Michel Colombe

sculpteur français de la Renaissance
Michel Colombe
François Sicard, Buste de Michel Colombe, opéra de Tours.
Naissance
Décès
Avant novembre 1515
Tours, Royaume de France
Nationalité
Activité
Maître
Philippe Colombe (sculpteur)
Élève
Lieu de travail
Mouvement
Œuvres principales

Michel Colombe né vers 1430 dans le Berry, probablement à Bourges[1],[2], et mort à Tours avant est un sculpteur français de l'école de Tours.

Médaille en or offerte par la ville de Tours à Louis XII lors de son entrée solennelle, le 24 novembre 1500. Recto-verso, Louis XII et un porc-épic, d'après un modèle de Michel Colombe, par l'orfèvre Jean Chapillon.

Actif sous les règnes de Charles VIII et Louis XII, il est le frère de l'enlumineur Jean Colombe (vers 1430-1493).

Biographie modifier

Michel Colombe passe sa jeunesse en Berry, où son père le sculpteur Philippe Colombe (mort en 1457), le forme et le dirige sur les chantiers de Bourges, et peut-être celui de l'hôtel de Jacques Cœur[3]. En 1462, Jean de Bar, chambellan du roi Louis XI et bailli de Touraine, lui commande cinq statues pour la chapelle du château de Baugy (Cher) : la Vierge, les saints André et Jacques, et les saintes Catherine et Madeleine[2]. En 1474, il reçoit de Jean Briçonnet un paiement pour la réalisation d'une maquette en pierre (Jean Fouquet avait réalisé également son propre projet peint[4]), comme projet funéraire pour Louis XI dans Notre-Dame de Cléry[5], mais, peu convaincu, Louis XI s'adressera en 1481 à Nicolas d'Amiens dit Colin d'Amiens[6] (Maître de Coëtivy).

On sait que Michel Colombe était présent à Moulins en 1484 : avec Jehan de Rouen et Thévenin l'Imageur, il est chargé de confectionner des « éléphants articulés » à l'occasion de l'entrée dans la ville de la nouvelle duchesse Catherine d'Armagnac, épouse de Jean, duc de Bourbon[7].

En 1489, il travaille sur le projet de tombeau du roi Louis XI, dessiné par Jean Fouquet en 1484[2].

En 1496, il est installé à Tours[2], où est attribué à son atelier le revêtement mural sculpté de l'ensemble du groupe de la Mise au tombeau de l'abbaye de Solesmes[8].

On lui doit notamment le tombeau du duc François II de Bretagne et de Marguerite de Foix, dans la cathédrale de Nantes (1507).

Après la mort de l'évêque de Nantes Guillaume Guéguen en 1506, sa sculpture fut réalisée en albâtre et disposée dans la cathédrale[9].

En 1508, il exécute le retable de marbre consacré à saint Georges de la chapelle haute du château de Gaillon[2],[10].

Il travaille pour Jacques de Beaune, propriétaire du Château de La Carte à Ballan-Miré (Indre-et-Loire) où il réalise une Vierge à l'Enfant en terre cuite (vers 1500-1510), aujourd'hui conservée au musée du Louvre[11].

Marguerite d'Autriche (1480-1530) souhaita lui commander le mausolée de son époux Philibert de Savoie, pour l'église Notre-Dame de Brou. Le , Michel Colombe signe un contrat avec Jean Lemaire pour réaliser la maquette du tombeau « selon le portrait et la très belle ordonnance faite de la main de maître Jean Perréal de Paris ». Jean Lemaire écrit : « Ledit Colombe est fort ancien et pesant, c'est, à savoir, environ quatre-vingts ans, et est goutteux et maladif […] »[12]. Marguerite d'Autriche s'inquiétant de ne rien voir arriver à Pâques 1512, Michel Colombe proposa dans une lettre du de la faire réaliser par Guillaume Regnault, neveu de Colombe. Après le départ de Jean Lemaire et Jean Perréal du projet en 1512, elle changea de maître d'œuvre en et fit finalement appel au peintre flamand Jan Van Roome, dit Jean de Bruxelles, pour les trois tombeaux de l'église, et à Conrad Meyt pour les gisants et transis[13],[14].

L'abbesse Antoinette de Moustiers commande à l'atelier un christ pour la chapelle du sépulcre de l'abbaye Notre-Dame de Jouarre, qu'elle a créée le , aujourd'hui conservé dans l'église paroissiale de Jouarre[15].

Michel Colombe meurt avant novembre 1515 vers l'âge de 85 ans, son élève et collaborateur Guillaume Regnault reprend l'atelier tourangeau en .

Famille modifier

Michel Colombe est le fils de Guillemette et de Philippe Colombe, sculpteur, qui réalisa, en 1416, un tombeau à gisant pour Jean de Brosse (avec une épitaphe rajoutée après sa mort), une Vierge de Pitié, et un saint Martin, pour l'église Notre-Dame d'Huriel. Philippe Colombe était à Bourges en 1434-1435, il habitait une maison du chapitre de la cathédrale sur la paroisse Saint-Pierre-le-Puellier, où il mourut en 1457[1].

