Le pare-vapeur ou membrane pare-vapeur est un produit de construction dont la fonction est d'entraver le cheminement de la vapeur d'eau à l'intérieur d'une paroi. Il s'agit souvent d'un écran souple de protection constitué d'un film et appliqué sur les surfaces intérieures (plafond, mur...). Un frein-vapeur est un produit ou un matériau de construction qui bloque une partie de la vapeur d'eau. En évitant la migration de la vapeur d'eau à l'intérieur des parois, le pare-vapeur permet d'éloigner le risque de condensation dans les murs, plafonds et planchers, pouvant conduire à une détérioration du bâti ou à une mauvaise qualité de l'air intérieur.

Pare-vapeur polyéthylène sur une paroi.

Gestion de l'humidité dans les constructions modifier

Origine de la vapeur d'eau dans les constructions modifier

L'humidité dans les constructions vient de deux sources principales : de l'eau à l'état liquide (infiltrations d'eau de pluie, remontées capillaires, mais également dégâts des eaux) et de la vapeur d'eau. La vapeur d'eau est produite durant le chantier par le séchage des matériaux comme les chapes, mortiers, enduits et peintures, voire par le séchage fortuit de matériaux ayant été exposés aux eaux de pluie[1]. Durant l'utilisation du bâtiment, les occupants produisent de la vapeur d'eau par leur respiration et surtout par l'usage de ce bâtiment (séchage du linge ou cuisine par exemple). Les quantités d'eau transportées dans l'air sont beaucoup plus élevées que celles transportées par les matériaux[2].

Condensation de la vapeur d'eau modifier

La vapeur d'eau contenue dans l'air peut condenser sur des surfaces dont la température est inférieure ou égale au point de rosée[2],[Note 1]. Elle peut également se diffuser à travers une paroi lorsque les concentrations en vapeur d'eau sont différentes de part et d'autre de la paroi : il s'agit du phénomène de migration de la vapeur d'eau[2]. Si au cours de cette migration à travers un matériau, la température de la paroi est inférieure ou égale au point de rosée, la vapeur d'eau va condenser à l'intérieur de la paroi[2].

Impacts modifier

L'humidité relative de l'air a un impact sur la sensation de confort dans un bâtiment : l'humidité optimale pour l'être humain se situe entre 30% et 80%HR[2]. La conjonction entre une forte température et une forte humidité de l'air a un impact sur la santé humaine[2]. Les condensations peuvent favoriser la prolifération de microorganismes. Ces moisissures ont des effets négatifs sur le système respiratoire, tout particulièrement sur les personnes sensibles[3],[4]. La présence d'eau condensée sur ou à l'intérieur de la paroi est une source de dégradation des matériaux de construction[3],[5]. La présence d'eau à l'intérieur d'un isolant diminue sa performance thermique[6].

Occurrence modifier

Dans la construction comme dans la réhabilitation, la volonté de diminuer l'impact énergétique d'un bâtiment conduit à améliorer l'étanchéité à l'air de celui-ci. La vapeur d'eau contenue dans l'air peut donc rester piégée à l'intérieur du bâtiment, augmentant le risque de condensation superficielle ou à l'intérieur des parois[7]. Dans le bâti existant, la modification de l'enveloppe[Note 2] induit un bouleversement des transferts d'eau dans le bâtiment : cela peut conduire à des désordres majeurs affectant la structure[7].

Description modifier

Le pare-vapeur est une membrane apportant une résistance au passage de la vapeur d’eau : cette membrane peut être composée d'un film de PVC, de polyéthylène, de polyester, papier-plomb[Note 3], papier goudronné[Note 4], feuille d'aluminium[8]. Certains pare-vapeur assurent en plus la fonction de membrane d'étanchéité à l'air[9].

Matériaux modifier

En étanchéité des toitures-terrasses en France, le pare-vapeur est défini dans les DTU 43.1 et 43.11. Il se compose de plusieurs couches de matériaux dont la composition varie selon l’hygrométrie et le type de chauffage du local en dessous de la toiture, du type de protection de la toiture[Note 5] et du climat[Note 6],[10],[11]. Parmi les différentes couches constituant un pare-vapeur, il existe des matériaux à base de bitume comme l'enduit d'imprégnation à froid ou l'enduit d'application à chaud, des produits de construction en feuille préfabriquée, également à base de bitume, comme le bitume modifié par élastomère SBS, la feuille de bitume élastomérique 35 Alu, la feuille de bitume élastomère BE 35 pour les relevés et l'aluminium bituminé[12].

Pour les parois et plafonds des bâtiments, le pare-vapeur est une feuille plastique ou élastomère souple. Plusieurs accessoires s'ajoutent à ce film, comme de la bande adhésive ou des accessoires de pénétration des différents réseaux (gaines électriques par exemple). Trois groupes de matières synthétiques sont employés : les plastiques, les élastomères et les élastomères thermoplastiques[13]. En Europe, ces produits font l'objet d'une norme européenne NF EN 13984, qui définit leurs caractéristiques physiques minimales et les essais à réaliser pour prouver ces caractéristiques[13].

