Massacre de Sinchon (1950)

Le massacre de Sinchon (coréen: 신천 양민학살 사건, hanja: 信川良民虐殺事件) est un meurtre de masse de civils, que les sources nord-coréennes attribuent aux forces militaires sud-coréennes avec l'approbation de l'armée des États-Unis, ayant eu lieu du au , près de, ou dans, la ville de Sinchŏn Corée du Nord, Hwanghae du Sud). Cet événement s'est supposément déroulé durant la seconde phase de la guerre de Corée et la retraite du gouvernement de la RPDC de la province de Hwanghae.

Massacre de Sinchŏn
Date 17 octobre au [1]
Lieu Comté de Sinchon (en) (Hwanghae du Sud)
Victimes Civils de Sinchon[1]
Type Massacre
Morts 30 000[1] à 35 380 civils[2] (selon la Corée du Nord)
Auteurs Armée de terre de la République de Corée (selon la Corée du Nord)
Participants Forces armées des États-Unis[1] (selon la Corée du Nord)
Guerre Guerre de Corée
Coordonnées 38° 21′ 16″ nord, 125° 28′ 50″ est
Géolocalisation sur la carte : Corée du Nord
(Voir situation sur carte : Corée du Nord)
Massacre de Sinchon (1950)

Déclarations de la Corée du Nord modifier

Des sources nord-coréennes[Lesquelles ?] prétendent qu'environ 35 000 personnes ont été tuées par les forces militaires américaines et leurs soutiens durant une période de 52 jours. Ceci représente environ un quart de la population de Sinchŏn à cette époque. Le musée des atrocités de guerre américaines, fondé en 1958, montre les restes et possessions des victimes supposées. À l'école, les Nord-Coréens apprennent que les Américains ont « enfoncé des clous dans la tête de leurs victimes » et « découpé les seins des femmes ». Des officiels copient toutes les images du musée et les affichent dans les corridors des écoles.

Déclarations non-gouvernementales modifier

Dans un rapport préparé à Pyongyang, l'organisation non-gouvernementale Association internationale des juristes démocrates, à tendance communiste, liste plusieurs incidences de meurtres de masse par les troupes américaines à Sinchŏn. De plus, elle a déclaré que jusqu'à 300 Nord-Coréens ont été décapités au sabre par les soldats américains, et que l'US Air Force a utilisé des armées bactériologiques en Corée. S'appuyant sur des témoignages oraux de Nord-coréens, ce rapport de l'Association internationale des juristes démocrates prétend que le massacre de Sinchŏn s'est déroulé sous la supervision d'un général « Harrison » ou « Halison », apparemment le général William Kelly Harrison Jr., qui aurait personnellement conduit plusieurs des opérations incriminées. Le rapport prétend que Harrison a pris des photos du massacre, mais aucune preuve ne l'atteste.

Harrison a été choqué par cette déclaration. Des investigations ont conclu qu'il n'y avait pas de Harrison dans la zone au moment des faits, et que c'était soit un pseudonyme, soit une déclaration mensongère. Le musée susmentionné possède une photo légendée « Harrison D. Maddon ». Le cliché[3] montre un homme de dos, debout à côté d'un drapeau de l'ONU, portant un chapeau dans sa main, sans que l'on puisse voir son visage.

Selon Dong-Choon Kim, un ancien membre de la Commission vérité et réconciliation (en), le massacre de Sinchŏn a été perpétré par la police de sécurité d'extrême-droite et un groupe de jeunes. Sunghoon Han dit que des unités de sécurité d'extrême-droite sont responsables de la tuerie.

En , Uli Schmetzer, du Chicago Tribune, écrivait :

« Si une quelconque vérité sur les massacres de Chichon (Sinchon) a jamais existé, les preuves ont disparu depuis bien longtemps. La ville, située à 110 km au sud de la capitale nord-coréenne, Pyongyang, a été transformée en sanctuaire national par une machine de propagande impitoyable qui a alimenté les passions anti-américaines pendant trente-six années au bénéfice d'un régime communiste institutionnalisé et enrégimenté. « Sinchon pue, ça sent l'arnaque », a déclaré un expert de l'Europe de l'Est sur la Corée du Nord. « Mais ça fonctionne parfaitement pour mobiliser la peur et assurer l'obéissance... De toute façon, qui va contredire la version officielle dans ce pays ? » »

— Uli Schmetzer, Chicago Tribune, 21 août 1989[4],[5]

Dans son livre War and Televison, l'historien américain Bruce Cumings, écrit :

« La plupart des massacres de Sinchon ont été perpétrés par des Coréens chrétiens qui avaient fui la région de Sinchon pour le sud. À mon avis, si des Américains étaient présents, c'était probablement du personnel du KMAG [Korean Military Advisory Group, ou Groupe consultatif militaire coréen] lequel a été témoin de nombreuses atrocités commises par des Sud-Coréens contre des civils ; les Coréens avec qui j'ai parlé étaient catégoriques sur le fait que des Américains avaient perpétré les massacres, mais il est vrai que les Coréens ne peuvent admettre que les leurs puissent avoir commis de tels actes sans avoir suivi des ordres venant des Américains ou (lors de la période coloniale) des Japonais »

— Bruce Cumings, War and Televison, 1993[6],[7].

Notes et références modifier

  1. a b c et d (ko) « < 북에서의 6.25 `미군만행' 확인될까 > », JoongAng Daily,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  2. (en) Dong-Choon Kim, « Forgotten war, forgotten massacres—the Korean War (1950–1953) as licensed mass killings », Journal of Genocide Research, vol. 6, no 4,‎ , p. 536 (DOI 10.1080/1462352042000320592, lire en ligne).
  3. (en) General Harrison Maddon Illustration - Sinchon Museum of American War Atrocities - Flickr, 18 septembre 2009 [image]
  4. « If any truth about massacres in Chichon (Sinchon) ever existed, the evidence has long ago been obscured. The town, 70 miles south of the North Korean capital, Pyongyang, has been turned into a national shrine by a ruthless propaganda machine that has fueled anti-American passions for 36 years in support of an institutionalized, regimented communist regime. "Chichon stinks. It smells of fraud," said an Eastern European expert on North Korea. "But it does its job to mobilize fear and ensure obedience. Anyway, who is going to contradict the official version in this country?" »
  5. (en) North Korean Museum Stokes Loathing of U.S. - Uli Schmetzer, Chicago Tribune, 21 août 1989
  6. « the major part of the Sinch’on massacres were carried out by Korean Christians who had fled the Sinch’on area for the South. In my opinion, If any Americans were present they were probably KMAG [Korean Military Advisory Group] personnel, who witnessed many South Korean atrocities against civilians; the Koreans I spoke with were adamant that Americans had carried out the massacres, but it is also true that Koreans do not like to admit that Koreans could do such things, unless they are following American or (in the colonial period) Japanese orders. »
  7. (en) Notes on the Sinchon Massacre - Adam Cathcart, SinoMondiale, 16 mai 2015