Páscoa et ses deux maris

Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle

Páscoa et ses deux maris
Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle
Auteur Charlotte de Castelnau-L'Estoile
Pays Drapeau de la France France
Genre Histoire
Distinctions Prix du Sénat du livre d'histoire
Prix lycéen du livre d'histoire
Éditeur Presses universitaires de France
Lieu de parution Paris
Date de parution 2019

Páscoa et ses deux maris. Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle est un ouvrage rédigé par Charlotte de Castelnau-L'Estoile et paru en 2019 aux PUF.

Ce livre de microhistoire présente l'histoire d'une esclave africaine, Páscoa, sur laquelle l'Inquisition portugaise a enquêté après avoir appris qu'elle a épousé un second mari alors que le premier est toujours vivant.

Rédaction modifier

Charlotte de Castelnau-L'Estoile fait des recherches sur le mariage des esclaves au XVIIe siècle lorsqu'elle trouve, dans les archives de l'Inquisition portugaise, un dossier particulièrement long sur une certaine Páscoa[1].

Les archives judiciaires servent déjà de précieuse source historiographique sur les vies des esclaves. Cependant, dans ce cas, ce qui attire Charlotte de Castelnau-L'Estoile est le caractère étonnant de l'affaire : l'Inquisition a enquêté pendant sept ans et mis beaucoup de moyens, avec huit traversées de documents à travers l'Atlantique et deux traversées pour Páscoa, alors qu'il semble s'agir d'une affaire banale[2].

Contenu modifier

En Angola, l'esclave Páscoa Vieira épouse un autre esclave, Aleixo. Le Portugais Luis Alvares Tavora fait sa connaissance. Deux ans plus tard, Páscoa est déportée au Brésil, où elle épouse un autre homme, Pedro. Cependant, Luis apprend que son cousin Fransisco est propriétaire de l'esclave, et qu'elle est désormais coupable de bigamie, puisqu'Aleixo est encore vivant[1].

L'Inquisition portugaise enquête, et Páscoa doit quitter le Brésil pour le Portugal. Le , Páscoa comparaît alors devant l'Inquisiteur. Malgré sa situation d'esclave, elle se défend remarquablement face à l'Inquisition, et parvient à utiliser ses liens familiaux et l'ambiguïté de son premier mariage catholique pour cela. Elle est finalement condamnée à cinq ans de prison, mais libérée au bout de deux ans[2],[3],[4].

Caractéristiques modifier

Cet ouvrage se caractérise par la superposition d'une idée de microhistoire, centrée sur un individu en particulier, et de la recherche d'une histoire à l'envergure atlantique, presque d'une histoire globale, tout en présentant différentes échelles. Charlotte Castelnau-L'Estoile parle alors d'« histoire des circulations »[5],[6].

Bien que le livre repose totalement sur la source primaire que sont les archives de l'Inquisition, il invite à se détacher du regard subjectif et à lire entre les lignes pour comprendre plus que ce qui est écrit littéralement. En effet, l'historien possède dans ce genre de cas des objectifs différents des rédacteurs de ses sources[5],[7].

Accueil modifier

Selon Jean-Noël Jeanneney, cet ouvrage montre que la microhistoire peut être passionnante, d'autant plus qu'il se concentre sur une esclave, un type de personne ordinairement oublié par l'Histoire, et dont très peu de sources subsistent pour permettre la reconstitution d'une vie individuelle. Aussi, il trouve que Charlotte de Castelnau-L'Estoile parvient à rendre vivant une histoire habituellement vue comme abstraite[8].

Distinctions modifier

En 2020, Charlotte de Castelnau-L'Estoile obtient pour ce livre le premier Prix lycéen du livre d'histoire[9],[10] puis le Prix du Sénat du livre d'histoire[8],[11].

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

  1. a et b Florent Georgesco, « « Pascoa et ses deux maris », le retour à la vie d’une esclave angolaise », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Pap Ndiaye, « La vie retrouvée de Páscoa », sur L'Histoire, (consulté le )
  3. « Une histoire singulière entre le Brésil, l’Afrique et l’Europe », sur Radio France, (consulté le )
  4. Isabelle de Gaulmyn, « Des livres dans la valise, « Pascoa et ses deux maris » de Charlotte de Castelnau-L’Estoile », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Baptiste Bonnefoy, « Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Páscoa et ses deux maris. Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle, Paris, PUF, 2019, 304p., », Revue dhistoire moderne contemporaine, vol. 683, no 3,‎ , p. 205–206 (ISBN 978-2-13-081297-5, ISSN 0048-8003, lire en ligne, consulté le )
  6. Mapero, « Charlotte de Castelnau-L'Estoile : Páscoa et ses deux maris », sur Wodka (consulté le )
  7. Charlotte de Castelnau-l’Estoile, « Páscoa et ses deux maris », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Hugo Ruaud, « Prix du livre d’Histoire du Sénat : C.Castelnau-L’Estoile récompensée », sur Public Senat, (consulté le )
  9. Fabien Loizels, « Charlotte de Castelnau-l’Estoile, premier prix lycéen du livre d’histoire », sur L'Histoire, (consulté le )
  10. François Otchakovsky-Laurens, « Charlotte de Castelnau-l’Estoile, premier prix lycéen du livre d’histoire », sur Hypotheses : L'histoire à l'Université de Paris, (consulté le )
  11. « Prix du Sénat du Livre d'Histoire 2020 », sur senat.fr