Matières synthétiques utilisées pour les membranes pare-vapeur[13]
Famille Liste des matériaux
Plastiques CSM, EEA, EBA, ECB, EVAC, FPO, FPP, PE, PE-C, PIB, PP, PVC
Élastomères BR, CR, CSM, EPDM, IIR, NBR
Élastomères thermoplastiques EA, MPR, SEBS, TPE-O et TPE-V

Caractéristiques physiques modifier

En France, la membrane pare-vapeur est caractérisée par sa résistance à la diffusion de la vapeur d'eau, notée Sd. Le facteur Sd est l'épaisseur en mètre d’une couche d’air ayant la même perméance que le matériau considéré[14]. Plus le facteur Sd est grand, plus le blocage du transfert de vapeur d'eau est grand. Il existe des pare-vapeurs de valeur Sd supérieure ou égale à 50 m qui bloquent fortement la vapeur d'eau tout comme des valeurs plus faibles, inférieures à 15 m[9]. Le Sd d'un frein-vapeur n'est pas clairement défini dans les textes, il est usuellement considéré comme inférieur à 15 m[14]. Les pare-vapeur hygrovariables ont une valeur Sd qui varie en fonction de l'hygrométrie[14].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Par exemple, l'eau contenue par l'air condense à la surface d'un miroir lorsqu'on prend une douche.
  2. Par exemple en augmentant l'isolation ou en remplaçant ses fenêtres.
  3. Ce matériau n'est plus utilisé comme pare-vapeur.
  4. Ce matériau a historiquement été utilisé dans le bâtiment mais n'est plus autorisé depuis les années 1980.
  5. Une étanchéité de toiture-terrasse peut soit être recouverte d'une protection lourde comme des gravillons, soit être auto-protégée.
  6. Deux types de climats sont définis : le climat de plaine et le climat de montagne, essentiellement défini par l'altitude où se trouve le bâtiment.

Références modifier

  1. AQC, « Penser qualité de l'air intérieur en phase chantier - Guide méthodologique », sur qualiteconstruction.com, .
  2. a b c d e et f AQC, « Maîtriser la migration de la vapeur d'eau dans les parois en rénovation », sur qualiteconstruction.com, .
  3. a et b AQC, « Qualité de l’air intérieur – Bonnes pratiques dès la programmation », sur qualiteconstruction.com, .
  4. ANSES, Impact des moisissures dans le bâti : Avis de l’Anses - Rapport d’expertise collective, (ISBN 979-10-286-0126-3, lire en ligne)
  5. AQC, « Fiches pathologie bâtiment », .
  6. Guide de recommandations techniques HUMIBATex, p. 90
  7. a et b Guide de recommandations techniques HUMIBATex, p. 11
  8. Pare-vapeur n.m. invar., Dicobat (lire en ligne)
  9. a et b Guide de recommandations techniques HUMIBATex, p. 113
  10. Commission de normalisation, DTU 43.1 (NF P84-204-1-2) Travaux de bâtiment : Étanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de plaine, amendement A1 de septembre 2007, , Partie 1-1 : Cahier des clauses techniques types (CCT)
  11. Commission de normalisation, DTU 43.1 (NF P84-204-1-2) Travaux de bâtiment : Étanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de montagne, , Partie 1-1 : Cahier des clauses techniques types (CCT)
  12. Commission de normalisation, DTU 43.1 (NF P84-204-1-2) Travaux de bâtiment : Étanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de plaine, amendement A1 de septembre 2007, , Partie 1-2 : Critères généraux de choix des matériaux (CGM)
  13. a b et c Commission de normalisation, NF EN 13984 - Feuilles souples d'étanchéité - Feuilles plastiques et élastomères utilisées comme pare-vapeur : Définitions et caractéristiques,
  14. a b et c Guide de recommandations techniques HUMIBATex, p. 89

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Arrêté du portant application aux feuilles souples d'étanchéité du décret no 92-647 du modifié concernant l'aptitude à l'usage des produits de construction (JORF no 37 du , p. 2232)
  • NF EN 13859-1 : « Feuilles souples d'étanchéité - Définitions et caractéristiques des écrans souples - Partie 1 : écrans souples de sous-toiture pour couverture en petits éléments discontinus »
  • NF EN 13859-2 : « Feuilles souples d'étanchéité - Définitions et caractéristiques des écrans souples - Partie 2 : écrans souples pour murs et cloisons extérieures »
  • NF EN 13984 : « Feuilles souples d'étanchéité - Feuilles plastiques et élastomères utilisées comme pare-vapeur - Définitions et caractéristiques »
  • ALDES, Cerema, CETHIL, CSTB, LaSIE, LOCIE, SAINT GOBAIN et VENTILAIRSEC, Guide de recommandations techniques HUMIBATex : Prise en compte des risques hygrothermiques en réhabilitation du bâti existant, CSTB Éditions, coll. « Recherche - Expertise », (ISBN 978-2-86891-683-9)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier