Les Ojos de Mar, également appelés Ojo de Tolar[1], est un site de l'extrême Nord-Ouest de l'Argentine comprenant 3 à 6 petits plans d'eau de soude et salés. Ils sont situés à haute altitude, près de la ville de Tolar Grande, et constituent une attraction touristique importante. Ils sont habités par des micro-organismes extrémophiles d'intérêt pour la biotechnologie ; des stromatolites y ont également été trouvés.

Ojos de mar
Photo d'un lac du site d'Ojos de Mar avec le cône du volcan Aracar à l'arrière-plan
Le site d'Ojos de Mar avec le volcan Aracar à l'arrière-plan
Administration
Pays Drapeau de l'Argentine Argentine
Province Salta
Géographie
Coordonnées 24° 37′ 25″ S, 67° 22′ 16″ O
Altitude 3 510 m
Profondeur
 · Maximale
m
m
Géolocalisation sur la carte : Argentine
(Voir situation sur carte : Argentine)
Ojos de mar

Géographie modifier

Les Ojos de Mar sont au nombre de trois[2] ou six petits étangs[3], profonds de 3 à 8 m, caractérisés par une couleur bleu-turquoise[4] dans un paysage désertique salé blanc sous un ciel bleu vif. Ils se trouvent à une altitude de 3 510 m[5], à 4 km de la ville de Tolar Grande[6] et à 380 km à l'ouest de la ville de Salta[7].

Leur eau est extrêmement salée et alcaline[8] et leur couleur change en fonction de l'angle du Soleil[9] sur les eaux claires. Les plans d'eau sont remplis d'eau provenant des roches environnantes qui s'évapore dans les Ojos de Mar. Le nom, Ojos de mar (« Yeux de mer » en espagnol), peut faire référence à la couleur et à la salinité de l'eau qui ressemble à la mer. Il est possible que les plans d'eau aient été découverts par les Espagnols, lors de leur traversée des Andes[10]. Malgré leur nom et leur apparence, ils ne sont pas d'origine marine. La température de l'eau avoisine les 14 °C[3] et la couleur turquoise est due à la lumière du Soleil réfléchie par le fond des plans d'eau[11]. On note la présence de gypse et de halite[1],[12].

Tourisme modifier

Les Ojos de Mar sont l'une des principales attractions touristiques de Tolar Grande[7]. Le train touristique Tren a las Nubes (train des nuages) passe par Tolar Grande[13] où une route mène à un parking[8],[9]. L'environnement des plans d'eau est fragile et les visiteurs sont donc découragés de s'approcher de trop près, également parce que le sol est instable[14]. Les autres attractions touristiques de Tolar Grande sont les volcans Llullaillaco, Socompa et le Cono de Arita[9]. On trouve dans la végétation locale les tola et les yareta, et dans la faune sauvage, des vigognes[6].

Intérêt scientifique modifier

Les Ojos de Mar présentent un riche assemblage de micro-organismes, y compris des extrémophiles, dans leurs eaux qui ont été analysés par des méthodes bio-informatiques[15]. L'écosystème a été désigné comme « écosystème microbien d'évaporites de gypse »[16] ; il s'agit de biofilms ou d'écosystèmes microbiens endolithiques associés à des gisements d'évaporites[12].

Ils présentent également un intérêt scientifique en raison des stromatolithes qui s'y dressent[7] — les stromatolithes sont les plus anciennes traces de vie sur la planète qui, il y a au moins 3,4 milliards d'années, ont contribué à diffuser l'oxygène dans l'atmosphère —[17]. Leur découverte en 2009 a attiré l'attention des médias et, en 2011, elle a conduit le gouvernement de la province de Salta[8] à déclarer zone protégée le site, ainsi que le lac Laguna Socompa où se trouvent des stromatolithes similaires[18].

Importance biotechnologique modifier

De manière générale, l'Altiplano argentin compte un certain nombre de lacs de haute altitude, situés entre 3 000 à 6 000 m, qui se caractérisent par des conditions environnementales extrêmes : ensoleillement extrêmement élevé, températures basses, grands changements de température entre le jour et la nuit ou encore une salinité extrêmement élevée de leurs eaux, en raison des taux d'évaporation élevés et de l'accumulation d'éléments toxiques, tels que l'arsenic[19],[20]. Pour cette raison, les plantes et les animaux y sont rares et les micro-organismes extrémophiles supportant ces conditions difficiles constituent une grande partie du biote[21]. Ces organismes pourraient être utilisés pour obtenir des enzymes qui pourraient être utiles pour les processus industriels, telles que des enzymes résistantes ou exploitant le rayonnement ultraviolet comme les photolyases et les antioxydants qui protègent les cellules des dommages oxydatifs. Ces composés et protéines pourraient aussi être utilisés en médecine et dans l'industrie cosmétique[22].

