenbourg, Munich 1962 (2éd. 1963).
  • Ernst Bäumler, Paul Ehrlich. Forscher für das Leben. 3e éd. revue et corrigée. Edition Wötzel, Francfort-sur-le-Main (1997) (ISBN 3-7973-0345-9).
  • Timothy Lenoir, A magic bullet: Research for profit and the growth of knowledge in Germany around 1900. In: Minerva. Vol. 26, Nr. 1, 1998, pp. 66–88. doi:10.1007/BF01096701
  • Hans Loewe, Paul Ehrlich. Schöpfer der Chemotherapie. Stuttgart 1950.
  • Florian G. Mildenberger (de) : Kein Heil durch Arsen? Die Salvarsandebatte und ihre Konsequenzen. In: Fachprosaforschung – Grenzüberschreitungen 8-9 (2012-13), pp. 327–390.
  • Albert Neisser, Paul Ehrlich, gestorben den 20. August 1915. In: Arch. Dermatol. Syph. Band 121, 1915, pp. 557 f.
  • Arthur M. Silverstein, Paul Ehrlich's Receptor Immunology. The Magnificent Obsession. Academic Press, San Diego 2002 (ISBN 978-0-12-643765-2). (Erläuterung der Seitenkettentheorie)
  • Fritz Sörgel et al., Welche Berufsbezeichnung wird Ehrlichs Wirken gerecht. In: Chemotherapie Journal. Vol. 13, n°4, 2004, pp. 157–165. (fichier PDF, 340 kB)
  • Werner Köhler, Ehrlich, Paul. In: Werner E. Gerabek, Bernhard D. Haage, Gundolf Keil, Wolfgang Wegner (éd.) Enzyklopädie Medizingeschichte. De Gruyter, Berlin/ New York 2005 (ISBN 3-11-015714-4), pp. 336 et suiv.
  • Axel C. Hüntelmann, Paul Ehrlich: Leben, Forschung, Ökonomien, Netzwerke. Wallstein, Göttingen 2011 (ISBN 978-3-8353-0867-1).
  • Friedrich Hofmann (de), Tödliche Welten – Die unglaubliche Geschichte von drei Medizinern, die Millionen Menschen das Leben retteten. Herder, Fribourg-en-Brisgau 2010 (ISBN 978-3-451-06202-5).
  • Fritz Krafft (de) (éd.), Vorstoß ins Unerkannte. Lexikon großer Naturwissenschaftler. 3e éd. Weinheim/ New York/ Toronto/ Singapour 1999, pp. 132–134 (Paul Ehrlich).
  • Gerhard Venzmer (de), Paul Ehrlich. Leben und Wirken. Stuttgart 1948.
  • Otto H. Warburg : Paul Ehrlich. In: Hermann Heimpel, Theodor Heuss, Benno Reifenberg (de) (Hrsg.) : Die Großen Deutschen. Deutsche Biographie, Band IV. Berlin 1957, pp. 186–192.
  • Kirsten Weinig (éd.), Kurzführer zur Ausstellung „Arsen und Spitzenforschung. Paul Ehrlich und die Anfänge einer neuen Medizin“, Berlin 2015.

Article connexe modifier

Notes et références modifier

  1. Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
  2. a et b (en) « in recognition of their work on immunity » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1908 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 21 novembre 2010
  3. Cf. Paul De Kruif, Les Chasseurs de Microbes, éd. Marabout-Junior (1954).
  4. « Ehrlich Paul | שטעטל וירטואלית », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  5. « Śląscy nobliści », sur www.zskorczak-prudnik.pl (consulté le )
  6. Christine Debue-Barazer, « À l’origine de la chimie thérapeutique française : La Chimiothérapie allemande », dans « Les Implications scientifiques et industrielles du succès de la Stovaïne : Ernest Fourneau (1872-1949) et la chimie des médicaments en France », dans Gesnerus, vol. 64, no 1-2, 2007, pp. 40-46. (Texte intégral. Consulté le .)
  7. « La formule 606 », sur Phonobasehttps://fr.wikisource.org/wiki/La_Muse_au_cabaret/La_Formule_606
  8. (en) Siddhartha Mukherjee, The Emperor of All Maladies : A Biography of Cancer, Simon and Schuster, , p. 86.

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