Onufri (en albanais : Onufri ; grec moderne : Ονούφριος ; italien : Onufri), Onouphrios de Neokastro ou Onouphrios Argytes, était un archiprêtre d'Elbasan vivant au XVIe siècle, au début de l'ère ottomane en Albanie, et le plus important peintre de peintures murales et d'icônes orthodoxes de son époque dans la région[1],[2],[3],[4],[5].

Onufri
Une statue d'Onufri à Berat, en Albanie.
Statue d'Onufri à Berat, en Albanie.
Biographie
Naissance
Activités
Peintre, iconographeVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
XVIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Genres artistiques
Peinture religieuse, peintre d'icônes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Formé à Venise, il a imprégné la peinture d'icônes albanaise du climat artistique de la Renaissance italienne[6]. Il fonde une école de peinture à Berat et étend son influence jusqu'à Kastoria (Macédoine actuelle, Grèce)[1],[2],[3],[7]. Ses œuvres sont d'une grande originalité et combinent des éléments post-byzantins et gothiques[3],[2]. Les œuvres d'Onufri ont joué un rôle décisif dans le développement postérieur de l'art albanais, jusqu'au XIXe siècle[1].

Le musée iconographique Onufri, un musée national albanais à Berat, porte le nom du peintre.

Biographie modifier

On sait peu de choses avec certitude sur la vie d'Onufri et son existence n'a redécouverte qu'au début du XXe siècle. On pense qu'Onufri est né au début du XVIe siècle soit dans la région de Berat (dans l'actuelle Albanie), soit près de Kastoria ou de Grevena (dans le nord de la Grèce d'aujourd'hui)[8]. L'épithète Argitis qui apparaît dans une fresque dans l'église des Saints Apôtres près de Kastoria pourrait suggérer qu'Argos est son lieu de naissance mais, comme elle n’apparaît qu'une seule fois, il est probable qu'elle se réfère à un emplacement dans la région de Kastoriá[8].

La qualité impeccable des inscriptions calligraphiques grecques indiquent qu'Onufri il a reçu une éducation de haut niveau[9]. Il a fait ses études dans la République de Venise et a été membre de la Fraternité grecque de Venise.

Onufri a été actif à Berat et, peut-être, à Venise jusqu'en 1547. Puis il travailla à la fois à Berat et à Kastoria et en 1555, à Shelcan près d'Elbasan. Il a peut-être aussi été le peintre de diverses peintures murales dans l'église Saint-Nicolas près de Prilep (Macédoine du Nord)[10]. Après 1554, il vécut et peignit dans le village de Valsh.

Dans un certain nombre d'églises, ses œuvres étaient signées du titre "Protopapas" (grec moderne : Πρωτόπαππας), ce qui signifie qu'il occupait une position élevée dans la hiérarchie de l'Église[9]. Cependant, sa signature n'a pas été conservée sur des icônes qui lui ont également été attribuées, comme une icône Dodekaorton qui est conservée au Musée national d'art médiéval à Korçë[9].

Œuvre modifier

Onufri a introduit plus de réalisme et d'individualité dans les expressions faciales de ses peintures, rompant ainsi avec les conventions strictes de l'époque.

Selon Georgios Golobias, les œuvres d'Onufri ont été considérablement influencées par l'art occidental en raison de son éventuel séjour à Venise, compte tenu qu'il était membre de la fraternité grecque locale. A contrario, Manolis Chatzidakis affirme que les traces de cette influence occidentale sont peu nombreuses et que celles-ci peuvent s'expliquer par le contact avec les peintures de l'école crétoise[11].

Son travail se distingue par l'utilisation intense des couleurs et l'utilisation de colorants naturels[12]. Selon Lucia Nadin (sq), la peinture d'Onufri atteste bien le rouge comme couleur traditionnelle albanaise[4]. Il fut aussi le premier à introduire la couleur rose dans la peinture d'icônes. Le secret de fabrication de cette couleur n'a d'ailleurs pas été transmis et a disparu avec lui.

Onufri a fondé une école de peinture à Berat, qui a été transmise à son fils Nikollae et, à sa mort, à Onouphrios Cypriotes (Onufri Cypriota) et Kostandin Shpataraku.

Dans le climat de l'époque, la peinture d'icônes chrétiennes peut être vue comme un acte pour défendre la culture pré-ottomane[13].

Liens externes (musées) modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c Theophan Popa, « Onufri, master of fantasy and realism: a 16th-century Albanian painter of icons and frescoes virtually unknown outside his country », The UNESCO Courier, UNESCO, vol. 27,‎ , p. 13–17 (présentation en ligne, lire en ligne)
  2. a b et c Robert Elsie, Historical Dictionary of Albania, Rowman & Littlefield, , 339– (ISBN 978-0-8108-6188-6, lire en ligne)
  3. a b et c Epirus, 4000 Years of Greek History and Civilization, Athens, Ekdotikē Athēnōn, (ISBN 960-213-371-6, lire en ligne), p. 336
  4. a et b Lucia Nadin, Migrazioni e integrazione: il caso degli Albanesi a Venezia (1479-1552), Bulzoni, (ISBN 978-8878703407, lire en ligne), p. 83
  5. H.T. Norris, Islam in the Balkans Religion and Society Between Europe and the Arab World, University of South Carolina Press, (ISBN 978-0-87249-977-5, lire en ligne  ), 68
  6. Bruce Williams, Popular Music in Eastern Europe: Breaking the Cold War Paradigm, Springer, (ISBN 9781137592736), « The Eagle Rocks: Isolation and Cosmopolitanism in Albania's Pop-Rock Scene », p. 92
  7. Revue des études byzantines, vol. 63-65, Institut français d'études byzantines, , 21–24 p. (lire en ligne)
  8. a et b Ioannis Sissiou, « Ο παλαιός των ημερών ως ξεχωριστή εικονογραφική σύλληψη του ζωγράφου Ονούφριου στην Καστοριά » [« L'époque antique en tant que conception iconographique distincte du peintre Onoufrios à Kastoria »], Recueil des travaux de l’Institut d’études byzantines (consulté le )
  9. a b et c Anastasia Tourta, Nikos Zias, Eugenia Kourkoutidou-Nikolaidou et Lorenc Glozhen, Icons from the Orthodox Communities of Albania: Collection of the National Museum of Medieval Art, Korce, Thessaloniki, Museum of Byzantine Culture, Thessaloniki ; European Centre tor Byzantine and Post-Byzantine Monuments, Thessaloniki ; National Museum of Medieval Art, Korcë, (ISBN 960-89061-0-5, lire en ligne), p. 20 :

    « Nothing is known of Onouphrios's life,... from the church of this saint in Berat. »

  10. Darko Nikolovski, « Carskite dveri od crkvata Sv. Nikola vo s. Zrze - Prilep » [« Les portes royales de l'église St. Nikola dans le village de Zrze-Prilep] »] [archive du ] (consulté le )
  11. (de) Karin Kirchhainer, « Das Ossuarium des Petrus- und Paulus- Kloster in Vithkuq (Nordepirus) und seine Freskendekoration (1750) », Makedonika, vol. 34, no 4,‎ , p. 149–208 (DOI 10.12681/makedonika.872, lire en ligne, consulté le )
  12. Tom Masters, Eastern Europe, Lonely Planet, , 49 p. (ISBN 978-1-74104-476-8, lire en ligne)
  13. Theofan Popa, Ikona dhe miniatura mesjetare në Shqipëri, Tirana, 8 Nëntori 1974.

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