Martin Berruyer

évêque du Mans

Martin Berruyer, mort le , est un dignitaire français de l'Église catholique, évêque du Mans de 1449 à 1465. Il réalise plusieurs missions diplomatiques avant sa promotion à l'épiscopat. Il participe au procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc en 1456. Quelques années après, il soutient Jeanne la Féronne, fausse Jeanne d'Arc.

Martin Berruyer
Fonction
Évêque diocésain
Diocèse du Mans
-
Jean d’Ansières (d)
Biographie
Décès
Activité
Évêque catholique (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Consécrateurs
Jean de Mailly (d), Jean Lavantage, Jean MiletVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie modifier

Clerc et diplomate modifier

Martin Berruyer est issu d'une famille tourangelle[1],[2], qui a peut-être fait fortune dans le change[2]. Il pourrait avoir commencé ses études à Orléans avant d'étudier la théologie à Paris[3], au collège de Navarre[4],[5]. Il est bachelier ès arts et en théologie[6]. Il enseigne à Paris en 1413[1],[5],[3].

Son protecteur, l'archevêque de Tours Philippe de Coetquis lui fait obtenir plusieurs bénéfices ecclésiastiques au Mans et à Tours[3]. Chanoine du Mans et de Tours[1],[6], il est nommé doyen de Tours en 1433[3] ou en 1437[1].

Il accompagne Philippe de Coetquis en ambassade à Rome en 1431-1432. Il ensuite fait partie de cinq ambassades envoyées par le concile de Bâle en Bohême de 1433 à 1436 pour négocier avec les hussites[3]. En 1433-1434, la délégation dont il fait partie réchappe de l'épidémie de peste qui sévit alors à Prague[7]. Sa prédication à Prague laisse des souvenirs marquants[6],[5].

En 1438, il est membre, avec Robert Ciboule, de l'ambassade conduite par Philippe de Coetquis à Bâle et à Mayence. En 1439, il est envoyé, toujours avec Robert Ciboule, auprès d'Eugène IV[3]. Il écrit deux lettres avec Robert Ciboule à l'été 1439, l'une à l'évêque de Lübeck qui représente le roi des Romains Albert II au concile et l'autre au cardinal Louis Aleman[4].

Évêque du Mans modifier

En 1449, Martin Berruyer succède à Jean d'Hyerray ou Yerriau comme évêque du Mans[1],[3]. Gallican, il est un fidèle du roi Charles VII[3].

En 1457, il fait partie, avec l’archevêque de Tours Jean Bernard et l’évêque de Coutances Richard Olivier de Longueil, d'une délégation qui va à la rencontre de l’ambassade ecclésiastique envoyée par le roi de Hongrie Ladislas le Posthume pour négocier la main de la fille de Charles VII, Madeleine de France[8],[6].

Vraie et fausse Jeanne d'Arc modifier

Comme Guy de Vorseilles, Hélie de Bourdeilles, Thomas Basin et Robert Ciboule[9], Martin Berruyer participe au procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc en 1456 en écrivant un mémoire contre les juges de Jeanne d'Arc[8],[4],[9],[10],[11],[3]. Son texte est une démonstration méthodique[4]. Selon lui, Jeanne d'Arc ne pouvait être une sorcière puisqu'elle était vierge[11]. Elle avait en horreur l'effusion de sang[12]. Il pense que seule la volonté de Dieu peut expliquer que Jeanne d'Arc, une femme, donc faible à ses yeux, ait pu accomplir ses exploits[13], dont même les hommes étaient incapables[14]. Selon lui, l'esprit de Jeanne d'Arc a permis, après sa mort, les victoires françaises de la reconquête de l'Aquitaine et de la Normandie[10],[15].

En 1459-1460, il soutient la deuxième fausse Jeanne d'Arc[10], Jeanne-Marie la Féronne, aussi appelée la Pucelle du Mans[16],[5]. Cette jeune fille d'une vingtaine d'années, très charismatique, se dit tourmentée par des démons et appelle son entourage à se réformer. Martin Berruyer l'examine et écrit le à la reine Marie d'Anjou une lettre très favorable à Jeanne la Féronne[16]. Il se sert de ce cas pour soutenir l'idée d'une menace de Satan envers la société chrétienne[4].

Il résigne son siège épiscopal le et meurt six mois après, le [8],[6],[3].

Références modifier

  1. a b c d et e Calendini 1935, p. 891.
  2. a et b Moeglin 2023, p. 182.
  3. a b c d e f g h i et j Moeglin 2023, p. 183.
  4. a b c d et e Vincent Tabbagh, « Formation et activités intellectuelles des évêques d’Anjou, du Maine et de Provence à la fin du Moyen Âge », dans Marie-Madeleine de Cevins et Jean-Michel Matz (dir.), Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du XIIIe siècle – fin du XVe siècle), Rome, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 349), , 117–137 p. (lire en ligne).
  5. a b c et d Favier 2010, p. 646.
  6. a b c d et e Philippe Contamine, « La réhabilitation de la Pucelle vue au prisme des Tractatus super materia processus : une propédeutique », dans François Neveux (dir.), De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », (ISBN 978-2-84133-813-9, lire en ligne), p. 177–196.
  7. Olivier Marin, « Miracle et apologétique : sur quelques exempla anti-hussites dans le Formicarius de Jean Nider », Médiévales, no 53,‎ , p. 143–164 (ISSN 0751-2708, DOI 10.4000/medievales.4022, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c Calendini 1935, p. 892.
  9. a et b Françoise Michaud-Fréjaville, « D’un procès à l’autre : Jeanne en habit d’homme », dans François Neveux (dir.), De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », (ISBN 978-2-84133-813-9, lire en ligne), p. 165–176.
  10. a b et c Beaune 2009, p. 22.
  11. a et b Favier 2010, p. 629.
  12. Françoise Michaud-Fréjaville, « L’effusion de sang dans les procès et les traités concernant Jeanne d’Arc (1430-1456) », Cahiers de recherches médiévales, no 12 spécial,‎ , p. 179–187 (ISSN 1272-9752, DOI 10.4000/crm.731, lire en ligne, consulté le ).
  13. Beaune 2009, p. 216.
  14. Beaune 2009, p. 335.
  15. Favier 2010, p. 474.
  16. a et b Beaune 2009, p. 449.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier

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