National Divorce Reform League

La National Divorce Reform League (NDRL) est une association américaine qui riposte contre la Première Vague féministe et prend part au mouvement anti-divorce des années 1880. La NDRL est composée d’hommes, des leaders religieux et des figures académiques[1]. Ses objectifs sont la production de statistiques concernant le divorce, le support de lois sévères et l’uniformisation législative du divorce sur le territoire américain.

Histoire modifier

Créée au Connecticut le 24 janvier 1881 sous le nom de New England Divorce Reform League, celle-ci accorde ses premières années au recrutement[2]. Plus nationale, elle devient officiellement la National Divorce Reform League le 16 février 1885[3]. L’association est dirigée par Theodore Dwight Woolsey (en), directeur, et révérend Samuel Warren Dike (en), secrétaire[4]. Dès 1886, grâce à son travail statistique et éducatif[5], elle acquiert rapidement son influence à travers des séminaires et des conventions religieuses[6]. En janvier 1886, le clergé washingtonien s’engage à coopérer avec la NDRL pour réformer les lois sur le divorce et le mariage[7].

La NDLR affecte également le Département de l’Émigration et de l’Immigration des États-Unis. Elle propose plusieurs questions qui couvrent les sujets du mariage, du divorce et des naissances, particulièrement celles dites « illégitimes »[8].

Prises de position modifier

La restriction du divorce et l'importance du mariage modifier

Le conservatisme moral de la NDRL méprise lourdement le divorce. En 1889, dans un article publié aux côtés du cardinal James Gibbons, l’évêque Henry C. Potter (en) et le colonel Robert G. Ingersoll, Dike étaye la doctrine principale de la Ligue. On peut y lire que « le divorce affecte la famille », que « le divorce est un problème social prédominant » et que « le système législatif du divorce est lâche et cause beaucoup de mal »[9]. Également, le divorce est source de « méfaits par lesquels les partis sont escroqués, les enfants rendus illégitimes et l’héritage rendu incertain[10] ». Puisque « sur le mariage repose la famille, et sur la famille repose la société, la civilisation, les intérêts les plus élevés de la religion et l’État », le mariage doit être indissoluble[11].

La famille nucléaire unie modifier

La NDRL soutient l’idée selon laquelle la famille de la civilisation chrétienne est « essentiellement composée d’un homme et d’une femme liés par le mariage et leurs enfants[12] ». Comme leur constitution en témoigne, la famille, le mariage et le divorce sont indéniablement liés : « son objet [consiste à] promouvoir une amélioration du sentiment public et de la législation dans l'institution de la famille, en particulier en ce qui concerne les maux existants liés au mariage et au divorce[13] ». Également, selon Samuel W. Dike, « la défense de la Maison était aussi cruciale que l’abolition de l’esclavage[14] ».

Objectifs modifier

Recueillir les statistiques sur le divorce et la famille modifier

En 1887, l’association obtient à l’aide du Congrès américain des subventions pour étudier le divorce au pays[15]. Sur ces entrefaites, Dike soutient que « les statistiques du mariage et du divorce trouvent leur justification dans leur rapport à la famille, puisqu'ils permettent sa formation et sa dissolution[16] ». D’abord introduit en 1884, ce projet permettra à la NDRL de regrouper des statistiques sur le mariage, le divorce, l’impudicité et l’illégitimité aux États-Unis, mais également au Canada et en Europe[17]. En 1889, la Ligue publie son rapport officiel, qui correspond à l’étude de ces sujets entre 1867 et 1887[18]. L’année suivante, la NDRL est chargée d’étudier la sociologie de la structure de la famille aux États-Unis[19]. Dans l’objectif d’informer l’opinion publique sur le mariage et le divorce par des bases de données faisant autorité, la Ligue est en mesure d’édifier de nombreux rapports statistiques pour le gouvernement américain[20].

Supporter les lois strictes concernant le divorce modifier

À la suite de la publication de leurs rapports concernant le divorce et le mariage en 1889, la NDRL entame une campagne visant à introduire des lois restrictives sur le divorce[21]. Leurs propositions rendent le divorce largement plus difficile alors que les membres encouragent fortement les législateurs américains à resserrer les lois qui avaient été libéralisées suivant la Guerre de Sécession[22]. La Ligue propose un délai de six mois pour l'officialisation des documents de divorce, une interdiction de remariage de deux ans pour les demandeurs et demandeuses puis une interdiction de remariage à vie pour les défendeurs et les défenderesses[23].

Appuyer une uniformisation de la législation du divorce aux États-Unis modifier

En 1893 et 1894, des délégués de plusieurs états mettent en place une commission sur l'uniformité du divorce[24]. Selon le sociologue et historien Henry K. Rowe, « on croyait presque universellement que la Constitution [américaine] devrait être amendée de manière à garantir une loi fédérale sur le divorce, mais l'expérience a prouvé qu'il valait mieux que chaque État adopte une loi uniforme[25] ». Dans leurs démarches, ils sont massivement appuyés par l’État de Virginie[26]. Dans sa brochure Twelve Reasons for supporting the National Divorce Reform League publiée le 18 avril 1893, la Ligue mentionne que d'importantes réformes dans les lois sur le mariage et le divorce sont garanties alors que « la législation relâchée a pratiquement cessé, des mesures restrictives sont adoptées, [les taux de] divorce sont tombés en vertu de certaines de ces meilleures lois et les mariages sont plus ordonnés[27] ». Puis, en 1895, la NDRL se réjouit d’un début d’uniformisation législative alors que, depuis leur amorce, vingt-trois états américains ont créé des commissions en ce sens[28].

