Neurothéologie (parfois appelé neuroscience de la religion) est un néologisme désignant la tentative d'expliquer le besoin de croire[1] ou l'expérience religieuse dans les termes des neurosciences[2]. Pratiquement, il s'agit de l'étude des corrélats neuronaux des phénomènes mystiques. Les promoteurs des hypothèses de la neurothéologie soutiennent qu'il existe une base neurologique de l'expérience subjective, habituellement catégorisée en expérience religieuse, spirituelle ou mystique[3]. L'hypothèse ne fait pas l'unanimité dans la communauté scientifique.

La neurothéologie tente d'expliquer l'expérience religieuse par l'étude du cerveau.

Origine du terme modifier

Aldous Huxley est le premier à utiliser le terme « neurothéologie » en 1962 dans son ouvrage île[4].

Première publication modifier

En 1994, Laurence O. McKinney publie le premier ouvrage sur ce sujet, intitulé « Neurotheology: Virtual Religion in the 21st Century » (« Neurothéologie, la religion virtuelle au XXIe siècle »)[5] Selon la théorie de McKinney, le développement du cortex préfrontal chez l'être humain crée l'illusion du temps à partir de l'âge de trois ans. L'incapacité à retrouver des souvenirs précédant cette période ferait que des questions comme « d'où est-ce que je viens ? » et « où est-ce que tout cela nous mène ? » seraient à l'origine des diverses explications religieuses.

Recherches modifier

Dans les années 1980, Michael Persinger stimule le lobe temporal de sujets humains avec un équipement appelé « casque de dieu »[6], rapportant que plusieurs des sujets auraient rapporté l'impression d'une « présence » ressentie dans la pièce au moment de l'expérience[7]. Cette étude a été critiquée[2] et n'a pu être reproduite par d'autres chercheurs[8],[9].

Le neurologue Norman Geschwind et Vilayanur S. Ramachandran associent l'expérience religieuse avec l'épilepsie du lobe temporal[10],[11].

Mario Beauregard de l'Université de Montréal a, de son côté, conduit une étude auprès de religieuses carmélites tendant à démontrer que l'expérience spirituelle implique plusieurs zones du cerveau et non un unique « Point de Dieu »[12] (« God spot », allusion humoristique -la référence est le G spot- à une aire du cerveau qui serait en rapport avec la croyance en Dieu).

Bibliographie modifier

  • (en) Andrew B. Newberg (en), Principles of Neurotheology, Ashgate Publishing, 2010
  • (en)Brian Alston, What Is Neurotheology, 2007
  • (en)Jacob Abraham, Essays in Neurotheology: The Completeness Theory and Progress Theology, ISPCK, Indian Society for Promoting Christian Know, 2006
  • (en)Michael Trimble, The Soul in the Brain: The Cerebral Basis of Language, Art, and Belief, JHU Press, 2007
  • (en)Rhawn Joseph, NeuroTheology, University Press, 2003
  • (en) Katie Marsala, Wired for God?: An Assessment of Recent Work in Neurotheology, 2003
  • (de) Tobias Häde, Neurotheologie: Einzelne Untersuchungen, Experimente und Deutungen religiöser Erlebnisse aus christlicher Perspektive betrachtet, GRIN Verlag, 2012
  • (de) Neurotheologie zwischen Religionskritik und -affirmation: Chancen und Grenzen aus religionswissenschaftlicher Perspektive
  • (en) Laurence O. McKinney, Neurotheology: Virtual Religion in the 21st Century, Amer Inst for Mindfulness, 1994

Références modifier

  1. D'où vient le besoin de croire ?.
  2. a et b (en) Craig Aaen-Stockdale, « Neuroscience for the Soul », The Psychologist, vol. 25, no 7,‎ , p. 520–523 (lire en ligne).
  3. (en) A. Chris Gajilan, « Are humans hard-wired for faith? », Cable News Network, (consulté le ).
  4. https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00115-011-3384-6.
  5. (en) Laurence O. McKinney, Neurotheology : Virtual Religion in the 21st Century, American Institute for Mindfulness, , 172 p. (ISBN 0-945724-01-2).
  6. (en) M A Persinger, « Religious and mystical experiences as artifacts of temporal lobe function: a general hypothesis. », Perceptual and motor skills, vol. 57, no 3 Pt 2,‎ , p. 1255–62 (PMID 6664802, DOI 10.2466/pms.1983.57.3f.1255).
  7. (en) Persinger, MA, « The Sensed Presence Within Experimental Settings: Implications for the Male and Female Concept of Self », The Journal of Psychology: Interdisciplinary and Applied, vol. 137, no 1,‎ , p. 5–16.
  8. (en) P Granqvist, M Fredrikson, P Unge, A Hagenfeldt, S Valind, D Larhammar et M Larsson, « Sensed presence and mystical experiences are predicted by suggestibility, not by the application of transcranial weak complex magnetic fields », Neuroscience Letters, vol. 379, no 1,‎ , p. 1–6 (PMID 15849873, DOI 10.1016/j.neulet.2004.10.057, résumé).
  9. Larsson, M., Larhammarb, D., Fredrikson, M., and Granqvist, P., « Reply to M.A. Persinger and S. A. Koren's response to Granqvist et al. "Sensed presence and mystical experiences are predicted by suggestibility, not by the application of transcranial weak magnetic fields" », Neuroscience Letters, vol. 380, no 3,‎ , p. 348–350 (DOI 10.1016/j.neulet.2005.03.059).
  10. (en) Waxman SG, Geschwind N., « The interictal behavior syndrome of temporal lobe epilepsy. », Arch Gen Psychiatry., vol. 32, no 12,‎ , p. 1580–6 (PMID 1200777).
  11. Ramachandran, V. and Blakeslee, Phantoms in the Brain, .
  12. « Harper Collins Publishers Author Interview with mario Beauregard », HarperCollins.com.