Offensive Meuse-Argonne

Offensive Meuse-Argonne
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Carte de l'offensive
Informations générales
Date du 26 septembre au
Lieu Meuse, Forêt de l'Argonne, France
Issue

Victoire stratégique alliée

Changements territoriaux
  • Les troupes françaises progressent de 32 km, libérant Le Chesne et Sedan
  • Les troupes américaines progressent de 16 km
Belligérants
Drapeau de la République française France
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de la Thaïlande Siam[1]
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Commandants
Drapeau de la République française Henri Gouraud
Drapeau des États-Unis John Pershing,
Drapeau des États-Unis Hunter Liggett,
Drapeau des États-Unis Robert Lee Bullard
Drapeau de l'Allemagne Karl von Einem,
Drapeau de l'Allemagne Georg von der Marwitz
Drapeau de l'Allemagne Max von Gallwitz
Forces en présence
Pertes
Françaises :
35 000 morts
Américaines :
26 277 morts
96 000 blessés
Siamoises :
19 morts[1]
28 000 morts

Première Guerre mondiale

Batailles

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Bataille de l'Atlantique

Coordonnées 49° 16′ 21″ nord, 5° 08′ 31″ est

L'offensive Meuse-Argonne fut la dernière attaque alliée de la Première Guerre mondiale. Ce fut également la plus grande opération et victoire de l'American Expeditionary Force (AEF) dans cette guerre.

Cette offensive alliée franco-américano-siamoise se déroula dans le secteur de Verdun, immédiatement au nord et nord-ouest de la ville, entre le et le . Cette opération poussa l'armée allemande à la défaite finale et à la signature de l'armistice du 11 novembre qui mit fin aux hostilités.

Forces en présence modifier

      Forces alliées modifier

  Empire allemand modifier

Les forces allemandes consistaient approximativement en 40 divisions des armées du Prince héritier et du général Max Karl Wilhelm von Gallwitz ; la plus grande force de la Ve armée de Gallwitz était commandée par le général Georg von der Marwitz.

Première phase : 26 septembre au 3 octobre (Bataille de Champagne et d’Argonne) modifier

La première armée du corps expéditionnaire américain du général John Pershing lance ce qui deviendra la bataille de l'Argonne, au nord de Verdun. C'est l'une des batailles prévues par le maréchal français Ferdinand Foch afin que les Allemands abandonnent leurs défenses sur la ligne Hindenburg et finissent par capituler.

 
Attaque du 369e régiment d'infanterie américain durant l'offensive Meuse-Argonne[note 1].
 
Drapeau de la 157e division d'infanterie française, dite « Red Hand Division », « division Main Rouge[note 2] ».

La première armée de Pershing, comptant environ un million d'hommes répartis en trois corps, tient un front de 27 kilomètres de Forges à la Meuse jusque dans la forêt d'Argonne.

À gauche de la première armée américaine se tient la 4e armée française du général Henri Gouraud.

Les forces américaines font face au groupe d'armée du général allemand Max von Gallwitz, tandis que les Français affrontent le groupe d'armées du prince royal de Prusse Frédéric-Guillaume. Les Américains et les Français déploient 37 divisions, alors que les Allemands n'en disposent que de 24. Ils tiennent trois lignes de défenses fortifiées sur un terrain difficile.

Bataille de Montfaucon modifier

L'attaque est lancée à 5 h 25 le . Les forces américaines gagnent rapidement du terrain, avançant de 5 kilomètres environ le premier jour de l'offensive. La progression des Français est moins spectaculaire mais Gouraud cueille 7 000 prisonniers. Le 27, les attaques reprennent : les Allemands dépêchent des renforts dans le secteur et ralentissent l'avancée des troupes alliées. L'armée Gouraud emporte le plateau de Grateuil et fait 3 000 prisonniers. La 1re armée américaine enlève Montfaucon. En deux jours, elle ramasse 8 000 prisonniers et 100 canons. Mais, mal ravitaillés, embouteillés dans la forêt d'Argonne, très éprouvés par les bombardements, les corps américains n'avancent plus guère, et il en est de même de l'armée Gouraud. Le 30, l'offensive est arrêtée ; elle n'a pas donné tous les résultats qu'on attendait d'elle. À la fin de la bataille, le , seulement deux des trois lignes de défense allemandes sont tombées dans le secteur français.

