Opération Mousquetaire

Opération Mousquetaire
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Soldats britanniques du 3rd Battalion Parachute Regiment escortant un militaire égyptien capturé à Port Said.
Informations générales
Date novembre 1956
Lieu Port Saïd
Issue Victoire militaire des forces coalisées mais retrait à la suite de pressions politiques extérieures
Changements territoriaux Canal de Suez
Belligérants
Forces franco-britanniques Forces égyptiennes
Commandants
Général Keightley
Amiral Barjot
Général Beaufre
Nasser
Forces en présence
2e RPC
60e Compagnie du génie aéroporté CGAP

11e Choc
1er REP
4 Cdos de marine
2e REC
3e Bon du Parachute regiment
Pertes
32 morts, dont 10 Français et 22 Britanniques Frégate Domiat
≈ 200 morts

Crise du canal de Suez

L'opération Mousquetaire est une opération militaire franco-israëlo-britannique qui, durant la crise du canal de Suez en 1956, vit des unités de ces pays intervenir pour envahir le canal de Suez, nationalisé par le colonel Nasser, raïs d’Égypte. Appelée « l'affaire du canal » en Europe, et considérée en Égypte comme « une triple et lâche agression » de la France, du Royaume-Uni et d'Israël, la crise de Suez prend fin le à la suite des menaces russes et semonces américaines, tournant à l'avantage diplomatique pour Nasser.

Contexte modifier

Le Journal officiel égyptien publie la loi nationalisant la Compagnie universelle du canal de Suez. Cette décision est un défi lancé aux États-Unis qui ont refusé de participer au financement des travaux du barrage d’Assouan. Axe de circulation stratégique et commercial pour les pays liés avec les États du Golfe persique, la France y voit, de surcroît, le moyen de mettre fin à l'aide financière et militaire que fournit l'Égypte au FLN algérien.

En effet, l’Égypte abrite les chefs de la rébellion algérienne et lui assure un soutien logistique et financier. Elle permet également aux rebelles de s’exprimer à l’ONU.

Contre l’avis de l’opinion internationale, la France et la Grande-Bretagne préparent une opération d’envergure baptisée « Musketeer » (Mousquetaire), pour les Anglais et « opération 700 » pour les Français.

Cette opération, si elle est une victoire militaire pour les deux pays, s'achève prématurément à la suite de l'intervention politique des États-Unis et de l'Union soviétique[1].

Déroulement modifier

La mission est de prendre le contrôle du canal. Le plan (nom de code « Terrapin ») prévoit également une offensive israélienne contre l’Égypte qui débutera le 29 octobre.

Les États-Unis, en période électorale ne tiennent pas à voir éclater un nouveau conflit. Ils hésitent, une fois de plus, à respecter un de leurs traités du Pacte Atlantique.

Le commandement de l’opération est britannique, les Français ne conservant que le commandement de leurs unités, sans pouvoir de décision. Le général Keightley, secondé par l’amiral Pierre Barjot, en est le commandant en chef.

Le , une force navale d’intervention est mise en œuvre. La force terrestre est forte de 60 000 hommes, mais seulement 15 000 seront employés. Les Français, commandés par le général André Beaufre, forment la force « A ».

L'opération se déroule selon un plan mis au point auparavant lors d'une réunion à Sèvres, dans la maison d'un ami du ministre Bourgès-Maunoury (du 22 au )[2], entre français, britanniques et israéliens (Ben Gourion est présent en personne). Les négociations sont difficiles car le plan prévoit une attaque de l'Égypte par Israël et ensuite une intervention franco-britannique pour faire cesser officiellement les combats entre Israéliens et Égyptiens. Ce plan se heurte à des réticences de la part des israéliens qui ne veulent pas se retrouver dans le rôle de l'agresseur.

