Norbert Bartosek, né le à Marenberg (Slovénie, alors empire autrichien) et mort en 1959 à Buenos Aires (Argentine), est un docteur en médecine anarchiste, promoteur de la vasectomie dans les milieux libertaires[1],[2].

Norbert Bartosek
Image illustrative de l’article Norbert Bartosek

Naissance
Marenberg (Slovénie)
Décès
Buenos Aires
Première incarcération 1935
pratique
de la vasectomie
Bordeaux
Origine Autriche
Cause défendue libertaire
néomalthusianisme

Biographie modifier

Au début des années 1930 en Autriche, avec son frère Klemens Bartosek, médecin et chef de clinique à Graz, il est l’inventeur d’une nouvelle méthode pour pratiquer la vasectomie (stérilisation masculine) qu'il met en pratique. Il est poursuivi par la justice pour « stérilisation non autorisée » et contraint de quitter le pays en 1932[3].

En 1933, il arrive en France après un passage en Espagne et trouve refuge à Lyon chez des militants anarchistes[4]. C’est dans ce milieu libertaire et néomalthusien qu’il poursuit ses opérations et la promotion de la vasectomie.

Le procès dit des « Stérilisés de Bordeaux » modifier

Les 23 et , à la demande du « Groupe libertaire de Bordeaux », il pratique, au domicile du couple Andrée et André Prévotel, des vasectomies sur 15 hommes - dont Aristide Lapeyre et André Prévôtel - partisans de la contraception par la stérilisation masculine volontaire.

Les 30 et , André Prévôtel est arrêté avec sa compagne Andrée et Aristide Lapeyre[5], Louis Harel le sera le . Tous sont inculpés de complicité avec le docteur Bartosek.

Celui-ci fuit en Belgique, où il est arrêté et extradé vers la France.

Une intense campagne d'opinion est coordonnée par le « Comité de Défense Sociale de Bordeaux »[6],[7].

Après l'audience du , le tribunal correctionnel de Bordeaux rend son verdict le , dans ce que la presse appelle l'« affaire des stérilisés de Bordeaux »[8] ou « Affaire Bartosek » : le médecin autrichien est condamné à 3 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour[9] pour « castrations et violences », bien que la loi de 1920 qui réprime la contraception et sa promotion ne mentionne pas la vasectomie. Le tribunal se base sur l'article 316 du code pénal, qui réprime la castration et l'article 311 qui vise les violences, « coups et blessures volontaires », ce qui semble inadapté concernant une stérilisation volontaire.

La Cour d’appel se saisit du dossier le 1er juillet. Dans son arrêt du , elle confirme les motifs de la condamnation, mais diminue les peines, ramenant notamment celle de Bartosek à un an ferme[10], ce qui le fait libérer immédiatement, après 15 mois de détention préventive.

Le , la Chambre criminelle de la Cour de cassation rend un arrêt confirmant celui de la Cour d’appel. La vasectomie est assimilée à des coups et blessures faits volontairement, avec préméditation, et « le fait que les victimes auraient consenti aux violences n’est pas exclusif de la préméditation »[11].

Bartosek retourne à Lyon puis cherche refuge, notamment en Suisse, où il passe quelque temps à Genève en 1938. Il y donne quelques conférences dans les milieux syndicaux.

Œuvre modifier

  • La Stérilisation sexuelle, son importance eugénique, médicale, sociale, préf. Hem Day, Bruxelles, Pensée et action, 1937, (OCLC 36396008).

Bibliographie modifier

Iconographie modifier

Notes et références modifier

  1. Le procès des stérilisés, Sud Ouest, 17 février 2015, lire en ligne.
  2. (en) Richard David Sonn, Sex, Violence, and the Avant-garde : Anarchism in Interwar France, Penn State University Press, 2010, page 129.
  3. Collectif, D'une révolte à une lutte : 25 ans d'histoire du planning familial, Mouvement français pour le planning familial, 1982, page 33.
  4. Claire Auzias, Mémoires libertaires : Lyon 1919-1939, L'Harmattan, 2000, page 252.
  5. Anne Cova, Féminismes et néo-malthusianismes sous la Troisième République, L'Harmattan, 2011, page 180.
  6. Affiche du « Comité de Défense Sociale de Bordeaux », Éphéméride anarchiste.
  7. Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones : La stérilisation est-elle un crime ?, 1936.
  8. Institut international d'histoire sociale (Amsterdam), L'affaire des stérilisés de Bordeaux
  9. Geo London, Les mystères de Thémis, SEPE, 1947, page 152.
  10. Geo London, Les grands procès de l'année 1936, éd. de France, p. 113.
  11. Marc Prévôtel, Les stérilisés de Bordeaux, Réfractions, no 7, automne 2001.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier