Maurice de Cheveigné

Maurice de Cheveigné, né à Paris 16e le , mort à Saint-Malo le [1], est un résistant français, opérateur radio du BCRA (Forces françaises libres) qui a été déporté.

Maurice de Cheveigné
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 71 ans)
Saint-MaloVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Maurice Henri Marie Le Riche de CheveignéVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Biographie modifier

Maurice Le Riche de Cheveigné est le fils de Jane Augustine Noël Le Riche de Cheveigné, infirmière pendant la Première Guerre mondiale, et d'un père qui ne l'a pas reconnu. Son enfance se passe dans des pensionnats, y compris en Angleterre où il apprend l'anglais.

Résistance modifier

En septembre 1940, Cheveigné quitte la France par l'Espagne, où il est interné brièvement, puis il rejoint l'Angleterre où il s'engage dans la France libre le 18 janvier 1941 et est affecté au BCRA[2] qui l'envoie à l'école d'opérateurs radio de l'Intelligence Service, à Thames Park, où il rencontre Daniel Cordier dans le courant de la même année[3].

Parachuté en , Maurice Le Riche de Cheveigné (Salm W) est d'abord radio d'un agent du commissariat national à l'Intérieur, Jacques Soulas alias Salmon.

Quand le radio de Jean Moulin, Gérard Brault (Kim W), est arrêté (), Cheveigné travaille avec Moulin et Georges Bidault, parfois avec d'autres services et le réseau Brandy[4].

Surchargé, il est aidé par François Briant (Pal W) puis Daniel Cordier (Bip W). En 1943, Cheveigné assure les liaisons de Raymond Fassin, délégué militaire régional de la zone A (Amiens).

Arrestation et déportation modifier

Arrêtés le 4 avril 1944 à Lille, Cheveigné et Fassin sont tous deux déportés, par le « Train de Loos » parti de Tourcoing, le , vers le camp de Sachsenhausen (convoi I.281)[5].

Cheveigné est libéré le 3 mai 1945, tandis que Fassin n'en revient pas[5].

L'après-guerre modifier

Rentré en France après sa libération, il cherche un emploi, mais les Résistants de la dernière heure pullulent et il ne reconnaît plus sa patrie.

Il trouve alors un travail pendant deux ans, en Allemagne, auprès d’un organisme des Nations unies portant secours aux prisonniers et aux réfugiés.

Il se marie avec Kitty, une jeune anglaise, et, voulant quitter l'Europe, ils partent pour le Canada où ils sont fermiers au nord de Toronto quelques années. Le couple a trois enfants : Suzanne (née en 1950), Alain (né en 1953) et Colin (né en 1954). En 1956, la famille déménage vers le nord, à Elliot Lake, une ville minière, où le couple tient un magasin de téléviseurs et de disques. Mais la crise frappant l'industrie minière, la famille rentre en France et s'installe au sud de Toulouse en se tournant à nouveau vers l'agriculture. Dans les années 1970, les autorités françaises retirent à Cheveigné sa licence de radio amateur, ce qui lui cause une nouvelle blessure morale. En 1980, la mer et la voile le fascinant, il s'installe seul à Saint-Malo et mène une vie très solitaire.

Dès la fin des années 1970, voulant écrire le récit de son expérience de la guerre secrète fondé sur la réalité, il fait des voyages en Angleterre et aux Etats-Unis pour trouver des documents, et rédige des Mémoires intitulés Radio Libre, 1940-1945, qui sont décrits par Cordier comme remarquables et plus proches de la vérité que ceux publiés par les grands noms de la Résistance[6], mais ne trouveront pas d'éditeur avant 2014, soit plus de 20 ans après la mort de Cheveigné. Dans son compte rendu après la parution du livre posthume de celui-ci, Jeannine Verdès-Leroux explique combien ce récit parfois violent est admirable et écrit que « c’est la tension de son écriture qui explique l’adhésion du lecteur »[7].

Son expérience de la déportation, ainsi que la solitude et la tristesse qu'il a ressenties - comme beaucoup de déportés - après sa libération ont causé en Cheveigné une fêlure et une fuite, d'après Cordier[8].

Cheveigné avait un humour, une gentillesse et un « charme envoûtant » et il impressionnait par « son absolue liberté », selon Cordier auquel l'a lié une « amitié indéfectible, semblable à la fraternité », depuis leur rencontre en 1941 à Thames Park, puis au travers de leur travail pour Jean Moulin à Lyon en 1942-1943, amitié qui s'est poursuivie après la guerre jusqu'à la mort de Cheveigné[9]. Souffrant d'une insuffisance cardiaque, il décide de mettre fin à ses jours et se suicide en juin 1992.

Bibliographie modifier

  • Daniel Cordier, Alias Caracalla, Gallimard, 2009.
  • Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, Gallimard, 2013.
  • Maurice de Cheveigné, Radio Libre, 1940-1945, avec une préface de Daniel Cordier et une postface de Sébastien Albertelli, éditions du Félin, Paris, 2014, 224 p. Prix littéraire de la Résistance 2014. Prix Grand témoin de la France mutualiste 2014.
  • Simone Jacques-Yahiel, Ma raison d'être, Souvenirs d'une famille de déportés résistants, L'Harmattan, 2015.

Filmographie modifier

Notes et références modifier

  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Cf. "La libération d’un déporté : l’exemple de Maurice de Cheveigné", 3.10.2014, Fondation de la France Libre, en ligne: https://www.france-libre.net/la-liberation-dun-deporte-lexemple-de-maurice-de-cheveigne/ (consulté le 4.02.2024).
  3. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, Gallimard, Paris, 2013, p. 106.
  4. « A mon frère Maurice », sur www.simone-jacques.com (consulté le )
  5. a et b Fondation pour la mémoire de la déportation, « Liste du "Train de Loos" parti de Tourcoing le 1er septembre 1944 (I.281.) » (consulté le )
  6. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., pp. 118-119.
  7. Jeannine Verdès-Leroux, « Maurice de Cheveigné, Radio libre, 1940-1945 » in Histoire Politique, Comptes rendus, en ligne depuis le 23.05.2014: https://journals.openedition.org/histoirepolitique/12818?lang=fr (consulté le 4.03.2024).
  8. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., pp. 106-107.
  9. Daniel Cordier, Alias Caracalla : mémoires, 1940-1943, Gallimard, Paris, 2009, p. 277, et Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., pp. 106-107.

Liens externes modifier

  • Radio libre, mémoires de M. de Cheveigné, mis en ligne par son fils.