Les Oulad Hriz (en arabe: أولاد حريز) ou Ouled Hriz constituent une tribu arabe marocaine, faisant traditionnellement partie de la confédération tribale des Chaouia[1].

(fr) Oulad Hriz
(ar) أولاد حريز
Hrizi
Image illustrative de l’article Oulad Hriz
Drapeau contemporain utilisé par les Oulad Hriz.

Période XIVe - Aujourd'hui
Ethnie Arabes, Hilaliens de la confédération Banu Jochem
Langue(s) Arabe, Darija
Religion Islam
Villes principales Berrechid et Casablanca
Région d'origine Arabie, Nejd
Région actuelle Drapeau du Maroc Maroc
Carte de la Chaouia historique

Les Ouled Hriz sont une tribu arabe dont les origines remontent aux migrations arabes anciennes dans la région du Maghreb. Ils sont considérés comme faisant partie des Arabes Hilaliens (Appartenant au Peuple Jochem) mais également, variant entre Banu Sulaym (selon les fractions). De vastes confédération tribale arabe qui ont migré vers l'ouest depuis la péninsule arabique. Lors de la migration dans la Chaouia, des mélanges se passèrent, donnait naissance à un mélange entre Sanhadja, Chleuhs et Arabes. Aujourd'hui, la culture arabe maghrébine prédomine[1].

Origines modifier

Les Ouled Hriz ont historiquement été associés à des modes de vie nomades, élevant des troupeaux de chameaux, de moutons et de chèvres dans les vastes espaces désertiques et semi-désertiques de la région fertile de la Chaouia le "Sahel". Leur mode de vie pastoral les a souvent conduits à parcourir de grandes distances à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux, ce qui a influencé leur culture, leurs traditions et leur organisation sociale. Ils sont reconnu pour leur capacité militaire notamment dans la cavalerie et la maîtrise des sciences religieuses [1].

Territoire modifier

En 1912, la superficie de la tribu s'est étendu sur 120 000 hectares, dont plus de 50 000 hectares cultivés[1]. Ce vaste domaine comprenait de nombreux fiefs cultivables, reflétant non seulement l'ampleur des terres sous leur contrôle, mais aussi leur capacité à exploiter efficacement ces terres pour la production agricole. Les Ouled Hriz avaient ainsi développé une économie basée sur l'Agriculture, utilisant les riches ressources de leur territoire pour soutenir leur communauté. Le territoire riche en agriculture de la tribu, pourrait être en paix absolue. Mais dans cette région souvent livrée à l'anarchie, aucune autorité n'est respectée sans le soutien de la force. Chaque propriétaire aisé a donc établi son propre domaine, entouré de groupes plus ou moins importants selon son influence et sa richesse. Ces chefs habitent généralement des maisons fortifiées, avec bastions et fossés, où ils se retranchent avec leurs familles et leurs biens en cas de conflit entre individus ou factions. Dans la campagne, on trouve également de nombreux retranchements appelés "got’a", des quadrilatères entourés de larges fossés servant de refuge aux villages en cas d'attaque. Pendant la période de la Siba, les luttes internes entre les fractions des Oulad Hriz étaient fréquentes. Par exemple, les Oulad Ya‘qoûb se sont battus à deux reprises contre les Oulad Yousef, tandis que les combats entre ces deux fractions alliées contre les Oulad Djâber étaient courants. Malgré cela, les trois fractions s'unissaient souvent contre les tribus voisines. Autrefois, lorsque le Sultan exerçait une autorité forte, les Oulad Hriz fournissaient un contingent de soldats, généralement de 100 à 200 de cavaliers expérimentées, avec chaque fraction désignant ses hommes et fournissant un soutien financier pour leurs familles en leur absence. Ces soldats étaient placés sous les ordres d'un Caïd, souvent un parent du chef, et étaient employés à diverses tâches, notamment la police, les escortes et les expéditions contre les tribus rebelles, pour des périodes d'environ six mois. Cependant, depuis la période de la Siba (Maroc), les Oulad Hriz ont cessé de fournir ces contingents[2].

Composition tribale modifier

La tribu des Oulad Hriz se divisent en 3 groupements : Oulâd Yaq’oub, Oulâd Yoûsef et Oulâd Djâber. Individuellement, elles disposent de clans distinctes des autres. Il existe un dernier groupement, les Chourefa ou Mourabitînes. Il y a au total 5 grands groupes et 19 fractions.

