Mbombé

chef du peuple Mitsogo

Mbombé, connu aussi sous les noms de Mbombé a Gnangué (Mbombé fils de Gnangué), Mbombé Mondjo, Mbombi, Bombi, Bombe, a été un chef du peuple Mitsogo, qui s'opposa à la colonisation du Gabon au début du XXe siècle.

Durant la période coloniale, surtout entre 1903 et 1913, diverses ethnies gabonaises se sont rebellées contre l'occupation de leurs territoires par les sociétés concessionnaires européennes. Parmi les rebelles les plus irréductibles figuraient groupes Mitsogo et Punu[1]. Malheureusement, les données sur ces soulèvements présentées dans les études historiques et les documents militaires et missionnaires sont quelque peu contradictoires, et même les dates ne coïncident souvent pas[2].

Biographie modifier

Les Mitsogo, commandés par Mbombé, s'opposèrent en 1903 à la pénétration de leur territoire des sociétés concessionnaires françaises, en particulier la Société du Haut-Ogooué (S.H.O.) et la Compagnie de la Haute Ngounié (C.H.N.). Les Français ont répondu aux révoltes en construisant des postes militaires dans ces territoires et en entreprenant des difficiles campagnes militaires dans cette forêt enchevêtrée[3]. La révolte dura jusqu'en 1913, quand Mbombé fut capturé et emprisonné[4]. Condamné à dix ans de déportation au Tchad en , il mourut le à la prison de Mouila[5].

Une mythologie populaire a été créée à propos du personnage de Mbombé, ce qui rend difficile la distinction entre les faits historiques et les faits imaginaires. Lors d'une enquête de terrain menée par Florence Bernault, ses informateurs Mitsogo ont raconté une version différente de la fin de Mbombé : il n'a pas été capturé par les Français, mais a été trahi par son épouse nommée Simbu, qu'il avait épousée pour sceller l'alliance militaire avec Mavurulu Nyonda Makita, chef des rebelles Punu, dont Simbu était l'une des filles. C'était Simbu qui aurait livré Bombe aux Français[6].

Au cours de l'interrogatoire que Mbombé a subi après sa capture, un témoin a rapporté qu'avant de livrer bataille aux Français, il faisait boire à ses guerriers la bounda (ou mbounda), une boisson magique qui servait à rendre les guerriers invulnérables aux balles de fusil[7].

Hommages modifier

Bibliographie modifier

  • Yves-Marcel Ibala, Chroniques du Congo au cœur de l'Afrique: suivi de La saga de Tsi-Bakaala : le sabre du destin, Harmattan, , 369 p. (présentation en ligne), p. 135
  • (en) Allen M. Howard et Richard Matthew Shain, The Spatial Factor In African History : The Relationship Of The Social, Material, and Perceptual, BRILL, , 372 p. (présentation en ligne), p. 237
  • Yaya Sy, Mémoires d'ancêtres : Récit traditionnel et historiographie moderne en Afrique, L'Harmattan, , 272 p. (présentation en ligne), p. 178
  • (en) Florence Bernault (Université du Wisconsin), Enfermement, prison et châtiments en Afrique du 19e siècle à nos jours, Karthala, , 510 p. (présentation en ligne), p. 116

Références modifier

  1. Florence Bernault, Colonial transactions. Imaginaries, bodies, and histories in Gabon, Durham et Londres, Duke University Press, (ISBN 978-1-4780-0158-4)
  2. Par exemple, plusieurs sources rapportent que Mbombé fut capturé et mourut en 1908. Mais dans les Archives Outre-Mer A.E.F. (Aix-en-Provence) les rapports militaires indiquent le 5 mars 1913 comme date de sa capture. Voir: Christopher Gray, The disappearing district? Territorial transformation in Southern Gabon, 1850-1950, in: A.M. Howard & R.M. Shain (Eds.), The spatial factor in African history. The relationship of the social, material and perceptual, Leiden, Brille, 2005, pp.221-244.
  3. Maurice Eugène Denis, Histoire militaire de l'Afrique Equatoriale Française, Paris, Imprimerie Nationale, , p. 86-118
  4. "Rapport du Capitaine Spiess, Commandant de la Circonscription de l’Offoué-Ngounié sur la capture du Chef rebelle Issogho Bombi, Mouila le 5 mars 1913”, Archives Outre-Mer A.E.F. (Aix-en-Provence), Série D, Sous-Série 5D
  5. Nicolas Métégué N'Nah, Domination coloniale au Gabon: Les combattants de la première heure, 1839-1920, Harmattan, 1981, p. 87
  6. Florence Bernault, 2019, op. cit., p. 50.
  7. Archives Outre-Mer A.E.F. (Aix-en-Provence), Série D, Sous-Série 5D 5D13 1910–1913, “Interrogatoire de Bombi, 21 mars 1913”.
  8. https://fr.allafrica.com/stories/201505281572.html
  9. Kanel Engandja-Ngoulou, Le Développement des industries culturelles au Gabon, L'Harmattan, , p. 74