Mouvement Région Savoie

parti politique

Mouvement Région Savoie
(frp) Movement Règ·ion Savouè
Présentation
Président Laurent Blondaz
Fondation 1972
Siège Servoz
Idéologie Régionalisme savoyard[1]
Démocratie participative
Fédéralisme
Régionalisme
Autonomisme
Affiliation européenne Alliance libre européenne
Couleurs blanc, rouge
Site web regionsavoie.org

Le Mouvement Région Savoie ou MRS (Movement Règ·ion Savouè en arpitan) est un mouvement politique français, implanté en Savoie.

Principes modifier

Le MRS milite pour la création d'une région à statut spécifique regroupant les deux départements savoyards, ainsi que le Pays de Gex et le Bugey, situés dans le département de l'Ain. Il défend aussi des idées de démocratie participative et de fédéralisme en s'appuyant fortement sur les modèles institutionnels suisses, italien (région autonome de la Vallée d'Aoste) et allemand. Contrairement aux partis indépendantistes savoisiens, le MRS base son action sur les spécificités du bassin de vie de Savoie, Pays de Gex et Bugey, plutôt que sur des faits historiques.

Le MRS se présente aussi comme un lanceur d'alerte en dénonçant des grands projets tels que la candidature d'Annecy aux Jeux olympiques de 2018, le TGV Lyon-Turin, ou le projet de l'université Grenoble-Alpes voulant absorber l'université de Savoie.

Histoire modifier

Le géographe Pierre Préau, dans un Colloque organisé à l'université de Saint-Étienne (1973), indique « Un "mouvement pour une région Savoie" (M.R.S.) s'est constitué ou plutôt a été relancé en janvier 1972, dans la perspective du débat sur la réforme régionale »[2]. Il naît de la rencontre de trois personnalités : Xavier de Foras, issu d'une famille noble savoisienne, le libertaire Max Molliet et sa compagne Josiane Floret[3]. Il réunit les membres issus de deux mouvements, concurrent, le Cercle de l'Annonciade et le Club des Savoyards de Savoie[2],[4]. L'objectif est de soutenir le projet de région Savoie, en opposition à la constitution de Rhône-Alpes, jugée trop lointaine et trop technocratique[2],[4]. Le Mouvement est dès ses débuts fortement inspiré par le philosophe genevois Denis de Rougemont, artisan de l'écologie politique et de l'Europe des régions[5].

Dès les premières années, un large mouvement populaire se développe. Il est soutenu par de nombreux élus. Lors du congrès annuel des conseillers généraux, maires et adjoints de Haute-Savoie de 1972, la demande d'une région Savoie est soutenue par 608 voix contre 4 refus et 16 abstentions. En revanche, le conseil général de la Savoie, présidé par Joseph Fontanet, s'y oppose : 19 voix contre, 6 pour et deux abstentions[4]. Cette première tentative de création d'une région Savoie est un échec.

Le Mouvement Région Savoie ne se résigne pas. Il publie en 1973 un manifeste d'une cinquantaine de pages : le libre blanc et rouge pour une Région Savoie[6], puis d'autres publications dans les années suivantes.

Le mouvement participe à ses premières élections à partir de 1986.

Au début des années 1990, des membres se détachent du mouvement, qu'ils jugent trop modéré, et fondent la Ligue savoisienne (parti indépendantiste). En 1994, le MRS participe à la fondation de la fédération de partis régionalistes Régions et peuples solidaires (R&PS), et la même année à la constitution du parti politique européen l'Alliance libre européenne. Il renouvelle son bureau politique en en élisant Benoît Bro à la présidence[7]. Le mouvement change ensuite de stratégie en pratiquant une alliance avec la Ligue savoisienne, qui se formalise en 2007 au sein de Savoie Europe et Liberté (SEL), mais est rompue dès 2009. Le MRS participe au sein de R&PS à la création d'Europe Écologie. Il soutient la candidature de Malika Benarab-Attou qui est élue élue députée européenne en 2009. L'année suivante, le MRS obtient un siège de conseiller régional avec l'élection de Noël Communod. Avec cette alliance, il obtient aussi de bons résultats aux élections cantonales 2011 de, puis aux législatives de 2012 avec la candidature de Gilbert Saillet dans la 3e circonscription de la Haute-Savoie[8]. Il rompt en 2013 son alliance avec le parti écologiste, devenu Europe Écologie Les Verts, ce dernier ne souhaitant pas continuer son alliance avec la mouvance régionaliste.

