Panaris

terme général employé pour désigner « toutes les inflammations aiguës (des parties molles) des doigts, quelles que soient leur nature, leur étendue et leur profondeur »
Panaris
Description de cette image, également commentée ci-après
Panaris du majeur, stade inflammatoire

Traitement
Spécialité DermatologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 L03.0
CIM-9 681.02, 681.11
DiseasesDB 9663
MedlinePlus 001444
eMedicine 1106062
MeSH D010304

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Panaris (du latin : panaricium), aussi appelé « mal blanc », est un terme général employé pour désigner « toutes les inflammations aiguës (des parties molles) des doigts, quelles que soient leur nature, leur étendue et leur profondeur »[1].

Exemple de « mal blanc », au stade collecté, nécessitant une intervention pour évacuer la collection de pus.

Le panaris est une infection aiguë du doigt et de l'orteil, près de l'ongle dans 2 tiers des cas, le plus souvent par un staphylocoque doré dans 2 cas sur 3 à l'occasion d'une blessure, avec formation de pus[2].

Évolution en trois stades modifier

Évolution en trois stades[3] :

  • 1er stade : Stade inflammatoire (pas de fièvre, mais rougeur, sensation de chaleur et œdème) avec douleur au toucher, mais sans douleur nocturne. À ce stade, l'infection est facilement réversible (spontanément ou à la suite d'un traitement). Ce stade peut en quelques heures évoluer vers une seconde phase, plus grave.
  • 2e stade, dit « stade de collection ». Les symptômes sont les mêmes que dans le premier stade, mais nettement plus marqués. La douleur devient forte et pulsatile (rythmique, suivant le rythme du pouls), et la production de pus est palpable. Des ganglions enflés apparaissent en amont (d’abord épitrochléen puis éventuellement axillaire), avec lymphangite. La fièvre peut atteindre 38 °C, avec rarement une leucocytose. À ce stade l'infection n'est plus spontanément réversible. Il faut une petite intervention chirurgicale pour évacuer la collection (le pus) et éviter le passage au troisième stade.
  • 3e stade (dit « de complication ») ; caractérisé par une extension de l'inflammation aux tissus voisins, dont éventuellement : [réf. souhaitée]
    • la peau (fistulisation) et/ou aux tissus celluleux de la main et/ou des doigts
    • une articulation (arthrite caractérisée par une douleur spontanée quand l'articulation est mobilisée) et/ou
    • un ou plusieurs tendons, avec éventuelle nécrose du tendon paralysant le doigt
    • les tissus osseux (ostéite, qui nécessite une radiographie pour être diagnostiquée avec certitude)
    • les gaines synoviales

Classifications modifier

On peut les classer[3] selon leurs formes topographiques

  • Panaris péri-unguéal (ou tourniole), avec risque d'arthrite et atteinte du tendon extenseur.
  • Panaris de la pulpe du doigt.
  • Panaris de la face dorsale du doigt.
  • Panaris de la face palmaire des phalanges (avec risque d'infection du tendon fléchisseur et de sa gaine : une douleur à la pression du cul-de-sac proximal doit faire penser à un phlegmon des gaines avec risque de nécrose du tendon).
  • Panaris « en bouton de chemise » : deux collections (accumulation de pus) sont en communication transdermique, le risque étant que la collection profonde ne soit pas détectée.

Étiologie modifier

Les germes pathogènes sources de panaris sont généralement inoculés par une piqûre ou une griffure et il s'agit le plus souvent de bactéries "commensales" de la peau. Sinon ils sont exogènes, introduites par l'épine ou une morsure par exemple (Pasteurella spp., streptocoque viridans de la bouche ou de la mâchoire) [réf. souhaitée].

  • Dans trois cas sur quatre une seule bactérie est impliquée, mais dans un cas sur quatre il y a co-infection par plusieurs germes[3].
  • Un staphylocoque doré est responsable dans 65 % des cas (près de deux cas sur trois)[3].
  • Des streptocoques béta-hémolytiques sécrétant des toxines et détruisant rapidement les tissus sont en cause dans 15 % des cas[3].
  • Des streptocoques viridans et des entérobactéries sont responsables dans 12 % des cas (Escherichia coli, Proteus spp…)[3].

Pour bien traiter l'infection, le médecin et le malade doivent chercher à répondre à 3 questions[3] :

  1. Pourquoi cette infection à cet endroit et à ce moment ? (Y a-t-il un facteur favorisant tel qu'une microblessure, une attrition tissulaire ou un état pathologique préalables ?)
  2. Modalités d'infection : y a-t-il eu piqûre, par une aiguille ou une épine par exemple ?
  3. Localisation, extension et fréquence ? Si l'infection est à répétition (et/ou accompagnée de phlegmons), le patient est-il toxicomane ou touché par un problème de diabète ou d'éthylisme ou suit-il un traitement immunosuppresseur (corticoïdes, anti-inflammatoires non stéroïdiens) ? Est-il victime du sida ou peut-il être victime d'un cancer ?

Risque modifier

 
Thermographie infrarouge d'un panaris au premier stade [4]

Le panaris doit être traité, malgré son aspect bénin, en raison du risque de propagation voire de généralisation de l'infection (septicémie).

Comme le montre la thermographie ci-contre, la partie visible du panaris n'a aucune commune mesure avec son bassin d'influence, c'est ce qui est en fait son danger principal, il semble extrêmement localisé alors qu'il se répand assez rapidement en interne en suivant les veines.

Traitement modifier

Traitement local modifier

Des bains du doigt (classiquement 3 bains de 10 minutes par jour) sont réalisés dans une solution type eau de Dakin, avec surveillance pour détecter toute évolution défavorable et opérer — si nécessaire — à temps.

Le panaris au stade 2 ou 3 est traité par une opération chirurgicale (excision correspondant à l'ablation du pus et des tissus infectés). Le site est ensuite laissé ouvert avec réalisation d'un pansement gras (toutes les 48 heures) qui entaille la partie inflammée pour nettoyer le pus s'y trouvant. L'opération est réalisée sous anesthésie (générale ou plexique mais sans anesthésie locorégionale intraveineuse (ALRIV) ni anesthésie locale[3]).

En France, cette opération ne peut se faire qu'en milieu hospitalier, au bloc opératoire, avec bilan préopératoire (avec garrot sans bande d’Esmarch[3]).

Des prélèvements bactériologiques multiples (pus et fragments de tissus infectés) sont faits au moment de l'opération pour analyse et détermination de sa cause[3].

La rééducation est à commencer dès que possible (faisable dans le bain de solution antiseptique[3]).

Traitement général modifier

Antibiothérapie (amoxicilline - acide clavulanique ou pristinamycine en cas d’allergie aux bêta-lactamines) : l'antibiothérapie n’est pas nécessairement indiquée si l’excision est bien faite, mais elle est poursuivie en cas d'antibiothérapie prescrite avant la chirurgie et recommandée dans les cas suivants[3] :

La vaccination antitétanique est à vérifier[3].

Notes et références modifier

  1. Garnier-Delamare, Dictionnaire des termes techniques de médecine, 20e édition Maloine, Paris, 1978.
  2. « 17 - Panaris, phlegmons des gaines et des espaces celluleux de la main », sur www.chups.jussieu.fr, Sorbonne Université
  3. a b c d e f g h i j k l et m Fiche de l'Université de Lille 2 sur les panaris et phlegmons
  4. Panaris sur la Librairie de Thermographie

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes modifier