Mio Sugita

femme politique japonaise

Mio Sugita (杉田 水脈, Sugita Mio?), née le ) est une femme politique japonaise. Elle est membre du Parti libéral-démocrate du Japon et membre de la Chambre des représentants pour le Bloc de représentation proportionnelle Chūgoku (en)[1]. En août 2022, elle devient vice-ministre des Affaires intérieures et des Communications dans le cabinet Kishida, puis démissionne en décembre de la même année après plusieurs controverses[2].

Mio Sugita
Fonctions
Parliamentary Vice-Minister for Internal Affairs and Communications (d)
août -
Représentant du Japon
49e législature de la chambre des représentants du Japon (d)
Circonscription proportionnelle du Chūgoku (en)
depuis le
Représentant du Japon
48e législature de la chambre des représentants du Japon (d)
Circonscription proportionnelle du Chūgoku (en)
depuis le
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
杉田 水脈Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Tottori (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
Parti politique
Condamnée pour
Crime of honor (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Blog officiel

Éducation et carrière modifier

Sugita est diplômée de la faculté d'Agriculture de l'université de Tottori (1990)[3].

Elle a travaillé comme fonctionnaire dans une administration locale. Elle a été membre du Parti de la Restauration du Japon et du Parti pour le Kokoro japonais avant de rejoindre le Parti Libéral Démocrate du Japon[4]. Elle est élue pour la première fois à la Chambre des représentants en 2012[5]. Elle est classée à l'extrême droite[6].

Positions politiques et controverses modifier

Jardins d'enfants modifier

En , Sugita a écrit un article dans le Sankei Shinbun dans lequel elle présentait son opposition à l'augmentation du nombre de crèches[7].

Femmes de réconfort modifier

En 2013. Sugita s'est associée à d'autres membre du Parti de la Restauration du Japon, Yuzuru Nishida et Hiromu Nakamaru, pour demander le retrait d'une statue à Glendale, dans le Comté de Los Angeles, en Californie. Cette statue commémore 200 000 « femmes de réconfort » de Corée et d'autres pays, « esclaves sexuelles des soldats japonais pendant la seconde Guerre Mondiale »[8]. D’après les adversaires de cette statue, dont Sugita, « les femmes ont agi volontairement » et leur nombre est artificiellement exagéré[9],[10]. Les trois personnalités politiques ont également indiqué qu'elles voulaient que le Ministère Japonais des Affaires Étrangères revienne sur les excuses officielles prononcées dans les années 1990 sur le sujet.

Commentaires sur le viol modifier

Sugita est apparue en 2018 dans le documentaire de la BBC Japan's Secret Shame[11] consacré au viol présumé de Shiori Ito. Dans une interview, Sugita a déclaré : « Dans cette affaire, il y a eu des erreurs de sa part, en tant que femme ; le fait de boire autant en face d'un homme et de perdre la mémoire. »[12] ainsi que « Avec des choses comme cela, je pense que ce sont les hommes qui subissent d'importantes conséquences. »[13].

Sugita semble se moquer d'Ito, "Makura eigyo daishippai" (Technique de vente de l'oreiller: échec total)[14].

Sollicitée pour un commentaire à propos du documentaire par le Mainichi Shimbun, Sugita a déclaré que la vidéo avait été modifiée et ses propos dénaturés, et qu'elle envisageait de montrer ses propres images de l'interview[14].

Sugita a été critiquée par Lully Miura, professeure de l'Université de Tokyo qui a écrit, « Mettre en cause les actions de la victime plutôt que l'auteur de l'infraction peut propager le malentendu selon lequel on ne sait rien faire si quelque chose arrive à une femme quand elle boit en face d'un homme. Il semble y avoir dans l'attitude de Sugita un sentiment de dégoût à l'égard des femmes fortes face aux hommes »[14].

Elle déclare en septembre 2020, afin de justifier l'acquittement controversé de plusieurs hommes accusés de viols et d'inceste, que « les femmes peuvent mentir autant qu'elles veulent[15]. »

Commentaire sur les personnes LGBT modifier

 
Manifestation après des déclarations de Mio Sugita, juillet 2018.

Après de nombreuses publications antiféministes et anti-LGBT dans le magazine Shincho 45[5], en , Sugita y écrit un article dans lequel elle décrit les couples LGBT+ comme « improductifs et donc ne méritant pas l'investissement du contribuable. »[16]. Elle y fait valoir que « ces hommes et ces femmes ne peuvent avoir d'enfants – en d'autres termes, ils sont "improductifs". »[17]. Ses commentaires controversés ont été dénoncés par diverses personnalités politiques japonaises, y compris Kanako Otsuji[5], l'ancien premier ministre japonais Yukio Hatoyama et l'ancien secrétaire parlementaire Shunsuke Takei[18].