Le , l'assemblée générale de refondation vote l'approbation du nouveau manifeste du MRS[9]. Le MRS se positionne au-delà du clivage traditionnel droite-gauche et s'inspire de Jeremy Rifkin, qui est cité dans le manifeste : « Il semble qu'un nouvel état d'esprit émerge chez les responsables politiques des jeunes générations qui ont été socialisées sur internet. Leur politique se structure moins en termes de « droite » et de « gauche » qu'autour d'un nouveau clivage : « centralisé et autoritaire » contre « distribué et coopératif » ».

Du 23 au , le MRS organise la 18e université d'été de R&PS en Savoie.

Actions - Positions modifier

  • Le , à Bonneville, le congrès de l'Association des maires, adjoints et conseillers généraux de Haute-Savoie réunit 430 personnalités locales. 410 d'entre elles se prononcent en faveur d'une création d'une région savoyarde.
  • En 1972, campagne en faveur de la création d'une région Savoie : 187 000 signatures.
  • En 1973, édition d'une brochure Livre Blanc et Rouge, Pour une région Savoie.
  • Lobbying auprès des Conseils généraux de Savoie lors des délibérations en faveur d'une création d'une région Savoie.
  • 2011 : le MRS s'implique contre la candidature aux J.O. Annecy 2018 et dénonce sa gabegie[10]. Cette candidature subit un sévère échec en obtenant seulement voix voix sur 95 devant le CIO.
  • Dès 2012, le MRS prend position contre le projet du Lyon-Turin[11].
  • En 2013, il dénonce la réforme de fusion des universités et met en place un collectif de soutien à l'université de Savoie[12].
  • Il se positionne pour une transition énergétique, et met en évidence régulièrement les risques que fait porter la centrale nucléaire du Bugey[13] sur la Savoie. Il s'inscrit pour conserver un environnement sain et vivable. Il dénonce les projets d'exaction de gaz de schiste dans l'Ain et les Pays de Savoie. Plusieurs membres du mouvement participent à la fondation de Non aux gaz de schiste en Haute-Savoie (NGDS 74)[14].
  • Il promeut une politique de rééquilibrage du logement dans les espaces touristiques en faveur de l'habitat permanent, en s'inspirant des législations sur les quotas de résidences secondaires établis en Suisse et en Autriche. Il promeut la mise en œuvre d'un statut de résident[15].
  • À partir de 2015, il dénonce vivement la loi NOTRe : réforme territoriale mise en œuvre sous la présidence de François Hollande, instituant entre autres, la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, dans le mépris de la charte européenne de l'autonomie locale.
  • Il défend également l'enseignement de la langue francoprovençale ou arpitane de Savoie (aussi connu sous le nom de « langue savoyarde »)[16], langue considérée comme un élément essentiel de la culture savoyarde, et déclare représenter « d'une certaine manière » l'Arpitanie[17].

Participations aux élections modifier

 
Affiche datant des années 1970.
 
Logo du MRS utilisé entre 1972 et 2009.
 
Logo du MRS utilisé entre 2009 et 2016.

Élections européennes modifier

Élections législatives modifier

  • 2002 : 8 candidats, liste Régions et peuples solidaires, en association avec la Ligue savoisienne (2,1 % des suffrages exprimés en Savoie)
  • 2007 : 8 candidats, liste Savoie Europe liberté, en association avec la Ligue savoisienne.
  • 2012 : Gilbert Saillet se présente avec l'étiquette EÉLV-PS et le soutien du MRS dans la 3e circonscription de Haute-Savoie, il obtient 41,1 % au second tour, où il est battu par le député sortant UMP Martial Saddier.
  • 2017 : Marina Chélépine se présente sous l'étiquette « Initiatives démocratiques ! Avec les populations de Savoie ! » dans la 1re circonscription de Haute-Savoie et obtient 0,44 % des voix.
  • 2022 : 4 candidats, sous l'étiquette Sabaudia et sur la liste Régions et peuples solidaires, se présentent entre les deux départements de Savoie et Haute-Savoie[18].

