Oulimata Gueye

critique indépendante, commissaire d'exposition sénégalaise et française

Oulimata Gueye est une critique indépendante, commissaire d'exposition sénégalaise et française. Elle est curatrice en arts visuels et directrice du post-diplôme art à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon[1]. Sa démarche curatoriale se base sur la recherche dans les domaines des sciences, des technologies numériques, de l'art contemporain et des cultures populaires. Elle se concentre particulièrement sur l'impact des technologies numériques en Afrique et au sein de ses diasporas[2].

Travaux modifier

Une partie importante du travail de Oulimata Gueye consiste à mettre en lumière les œuvres d'artistes utilisant les technologies numériques comme outils, tout en adoptant une approche critique à leur égard[3]. Les questions de cyberféminisme, d'écoféminisme et de décolonisation sont souvent au cœur de ses travaux, révélant les dominations coloniales et capitalistes[4],[5]. Elle alerte notamment sur les biais eurocentrés du développement numérique[5],[6], y compris au travers d'un séminaire donné à l'Institut des mondes africains en 2019[7].

De 2003 à 2011, elle co-dirige le festival nomade Infamous carousel[8] (Centre Pompidou, Palais de Tokyo, Jeu de Paume, Les Instants Chavirés, le Point Éphémère), dédié à la performance, aux pratiques sonores expérimentales et aux arts des médias[9].

Depuis 2010, elle étudie l'impact des technologies numériques sur les cultures populaires urbaines et les pratiques artistiques en Afrique. Parmi ses domaines d'investigation, elle a développé un projet de recherche intitulé "Africa sf"[10]qui explore les liens entre les fictions et les cultures numériques en Afrique. Ce projet soutient la thèse selon laquelle l'entrée du continent africain dans l'ère de l'internet, marquée par des bouleversements économiques, technologiques, politiques, sociaux et esthétiques, a favorisé le développement d'imaginaires techno-scientifiques. La science-fiction est considérée comme le genre le mieux à même de rendre compte de cette interface et des interactions entre le présent, les projections dans le futur et les mythologies fondatrices. Oulimata Gueye y voit la possibilité « de réhabiliter les dimensions proscrites et rendues taboues par les gouvernements coloniaux que sont les croyances et les savoirs occultes, les mythes fondateurs et les fables fantastiques que l’on croyait à jamais perdues »[11].

En 2018, en collaboration avec la commissaire d'exposition Marie Lechner et la Gaîté lyrique, elle a développé le cycle de performances, rencontres et débats "Afrocyberféminismes". Ce cycle revisite l'histoire des technologies numériques en croisant les perspectives du cyberféminisme, de l'afro-féminisme et des cultures queer[6]. Il a pour particularité d'inverser les composantes usuelles des études sur les catégories de population en situation d'exclusion, en leur faisant s'exprimer sur comment elles voient leur présent, leur avenir et celui des sociétés humaines[12].

Popularisé en 2018 par le succès du film Black Panther, l'afrofuturisme connait un fort intérêt relié à l'héritage de l'autrice Octavia E. Butler, mais selon Oulimata Gueye « Octavia Butler se définissait comme histo-futuriste, comme quelqu'un qui regarde vers l'avant sans tourner le dos au passé, combinant un intérêt pour l'humain et pour la technologie. Et effectivement, elle ajoutait qu'il était important pour les personnes noires de ne pas oublier d’où elles viennent »[1].

Alternant pratique et critique théorique, elle anime la plateforme xamxam.org et elle est co-fondatrice de la Startup Africa Paris pour l'entrepreneuriat numérique[5].

Bibliographie modifier

  • 2017 Galaxies nouvelle série n° 46/88, La science-fiction africaine. (article)[13]
  • 2021 Digital Imaginaries, African positions beyonds binaries (co-diriger)[14]
  • 2022 Conscience u.terre.ine de Tabita Rezaire (contribution)[15]

Références modifier

  1. a et b « Les dieux venus du Centaure : persistance des mythes dans la science-fiction », sur radiofrance.fr, (consulté le )
  2. Fondation Pernod Ricard, « Entretien sur l'art, Kapwani Kiwanga, «Face à ce qui pousse» », sur France Culture, (consulté le )
  3. « ENTRETIEN AVEC OULIMATA GUEYE, COMMISSAIRE D'EXPOSITION INVITÉE À L'ENSAPC », sur ENSAPC (consulté le )
  4. « Invité Afrique - Oulimata Gueye: «L’Afrique est un laboratoire d’une autre modernité» », sur RFI, (consulté le )
  5. a b et c (it) Annalisa Oboe (dir.), « Tra connessioni e disconnessioni: riflessioni a partire dai cinquant'anni del FESPACO », sur www.research.unipd.it (consulté le )
  6. a et b Juliette Deborde, « «Afrocyberféminismes»: des pionnières noires du Web aux afroféministes d'aujourd'hui », sur Libération (consulté le )
  7. « IMAF - Institut des mondes africains - Les arts en Afrique et dans ses diasporas : pratiques, savoirs, mobilités », sur imaf.cnrs.fr (consulté le )
  8. (es) « Festival Infamous carousel en Centre Georges Pompidou (Paris) el 1 Nov 2009 », sur Last.fm (consulté le )
  9. Condé Nast, « In Famous Carousel, festival détourné », sur Vogue France, (consulté le )
  10. (en-US) « Faculty - Oulimata Gueye », sur Digital Earth (consulté le )
  11. Jean Nimis et Yves Iehl, « Les dieux venus du Centaure : persistance des mythes dans la science-fiction », Textes et contextes, nos 17-1,‎ (ISSN 1961-991X, lire en ligne, consulté le )
  12. Ketty Steward, « L’effondrement vu d’en bas et la science-fiction d’Octavia Butler: », Multitudes, vol. n° 76, no 3,‎ , p. 68–73 (ISSN 0292-0107, DOI 10.3917/mult.076.0068, lire en ligne, consulté le )
  13. « Galaxies nouvelle série n° 46/88, REVUE », sur www.noosfere.org (consulté le )
  14. (en) « Digital Imaginaries. African Positions Beyond the Binary | 2021 | ZKM », sur zkm.de (consulté le )
  15. « Tabita Rezaire : Conscience u.terre.ine - Les presses du réel (livre) », sur www.lespressesdureel.com (consulté le )

Liens externes modifier