Mohamed Bacar

homme politique comorien
Mohamed Bacar
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Fonctions
Président d'Anjouan
-
Dhoihirou Halidi (d)
Président d'Anjouan
-
Saïd Abeid (en)
Kaambi Houmadi (d)
Biographie
Naissance
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BarakaniVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Mohamed Bacar (né le à Barakani, sur l'île d'Anjouan) est un militaire et homme politique comorien.

Élu président de l'île d'Anjouan (en) le et réélu en 2007. L'union des Comores refuse de reconnaitre cette réélection. Il s'engage alors un bras de fer politique entre l'union et l'état insulaire qui aboutira un an plus tard à une intervention militaire conjointe de l'Armée nationale de développement des Comores et de l'Union africaine pour le destituer.

Des études à la présidence d'Anjouan modifier

Mohamed Bacar est né le à Anjouan[1],[2]. Cadet d'une famille nombreuse, il effectue, après son baccalauréat, une formation à l'École navale de Brest. De retour aux Comores, il est responsable de la gendarmerie, puis effectue divers stages de perfectionnement aux États-Unis et en France.

Il est nommé commandant de gendarmerie à Anjouan en , puis commandant en chef de la gendarmerie d’Anjouan en [3], alors que des mouvements insurrectionnels et séparatistes ont lieu contre la République fédérale islamique des Comores (en particulier le ). Avec le soutien du lieutenant-colonel Said Abeid Abdérémane, Bacar prend part avec la gendarmerie et la population au mouvement visant à repousser les soldats du Président Taki tentant de mater le mouvement Anjouanais par les armes.

Il conserve ses fonctions lors du mandat du président Abeid, élu en , mais participe à un coup d'État contre ce dernier, organisé par la gendarmerie, le . Dès lors, devenu colonel, Mohamed Bacar participe activement et en plein jour à la vie politique de l'île. Le , un triumvirat de 3 colonels dont Bacar, prend le pouvoir, administre les affaires courantes et organise avec le parrainage des partenaires internationaux les élections de 2002 qu'il remportera.

Il est l'un des principaux acteurs de l'accord de réconciliation du . De cet accord est né l'union des Comores avec une nouvelle constitution qui accorde une très large autonomie aux îles.

Les résultats des élections 2007, qu'il remporte dès le premier tour restent contestés par les Comores, alors présidées par Ahmed Abdallah Sambi, élu le , et l'Union africaine.

Il s'oppose au président Sambi en mettant en lumière les nombreuses irrégularités dirigées contre l'état Anjouanais. Le colonel contesté d'Anjouan dispose de 600 à 800 hommes, selon l'armée[4]. À partir de 2007, et plus encore après les annonces de débarquement de l'armée comorienne, en , le régime de Bacar a été accusé d'un certain nombre d'exactions et de violations des droits de l'homme (incluant des actes de torture, d'arrestations arbitraires, d'exécutions extra-judiciaires, etc.), visant en particulier des civils anjouanais soupçonnés de soutenir l'union des Comores[3].

Il est à noter toutefois que 14 années après les faits, aucune plainte ni poursuite judiciaire n'a été engagée par ses détracteurs qui auraient maquillé des personnes, les faisant passer pour blessés afin de tromper la communauté internationale. Bacar ayant élu domicile par ailleurs au Bénin, pays membre de l'Union africaine, origination qui a fournie hommes et armes pour le destituer sous l'impulsion d'un agent sulfureux nommé Francisco Madeira.

Sa réélection en 2007 est déclarée illégale par le gouvernement des Comores qui prévoyait alors d'organiser de nouvelles élections en , après la destitution de Bacar[5].

La chute de Bacar modifier

Le , une intervention militaire de l'Armée nationale de développement des Comores et de l'Union africaine, appuyée par la France, permet la reprise du contrôle militaire de l'île. Des exactions et atteintes à la dignité humaine sont commises contre la famille, les proches de Bacar et toute personne soupçonnée de soutenir Bacar. Beaucoup ont été arrêtés par monsieur Sambi, torturés et emprisonnés parfois plusieurs mois puis libérés sans qu'aucun ne passe devant un juge. Certains ont toutefois été jugés et blanchis par les juges grands-comoriens dépêchés à Anjouan mais leur séquestration a tout de même continué jusqu'à ce qu'ils s'évadent pour se réfugier à Mayotte. D'autres ont simplement été torturés à mort à l'instar de Foundi Bagoulam de Mirontsi.

Le colonel Bacar ayant pris la fuite en direction de l'île française de Mayotte. Accompagné de 23 soldats (sa garde-rapprochée), il a demandé l'asile politique à la France qui le transfère à La Réunion et étudie le dossier[6]. Il est jugé le pour « séjour sans titre, importation, port et transport d'armes prohibées », et bénéficie d'une relaxe pour vice de forme, mais reste sous contrôle judiciaire[7].

