Mireille Andrieu

infirmière française
Mireille Andrieu
Fernand Cuville, Soissons, Aisne, France, Madame Mireille Andrieu portant un voile d'infirmière bleu et Mademoiselle Saint-Paul, infirmière major, juin 1917, autochrome couleur, musée départemental Albert-Kahn.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Mireille Hugues
Nationalité
Activité
Père
Mère
Autres informations
Distinction

Mireille Andrieu, née Mireille Hugues le à Paris et morte le dans la même ville, est une des premières femmes décorées de la croix de guerre en France, pour son rôle d'infirmière à Soissons, ville martyre de la Première Guerre mondiale.

Également récompensée d'une citation à l'ordre de l'armée pour son héroïsme, elle a témoigné de son expérience à la fin de la guerre.

Biographie modifier

Jeunesse et entourage modifier

Mireille Hugues est la fille cadette du poète Clovis Hugues (1851-1907) et de la sculptrice Jeanne Royannez (1855-1932)[1]. Elle a une sœur aînée, Marianne, née en 1877.

Les Hugues habitent Montmartre où ils sont les voisins et amis du peintre Auguste Renoir. Mireille et Marianne se retrouvent ainsi représentées par l'artiste sur le tableau La Partie de croquet, peint vers 1895[2].

En , à 21 ans, Mireille Hugues épouse Mainfroid Armand René Andrieu, fils d'un conseiller à la cour d'appel de Paris[2],[1]. Licencié en droit, il est rédacteur à la direction des Chemins de fer de l'Est puis, en 1905, débute dans la fonction publique comme sous-préfet de Lavaur.

Parcours modifier

Déménageant au gré des mutations de sous-préfet de René Andrieu, le couple est établi à Soissons lorsque la guerre éclate, en 1914. Tout comme son mari, Mireille Andrieu décide de rester à Soissons durant les hostilités[3]. Elle endosse l'uniforme d’infirmière, prodiguant des soins aux blessés civils et militaires, et soutenant la population éprouvée par les bombardements qui s'abattent sur la ville. Elle prend des notes dans son journal et décrit notamment l'exode des Soissonnais à Château-Thierry à l’approche de l'ennemi, la gare de Nogent-sur-Seine transformée en poste de secours, le retour difficile à Soissons toujours en zone de guerre, la bataille de Crouy, une visite de l'historien d'art Armand Dayot venu constater lés dégâts sur la cathédrale, ou encore le bombardement de l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes[4].

En , pour sa bravoure, Mireille Andrieu est citée à l'ordre de l'armée et décorée de la croix de guerre avec palme[3]. La cérémonie de remise a lieu sur la place de Soissons, présidée par le général Joseph Louis Andlauer. En 1917, elle est photographiée par Fernand Cuville, en tenue civile et en habit d'infirmière, pour les Archives de la Planète du banquier Albert Kahn[5].

L'année suivante, son témoignage détaillé, issu de ses notes prises entre et , figure dans un recueil intitulé Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre[6],[4] Publié sous la direction de Camille Clermont, l'ouvrage regroupe une douzaine de récits de personnalités de l'époque, comme Hélène Vacaresco, Julia Daudet ou Marie-Louise Dromart. Le critique Camille Le Senne souligne le caractère saisissant des souvenirs de Mireille Andrieu[7]. Dans un article du Petit Journal, le journaliste Albert Londres évoque de son côté la jeune femme : « — Bonne chance, amis ! Bonne chance à tous ! " C'est Mme la sous-préfète de Soissons qui crie cela aux nôtres en leur distribuant des bouteilles au passage. Mme la sous-préfète de Soissons est la fille de Clovis Hugues. Elle est là, brune et belle, sur la route. La poussière et la fièvre entourent son geste quand aux guerriers elle tend la boisson. Elle a tout l'air de continuer un des poèmes de son père. »[8] Lorsqu'au sortir de la guerre, le journal L'Œuvre lance l'idée d'un « musée féminin de la Guerre », Mireille Andrieu est citée, avec l'infirmière britannique Edith Cavell, par la journaliste Louise Faure-Favier, au titre des personnalités dignes de figurer dans une « salle de l'Héroïsme féminin »[9].

Dans l'entre-deux-guerres, le couple Andrieu réside notamment 2, rue Paul-Louis-Courier à Périgueux, où René Andrieu est préfet[10], puis s'établit à Paris, 1, rue de Liège[11]. En 1939, Mireille Andrieu est à Paris l'un des témoins de mariage de l'artiste de théâtre Juliette Dissel[12].

Veuve en 1950[13], Mireille Andrieu meurt en 1965 à Paris[14]. Elle est inhumée trois jours plus tard au cimetière parisien de Bagneux[15],[Note 1].

Postérité modifier

En 2015, le nom de Mireille Andrieu a été donné à une salle de la sous-préfecture de Soissons[16].

Distinction modifier

Bibliographie modifier

Iconographie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Dans le registre journalier d'inhumation, son nom d'épouse est orthographié par erreur Andrieux.

Références modifier

  1. a et b Acte de naissance no 402, , Paris 16e, Archives de Paris (avec mentions marginales de mariage et de décès) [lire en ligne] (vue 16/31)
  2. a et b Denis Rolland, « La guerre des femmes » (conférence de ), Bulletin trimestriel de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons,‎ avril 2015 url=https://sahs-soissons.org/wp-content/uploads/2021/08/bulletin_trim_2015_04.pdf, p. 7-8
  3. a et b Le Nain jaune, « Échos », sur Gallica, L’Écho de France, (consulté le ), p. 2
  4. a et b Charles Merki, « Mme Camille Clermont publie... », sur Gallica, Mercure de France, (consulté le ), p. 350
  5. a et b Fernand Cuville, « Photographies de Mireille Andrieu », sur Musée départemental Albert-Kahn (consulté le )
  6. a et b Société d'histoire littéraire de la France, « Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre... », sur Gallica, Revue d'histoire littéraire de la France, (consulté le ), p. 691
  7. Camille Le Senne, « Parisiennes de guerre », La France,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  8. Albert Londres, « Vision sur la Marne, vision sur l'Oise », sur Gallica, Le Petit Journal, (consulté le ), p. 1
  9. Louise Faure-Favier, « Un musée féminin de la Guerre », sur Gallica, L'Œuvre, (consulté le ), p. 1
  10. Recensement de population, Périgueux (3e section), , Archives départementales de la Dordogne
  11. Recensement de population, Paris 9e, Saint-Georges, , Archives de Paris
  12. Joëlle Ginestet, « Juliette Dissel (1902-1962) : la passion du théâtre occitan », Revue des langues romanes, vol. 1, no 2,‎ , p. 283–307 (ISSN 0223-3711, DOI 10.4000/rlr.4475, lire en ligne, consulté le )
  13. Registre journalier d'inhumation, , cimetière parisien de Bagneux, Archives de Paris
  14. Acte de décès no 152, , Paris 1er, Archives de Paris [lire en ligne] (vue19/31)
  15. Registre journalier d'inhumation, , cimetière parisien de Bagneux, Archives de Paris
  16. « Autres activités », Bulletin trimestriel de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons,‎ avril 2015url=https://sahs-soissons.org/wp-content/uploads/2021/08/bulletin_trim_2015_04.pdf, p. 18
  17. Emmanuel Mas, « Pernant. Madame Andrieu décorée de la Croix de Guerre avec palmes. [légende d'origine] », sur imagesdefense.gouv.fr (consulté le )

Liens externes modifier