Il a un frère Jean Colombe (vers 1430-1493), enlumineur, et une sœur Jeanne Colombe ; Guillaume Regnault épousera successivement Louise, fille de Jean, puis Marie, fille de Jeanne.

Hommage modifier

Au musée du Louvre, la salle 211 porte le nom de salle Michel-Colombe, consacrée à la sculpture de la première Renaissance française[11].

Une rue de Nantes lui a été attribuée sur l'île de Nantes, mais a été orthographiée par erreur « rue Michel-Columb (1430-1512) ». Tout comme une rue à Tours.

Notes et références modifier

  1. a et b Marcel Aubert, « Le dernier imagier gothique », Journal des savants, 1953, vol. 4, no 4, pp. 145-154, p. 146-147.
  2. a b c d et e Geneviève Bresc-Bautier, « Michel Colombe sculpte le retable de la chapelle du château de Gaillon », Commémorations Collection 2008, sur francearchives.gouv.fr.
  3. Charles Barbarin, « Un Sculpteur inconnu de Pierre de Brosse à Uriel (Allier). Philippe Colombe (1416-1422) », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France,‎ , p. 296-303 (lire en ligne)
  4. Jean-Marie Guillouet, Le statut du sculpteur à la fin du Moyen Age. Une tentative de problématisation, Poètes et artistes : la figure du créateur en Europe du Moyen Age à la Renaissance, 2006, France. Presses universitaires de Limoges, pp.25-35. p. 12.
  5. Jean-René Gaborit, Michel Colombe et son temps, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2001, p. 25.
  6. Catherine Grodecki, Le « Maître Nicolas d'Amiens » et la mise au tombeau de Malesherbes. À propos d'un document inédit, Bulletin Monumental, 1996, vol.  154, no 154-4, pp. 329-342, p. 335.
  7. source : archives départementales de l'Allier, 4 E 196.
  8. Inventaire général du patrimoine culturel des Pays de la Loire, Sablé-sur-Sarthe : référence Palissy IM72000430, 14 pages.
  9. Revue française, 3eannée, vol. 8, 1857, p. 496.
  10. Musée du Louvre : Saint Georges combattant le dragon.
  11. a et b Grande Galerie - Le Journal du Louvre, printemps 2023, n° 32, p. 20-22.
  12. Paul Spaak, Jean Lemaire de Belges: sa vie, son œuvre et ses meilleures pages, p. 94-96, réédition de l'édition de Paris, 1926 (lire en ligne).
  13. Cf. Marie-Anne Sarda et Magali Philippe, Le Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse, Fondation BNP Paribas, 2005, p.34.
  14. Claude Cochin, Jean Lemaire de Belges, Michel Colombe, Jean Perréal et la construction du tombeau de Philibert de Savoie, p. 653-656, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, année 1913, volume 57, no 8 (lire en ligne).
  15. Jacques Baudoin, Normandie Ile-de-France - La sculpture flamboyante, éditions Créer, 1992, p. 205.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Claude Cochin, Max Bruchet, Une lettre inédite de Michel Colombe, suivie de nouveaux documents sur Jean Perréal et Jean Lemaire de Belges, librairie ancienne Honoré Champion, Édouard Champion, 1914. (Lire en ligne).
  • Jean-René Gaborit, Michel Colombe et son temps, Éditions du CTHS, 2001.
  • Ange Guépin, Histoire de Nantes, 2e  éd., 1839. Lire en ligne.
  • Jean-Marie Guillouët, La sculpture du Val de Loire au XVe siècle : une école introuvable ?, p. 250-259, Revue 303, année 2003, no 75 (lire en ligne).
  • Prosper Levot, Biographie bretonne, 1852 (cet auteur fait naître Michel Colombe (Michel Coulm) en Bretagne, à Plougoulm, évêché de Saint-Pol-de-Léon, dont rien n'est dit sur son père, vol. 1, p. 404).
  • Michel Mussat, « Michel Colombe, l'art de la Loire et la Bretagne », Annales de Bretagne, t. 61, no 1,‎ , p. 54-64 (lire en ligne).
  • Pierre Pradel, « Sur la vie et les origines du sculpteur Michel Colombe », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 96 année, no 1,‎ , p. 118-119 (lire en ligne)
  • Pierre Pradel, Michel Colombe, le dernier imagier gothique, Éditions d'Histoire et d'Art, librairie Plon, 1953.
  • Jean-Yves Ribault, Les Colombe, une famille d'artistes de Bourges au XVe siècle, p. 13-26, dans Michel Colombe et son temps, sous la direction de Jean-René Gaborit, actes du 124e congrès des sociétés historiques et scientifiques, section Histoire de l'art et archéologie, tenu à Nantes du 19 au , éditions CTHS, Paris, 2001 (ISBN 978-2-7355-0451-0).
  • Antony Roulliet, Michel Colombe et son œuvre, 1884.
  • Paul Vitry, Michel Colombe et la sculpture française de son temps, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1901. (Lire en ligne).

Article connexe modifier

Liens externes modifier