Bataille de Somme-Py modifier

L'offensive reprend le . La 4e armée de Gouraud, renforcée par la 2e division d’infanterie américaine (avec la 36e d’infanterie américaine en soutien), enlève le plateau de Notre-Dame-des-Champs (21e DI française), puis les hauteurs d'Orfeuil (73e DI) pendant que Berthelot (5e armée) emporte le massif de Saint-Thierry. Les Allemands doivent évacuer la région des Monts et battent en retraite, poursuivis jusqu'à l'Aisne par Gouraud qui entre le 12 à Vouziers. Sur la rive droite de la Meuse, l'armée américaine progresse en direction du col de Grandpré.

Bataille de Saint-Thierry modifier

Seconde phase : 14 au 28 octobre modifier

La deuxième phase de l'offensive franco-américaine de l'Argonne commence le 14, après une période de réorganisation au cours de laquelle les forces américaines engagées dans la bataille ont été divisées en deux armées : la première sous les ordres du général Hunter Liggett et la deuxième commandée par le général Robert Lee Bullard. Le général John Pershing est commandant général des deux armées.

Dans son instruction du , Pétain a fixé les objectifs : pour la 1re armée américaine, rompre la position Kriemhild en atteignant Buzancy et la ligne de côtes de Dun-sur-Meuse-Damvillers et pour la 4e armée française, manœuvrer le front allemand de l'Aisne en attaquant par l'est de Vouziers.

Bataille de Vouziers-Grandpré modifier

Le , le 1er corps américain (Première armée américaine de Liggett) s'empare de Saint-Juvin, pénètre avec quelques éléments dans Grandpré et aborde la position Kriemhild en se heurtant à un barrage d'armes automatiques. Pour protéger le flanc de l'attaque américaine, Gouraud réussit à s'établir avec le 38e corps en tête de pont de l'autre côté de l'Aisne, au nord de Termes, Mouron (Ardennes), Brécy et Olizy.

Les 16 et , profitant de l'avance du 38e corps français, la 1re armée américaine réoccupe Grandpré, pousse jusqu'à Champigneulle et s'efforce du 21 au 23 à déboucher de Romagne-sous-Montfaucon.

Le , sur le flanc de la IIIe armée allemande, le 38e corps élargit sa tête de pont et le 9e corps (134e, 53e et 73e divisions) réussit à franchir les prairies inondées des bords de l'Aisne et aborde les rebords de l'Argonne.

Le , les régiments tchécoslovaques de la 53e division enlèvent Terron pendant que les Américains progressent de part et d'autre de la Meuse, vers Bantheville et vers le bois des Caures et d'Ormont.

Les Allemands sont obligés de dépêcher des renforts depuis d'autres secteurs menacés sur le front occidental pour contrer les Français et les Américains. Chaque camp essuie de lourdes pertes lors des combats, qui s'épuisent à la fin du mois. Les troupes de Pershing ont cependant percé la troisième et dernière ligne de défense allemande.

L'offensive de l'Argonne est renouvelée au début du mois de novembre, après une période de repos et d'envoi de renforts : relève des 82e et 42e divisions durement éprouvées, augmentation des canons de campagne pour remplacer les canons lourds encombrant l'arrière.

Troisième phase : 28 octobre au 11 novembre modifier

La troisième et dernière phase de l'offensive de l'Argonne, dirigée par les Américains, commence. La Première armée américaine sous les ordres de Liggett reprend son avancée dans le nord et perce les défenses allemandes de Buzancy, ce qui permet à la 4e Armée française de traverser l'Aisne.

Bataille du Chesne et de Buzancy modifier

La résistance allemande s'effondre et les forces américaines progressent rapidement dans la vallée de la Meuse en direction de Sedan qui tombe le 6. L'offensive progresse encore jusqu'à la signature de l'armistice le 11 novembre.

Pertes modifier

 
Cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon.
 
Décoration pour les vétérans américains ayant participé à cette offensive.
 
Destructions dans l'Argonne en 1920.

L'offensive de l'Argonne est un succès mais son prix est élevé : plus de 26 000 soldats américains sont tués[2], et près de 96 000 sont blessés.

Décoration modifier

  • ARGONNE 1918 est inscrit sur le drapeau des régiments cités lors de cette bataille.


Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Bruno Cabanes, Les Américains dans la Grande Guerre (2017)
  • Rémy Porte, Les États-Unis dans la Grande Guerre (2017)
  • Joël Huret, Les Américains sur le front de Lorraine 1917-1918
  • Michaël Bourlet, L’armée américaine dans la Grande Guerre, 1917-1919
  • Hélène Harter, Les États-Unis dans la Grande Guerre
  • Dominique François et Gaëlle François, I want you, Le corps expéditionnaire américain – The American expeditionary forces (2017)
  • Alban Butler Jr, La Grande Guerre vue par les Américains – Carnet du Cpt. Alban B. Butler Jr. de la First Division
  • Gilbert Nicolas, Eric Joret, Jean-Marie Kowalski, Images des Américains dans la Grande Guerre – De la Bretagne au front de l’Ouest

Filmographie modifier

Articles connexes modifier

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Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Ce régiment fait partie des unités d'Afro-Américains rattachées à des unités coloniales françaises. Il a combattu vaillamment dans l'offensive Meuse-Argonne, en étant rattaché à la 161e division française. Il a attaqué derrière un barrage d'artillerie, s'est emparé des tranchées allemandes et a repris le village de Ripont. Le 29 septembre, le régiment a pris d'assaut de puissantes positions ennemies et libéré la commune de Séchault. En dépit de lourdes pertes en vies humaines, le 369e, appelé « Les combattants de l'enfer » par les Français et les Allemands, a continué sans relâche l'attaque à l'aube. Assailli par des mitrailleuses ennemies, ils ont chargé dans la forêt au nord-est de Séchault, contournant et écrasant les positions des mitrailleuses ennemies. L'élan du « Let's Go ! » et l'esprit de lutte indomptable du 369e d'infanterie ont été illustrés tout au long de la bataille. Leur initiative, leur leadership et leur bravoure ont été décorés par la Croix de guerre française remise au régiment.
  2. Le 28 septembre, le général Mariano Goybet commandant la 157e division d'infanterie Française nommée 157e Red Hand Division (Division main rouge) , a lancé ses troupes dans l'offensive Meuse-Argonne. Il a rompu le front devant Monthois. Un seul de ses régiments était français, le 333e. Deux de ses régiments (les 371e et 372e régiments d'infanterie américains) étaient composés d'Afro-Américains. Dans ses neuf premiers jours de combats dans le secteur de Meuse-Argonne, le 372e régiment peut être crédité d'avoir progressé de 8 kilomètres dans une défense très organisée. Dans le processus, il a fait prisonniers 600 Allemands, capturé 15 canons lourds, 20 minenwerfers et environ 150 mitrailleuses, ainsi qu'une quantité énorme de matériel d'ingénierie et de munitions d'artillerie. Le 372e a joué un rôle clé dans l'offensive Meuse-Argonne et subi des pertes de 500 hommes tués, blessés ou gazés dans l'action. Ils se sont battus vaillamment à Verdun, Bussy Ferme (où tous les officiers de la compagnie ont été tués ou blessés, et Séchault. Il a ensuite débordé les lignes et a participé à l’offensive en Champagne. Le 371e dans l'offensive Meuse-Argonne a pris la cote 188, Bussy Ferme, Ardeuil-et-Montfauxelles et Trières Ferme près de Monthois. Le régiment a capturé de nombreux prisonniers allemands, 47 mitrailleuses, 8 engins de tranchées, 3 pièces de campagne de 77 mm, un dépôt de munitions, de nombreux wagons et des quantités énormes de matériel. Il a abattu trois avions allemands au fusil et à la mitrailleuse lors de l'avance. Pendant les combats entre le 28 septembre et le 6 octobre 1918, les pertes, pour la plupart dans les trois premiers jours, ont été de 1 065 sur 2 384 soldats effectivement engagés. Le caporal Freddie Stowers s'est particulièrement distingué à l’assaut de la cote 188 près de Bussy ferme.

Références modifier

  1. a b c et d (en) Keith Hart, « A Note on the Military Participation of Siam in the First World War », Journal of the Siam Society, vol. 70, nos 1-2,‎ , p. 135 (lire en ligne   [PDF])
  2. « Il y a cent ans, les États-Unis menaient en France la bataille la plus meurtrière de leur histoire », sur lemonde.fr, (consulté le )