Ophir (en Hébreu אוֹפִיר) est un port ou une région mentionnée dans la Bible qui était connue pour sa richesse, notamment l'or. Le roi Salomon est censé avoir reçu tous les trois ans une cargaison d'or, d'argent, de bois (probablement de santal), de pierres précieuses, d'ivoire, de singes et de paons d'Ophir. Ophir est également l'un des enfants de Yoktan.

Emplacement modifier

Les disciples bibliques, les archéologues et diverses personnes ont essayé de déterminer l'endroit exact où était situé Ophir. Il semble que les bateaux revenant d'Ophir déchargeaient leur cargaison dans un port du Sinaï en provenance de la mer Rouge. Le port en question serait Ezion-Geber, qui est situé près d'Eilat, sur le bord de la mer Rouge, au pays d'Édom (1 Rois 9:26).

Pour certains, Ophir était situé quelque part dans le sud-ouest de l'Arabie, dans la région du Yémen moderne. D'autres le situent « en Inde », mais dans un temps où l’Éthiopie ou Érythrée était perçue comme étant en Inde (« Inde mineure »)[1].

Une autre possibilité serait le rivage africain de la mer Rouge, la Somalie actuelle, où Le Périple de la mer Érythrée, écrit au Ier siècle, situe le port d'Adulis. Cette région a de plus une longue tradition d'extraction minière, artisanale et communautaire. Une chose est sûre, c'est que cette région est supposée être proche du royaume de la Reine de Saba, commanditaire des envois de marchandises. Selon la légende, son fils Ménélik Ier fut roi d'Éthiopie, ce qui accréditerait cette dernière thèse.

En 1568, découvrant les Îles Salomon, Alvaro Mendaña y vit Ophir et nomma les îles en conséquence[2]. En 1647, Gaspar Escalona de Agüero, dans son Gazophilatium regium Perubicum, en particulier sur le magnifique frontispice, fait du Pérou et des mines de Potosi un nouvel Ophir. Cela lui permet d'apparenter le roi Salomon avec son souverain Philippe IV d'Espagne[3].

Au XIXe siècle, un explorateur allemand du nom de Karl Mauch pensa avoir trouvé Ophir au Zimbabwe actuel, plus précisément dans le Grand Zimbabwe où une cité perdue est considérée comme la plus grande construction en pierre de la zone sub-saharienne précoloniale. Mauch ne croyait pas que cette réalisation ait été l'oeuvre des ancêtres des tribus locales. Le Grand Zimbabwe avait été un centre de production aurifère et un lieu de commerce pour une partie du Sud de l'Afrique.

Ces interprétations ne sont pas sans lien avec l'afflux des colons blancs en Afrique du Sud, qui rêvaient de retrouver la mythique cité de l'or, « Ophir » ou « Zand » (du persan زنگبار Zanj, Zanji-bar signifiant la « Côte des Noirs », d'où le nom de Zanzibar). Tout comme les premiers colons d'Amérique du Sud cherchaient l'Eldorado, ces noms ont agi comme des aimants sur les colons européens. Mais des recherches archéologiques plus poussées démentirent tout lien avec Ophir, démontrant que la construction du Grand Zimbabwe était d'origine purement africaine.

Dans la fiction modifier

Ophir et le cinéma modifier

Plusieurs films, dès les années 1930, et jusqu'à Allan Quatermain et la Cité de l'or perdu en passant par Les Mines du roi Salomon, ont exploité le mythe d'un Ophir africain. En revanche, dans le cycle de Conan le barbare de Robert E. Howard, l'Ophir correspond à un pays ressemblant, par ses habitants, son climat et sa végétation, au sud de l'Europe centrale. L'Ophir est aussi mentionné[4] dans le film La Cité disparue de Henry Hathaway. La série franco-belge Les mystérieuses cités d'or la fait également apparaitre en tant que cinquième cité.

En Israël, les Ophirs sont des récompenses de cinéma décernées par l'Académie israélienne du film et de la télévision.

Ophir et la bande dessinée modifier

Ophir est un thème traité dans la bande-dessinée des aventures de Donald Duck Les sept fantastiques Caballeros (moins quatre).

Ophir apparaît également dans le troisième tome du Lion de Juda. On y découvre la légende de cette ville, mais également ses ruines.

Ophir est le thème du deuxième tome de la trilogie Les Aventuriers du Transvaal de Bernard Köllé et Jean-Claude Bartoll.

Notes et références modifier

  1. Jean Richard, L'extrême Orient légendaire au Moyen Age : Roi David et Prêtre Jean, dans Annales d'Ethiopie, t. 2, 1957, p. 225 sq.
  2. HOGBIN, H. Ian, Experiments in Civilization: The Effects of European Culture on a Native Community of the Solomon Islands, New Yprk: Schocken Books, 1970 (1939), pp.7-8.
  3. « Whose Apocalypse? A New Mercantile Meaning of the “The End” in the New World circa 1600—The Appendix », sur theappendix.net (consulté le )
  4. « La Cité disparue », sur telerama.fr

Voir aussi modifier

  • Quatremère, Mémoire sur le pays d’Ophir, in Mélanges d'histoire, Ducrocq, Paris, 1861, p. 234. En ligne sur Archive.
  • Dictionnaire Encyclopédique de la Bible (tout en majuscules) - les Choses, les Hommes, les Faits, les Doctrines (en gras) publié par Alrxandre WESTPHAL, professeur honoraire à la faculté de Toulouse, Tome Second, Imprimeries Réunies Ducros & Lombard, Aberlen & Cie Valence-sur-Rhône 08-06-1935 - Ophir page 248 qui donne Gen 10. 29, 1 Chr. 1. 23. Les navires mettaient 3 ans pour aller chercher : or, argent, gemmes, bois précieux, ivoire, singes, et paons et revenir (1 Rois 9. 26-28, 10. 11, 2 Chr. 8. 18, 9. 10)

Articles connexes modifier