The National League for the Protection of the Family modifier

En 1897, la NDLR devient la National League for the Protection of the Family[29]. Dans son rapport de 1897, la Ligue mentionne que « le simple fait que la Famille soit l’institution fondamentale de la société est suffisant pour justifier l’existence d’une association vigoureuse dévouée à la protection et à l’amélioration de la Famille[30] ». Si ses membres ont toujours « observé le mariage, le divorce et tout autre sujet de la vie domestique comme faisant partie [du] seul problème inclusif de la famille[31] », la NDRL devient de nom ce qu’elle a toujours été.

Notes et références modifier

  1. Cynthia Akard, « The National Divorce Reform League’s Influence on Divorce Legislation in the Late Nineteenth Century », Essai pour Gender and the Law in American History Seminar, Georgetown, Gorgetown University, 21 janvier 1997, p. 7. [1]
  2. Glenda Riley, Divorce: An American Tradition, 2e édition, New York, University of Nebraska Press, 1997 (1991), p. 109.[2]
  3. Ibid.
  4. National Divorce Reform League, An Abstract of its Annual Reports, Montpellier, Vermont Watchman and State Journal Press, 1885, p. 2. [3]
  5. C. Larue Munson et William D. Crocker, « The Divorce Question in the United States », The Yale Law Journal, 18, 6 (avril 1909), p. 393. [4]
  6. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1886, Montpellier, Vermont Watchman and State Journal Press, 1886, p. 5. [5]
  7. Ibid., p. 4.
  8. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1887, Montpellier, Vermont Watchman and State Journal Press, 1888, p. 5. [6]
  9. Henry C. Potter, Robert G. Ingersoll, Samuel W. Dike et James Gibbons, « Is Divorce Wrong? », The North American Review, 149, 396 (1889), p. 514-517. [7]
  10. Ibid., p. 516.
  11. Ibid., p. 517.
  12. Samuel W. Dike, Perils to the Family: An Address delivered before the Evangelical Alliance Conference at Washington D.C., 1887, 15 p.
  13. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year Ending December 31st 1892, Boston, C. H. Simonds & Co, 1892, p. 32. [8]
  14. H. W. Wilson Company, « Dike, Samuel Warren », H. W. Wilson Compagny, American reformers: an H.W. Wilson biographical dictionary, New York, H. W. Wilson Company, 1985, p. 238-239. [9]
  15. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1887, op. cit., p. 4.
  16. Samuel W. Dike, « The Condition and Needs of Statistics of Marriage and Divorce», American Statistical Association, 3, 4 (1893), p. 513. [10]
  17. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1887, op. cit., p. 16.
  18. Dike, « The Condition and Needs of Statistics of Marriage and Divorce», loc. cit., p. 513.
  19. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1890, Boston, C. H. Simonds & Co, 1891, p. 7.
  20. National Divorce Reform League, For the Improvement of the Institution of the Family, Auburndale, Essex Press, 1895, p. 1. [11]
  21. Henry Kalloch Rowe, Society: Its Origin and Development, New York, Chicago C. Scribner's Sons, 1916, p. 81.
  22. Claudia W. Strow et Brian K. Strow, « A history of divorce and remarriage in the United States », Humanomics, 22, 4 (2006), p. 242.
  23. Ira Mark Ellman, « The Misguided Movement to Revive Fault Divorce, and why Reformers should look instead to the American Law Institute », International Journal of Law, Policy and the Family, 11, (1997), p. 217. [12]
  24. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1894, Boston, C. H. Simonds & Co, 1895, p. 16. [13]
  25. Rowe, Society: Its Origin and Development, op. cit., p. 81.
  26. National Divorce Reform League, Report of the National Divorce Reform League for the Year ending December 31st 1894, op. cit., p. 16.
  27. National Divorce Reform League, Twelve Reasons for supporting the National Divorce Reform League, Auburndale, Essex Press, 1893, p. 2. [14]
  28. National Divorce Reform League, For the Improvement of the Institution of the Family, op. cit., p. 1.
  29. Michele Adams et Scott Coltrane, « Framing Divorce Reform: Media, Morality, and the Politics of Family », Family Process, 46, 1 (2006), p. 20
  30. The National League for the Protection of the Family, Annual Report for 1897, Boston, The Everett Press Company, 1898, p. 6. [15]
  31. Ibid., p. 5.

Voir aussi modifier

L'inventaire du fonds d'archives de la National Divorce Reform League est conservé par l'Université Harvard et digitalisé par Google. [16]