Oulad Yaq'oûb modifier

Les Oulad Yaq'oûb descendent des Oulâd Qassem, qui appartiennent aux Jochem du groupe Safiane.

a) Halâlfa — b) Tala‘out — c) Mbarkîn Oulâd Ali — d) Mbarkîn Oulad Mohammed — e) Habbacha Dheroua — f) Habbacha Tal'a.

Oulâd Yoûsef modifier

Pour le cas des Oulâd Yoûsef, ils descendent aux Drannas, qui appartiennent aux Jochem du groupe Beni Jabber. 6 fractions sont recensés.

a) Foqra Oulâd 'Allal — b) Foqra Oulad 'Abdallah — c) Oulad Hadjadj Tirs — d) Oulad Hadjadj Sahel — e) Dranna et Beni Meniar — f) Abbara et Oulad Moûsa.

Oulâd Djâber modifier

Les Oulâd Djâber descendent des Khlot, toujours apparentés au Jochem.

a) Oulad Çalah el-Ain — b) Oulad Çalah Ech-Chaoul — c) Riah — d ) Oulad Rahal el-Keraiz — e) Oulad Ghoufir.

Chorfa modifier

Le cas des Chorfa est plus complexe, ceux qui s'y revendiquent sont généralement des arabes soit issu des Idrissides, soit des arabes Banu Sulaym qui se sont fait attribués les titres de Chérif. Il se peut qu'il ne soit même pas des Chérifiens mais juste des arabes, sans affiliation particulières, car il était commode de se rattacher à la famille du Prophète pour en tirer profit. Ce groupe se résume à la Zaouïa de Nouaceur.

Mourâbitîn modifier

Les Mourâbitîn sont des Chleuhs et Sanhadja issu de la conquête Almoravide, rassemblée autour de la fraction Mzamza, ils ont intégré la Tribu des Oulad Hriz et se sont arabisés.

Histoire modifier

Formation de la tribu modifier

Issu des Jochem, ils ont pris part à l'invasion hilalienne de l'empire des Zirides au XIe siècle. Dans cette invasion, les ascendants des Oulad Hriz ont traversé la Tunisie en combattant aux côtés des Hilaliens avant d'entrer par le Nord du Maroc pour ensuite arriver dans les plaines de l'Atlantique. Ibn Khaldūn cite cette relation entre les Banū Hilal et Sulaym avec les Jochem[3]. Installés dans cette région (Tamesna) comme dans un fief militaire, les Arabes jochem, loin de tirer parti de la fertilité du sol qui leur était échu, rançonnèrent et exploitèrent le pays pendant près d'un siècle, comme ils le firent aussi dans leurs établissements du Nord, ne cessant leurs brigandages que de temps à autre, lorsque les Sultans intervenaient. Ils pillèrent les Berbères et razzièrent sur les routes jusqu'au moment où ils se sédentariseront devant la conquête mérinide. La Tamesna fut rapidement soumise par les Mérinides. Ainsi, les Oulad Hriz se formeront à partir d'une réunion d'anciens berghouatas (Berbères), d'arabes jochemides et d'hilaliens à partir d'une lignée arabe. Il est rapporté selon certaines sources que le nom de la tribu est issu de Hariz bin Tamim bin Amr Wishah bin Amer bin Rafi bin Dabbab bin Malik bin Salim, même si la tribu est majoritairement Jochem.

L'époque Moderne modifier

Entre 1795 et 1822, sous le règne de Slimane ben Mohammed, un autre groupe, les Oulâd Sidi Djilâli El-Amiri, à l’époque appartenant aux Béni Amer du Tadla, vint s’installer à côté des deux autres. Il fut suivi, à court intervalle, vers 1830, par Abderrahmane ben Hicham, avec un contingent de Chleuhs, représenté par les Habbacha et que d’autres Chleuhs ont fortement grossi depuis lors. Les Oulâd Ya’qoùb reconnaissent pour ancêtres les Oulâd Qâsem, tandis que les Oulâd Yousef, des arabes également Jochem. Selon les récits locaux, un lien de fraternité s'est forgé entre les Oulad Ziane, les Ouled 'Ali et les Mdakra. Ce lien a été établi lors des conflits locaux, et par un soutien mutuel basé sur la fraternité entre les tribus voisines arabes. Ce lien de fraternité a été renforcé par les mariages intertribaux, qui ont non seulement scellé des alliances politiques mais ont également contribué à tisser des liens familiaux entre les clans[1].