Élections régionales modifier

  • 1986 : 4 % des suffrages exprimés en faveur de la liste du MRS en Haute-Savoie et 6 % en Savoie
  • 2010 : un accord est trouvé avec Europe Écologie pour faire des listes communes dans les deux départements de Savoie. Le président de l'association, Noël Communod[19], alors vice-président départemental du MoDem en Savoie est candidat avec les Verts en quatrième position sur la liste[20]. Il est élu conseiller régional le au sein du Rassemblement de la Gauche et des Écologistes, où il figure en huitième position, réunissant les listes du PS, d'EE-MRS et du Front de gauche, qui obtient 44,96 % des voix dans le département de la Haute-Savoie.
  • 2015 : le mode de scrutin nécessitant de construire une liste sur l'ensemble des départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, exclut le MRS de la participation à ces élections.
  • 2021 : la priorité d'EELV de s'intégrer dans une union de la gauche, plutôt qu'un pôle fédéraliste et écologiste, aboutit à un échec pour la présence de candidats MRS en position éligible.

Élections cantonales modifier

  • 2011 : Le MRS passe des accords électoraux avec EELV lors des élections cantonales (7 candidats)
  • 2021 : les candidats MRS sur le canton de Rumilly et obtiennent 7,63% des voix lors des élections départementales.

Élections présidentielles modifier

  • En 2022, A défaut d'une candidature s'engageant dans le sens d'une réforme fédérale, ou affichant l'espoir d'une Savoie réunie et autonome, le MRS ne donne aucune orientation de vote au premier, comme au second tour des élections présidentielles. Il dénonce la cinquième république comme l’institution de tous les dangers : ouvrant la possibilité de régner sans partage uniquement à une personnalité… très à droite (Marine Le Pen), … ou très à gauche (Jean-Luc Mélenchon, … ou néolibérale à l’extrême (Emmanuel Macron)[21].

Relation avec d'autres mouvements modifier

Le Mouvement Région Savoie est membre de l'Alliance libre européenne (ALE - EFA). L'ALE intègre le groupe parlementaire Greens - European Free Alliance

Au niveau français, le MRS est membre de la fédération Régions et peuples solidaires depuis sa fondation. Elle rassemble plusieurs partis régionalistes tels que l'Union démocratique bretonne, Unser Land en Alsace et le PNC en Corse.

Le MRS entretient des liens de proximité avec le mouvement Autonomie Liberté Participation Écologie (ALPE) de la Vallée d'Aoste.

Le Portable modifier

Le Portable (ISSN 1298-7514), le canard déchaîné des jeunes : Savoie (Chambéry, Annecy, Annemasse, Thonon), Suisse (Genève, Lausanne, Sierre) est un bimestriel étudiant d'information gratuit lancé en 1999 par l'association Savoie sans frontière. Le « premier journal étudiant d'information en région Savoie », proche du Mouvement Région Savoie, a été tiré à 10 000 exemplaires, diffusés dans les lycées et pôles universitaires de Savoie et Haute-Savoie et dans plusieurs villes suisses avec des visées d'avenir en Val d'Aoste[22] pour pouvoir couvrir la partie alpine du pays arpitan. Il contenait un supplément culturel encarté, intitulé « Le Bronx ». Il cesse de paraître en , après sept numéros[23].

Le magazine traitait d'actualité locale, de vie pratique, du régionalisme savoyard («Le réveil des Allobroges»).

