Marie-Claire Chevalier

femme française notamment célèbre pour avoir été défendue par Gisèle Halimi dans le cadre du procès de Bobigny
Marie-Claire Chevalier
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 66 ans)
OrléansVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Meung-sur-Loire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marie-Claire Catherine ChevalierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Vue de la sépulture.

Marie-Claire Chevalier, également identifiée sous son seul prénom Marie-Claire, née le à Meung-sur-Loire (Loiret) et morte le à Orléans, est une figure de la lutte pour le droit à l'avortement en France. Elle a été défendue en 1972 par Gisèle Halimi dans le procès de Bobigny pour avortement illégal. L'issue du procès a été une étape décisive, menant trois ans plus tard à la légalisation de l'IVG en France grâce à la loi Veil.

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Marie-Claire Chevalier naît à Meung-sur-Loire, près d'Orléans, le 12 juillet 1955[1],[2]. Elle grandit dans une famille des classes populaires avec sa mère et deux sœurs, sans son père, dans une habitation à loyer modéré en banlieue parisienne[3],[4],[5].

Elle a 16 ans lorsqu'elle est violée en août 1971 par un garçon de 18 ans, Daniel P., élève dans le même lycée qu'elle [4],[6]. Se retrouvant enceinte, elle demande à sa mère, Michèle Chevalier, de trouver un moyen de la faire avorter[1]. Cette dernière a finalement recours à une faiseuse d'anges, mais Marie-Claire souffre ensuite d'une grave hémorragie et doit être hospitalisée[4],[5],[6].

Procès de Bobigny modifier

Arrêté pour une affaire de vol de voiture indépendante du viol, le violeur décide de dénoncer Marie-Claire Chevalier afin d'obtenir sa libération[4],[6]. L'interruption volontaire de grossesse étant alors illégale en France, et punie de six mois à deux ans de prison, elle est mise en examen peu après[4],[7]. Elle est alors jugée dans le cadre du procès de Bobigny avec quatre autres femmes, dont sa mère. Toutes sont défendues par l'avocate Gisèle Halimi[1],[7].

Elle est finalement relaxée après le premier volet du procès, le 11 octobre 1972, où elle est jugée à huis clos au tribunal pour enfants de Bobigny du fait de ses 17 ans[4],[8]. Sa mère est condamnée à une amende de 500 francs avec sursis et la faiseuse d'anges à un an de prison avec sursis après le second volet du procès, le 8 novembre 1972[4]. Le procès est très médiatisé en « affaire politique » par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, notamment[1],[8]. En 1973, dans l'ouvrage Le procès de Bobigny, Gisèle Halimi qualifie le choix de l'avortement de Marie-Claire puis sa défense comme un « acte citoyen de désobéissance civique »[4].

Le retentissement de ce verdict aboutit à l'adoption de la loi Veil et la légalisation de l'avortement en France en janvier 1975[4],[7]. Le New York Times réalise un parallèle avec l'arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade, qui avait permis dans une situation similaire de rendre légal l'avortement aux Etats-Unis[5].

Vie après le procès modifier

Après le procès et l'avortement, Marie-Claire Chevalier souffre encore de la situation et effectue une tentative de suicide. Elle retourne néanmoins à un certain anonymat, décidant notamment de changer de prénom en Catherine[3],[5]. Au début des années 90, elle entame des études pour devenir aide-soignante et exerce ce métier dans le Loir-et-Cher, près d'Orléans, jusqu'à sa retraite[9],[10]. Elle travaille également un temps comme soudeuse pour l'Armée française[5].

En 1988, elle devient mère d'une fille nommée Jennifer, après avoir un temps craint être devenue stérile à la suite de l'avortement[3],[4],[5]. Elle devient plus tard grand-mère[8].

En 2006, elle écrit la postface de la réédition du livre Le procès de Bobigny de Gisèle Halimi, évoquant notamment au sujet de la loi Veil que « cette loi, c'était un peu grâce à moi qu'elle était votée, c'était un peu la mienne »[4]. Elle garde par ailleurs le contact avec l'avocate longtemps après le procès[9].