Résistance contre la colonisation modifier

Les Ouled Hriz furent à l'origine de l’insurrection de Casablanca de 1907. Au sein de la Chaouia, les cavaliers Oulad Hriz et guerriers tribales massacrent les ressortissants européens ainsi que juifs. Dans les quartiers juifs de Casablanca, avec leurs partenaires arabes, les Oulad Ziane, les juifs sont traqués, capturés, décapités ou égorgés à même la rue. Cet horreur forcera les autorités du Sultan à réagir mais, sans conséquences. Le caïd Hajj Hammou issue de la tribu Oulad Hriz lança un appel au djihad pour chasser les Français de leur pays. Les Chaouia réussirent à prendre le contrôle de la ville pour s'opposer à la colonisation française. Après plusieurs affrontements qui firent plusieurs morts côté français, ils subirent plusieurs pertes à la suite du bombardement de Casablanca de 1907[4], ce qui déclencha la troisième guerre du Maroc [1].

El-Hâdj Mohammed Ould El-Hâdj Hammou, qui avait aspiré à succéder à la famille de Berrechid en tant que chef des Oulad Hriz mais en avait été évincé, a sollicité du Sultan le poste de pacha de Casablanca. Cependant, Bou Beker ben Zid, le candidat préféré de Abdelaziz ben Hassan, a été désigné à sa place. Mécontent d'avoir été écarté par le Makhzen, Hajj Hammou a fomenté des troubles dans toute la région des Chaouia. Après avoir incité les Oulad Hriz contre leur propre chef, il a réussi, avec l'aide de Bou ‘Azzouz, à mobiliser les contingents des tribus vers Casablanca et à organiser le pillage du Mellah. Son objectif était de démontrer au Sultan l'incapacité de Si Bou Beker ben Zid, afin de le destituer et de prendre sa place[1].

Comme on le sait, après la campagne préliminaire du général Drude, son successeur, le général Amade, a activement engagé

 
Hajj Hammou, capturé par les forces française à la suite d'une lutte dans la ville de Berrechid.

des opérations contre les tribus des Chaouia. Après la prise des Qasbas de Fedhala et de Bou Zniqa, l'attention du général s'est portée sur la mehalla envoyée par Moulay Hafid chez les Chaouia, sous le commandement de son neveu Moulay Rechid. Après la prise de Médiouna (Maroc), cette mehalla s'est repliée sur Settat. Les troupes sont arrivées à Berrechid le 13 janvier 1908, où de nombreux notables de la tribu des Oulad Hriz se sont présentés au général, assurant de leurs intentions pacifiques, sous la conduite de leur chef Mohammed ben ‘Abd Es-Salâm Ber Rechid, revenu récemment de Fès. La qasba des Berrechid, dévastée par le fils d'El-Hâdj Mohammed Ould El-Hâdj Hammou, n'était plus que ruines[1].

El-Hâdj Mohammed Ould El-Hâdj Hammou s'était réfugié dans sa propre qasba, à 4 km de Berrechid. Il fut encerclé le lendemain par la cavalerie et fait prisonnier. Traduit en conseil de guerre à Casablanca avec El-Hadj Haousin et El-Hadj Slimân ben Douh, tous deux des Oulad Ziane, également accusés d'être impliqués dans les massacres de Casablanca, il fut condamné à la détention perpétuelle. Berrechid reçut alors une garnison comme poste avancé. C'est de là que la colonne du Tirs, sous les ordres du colonel Boutegourd, livra le dur combat du 2 février à Dar Qribat. Deux jours plus tard, bien que renforcée par la colonne du littoral, elle dut repousser une attaque de bandes ennemies venues de la direction de Settat au bivouac de Zaouiat El-Mekki. Après divers combats, la paix parfaite règne à Berrechid, facilitant les efforts de civilisation et d'organisation entrepris par les administrateurs habiles[1].