Notes et références modifier

  1. Laurent de Boissieu, « Mouvement Région Savoie (MRS) », France Politique,‎ (lire en ligne).
  2. a b et c Pierre Préau, « La Savoie dans l'organisation régionale française », dans La region et la vie regionale : actes du Colloque sur la région et la vie régionale tenu a l'Université de Saint-Étienne, les 16, 17, 18 novembre 1973, Saint-Étienne, Centre interdisciplinaire d'études et de recherche sur les structures régionales, , 294 p. (lire en ligne), p. 58.
  3. Laurent Blondaz, « Hommage à Xavier de Foras, l'un des fondateurs du MRS », sur Mouvement Région Savoie (consulté le ).
  4. a b et c Paul Guichonnet (sous la direction de), Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie, Montmélian, La Fontaine de Siloé, (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 49
  5. (de) Undine Ruge, Die Erfindung des "Europa der Regionen". kritische Ideengeschichte eines konservativen Konzepts, Campus, 2003, 388 pages, p. 200 (lire en ligne).
  6. Christian Gras, La Révolte des régions d'Europe occidentale de 1916 à nos jours, PUF, 1982, p. 232.
  7. Brice Perrier, « Petite histoire du régionalisme savoyard », La Voix des Allobroges, (consulté le ).
  8. « Législatives 2012 », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  9. « Nos fondements », sur www.regionsavoie.org (consulté le )
  10. « Le MRS et les J.O. », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  11. « Transports, Lyon-Turin, ... », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  12. « Université », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  13. « Energies », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  14. Laurent BLONDAZ, « L’air, l’eau, la terre, la vie ne sont pas à vendre ! », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  15. « Logement, Urbanisation », sur www.regionsavoie.org (consulté le ).
  16. Chapitre « Humanisme », extrait du manifeste pour la refondation du Mouvement région Savoie, du 23 juin 2012.
  17. « Europe Écologie : la Savoie, l'Arpitanie, l'Europe », intervention du représentant du Mouvement Région Savoie (MRS), associé à la liste Europe Écologie, aux côtés des députées européennes Michèle Rivasi et Malika Benarab-Attou. St Félix, Haute-Savoie (vidéo)
  18. https://www.ledauphine.com/elections/2022/05/06/pays-de-savoie-les-regionalistes-se-lancent-aux-elections-legislatives
  19. « Un nouveau nid pour le coucou savoyard », Le Savoisien no 15, juin 2006
  20. « Claude Comet, tête de liste Europe écologie », Le Dauphiné libéré du 16 février 2010
  21. Laurent Blondaz, « Qui sera le prochain roi de la République française ? », (consulté le )
  22. L'Essor savoyard, Annecy, septembre 1999.
  23. Voir Le Courrier savoyard, Annecy et Le Faucigny, Bonneville, juillet 2000.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Publications :

  • Mouvement Région Savoie, Livre Blanc et Rouge : Pour une Région Savoie, imp. Musumaci-MRS,

Autres :

  • Noël Communod :
    Président du Comité Région Savoie, j'y crois !, fondateur/secrétaire général Parti fédéraliste et régionaliste de Savoie (2006-2008), secrétaire national du Parti fédéraliste, président du Mouvement Région Savoie en 2010
    • 2002, Décentralisation : La région Savoie en 2004, c'est possible !, Mirno-Graphie, (ISBN 2-95183-581-7 et 9782951835818)
    • Ouvrage collectif coécrit notamment avec Michel Bouvard (député de Savoie), Claude Barbier, Jean Baud, 2003, Livre blanc pour la création d'une région Savoie.
    • 2002, Décentralisation : La région Savoie en 2004, c'est possible !, Mirno-Graphie.
    • 2003, Livre blanc pour la création d'une région Savoie, ouvrage collectif coécrit notamment avec Michel Bouvard (député de Savoie), Claude Barbier, Jean Baud.
  • Claude Barbier et Benoît Bro, Région Savoie : Pourquoi ? Comment ?, Saint-Gingolph, Cabédita,, coll. « Regard et Connaissance », , 127 p. (ISBN 2-88295-241-4 et 978-2-88295-241-7).
    Fondateurs du Comité Région Savoie, j'y crois !
  • CHARTIER (E), LARVOR (R), 2004, La France éclatée. Régionalisme - Autonomisme, Indépendantisme, Coop Breizh, 352 p.
  • Christian Gras, Georges Livet, « Essai sur le régionalisme savoyard (1860-1974) », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, PUF, , 594 p.
  • Roger Janover, "Les mouvements associatifs de 1973 en Savoie : vers une région Savoie?", La sociabilité des Savoyards, Actes du XXIXe Congrès des Sociétés savantes de Savoie, 3/
  • Henri Planche, 1981, La Savoie, à vrai dire et à franc-parler, souvenirs, G Pandélis

Articles connexes modifier

Liens externes modifier