En réponse à cet article, les 27 et , des milliers de manifestants se sont rassemblés à Tokyo devant le siège du Parti Libéral Démocrate pour demander au parti sa démission, ainsi qu'à Osaka[19],[20],[5]. Le , le PLD a annoncé sur son site internet qu'il avait recommandé à Sugita de se renseigner sur le sujet et d’être mieux informée sur la question des différences sexuelles[21]. Après que le magazine Shincho 45 a publié un numéro complet pour prendre la défense de l'article de Sugita, la maison d’édition Shinchosha s'est publiquement excusée pour cette série d'articles et a pris la décision d’arrêter la publication du magazine[22].

Procès en diffamation modifier

En 2019, quatre professeurs du Kansai, spécialistes en théorie du genre et en féminisme, ont intenté un procès en diffamation contre Mio Sugita après qu'elle a critiqué dans des vidéos sur internet et sur son compte Twitter leur usage de subsides gouvernementaux pour faire des recherches sur l’égalité des genres et sur les femmes de confort[23].

En octobre 2022, Mio Sugita a été condamnée pour diffamation par le tribunal d'appel de Tokyo pour avoir montré son approbation en cliquant « J'aime » en-dessous de messages Twitter diffamatoires envers Shiori Itō, une journaliste luttant pour faire reconnaître le viol dont elle a été victime[24].

Commentaires sur les Aïnous et les zainichi modifier

En 2016, sur son blog, Mio Sugita s'est moquée d'Aïnous et de zainichi qui témoignaient de l'existence de discriminations au Japon[2]. En septembre 2023, le « Bureau des affaires juridiques » de Sapporo a reconnu que ces écrits constituaient une violation des droits de l'homme des Aïnous et a demandé à Sugita de les effacer[25].

Références modifier

  1. « 杉田 水脈 », sur www.jimin.jp (consulté le ).
  2. a et b M. Nakajima et Y. Ono, History of sexist, anti-LGBTQ remarks by Japanese vice-minister Mio Sugita, The Mainichi (24 août 2022).
  3. (ja) « 国会議員情報:杉田 水脈(すぎた みお):時事ドットコム », sur jiji.com (consulté le ).
  4. « Japan Should Aim to Create an Independent Constitution, Not Reform the Present One », sur en.apa-appletown.com (consulté le ).
  5. a b c et d Patrick Carland-Echavarria, We Do Not Live to Be Productive: LGBT Activism and the Politics of Productivity in Contemporary Japan, The Asia-Pacific Journal - Japan Focus 20, 2, 1 (Article ID 5669) (15 janvier 2022).
  6. « Japon : encore un ministre limogé, le quatrième en trois mois », sur Les Echos,
  7. (ja) SANKEI DIGITAL INC., « 【杉田水脈のなでしこリポート(8)】「保育園落ちた、日本死ね」論争は前提が間違っています 日本を貶めたい勢力の真の狙いとは… », 産経ニュース,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Arin Mikailian, « Court rules in favor of memorial to comfort women », sur latimes.com (consulté le ).
  9. (en-US) Brittany Levine, « Japanese politicians want Glendale's 'comfort women' statue removed », Los Angeles Times,‎ (ISSN 0458-3035, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en-US) Mark Schreiber, « U.S. towns pulled into Japanese politics », The Japan Times Online,‎ (ISSN 0447-5763, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en-GB) Japan's Secret Shame (lire en ligne).
  12. (en) « Aspiring reporter, 28, claims she was drugged and raped by a TV journalist after she met him to discuss career advice - and was called a 'prostitute' by trolls when she went public », Mail Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) David McNeill, « Woman’s fight highlights rape taboo in Japan », The Irish Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. a b et c (en) « LDP lawmaker draws fire over comment on alleged rape victim in BBC documentary », Mainichi Daily News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Christine Levy, « Les Japonaises ne veulent plus se taire », sur Le Monde diplomatique,
  16. (ja) « 「LGBTは生産性がない」自民・杉田水脈議員の寄稿文に、当事者団体が抗議 », BuzzFeed,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en-GB) « Japanese politician under fire for claiming LGBT couples are 'unproductive' », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « Japanese politician under fire for calling LGBT community 'unproductive' », cnn,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en-US) Tomohiro Osaki, « Thousands rally to protest LDP lawmaker Mio Sugita’s remark calling LGBT people ‘unproductive’ », The Japan Times Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. P. Mesmer, Au Japon, la communauté LGBT se mobilise contre le « discours de haine » d’une députée, Le Monde (30 juillet 2018).
  21. LDP ‘instructs’ Sugita to educate herself after anti-gay article, The Asahi Shimbun (3 août 2018).
  22. Justin McCurry, Japanese magazine to close after Abe ally's 'homophobic' article, The Guardian (26 septembre 2018).
  23. Gender theory professors sue LDP’s Sugita for critical remarks, The Asahi Shimbun (13 février 2019).
  24. Agence Kyodo, Damages awarded to Japan's #MeToo symbol over defamatory tweet likes, The Mainichi (20 octobre 2022).
  25. Shu Furukawa, Japan lawmaker's post against Ainu deemed to have violated human rights, The Mainichi (21 septembre 2023) ; LDP Sugita’s social media post insulting Ainu is human rights violation, Japan Press Weekly (25 septembre 2023).

Liens externes modifier