Le , le tribunal administratif de Saint-Denis-de-La-Réunion a rejeté son recours contre l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière[8]. Sa demande d'asile est rejetée le [9]. Le il est condamné, ainsi que ses 23 compagnons d'exil, à 3 mois de prison avec sursis pour « importation illégale d’armes » par la cour d'appel de la Réunion. Il est resté assigné à résidence dans une base militaire jusqu'au , date à laquelle l'arrêté de reconduite à la frontière a été mis en exécution. Il se retrouve expulsé avec ses compagnons d'exil en direction du Bénin[10].

La Cour nationale du droit d'asile n'examine son recours que le , rejetant celui-ci en affirmant notamment que les Forces armées anjouanaises (FGA) se sont rendues coupables d'exactions et de violations des droits de l'homme et « qu’il existe des raisons sérieuses de penser que le requérant, en raison de ses fonctions de chef d’État et de chef des FGA, s’est rendu coupable, (…) en les couvrant de son autorité, d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations unies » (art. 1er F de la Convention de Genève)[11].

L'état comorien a émis un mandat d'arrêt internationale à l'encontre de Bacar et ses proches. Il a pour cela demandé son extradition vers les Comores lorsqu'il était à La Réunion en s'attachant les services du très célèbre avocat français maître Jacques Vergès. Cette demande sera déboutée car l'état comorien n'a pu apporter une seule preuve devant les juges des accusations portées contre Bacar. Ils considèrent à ce titre que sa vie est très sérieusement menacée s'il est renvoyé aux Comores.

Polémique modifier

En mettant à disposition des militaires et des hélicoptères, l'État français participe à la recherche de Mohamed Bacar aux côtés des Comores ainsi que de l'Afrique du Sud, mandatée par l'Union africaine. Des armes sont d'abord retrouvées à la présidence de l'île d'Anjouan. Les inscriptions écrites sur les caisses laissent à penser qu'elles proviennent de France.[réf. nécessaire]

De nombreuses questions restent en suspens sur sa fuite vers l'île de Mayotte. Alors que tout l'archipel des Comores est à sa recherche, le colonel Bacar se serait enfui muni d'armes à feu sur une embarcation qui serait passée inaperçue malgré la présence de la flotte française et donc de ses nombreux radars.[réf. nécessaire] Cette question est d'autant plus troublante qu'il est arrêté pour « importation illégale d’armes » à la Réunion après avoir entamé des démarches pour tenter d'obtenir l'asile politique en France.

Les démarches n'ayant pas abouti, Mohamed Bacar est accueilli en asile au Bénin sous couvert de l'Union Africaine.

Notes et références modifier

  1. « Les Comores s’apprêtent à récupérer Anjouan », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Proposal for a Council Regulation imposing certain restrictive measures on the illegal authorities of the island of Anjouan in the Union of the Comoros », sur eur-lex.europa.eu (consulté le )
  3. a et b Jugement de la Cour nationale du droit d'asile française, 17 CNDA, , 629222, B., p. 90. Cité in « Recueil annuel de la jurisprudence 2008 de la CNDA »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur le site de la Cimade, p. 4 et jugement p. 93 sq.
  4. AFP, « Comores : le colonel contesté d'Anjouan dispose de 600 à 800 hommes, selon l'armée », (consulté le )
  5. AFP, « Anjouan : l'Union des Comores veut organiser une présidentielle en mai », sur lemonde.fr, (consulté le )
  6. Le Point, « Mohamed Bacar, l'ex-président d'Anjouan est arrivé à la Réunion », (consulté le )
  7. lemonde.fr, « Bacar relaxé mais devrait être placé en rétention administrative », (consulté le )
  8. AFP, « Confirmation de l'arrêté d'expulsion de l'ex-président anjouanais Bacar »,
  9. « La demande d'asile en France du colonel Bacar rejetée par l'Ofpra, Agence France-Presse,
  10. (en) "Reunion expels rebel Comoros leader" « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), AFP, .
  11. Le dossier établissait que des membres des Forces armées anjouanaises (FGA), « se sont rendus coupables d'exactions contre la population civile sous son régime et que parmi les violations des droits de l'homme constatées, figurent des actes de tortures, d'arrestations et de détentions arbitraires, d'exécutions extrajudiciaires, d'atteinte à la liberté d'expression et de penser, des extorsions d'argent, de saccage et de l'usage d'armes à feu contre des civils ; qu’il existe des raisons sérieuses de penser que le requérant, en raison de ses fonctions de chef d’État et de chef des FGA, s’est rendu coupable, (…) en les couvrant de son autorité, d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations unies. », 17 CNDA, , 629222, B., p. 90. Cité in « Recueil annuel de la jurisprudence 2008 de la CNDA »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur le site de la Cimade, p. 4 et jugement p. 93 sq.