Galerie modifier

Références modifier

  1. a et b (en) María Eugenia Farías (dir.), Patricio G. Villafañe et Agustina I. Lencina, « Integral Prospection of Andean Microbial Ecosystem Project », Microbial Ecosystems in Central Andes Extreme Environments, Cham, Springer International Publishing,‎ , p. 253 (ISBN 978-3-030-36191-4, DOI 10.1007/978-3-030-36192-1_17, lire en ligne, consulté le ).
  2. (es) Clarín.com, « En la Puna, un ecosistema único en el mundo », sur Clarín, (consulté le )
  3. a et b (en) Marcos J. Maldonado, Virginia H. Albarracín, José A. Lara, Marcela A. Ferrero et María E. Farías, « Culture-dependent and -independent methods reveal dominance of halophilic Euryarchaeota in high-altitude Andean lakes », Aquatic Microbial Ecology, vol. 81, no 2,‎ , p. 176 (ISSN 0948-3055, DOI 10.3354/ame01863, hdl 11336/86145).
  4. (es) Marcelo Gutierrez Lionel Pairuna, « TURISMO Y DEPORTES SALTA: Turismo Naturaleza, paisajes imperdibles », sur turismosalta.gob.ar (consulté le ).
  5. Rasuk et al. 2017, p. 867.
  6. a et b (es) « Tolar Grande », sur Puna Argentina (consulté le ).
  7. a b et c (es) Carlos R. Cáceres, Claudia A. Troncoso et Pablo M. Vanevic, « Nuevas modalidades turísticas en Argentina. Experiencias de Turismo Comunitario en la provincia de Salta » [PDF], sur CONDET, Universidad Nacional de Tierra del Fuego, (consulté le ), p. 10
  8. a b et c Albarracín et Farias 2012, p. 37.
  9. a b et c (es) « La inmensidad de la Puna habita en Tolar Grande - La Gaceta Salta », La Gaceta Salta,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (es) Andreina Ibarra, « Los 'Ojos del Mar' en la Puna Argentina », Diario Porteño,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (es) Sara Graciela Lapad, « La Paleontología en Salta », sur Portal Informativo de SALTA (consulté le )
  12. a et b Vignale et al. 2021, p. 8.
  13. (es) Soledad Gil, « El tren-bus a las Nubes », La Nacíon,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (es) « 10 lugares de Argentina que muy pocos conocen », La Nación,‎ (ISSN 0325-0946, lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) J.R. Moreno, V.H. Albarracín et M.E. Farias, « Bacterias Extremófilas en Tapetes Microbianos Litificados en Ojos de Mar de Tolar Grande, Salta », Catamarca, Terceras jornadas universitarias de ciencias exactas y naturales, Jucen, Biología, , p. 1–2.
  16. Vignale et al. 2021, p. 6.
  17. (en) T. Bosak, S. E. Greene et D. K. Newman, « A likely role for anoxygenic photosynthetic microbes in the formation of ancient stromatolites », Geobiology, vol. 5, no 2,‎ , p. 119–126 (ISSN 1472-4677, PMID 20890383, PMCID 2947360, DOI 10.1111/j.1472-4669.2007.00104.x)
  18. Vignale et al. 2021, p. 13.
  19. Albarracín et Farias 2012, p. 34.
  20. Rasuk et al. 2017, p. 866.
  21. Albarracín et Farias 2012, p. 35.
  22. Albarracín et Farias 2012.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Marcos J. Maldonado, Virginia H. Albarracín, José A. Lara, Marcela A. Ferrero et María E. Farías, « Culture-dependent and -independent methods reveal dominance of halophilic Euryarchaeota in high-altitude Andean lakes », Aquatic Microbial Ecology, vol. 81, no 2,‎ , p. 176 (ISSN 0948-3055, DOI 10.3354/ame01863, hdl 11336/86145)
  • (es) « La inmensidad de la Puna habita en Tolar Grande - La Gaceta Salta », La Gaceta Salta,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (es) Andreina Ibarra, « Los 'Ojos del Mar' en la Puna Argentina », Diario Porteño,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Federico A. Vignale, Agustina I. Lencina, Tatiana M. Stepanenko, Mariana N. Soria, Luis A. Saona, Daniel Kurth, Daniel Guzmán, Jamie S. Foster, Daniel G. Poiré, Patricio G. Villafañe, Virginia H. Albarracín, Manuel Contreras et María E. Farías, « Lithifying and Non-Lithifying Microbial Ecosystems in the Wetlands and Salt Flats of the Central Andes », Microbial Ecology,‎ (PMID 33730193, DOI 10.1007/s00248-021-01725-8, S2CID 232305171)

Liens externes modifier