Fungiculture

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Fongiculture, myciculture

La fungiculture (ou fongiculture), ou myciculture, est la culture des champignons.

Fungiculture humaine modifier

Si la culture des champignons est attestée dès l'Antiquité, peu d'espèces, malgré les différents progrès réalisés au cours du XXe siècle, se révèlent intéressantes pour une culture de type industriel ou semi-industriel. La plus grosse part du marché est occupée par le champignon de Paris (Agaricus bisporus), ainsi que par des champignons asiatiques tels que le shiitaké (Lentinula edodes) ou le champignon noir (Auricularia auricula). Les cultures de champignons ont lieu dans les champignonnières ou à l'extérieur. La culture des champignons est appelée fungiculture ou myciculture, à ne pas confondre avec la mycoculture, une technique de culture en laboratoire utilisée en biologie (mycologie médicale) pour les mycètes d'intérêt médical ou vétérinaire.

Principales espèces cultivées modifier

 
Ferme de Tanzanie produisant des pleurotes en huître.

Production modifier

Il s'agit de champignons alimentaires sans distinction d'espèce.

Production en tonnes. Chiffres 2003-2004
Données de FAOSTAT (FAO)

Chine 1 309 455 42 % 1359335 42 %
États-Unis d'Amérique 391 000 12 % 391000 12 %
Pays-Bas 263 000 8 % 260 000 8 %
France 165 647 5 % 170 000 5 %
Pologne 120 000 4 % 120 000 4 %
Espagne 115 165 4 % 115 165 4 %
Italie 90 000 3 % 90 000 3 %
Canada 78 018 2 % 80 000 2 %
Royaume-Uni 77 100 2 % 80 000 2 %
Irlande 69 000 2 % 70 000 2 %
Japon 67 000 2 % 67 000 2 %
Autres pays 403 726 13 % 404 238 13 %
Total 3 149 111 100 % 3 206 738 100 %

Fungiculture animale modifier

Différentes espèces animales autres que l'Homme cultivent des champignons pour s'en nourrir.

Les fourmis champignonnistes, ou fourmis coupe-feuille, cultivent des champignons (principalement Leucoagaricus gongylophorus) dans leur fourmilière, sur un substrat constitué de morceaux de feuilles et de fleurs que les ouvrières collectent et mâchent. Elles se nourrissent des gongylidia (des hyphes hypertrophiés riches en nutriments)[1]. Elles vivent toutes en Amérique du Sud ou en Amérique centrale, dans l'écozone néotropique, et constituent une cinquantaine d'espèces réparties entre deux genres (Atta et Acromyrmex) de la tribu des Attini (famille des Formicidae, sous-famille des Myrmicinae).

 
Xyleborinus saxesenii, un coléoptère social se nourrissant de champignons qu'il sélectionne grâce à une sécrétion qui contient une bactérie produisant un antibiotique.

Les termites de la sous-famille des Macrotermitinae (en) (famille des Termitidae) cultivent des champignons du genre Termitomyces (famille des Lyophyllaceae) sur des fragments de végétaux, à l'intérieur de la termitière. Leur microbiote intestinal est constitué d'une communauté bactérienne capable de digérer les champignons, et non de flagellés comme chez les autres termites[2].

Xyleborinus saxesenii (en) et Xyleborus affinis (en), des coléoptères sociaux de la famille des Curculionidae, creusent des galeries dans du bois ou d'autres végétaux comme la canne à sucre et se nourrissent des champignons (notamment du genre Raffaelea, famille des Ophiostomataceae) qui se développent sur la surface interne de ces galeries. La femelle fondatrice de la colonie apporte les spores des champignons dans son système digestif ou dans son mycangium, une poche spécialisée. Les champignons bénéfiques sont sélectionnés grâce à une sécrétion contenant une bactérie qui produit de la cycloheximide (un antibiotique qui détruit les autres espèces fongiques)[3],[4].

On ne sait pas comment la domestication des champignons est apparue chez ces insectes sociaux de trois ordres différents. Les Macrotermitinae (en) cultivaient déjà un ancêtre des Termitomyces il y a 30 Ma. Les termites et les coléoptères qui cultivent et consomment des champignons ont des microbiotes intestinaux semblables[5] ; ils sont d'ailleurs apparentés car on a trouvé dans de l'ambre datant de 25–30 Ma un fossile nommé Mastotermes electrodominicus dont l'ADN confirme l'existence d'un ancêtre commun aux isoptères, mantoptères et blattoptères (super-ordre des dictyoptères)[6].

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. (en) Henrik H. De Fine Licht, Jacobus J. Boomsma et Anders Tunlid, « Symbiotic adaptations in the fungal cultivar of leaf-cutting ants », Nature Communications, vol. 5,‎ (DOI 10.1038/ncomms6675).
  2. (en) S. Otani, A. Mikaelyan, T. Nobre, L. H. Hansen, N. A. Koné et al., « Identifying the core microbial community in the gut of fungus-growing termites », Molecular Ecology, vol. 23, no 18,‎ , p. 4631-4644 (DOI 10.1111/mec.12874).
  3. (en) Kirk J. Grubbs, Frank Surup, Peter H. W. Biedermann, Bradon R. McDonald, Jonathan L. Klassen et al., « Cycloheximide-Producing Streptomyces Associated With Xyleborinus saxesenii and Xyleborus affinis Fungus-Farming Ambrosia Beetles », Frontiers in Microbiology (en),‎ (DOI 10.3389/fmicb.2020.562140).
  4. (en) Peter H. W. Biedermann, « Cooperative Breeding in the Ambrosia Beetle Xyleborus affinis and Management of Its Fungal Symbionts », Frontiers in Ecology and Evolution (en),‎ (DOI 10.3389/fevo.2020.518954).
  5. (en) C. Dietrich, T. Köhler T et A. Brune, « The cockroach origin of the termite gut microbiota: patterns in bacterial community structure reflect major evolutionary events », Applied and Environmental Microbiology (en), vol. 80, no 7,‎ , p. 2261-2269 (DOI 10.1128/AEM.04206-13).
  6. (en) R. DeSalle, J. Gatesy, W. Wheeler et D. Grimaldi, « DNA sequences from a fossil termite in Oligo-Miocene amber and their phylogenetic implications », Science, vol. 257, no 5078,‎ , p. 1933-1936 (DOI 10.1126/science.1411508).