Elle meurt le 23 janvier 2022 dans un hôpital d'Orléans après une « longue maladie » liée à une tumeur du cerveau[5],[9],[11]. Elle est inhumée dans le cimetière municipal de Meung-sur-Loire (Carré A, Allée A5, Emplacement 1701)[10]. Sa sœur Martine meurt la même année et est inhumée avec elle[réf. souhaitée]. Sa mère lui survit et habite toujours dans cette ville[5].

Hommages modifier

 
Plaque de la passerelle Marie-Claire, à Bobigny, nommée d'après Marie-Claire Chevalier.

En 2005, une passerelle en métal bleu est nommée en son honneur et en mémoire du procès à Bobigny, devant le tribunal de la ville[7],[12],[13]. La passerelle est fermée en 2021[14].

En 2006, elle est incarnée par Juliette Lamboley dans le téléfilm Le Procès de Bobigny de François Luciani[8].

En 2019, une pièce de théâtre intitulée Hors la loi, écrite et mise en scène par Pauline Bureau, met en scène le procès et est jouée à la Comédie-Française[1],[5].

En 2024, une bande dessinée intitulée Bobigny 1972, réalisée par Marie Bardiaux-Vaïente (scénario) et Carole Maurel (dessin et couleur), publiée aux éditions Glénat, retrace son histoire, le procès de Bobigny et la défense de la loi pour la dépénalisation de l'avortement.

À sa mort, elle reçoit des hommages du président de la République[10], Emmanuel Macron et d'associations féministes, dont Osez le féminisme ![1],[5].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f « Marie-Claire Chevalier, défendue par Gisèle Halimi au procès de Bobigny après un avortement illégal, est décédée », sur France 3 Centre-Val de Loire, (consulté le ).
  2. Terriennes et Isabelle Mougere, « Procès de Bobigny : disparition de Marie-Claire Chevalier, héroïne du combat pour l'avortement », sur TV5 Monde, (consulté le )
  3. a b et c La rédaction, « Qu'est-elle devenue ? »  , sur Le Parisien, (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i j et k Aude Bariéty, « Aux origines de la loi Veil, l'avortement clandestin de Marie-Claire Chevalier »  , sur Le Figaro, (consulté le ).
  5. a b c d e f g h i et j (en) Katharine Q. Seelye et Constant Méheut, « Marie-Claire Chevalier, Catalyst for French Abortion Law, Dies at 66 », sur The New York Times, (consulté le )
  6. a b et c Jeanne Ferney, « « Hors la loi », au nom de Marie-Claire », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne  , consulté le ).
  7. a b c et d Anne Diatkine, « Marie-Claire Chevalier, indélébile »  , sur Libération, (consulté le ).
  8. a b c et d Gwendoline Richet, « L'affaire Marie-Claire Chevalier, une icône effacée de l'avant-loi Veil »  , sur Closer, (consulté le ).
  9. a b et c Le Monde avec AFP, « Marie-Claire Chevalier, la femme qu’avait défendue Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny sur l’avortement, est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  10. a b et c Ariane Riou, « Jugée pour avoir avortée, Marie-Claire, l’héroïne oubliée », Le Parisien, no 24086 Bils,‎ , p. 14 (lire en ligne  )
  11. Juliette Hochberg, « Le jour où Marie-Claire, lycéenne jugée pour avoir avorté après un viol, est relaxée »  , sur Marie Claire, (consulté le ).
  12. La rédaction, « Marie-Claire, trente ans après »  , sur L'Humanité, (consulté le ).
  13. La rédaction, « Une « passerelle Marie-Claire » inaugurée à Bobigny »  , sur Le Parisien, (consulté le ).
  14. Nathalie Revenu, « Bobigny : la passerelle Marie-Claire fermée « pour danger grave » »  , sur Le Parisien, (consulté le ).

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