Relation avec les Alaouites modifier

La relation entre les Alaouites et les Oulad Hriz a été marquée par des périodes de tension et de répression sévère au vu de la conflictualité entre cette tribu et le Makhzen. En 1814, les tribus de la Tamesna, sous la gouvernance du qâïd Griran El-Harîzi, se révoltèrent contre ce qu'elles percevaient comme des tentatives de tyrannie de la part du qâïd. En réponse, celui-ci fit appel à Moulay Slimân, qui réagit en organisant une attaque stratégique. Il coordonna une offensive avec les tribus voisines, attaquant les rebelles par l'arrière tandis que lui-même les affrontait de front. Cette opération militaire résulta en un pillage massif des biens des Châouïa, ainsi qu'en la capture de nombreuses femmes et enfants. Une fuite désespérée des rebelles provoqua également une grande noyade dans l'Oumm Er-Rebi, alors en crue[1].

Dix ans plus tard, en 1824, Moulay Abd Er-Rahman, alors résident à Marrakech, confia à son cousin, le chérif Sidi Mohammed ben Et-Tayyeb ben Mohammed ben 'Abdallah, le commandement des tribus de la Tamesna et des Doukkala. Sidi Mohammed, connu pour sa violence et sa dureté, arriva dans la région de la Tamesna et infligea une répression brutale aux Oulad Hriz. Près de deux cents membres de la tribu furent décapités et la qaçba de leur ancien qâïd, Griran El-Harîzi, Merdjana, fut détruite. À partir de cette époque, les Oulâd Ber-Rechîd, habitant la qaçba de Berrechid, devinrent de père en fils les qâïds des Oulâd Hariz[1]. Même en 1904, les Oulad Hriz étaient révoltés contre le Makhzen provoquant la guerre contre la France[5].

Coutumes et Identité traditionnelle modifier

Les coutumes familiales des Oulad Hriz sont similaires à celles des autochtones d'autres tribus. Il y a un respect marqué de l'autorité du chef de famille ; les hommes prennent leurs repas séparément des femmes, et les enfants restent avec leurs parents jusqu'à leur mariage, où les frais sont entièrement pris en charge par le père. Chaque mariage est accompagné d'un contrat établi par le juge local, et de grandes festivités marquent l'événement. Il est coutumier que tous les invités fassent un don au père de la mariée. La Polygamie est assez répandue parmi les Oulad Hriz[2].

Les héritages sont réglés selon la loi musulmane, avec peu d'enchères, et les membres d'une même famille vivent souvent en communauté sur les biens laissés par leurs ancêtres. L'hospitalité est généreuse, avec des refuges appelés "djama‘" dans chaque village où les voyageurs musulmans peuvent trouver nourriture et abri, et où offrir un plat est un honneur si l'hôte est important[2].

La nourriture des Oulad Hriz est généralement abondante ; les pauvres se nourrissent de galettes, de couscous de blé (taâm) et d'orge (seikouk), tandis que la viande est facilement accessible sur les marchés locaux à un prix abordable pour tous. Les riches jouissent d'une cuisine plus raffinée, avec une variété de plats et de pâtisseries. Que ce soit riche ou pauvre, le thé et le sucre sont des éléments de consommation courante[2].

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j et k Mission Scientifique du Maroc (coll.), Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa Tome I, Ed. E. Leroux (Paris), 1915 (lire en ligne)
  2. a b c et d Villes et tribus du Maroc: Casablanca et les Châouïa, E. Leroux, (lire en ligne)
  3. (en-US) « Ibn Khaldun, I, p.1-50, Histoire des Invasions Hilaliennes au Maghreb, v. 1400 n-è | Culture Islam » (consulté le )
  4. « Casablanca, mon amour: Il y a 100 ans, le bombardement… Par Mouna Hachim, écrivain-chercheur », L'Economiste,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Henri Joseph Auteur du texte Grasset, A travers la Chaouïa avec le corps de débarquement de Casablanca (1907-1908)... / Capitaine Grasset,..., (lire en ligne)

Bibliographie modifier

  • Mission Scientifique du Maroc (coll.), Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa, Ed. E. Leroux (Paris), 1915
  • H. G. Conjeaud, Histoire militaire de la Chaouia depuis 1894, Casablanca, Les Ed. du Moghreb [ 1938 ] ; in-12 (219 pp.)