Nelly Roussel

libre penseuse, franc-maçonne, féministe, antinataliste, néomalthusienne et femme de lettres libertaire français
Nelly Roussel
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Cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Nel-Godet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Vue de la sépulture.

Nelly Roussel, née le à Paris 12e et morte le à Rueil-Malmaison[1], est une libre penseuse, franc-maçonne, féministe, antinataliste, néomalthusienne et femme de lettres libertaire française.

En 1902, elle est une des premières femmes à se déclarer en faveur de la contraception. Avec Madeleine Pelletier, elle souligne l'importance de l'éducation sexuelle des filles.

Biographie modifier

 
Henri Godet: Nelly Roussel et sa fille Mireille (1904)

Nelly Roussel est née le 5 janvier 1878 à Paris où elle grandit dans une famille bourgeoise catholique.

A 20 ans, elle épouse le sculpteur et libre-penseur Henri Godet de 15 ans son aîné, avec qui elle a trois enfants.

Elle est initiée en franc-maçonnerie à la Grande Loge symbolique écossaise. Proche du noyau fondateur de l'Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain »[2], elle est affiliée à la loge no 4[3].

Elle décède de la tuberculose le et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (93e division).

Sa lutte modifier

Nelly Roussel est une militante antinataliste[4],[5]. Comme Madeleine Pelletier, elle est l'une des premières femmes en Europe à revendiquer publiquement le droit des femmes à disposer de leurs corps et à prôner une politique de contrôle des naissances. Néomalthusienne, elle milite pour le droit à la contraception et à l’avortement, « position extrêmement révolutionnaire et minoritaire, y compris dans le cadre du mouvement féministe », selon l'historienne Christelle Taraud[6]. Elle s'insurge, use de ses talents oratoires et appel à la grève des ventres.

Avec Madeleine Pelletier, elle souligne l'importance de l'éducation sexuelle des filles[7]. Pour elles, un objectif prime : dissocier la maternité de la sexualité. Il ne s’agit pas de promouvoir l’amour libre, comme veulent bien croire leurs opposants (y compris féministes), mais de revendiquer le droit des femmes qui vivent en couple, mariées ou non, au plaisir et à l’expression de leur sexualité sans maternité non souhaitée et souvent douloureuse. La femme doit pouvoir choisir d’être mère[8].

Elle lutte pour modifier l'image traditionnelle de la femme. C'est ainsi que l'action, la vie et la pensée de Nelly Roussel s’insurgent contre ce modèle, développant au contraire celui de la « nouvelle femme », bien représenté aux États-Unis. Au travers d'une femme sportive, active, investie dans une profession valorisante. Elle oppose à « l’éternel féminin » ce qu’elle nomme « l’éternelle sacrifiée » (c’est le titre de l’un de ses livres). La femme, écrit-elle : « est en effet sacrifiée non seulement par Dieu et par la Nature mais aussi par la société républicaine elle-même. »[9]. Elle présente le mariage sans amour comme de la prostitution, milite pour supprimer les dispositions du Code civil qui font de la femme mariée une mineure au regard du droit et de la société, ainsi que pour l'obtention du droit de vote[6].

Œuvres modifier

Notes et références modifier

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Rueil-Malmaison, n° 308, vue 93/103.
  2. Dominique Ségalen, Marie Béquet de Vienne : une vie pour l'enfance, Les Presses maçonniques - Conform, 2013, lire en ligne.
  3. Francis Ronsin, La grève des ventres – Propagande néo-malthusienne et baisse de la natalité en France, 19e – 20e siècles, Paris, Aubier Montaigne, , 255 p. (ISBN 978-2-7007-0177-7, présentation en ligne), p. 154.
  4. Jeffrey Tyssens, Le monument Ferrer ou l’histoire d’une statue mal aimée in Francisco Ferrer, cent ans après son exécution. Les avatars d'une image, Actes du colloque organisé en octobre 2009 par le Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité et le Centre d’histoire et de sociologie des gauches de l'Université libre de Bruxelles, La Pensée et les Hommes, 2011, note 32.
  5. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
  6. a et b Christelle Taraud, « Veux-tu être mon égale ? », sur next.liberation.fr, (consulté le ).
  7. Yvonne Knibiehler, L'éducation sexuelle des filles au XXe siècle, Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 4|1996, lire en ligne, DOI 10.4000/clio.436.
  8. Anne Epstein, Anne Cova, Féminismes et néo-malthusianismes sous la IIIe République : « La liberté de la maternité », Clio, 2|2012, lire en ligne.
  9. (en) Nicole Edelman, « Elinor Accampo, Blessed Motherhood, Bitter Fruit. Nelly Roussel and the Politics of Female Pain in Third Republic France », Revue d'histoire du XIXe siècle, no 35,‎ , p. 161-208 (lire en ligne).
  10. Publié à l'occasion de l'exposition Centenaire Nelly Roussel, Bibliothèque féministe Marguerite Durand, Paris, -. Recueil de textes de Nelly Roussel, extraits de diverses revues et publications, 1908-1919. Notice Sudoc.

Annexes modifier

Archives modifier

Les archives de Nelly Roussel se trouvent à la bibliothèque Marguerite-Durand, 79 rue Nationale, 75013 Paris.

Bibliographie modifier

  • Claude Maignien et Salwan Magda, Deux féministes, Nelly Roussel, Madeleine Pelletier, bibliothèque Marguerite-Durand, 1975.
  • Le Grief des femmes. Anthologie de textes féministes du Second Empire à nos jours, textes présentés par Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Paris, Hier et demain, 1978, 320 p.
  • The new biography. Performing femininity in nineteenth-century France, vol. 38 Studies on the history of society and culture, edited by Jo Burr Margadant, University of California Press, 2000.
  • Elinor Accampo,
  1. Industrialization, Family and Class Relations : Saint Chamond, 1815-1914, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1989.
  2. Blessed Motherhood, Bitter Fruit. Nelly Roussel and the Politics of Female Pain in Third Republic France, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2006, 312 p. (ISBN 978-0-8018-8404-7).

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