  • Le , l'armée israélienne attaque l'Égypte au Sinaï et arrive assez rapidement en vue du canal de Suez. Aussitôt la France et le Royaume-Uni enjoignent à Israël et à l'Égypte de cesser les combats et de se retirer à une quinzaine de kilomètres du canal de Suez. L'Égypte refuse l'ultimatum. En représailles, le , la France et le Royaume-Uni effectuent des bombardements d’aviation à partir de Malte et de Chypre puis des forces navales en Méditerranée. Le 1er novembre, les alliés repoussent la résolution de l’ONU, malgré la mise en garde de l’ONU, des États-Unis et de l’URSS.
  • La 2e phase suit à partir du , par une opération aéroportée, baptisée « Amilcar » pour les Français ou « Hamilcar », pour les Britanniques. Cette opération aéroportée est composée de quatre bataillons britanniques, qui sautent sur le terrain de Gamil, à 10 kilomètres à l’ouest de Port-Saïd ; du 2e régiment de parachutistes coloniaux commandé par le colonel Chateau-Jobert, alias Conan, largué avec des éléments de la 1re section de la 60e compagnie du génie aéroporté sur l’usine des eaux à l’entrée de Port-Saïd et au sud de Port-Fouad. Le premier échelon du 2e régiment de parachutistes coloniaux, saute sur Port Saïd. La configuration du terrain impose un largage à très basse altitude (150 m) qui constitue un record en opérations militaires. Grâce à l'effet de surprise, à h 45, le régiment a atteint tous ses objectifs. Dans l'après-midi, la seconde partie du régiment et de la 1re section de la 60e compagnie du génie aéroporté saute sur Port-Fouad aux ordres du lieutenant-colonel Fossey-François, où elle rencontre plus de résistance.
  • La 3e phase termine le dispositif par les principaux débarquements amphibies qui ont lieu les 6 et . Le Royaume-Uni est forte de la 3e brigade de commandos des « Royal Marines », d’un régiment de blindé, d’un escadron du génie, de deux bataillons de la 16e brigade parachutiste. La France aligne le 1er REP, trois commandos de marine, un escadron de chars AMX-13, un escadron de chars Patton et trois sections de la 60e compagnie du génie aéroporté.

Sous la pression du monde entier, la Grande-Bretagne puis la France sont contraintes d’accepter un cessez-le-feu.

Les troupes de l’ONU débarquent le . Le , la force d’intervention quitte l’Égypte. Dix Français et vingt-deux Britanniques ont été tués, cent-trente soldats blessés dont trente-trois Français. Les pertes Égyptiennes sont évaluées à 203 morts

Unités participantes modifier

France modifier

Les unités chargées d'intervenir sont principalement issues de la 10e division parachutistes qui est renforcée et atteint un effectif de 8 300 hommes[3] :

Pour les unités aériennes :

  • 18 Mystère IVA, provenant des 1/2 Cigogne, 3/2 Alsace, et 18 F-84F prélevés sur les escadrons 1/1 Corse, 2/1 Morvan et 3/1 Argonne stationnent clandestinement sur les terrains de Ramat-David et Lod Tel-Aviv. Ils opèrent sous cocarde israélienne et assurent la protection aérienne des agglomérations ou accompagnent les Mystère de Tsahal dans leurs missions d'appui au sol[8].

Pour les unités navales, 30 navires français dont :

La Légion au sein du dispositif modifier

Un escadron blindé du 2e REC, commandé par le capitaine Abraham avec l’adjudant Degueldre comme adjudant d’unité, est intégré au 1er REP à Zeralda, avant de rejoindre la base de départ à Chypre. Avec les autres unités françaises, il a pour mission de s’emparer dans la zone de Port Fouad des points sensibles et de faire la liaison avec les éléments du 2e RPC, parachutés au Sud. Le groupement est commandé par le lieutenant-colonel Brothier, chef de corps du 1er REP. Tous les objectifs sont atteints par les compagnies. Le 7 novembre à h, toutes les unités se rassemblent prêtes à marcher vers El Qantara. Une demi-heure plus tard, le cessez-le-feu est ordonné et les troupes doivent rester sur leurs positions et n’ouvrir le feu que si elles sont attaquées. La section du lieutenant Ysquierdo du 1er REP, représente l’avant-garde française d’El Qantara et maintient jour et nuit un poste de surveillance, au PK 37,5, à 800 mètres des lignes égyptiennes. Fin décembre, les troupes rembarquent à destination de l’Algérie.

Royaume-Uni modifier

Références modifier

  1. Maurice Vaïsse, L'opération "Mousquetaire", L'Histoire, n°38, octobre 1981.
  2. https://www.sevres.fr/culture/patrimoine-sevrien/la-maison-hetzel.
  3. In Histoire des parachutistes français, page 462
  4. (en) « 2nd Foreign Cavalry Regiment », sur foreignlegion.info.
  5. Nicolas Ventugol, Sébastien Muller, « Historique du 2e Régiment Étranger de cavalerie », sur Légion Cavalerie (consulté le ).
  6. Lt colonel Henri Azema, « Historique succinct du 8e régiment de dragon », sur Cavaliers et blindés d'hier et d'aujourd'hu (consulté le ).
  7. Jacques Massu, « Massu parle », Historama, no 32,‎ .
  8. Sylvain Chamonnois, Marie-Catherine et Paul Villatoux, « Les aviateurs témoignent », Le Fana de l'Aviation, no 564,‎ , p. 29
  9. a b et c Cyril Falls, Brassey's Annual, the armed forces year-book, 1957, p. 77
  10. a b et c Jean Randier, La Royale, la torpille et la bombe, p. 155
  11. Jean Goanvic, « Courrier militaire franco-britannique pendant la Crise de Suez 1956 », sur histoire-et-philatelie.fr (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier